mercredi 31 août 2011

Même dans les squats, il y a, officiellement, les deux drapeaux !


Photo Province Sud

UGPE et le Comité Economique et Social

Note synthétique de l’UGPE à l’attention du Comité Economique et Social.

La santé, la sécurité et la prise en compte du handicap au sein des établissements scolaires de Nouvelle-Calédonie
LA SANTE et LA SECURITE :
Actuellement, avec le transfert de compétences, cette question de la santé scolaire a été fortement négligée. L’UGPE a souvent, par ailleurs, dénoncé le grand vide qui prévaut dans le domaine de la santé scolaire/médecine scolaire. Par ailleurs, le calendrier scolaire et le rythme de la journée calqués sur la France déséquilibrent le rythme biologique des enfants. D’autre part, Il nous semble important, en matière de santé de parler des menus pratiqués dans les restaurants scolaires du pays. Enfin, nous remarquons aussi que le nombre de postes d’infirmiers, de psychologues, d’assistante sociale et autres personnels de santé est fortement sous évalué pour le pays. Ainsi dans le domaine des infirmières scolaires, il n’y a que 33 postes pour tous les collèges et les lycées publics du pays. Très souvent les infirmières sont obligées de couvrir plusieurs établissements ce qui nuit à leur efficacité.

LA MISE EN PLACE D’UNE VERITABLE MEDECINE SCOLAIRE :
Comment fonctionne la santé scolaire actuellement en Nouvelle Calédonie ? Actuellement C’est la DASS qui détient la compétence de la SANTE SCOLAIRE, mais il semble qu’il y a glissement de responsabilités sur chacune des 3 provinces qui se contentent elles aussi de glisser sur les dispensaires (ou circonscriptions médicales déjà surchargées .....) et tous les médecins spécialistes sont encore trop cantonnés sur le Grand Nouméa (avec quelques exception dans le Nord ....) d’où les grandes inégalités .que nous constatons.
Nous saluons le travail des équipes médicales des CMS qui tentent d’assurer au moins 3 visites médicales durant les années de primaire des enfants (CP – CE2 – CM2), mais sommes nous sûrs que dans toutes les communes ces visites sont effectuées ?
Par contre nous sommes scandalisés par l’abandon par l’Etat de sa responsabilité en matière de santé scolaire pour ce qui est du secondaire. Actuellement, les enfants entrant en classe de sixième tombent dans le vide laissé par l’Etat en matière de suivi médical !
Une trentaine d’infirmières tentent, tant bien que mal, d’assurer un suivi et de parer au plus pressé, mais le chantier est énorme et les parents d’élèves souhaitent qu’à l’occasion de ce transfert, un véritable effort soit effectué pour assurer à tous les enfants du secondaire, une visite médicale annuelle ou au moins une visite tous les deux ans ! Nous nous interrogeons également sur le pilotage de la médecine scolaire au niveau du pays.

L’UGPE demande qu’un rattrapage important soit effectué dans ce domaine pour assurer aux enfants de bonnes conditions d’accueil et rassurer les parents.
Nous pensons également aux retards importants qui se sont cumulés en ce concerne l’accueil des enfants handicapés : aussi bien pour les handicaps physiques que mentaux. Là aussi un rattrapage et une remise à niveau des établissements doit être prévu ! Nous demandons qu’une étude complète soit menée pour les autres handicaps visuels, auditifs, etc afin d’évaluer les besoins de personnels spécialisés.

Un transfert des compétences qui ne va pas assez loin :
Actuellement, les services de l’Etat et de la Nouvelle Calédonie travaillent sur les 4 conventions qui seront signées afin d’organiser concrètement le transfert des compétences du second degré public et privé de l’enseignement primaire privé. La question de la santé scolaire est traitée dans la convention « relative à l’organisation d’un service unique de gestion » des compétences entre l’Etat et la Nouvelle Calédonie. Dans cette convention, la partie relative à la santé scolaire fait l’objet du 4° alinéa de l’article 3. Il stipule, « en matière de santé scolaire, le service unique est notamment chargé de veiller à la protection de la santé en milieu scolaire par l’organisation des visites, des contrôles et des examens médicaux des élèves. Il contribue à la prévention des mauvais traitements ».

Ce champ d’action, qui est directement recopié de celui qui prévaut en France, nous semble vraiment insuffisant, et surtout ne prend pas du tout en compte la spécificité des problèmes de santé auxquels les familles, les enfants, et l’institution scolaire sont confrontés.

En effet, nous aurions souhaité qu’il soit fait mention des problèmes très particuliers de la petite enfance (nez qui coule, otites, détection des problèmes de vue, etc.), des problèmes relatifs à l’adolescence avec l’insuffisante place qui est laissée à la prévention des conduites à risque dans nos établissements (cigarette, alcool, cannabis, etc.)

- La santé scolaire c’est aussi d’améliorer les situations de mauvaise santé et d’hygiène qui perturbent la scolarité des petits enfants par exemple : La gale, Les poux
Pour ces problèmes ce n’est pas seulement à coup de slogans qu’on parviendra à résoudre ces problèmes mais par une amélioration de l’habitat en brousse, en squat... C’est aussi par un programme de formation sur l’hygiène de base en partageant la vie des habitants... donc, intervention à domicile, partage de savoir faire, éducation populaire pour mobiliser la population à se prendre en charge... C’est tout cet esprit que l’on ne retrouve pas dans les conventions qui organisent le transfert des compétences de 2012.

Au final, QUI VA PILOTER LA SANTE SCOLAIRE APRES 2012 ? L’UGPE est très inquiète car

Calendrier scolaire et rythme chrono biologique des enfants :
La question du calendrier scolaire et du rythme de la journée d’école sont débattus en ce moment. Effectivement ces questions sont importantes et ont une incidence directe sur le niveau de santé, de stress, de fatigue de nos enfants à l’école.
La plupart des études médicales en conviennent, le rythme actuel est beaucoup trop stressant et fatiguant pour les enfants. Malheureusement, le projet actuel du gouvernement, qui a lancé une grande consultation sur le futur calendrier scolaire de la Nouvelle Calédonie pour 2013 ne prend pas en compte le point le plus sensible : le rythme de la journée qui influe directement sur l’état de fatigue et de santé des enfants.
Six heures de cours en primaire,
Sept heures de cours en collège,
Huit heures de cours en lycée, voilà le rythme auquel nos enfants sont astreints. A Cela il faut ajouter les temps de transports qui souvent ajoutent de la fatigue.

L’UGPE, demande, en conformité avec la plupart des études relatives aux rythmes chrono biologique des enfants que, le calendrier de l’année soit revu, mais aussi l’emploi du temps de la semaine et celui de la journée. L’idée principale est simple : Il convient de réduire le temps des vacances, notamment celui des grandes vacances et de réduire les heures de présence en classe. Cela suppose de revoir la politique des transports des enfants, les activités proposées aux familles après l’école, etc.

Dans cet état d’esprit, l’UGPE est favorable à une remise à plat du système actuel qui doit permettre de mieux respecter le rythme des enfants et de respecter également les obligations coutumières et culturelles des familles kanak et océaniennes. En effet, les travaux des champs s’effectuent à une certaines période de l’année (notamment les champs d’ignames) et les mariages sont également sources de connaissance pour nos enfants. Il importe donc de revoir tout cela, même si le chantier s’avère ambitieux et nécessitera sans doute plusieurs ajustements, nous en sommes bien conscients.

Des inégalités qui affectent principalement les enfants kanak :
En matière de santé scolaire, il convient de distinguer d’une part les provinces Nord et Iles, encore insuffisamment équipées et dotées en personnels et la province Sud, relativement bien suivie. Mais à l’intérieur des Provinces il faut encore effectuer une distinction entre d’une part l’enseignement public et l’enseignement privé. Ce dernier, en Province Nord et en Province des Iles Loyauté ne compte absolument aucun personnel de santé et tout est laissé à l’appréciation des équipes médicales dans les dispensaires ou bien à la diligence des équipes enseignantes ou d’éducation qui accompagneront tel ou tel enfant jugé malade. Or, on le sait, dans ces deux provinces, les écoles et collèges du privé scolarisent près de 40 % des enfants de ces provinces et qui plus est ce sont quasiment tous des enfants kanak.

En termes de chiffres, pour l’année 2010 cela représente plusieurs milliers d’enfants qui ne bénéficient pas d’un suivi régulier et qui risquent de cumuler, année après année des déficiences pouvant engendrer des difficultés de compréhension et de moins bons résultats scolaires :

Province Privé ou Public Effectifs primaire Effectif secondaire
NORD Public 4766 enfants 3 380 enfants
NORD Privé 2 633 1 741
ILES Public 2 063 1 449
ILES Privé 1 605 1 159
TOTAL

On ne soulignera jamais assez la grande inégalité selon les provinces et même à l’intérieur de chaque province...
à Ouvéa par exemple la prévention et les soins dentaires sont largement insuffisants,
Les soins de kiné aussi pour les enfants en situation de certains handicaps, pour des gênes respiratoires...
L’orthophoniste, n’en parlons pas.... Ce manque d’orthophoniste est crucial sur tout le Pays, même à Poindimié où l’offre de soins est très supérieur à celui d’Ouvéa et peut-être Maré...

A Poindimié par exemple, le dépistage des caries dentaires au collège se fait par tirage au sort... Nous pensons que le nombre de dentistes, exerçant actuellement en brousse et aux Iles, ne permet pas d’assurer un contrôle dans toutes les classes 1 fois par an

LA SECURITE /l’amiante :
Depuis quelques années, Le dossier de l’amiante ressort dans les médias et les administrations du Vice Rectorat ont bien été obligées de reconnaître que beaucoup d’établissements étaient insalubres car amiantés.
Malheureusement, les travaux et les études ne se déroulent jamais dans la transparence et les parents sont obligés de se battre pour obtenir les rapports sur les bâtiments. Ainsi pour Jules Garnier où des travaux ont été engagés, beaucoup de membres du personnel et les parents ne sont pas rassurés et soupçonnent les bâtiments d’être encore amiantés. Nous avons obtenu le rapport du Vice Rectorat et avons été surpris de constater que les mesures sur le taux d’amiante dans l’air étaient faites portes et fenêtres fermées !
Les fédérations de parents d’élèves demandent une véritable transparence dans ce dossier avec la tenue d’une table ronde publique avec les représentants des élèves, du personnel, le Vice Rectorat et une autorité médicale neutre sur cette question. Il convient également de revoir la réglementation au niveau de l’amiante et de la mettre aux normes européennes ou internationales selon le principe de précaution.

LA QUESTION DE L’ALIMENTATION des ENFANTS :
Actuellement, les enfants dès qu’ils sont scolarisés bénéficient bien souvent du service de cantine et de restauration scolaire mis en place par les institutions. Dans l’ensemble, nous estimons que ces services de restauration sont de bonne qualité, cependant, nous regrettons qu’il ne soit pas fait suffisamment de place aux fruits et légumes du pays dans les menus.

Combien de fois par an nos enfants mangent-ils des ignames, des taros, des maniocs, des patates douces, des feuilles, qui ont constitué le menu de générations et de générations de kanak et d’Océaniens qui sont arrivés en bonne santé jusqu’aux portes du XXI° siècle avec ce que la nature et le travail de la terre leur a donné. Or, actuellement, nous constatons que le riz, les pâtes, les pommes de Terre, les haricots, occupent les menus de toutes les cantines du pays.

Dans un souci de bonne alimentation, de développement de l’agriculture biologique et endémique, l’UGPE souhaite que progressivement et en concertation avec les acteurs du monde agricole les menus de toutes les écoles, collèges et lycées du pays prévoient des fruits et légumes du pays au moins une fois par mois pour commencer, puis une fois par quinzaine et enfin une fois par semaine au minimum !

Dans le même esprit, l’UGPE préconise la mise en place de jardins dans chaque école du pays, afin de permettre aux enfants, aux équipes enseignantes et en lien avec les parents d’élèves, de garder ce lien très important avec la Terre et le travail concret des champs.

LA PRISE EN COMPTE DU HANDICAP :
Dans ce domaine l’UGPE soutient les efforts des associations qui militent pour une véritable prise en compte du handicap dans les structures scolaires existantes. On ne peut nier que depuis 5/6 ans des efforts ont été accomplis dans ce domaine, mais il convient de les poursuivre en améliorant notamment :

- La détection des enfants souffrant de déficiences, même légères,
- La communication avec les familles,
- L’information des équipes enseignantes, car parfois l’intégration d’un enfant handicapé peut s’avérer difficile du fait des blocages de certains personnels,
- Les possibilités de poursuites d’études pour ces enfants, qui de fait, disparaissent en quasi-totalité des établissements scolaires à partir de l’âge du lycée, ce qui pose un véritable défi en terme de valeur fondamentale : d’équité face à la réussite scolaire.


Sénateur Tuheiva contre les opposants à l'inscription du pays Maohi au Comité des 24

COMMUNIQUE DE PRESSE :

Il est très affligeant d’observer une partie de la classe politique locale s’émouvoir, sans craindre une incohérence flagrante, du fait que la majorité des représentants de l’APF qui a voté favorablement la résolution sur la réinscription de Tahiti Nui à l’ONU n’avait pas reçu le mandat du peuple pour le faire.

1) C’est oublier que depuis 2004, beaucoup de représentants à l’APF n’avaient pas eu ce « mandat du peuple » pour renverser des gouvernements dans un sens comme dans l’autre !…C’est surtout oublier qu’en vertu de l’article 27 de la Constitution française, le mandat impératif est nul: on ne peut donc malheureusement pas légalement priver un élu de voter ni changer de « bord » comme il le souhaite, en droit français.

2) D’autre part, le Groupe du Fer de Lance Mélanésien et le Forum des Iles du Pacifique n’ont absolument pas été saisi à partir de la résolution APF du 18 août dernier, mais d’une pétition conjointe cosignée par une majorité d’élus appuyée par une résolution officielle du Gouvernement polynésien.

3) Il est aussi malhonnête intellectuellement de continuer de faire croire à l’opinion publique locale, comme le Général De Gaulle l’avait fait en 1958 avant le référendum populaire, qu’une réinscription sur la liste Onusienne équivaudrait à une accession à l’indépendance.
La réinscription est une décision souveraine de l’AG de l’ONU où la France comme tous les Etats qui y siègent devront voter, mais pas le Peuple de notre
«colonie autonome» française. Le droit international est ainsi fait.
En revanche, l’indépendance n’est qu’une des trois options de décolonisation, soumises à un référendum d’autodétermination où c’est le Peuple polynésien seul qui a le droit de décider.

4) Afin d’éclairer l’opinion publique sur le profil sulfureux de certains membres du Comité de Décolonisation décrié par certains, il faut rappeler que lors du vote de la réinscription de la Nouvelle Calédonie en 1987 à l’ONU, 22 Etats africains dont certains dirigés par des dictateurs à l’époque, n’ont pas soutenu le FLNKS sur pression de la France, qui avait donc besoin de ces « belles démocraties » d’époque. Certains pays comme la Tunisie, la Côte d’Ivoire, Cuba et l’Irak ont même voté « contre » à l’époque. Il suffit pourtant de se référer aux PV du vote de la résolution d’octobre 1987.

5) Enfin, le comble est atteint lorsque l’on continue de faire croire à notre Peuple que l’autonomie « franco-française » conférée par l’article 74 de la Constitution française, qui accorde une « organisation particulière au sein de la République française » aux collectivités d’Outremer, serait identique, voire meilleure que celle qu’aurait dû nous conférer l’autonomie de l’article 73 de la Charte des Nations Unies.
Cette confusion est ancienne, mais plus personne n’est dupe : l’article 73 de la Charte des Nations Unies, ratifié par la France depuis 1946, accorde une véritable autonomie qui fixe clairement « la priorité aux intérêts des habitants des territoires » anciennement colonisés par rapport à ceux de la Puissance coloniale.
C’est ce que ne prévoira jamais la Constitution française, et qui a légitimé la
«raison d’Etat» en Polynésie depuis 1958 et 1963, lors de l’implantation du CEP jusqu’à nos jours…

Mais nous aurait-on également « menti » sur ces points ?

R. Ariihau Tuheiava
Sénateur de la Polynésie française

mardi 30 août 2011

Et, tant pis pour ceux qui étaient contre cette élection !


« Ce partage original des compétences entre la France et la Nouvelle-Calédonie se double depuis quelques mois d'un meilleur partage des responsabilités au niveau local, avec pour la première fois dans l'histoire de ce territoire l'accession d'un responsable politique kanak à la tête du Congrès. Tout ceci me semble aller dans le bon sens, celui de l'apaisement, du dialogue entre les communautés, et celui du consensus qui est au cœur de l'Accord de Nouméa. Vous pouvez en être fiers, et vous avez tous à y gagner.» (Extrait du discours de Sarko, président de l'Etat français,le dimanche 28 août 2011 à Païta).
Et, tant pis pour ceux qui étaient contre cette élection !

Discours...

"Mes chers compatriotes de Nouvelle-Calédonie et, si vous me le permettez, mes chers amis,
Messieurs les Présidents,
Mesdames les Ministres,
Mesdames et Messieurs les élus,

Je veux vous dire ma profonde émotion de prendre la parole devant vous, qui êtes venus si nombreux ici, dans cette nouvelle salle de PAÏTA, de l'agglomération de Nouméa et parfois de plus loin, de la Province nord ou de celle des îles. Sachez que votre présence me touche, que je sais que chacun d'entre vous a dû faire un effort, soit du fait de l'éloignement, soit du fait de ses convictions. C'est important que nous nous retrouvions ici, pour parler.
Vous me permettrez d'avoir une pensée amicale toute particulière pour nos compatriotes de Wallis-et-Futuna, que je sais nombreux en Nouvelle-Calédonie. Les liens entre vos deux territoires sont importants, et la plupart des élus de Calédonie ont fait le déplacement il y a quelques semaines à Wallis pour le cinquantième anniversaire du statut de 1961, avec Marie-Luce PENCHARD. Je ne peux qu'encourager vos deux territoires à faire vivre les accords de coopération qui ont été signés, parce que j'ai la conviction que c'est l'intérêt de chacun d'entre vous : davantage de développement économique pour Wallis-et-Futuna, c'est moins de jeunes qui quittent leur terre natale pour essayer de trouver à Nouméa un travail qui ne leur est pas toujours offert. Je pense d'ailleurs qu'il faudra réfléchir, pour l'avenir, à un rapprochement de vos territoires du Pacifique, parce que vous avez besoin les uns des autres. Ce que je dis vaut bien sûr aussi pour la Polynésie.
Mes chers amis, la Nouvelle-Calédonie est une réussite. J'en suis heureux et j'en suis fier. Je suis fier de ce que vous avez réussi, de ce qu'ensemble nous avons réussi à construire ici. C'était si facile de détruire, ça va si vite la destruction et la violence. Et ça prend tant de temps et tant d'efforts la construction d'un avenir commun.
Notre vieux pays, qui s'est tant abimé, au sortir de la guerre, dans les conflits coloniaux, peut légitimement être fier du processus exemplaire, pacifique, collégial qu'il a su mettre en place avec les accords de Matignon-Oudinot, puis celui de Nouméa dix ans plus tard.
Ne vous trompez pas : la Nouvelle-Calédonie et la France jouissent d'une considération internationale considérable, à l'ONU et ailleurs, pour la maturité de la solution consensuelle que nous avons su inventer ensemble.
Ce qui se passe ici, c'est une France qui tient ses promesses et une Nouvelle-Calédonie qui se montre à la hauteur de son destin. Au-delà des choix personnels de chacun quant à l'avenir des relations entre la Nouvelle-Calédonie et la France, nous partageons des valeurs universelles que la France a proclamées et qu'elle défend avec ardeur et avec passion. Ces valeurs sont intangibles, elles ne sont pas négociables. Elles sont des valeurs de partage, d'égalité, de liberté, de solidarité entre nous. Et par-delà nos origines, par-delà nos appartenances religieuses, malgré l'éloignement de la métropole, ces valeurs nous rassemblent tous et je veux croire que celles-ci sont beaucoup plus fortes que ce qui nous différencie les uns des autres. La France, dans mon esprit, et je vous dis cela en tant que Président de la République, n'est pas un carcan qui oppresse, elle est un espace de liberté qui protège.
C'est cette liberté que les Calédoniens sont allés défendre, avec les autres territoires français du Pacifique, au moment où notre pays vivait ses heures les plus sombres. Vous avez été défendre la liberté lors de la Première Guerre mondiale, en formant le « Bataillon d'étapes des tirailleurs canaques », qui deviendra le « Bataillon mixte du Pacifique » lorsque les Polynésiens l'auront rejoint. Vous avez encore été défendre la liberté lors de la Seconde Guerre mondiale en ralliant la France Libre dès octobre 1940, je l'ai évoqué place Bir-Hakeim, sous l'autorité du capitaine BROCHE.
Venus de toute la Calédonie, de toutes les communautés, de toutes les cultures, ces combattants de la liberté ont versé leur sang pour défendre la France. Ils n'ont pas hésité une seconde, parce que l'essentiel était en jeu. Personne ne leur a demandé à l'époque d'où venait leur sang. Ils ont embarqué, volontairement sur des bateaux, ils ont rejoint le front pour défendre une certaine idée de cette France que, pour la plupart, ils ne connaissaient que de Nouvelle-Calédonie. J'ai tenu à leur rendre hommage dès mon arrivée en Nouvelle-Calédonie.
Au sortir de la guerre, cette union sacrée de la population calédonienne persiste et les Calédoniens de toutes origines se regroupent sous la bannière de l'Union Calédonienne, qui se choisit alors cette belle devise : « Deux couleurs, un seul peuple ».
Alors, que s'est-il passé ?
L'essor de la Nouvelle-Calédonie, l'explosion des besoins en nickel ont fait renaître une société où, progressivement, l'incompréhension s'est développée à nouveau entre les communautés.
D'un côté, les Mélanésiens ont eu le sentiment d'être marginalisés sur leur propre territoire, exclus des responsabilités politiques et économiques, submergés par la vague des nouveaux arrivants.

De l'autre côté, la population d'origine européenne considérait qu'il était normal de vivre des fruits de leur travail, parce qu'ils ont travaillé dur sur cette terre que leurs parents n'avaient pas toujours choisie, mais qui pour beaucoup les avait vu naître. Des deux côtés il y avait la même sincérité et le même sentiment qu'on était dans son droit.
Au début des années 1980, ces deux sociétés, ces deux légitimités qui constituaient la Nouvelle-Calédonie vont brutalement se heurter, s'opposer, parfois se haïr. Il y a eu beaucoup de violence, beaucoup de sang versé des deux côtés. Des familles ont été endeuillées, il y a eu de la peine, des déchirures, de la souffrance. Nous ne devons pas l'oublier. C'était il y a seulement une génération.
Devant l'escalade de la violence, quelques visionnaires ont su s'élever au-dessus des préjugés de leur propre camp pour imposer la paix plutôt que de continuer une lutte sanglante qui était une impasse. Les leaders de ces deux camps, Jean-Marie TJIBAOU pour les indépendantistes et Jacques LAFLEUR pour les loyalistes, se sont donné la main. Jean-Marie TJIBAOU y laissera la vie, avec YÉWÉNÉ-YÉWÉNÉ. Nous devons à Jean-Marie TJIBAOU et à Jacques LAFLEUR la Calédonie que nous connaissons aujourd'hui. Les enfants nés après 1988, qui arrivent à l'âge adulte, ont grandi grâce à eux dans un environnement apaisé.
Jean-Marie TJIBAOU et Jacques LAFLEUR avaient compris que l'avenir de la Calédonie ne passait pas par l'intransigeance ou par l'affrontement. Ils savaient que l'intransigeance et l'affrontement conduisent à une impasse. L'avenir de la Nouvelle-Calédonie, hier comme aujourd'hui, ne passe pas par la mise en avant des différences : celles-ci doivent être respectées mais si nous ne parlons que d'elles, il ne restera rien, car les différences des uns annihileront les différences des autres. L'avenir pour la Nouvelle-Calédonie, c'est le dialogue, la recherche du consensus, et disons-le, des concessions réciproques.
Aujourd'hui, nous continuons à emprunter le chemin tracé par ces deux hommes. Leur héritage politique, ce sont les Accords de Matignon-Oudinot, puis celui de Nouméa.
Ces accords ont permis des avancées remarquables : de plus en plus de jeunes scolarisés, un nombre de cadres kanaks multiplié par 8 en 20 ans. Je n'évoque pas cela pour dire que c'est suffisant, ou pour mettre en avant un élément d'un bilan. Je dis cela pour que chacun comprenne qu'il y a de l'espoir, qu'il y a un chemin. Parmi les avancées, il y a aussi le rééquilibrage des richesses et des emplois entre le nord et le sud, dont le grand projet minier du Nord est l'emblème. Depuis le temps qu'on en parlait, depuis le temps que vous en rêviez, depuis le temps que vous doutiez de la possibilité que ce projet voie le jour, eh bien aujourd'hui il est une réalité. Imaginez mon émotion, en tant que Président de la République, en écoutant le Président de la Province nord m'expliquer le projet minier, l'un des plus grands au monde, et rencontrant des cadres mélanésiens me disant la fierté qui était la leur d'avoir acquis des compétences. Est-ce que vous vous rendez compte du chemin que vous avez parcouru ? Est-ce que vous vous rendez compte que tous vous êtes gagnants en ayant emprunté ce chemin ? Que personne n'y a rien perdu, y compris la France, qui a beaucoup à gagner à pouvoir ainsi construire une usine, sans demander à qui que ce soit de renoncer à ses idées, donnant ainsi l'image d'un territoire apaisé ?
Tout ceci nous a permis d'atteindre ensemble ce bel objectif : la possibilité de vivre sur ce territoire en paix. C'est pour cela que je n'ai pas accepté les évènements de MARÉ : le cancer de la violence peut resurgir à chaque instant, si on n'est pas vigilant. Je vous ai appelé à des compromis, je vous ai appelé à des concessions, mais il y a un domaine où il n'y aura pas de compromis et pas de concession : c'est la lutte contre la violence. Aucun compromis, aucune concession. C'est ma ligne rouge : rien ne peut justifier ce qui s'est passé.
C'est conscient de cet héritage historique que j'ai tenu, dès mon arrivée à la tête de l'État, à relancer l'Accord de Nouméa, ainsi que je l'avais promis pendant ma campagne électorale dans la lettre que j'avais adressée à tous les Calédoniens.
Aujourd'hui, les transferts de compétence ont retrouvé le rythme prévu par l'Accord. La France a tenu ses promesses, et l'État a respecté sa parole. Et je sais ce que vaut, en Nouvelle-Calédonie, le respect de la parole donnée. Je le dis à chacun ici, qu'il m'ait soutenu ou non, qu'il partage mes convictions ou non : la parole qui donnée sera honorée. Que les choses soient très claires entre nous.
Ce partage original des compétences entre la France et la Nouvelle-Calédonie se double depuis quelques mois d'un meilleur partage des responsabilités au niveau local, avec pour la première fois dans l'histoire de ce territoire l'accession d'un responsable politique kanak à la tête du Congrès. Tout ceci me semble aller dans le bon sens, celui de l'apaisement, du dialogue entre les communautés, et celui du consensus qui est au cœur de l'Accord de Nouméa. Vous pouvez en être fiers, et vous avez tous à y gagner.
Et puis il y a, évidemment, la question des deux drapeaux, dont je sais qu'elle a été l'objet de débats nourris depuis le 8e Comité des signataires de juin 2010. Je veux profiter de notre échange pour rappeler à la fois la position de l'État, et aussi le raisonnement qui nous a conduits à prendre cette position.
L'Accord de Nouméa prévoit la recherche en commun de signes identitaires « pour exprimer l'identité kanak et le futur partagé entre tous ». Parmi ces signes identitaires figure le drapeau.
Lors du 8e Comité des signataires, Pierre FROGIER a proposé, avec courage, que soient levés immédiatement, côte à côte, le drapeau que se sont donnés les indépendantistes et le drapeau tricolore, en signe de reconnaissance mutuelle des deux légitimités qui fondent la Nouvelle-Calédonie.
On n'a peut-être pas mesuré complètement la révolution qu'il a fallu opérer dans les mentalités : cette double reconnaissance manifeste le dépassement des oppositions radicales qui, depuis les années 1960, structurent la vie politique calédonienne, bloc contre bloc, légitimité contre légitimité.
Cette proposition a été validée par le Comité des signataires. Le Congrès s'est prononcé à une large majorité en faveur du double pavoisement. Le Premier ministre est venu en personne, à ma demande, ici à Nouméa, hisser les deux drapeaux devant le Haut-commissariat. Je voudrais que vous compreniez que j'ai longuement réfléchi avant d'accepter cette proposition et de demander que ce geste fut fait. En conscience, je me suis décidé parce que je me suis dit : « comment demander aux partenaires de l'Etat de faire un effort de compréhension et de remise en cause de leurs certitudes, si l'Etat et le chef de l'Etat lui-même n'est pas capable de le faire ? Comment demander aux autres de faire ce que je ne serai pas capable moi-même d'assumer ? »
Ces deux drapeaux, dans mon esprit, sont le prolongement naturel, visible, de la poignée de mains entre Jacques LAFLEUR et Jean-Marie TJIBAOU. Et je voudrais vous dire que hier soir, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux du Pacifique, la délégation de Nouvelle-Calédonie était rassemblée derrière ce double drapeau, l'émotion dans le stade était palpable, à la fois parce qu'il s'agissait des premiers jeux en Nouvelle-Calédonie depuis les évènements, mais aussi parce que l'on sentait la Calédonie fière de son identité plurielle, réconciliée avec elle-même. Quelles que soient vos convictions, et je l'ai dit à un certain nombre d'entre vous, je les respecte, y compris celles qui sont différentes au sein de ma propre famille politique, la Calédonie est plus forte rassemblée derrière ces deux drapeaux, plutôt qu'avec un seul drapeau dans le stade et un autre dehors, avec la police entre les deux pour éviter les affrontements. Ce n'est pas de cette Calédonie que je veux.
Ces deux drapeaux, parce qu'ils flottent ensemble, traduisent aussi le fait que la Calédonie est une terre de partage. Dans de nombreuses familles, des enfants ou des petits enfants ont tout à la fois du sang kanak, européen, métropolitain, polynésien, wallisien. Vos enfants vivent, au plus profond de leur chair, la réalité et la diversité de la société calédonienne. Ils l'incarnent dans leurs gènes. Vos enfants sont le visage réconcilié du futur de la Nouvelle-Calédonie. Alors que l'Accord de Nouméa nous demande de « poser les bases d'une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie », peut-être est-elle tout simplement en train de se construire, naturellement, sous nos yeux. D'ailleurs, à la question qui m'était posée sur la citoyenneté néo-calédonienne, j'ai donné mon accord pour que vous y travailliez, de façon positive, pour que vous réfléchissiez sur ce qui vous rapproche, sur ce que vous pouvez construire ensemble. Je n'ai pas peur de cette démarche. La République est suffisamment solide pour supporter que des hommes de bonne volonté débattent ici de cette question.
J'ai tenu également à faire le geste coutumier, pour la première fois, en Province sud, parce qu'il m'a semblé que reconnaître l'identité, la culture, la légitimité kanak au même titre que l'identité, la culture et la légitimité européenne, cela veut dire reconnaître que ces deux cultures fondent l'identité calédonienne. Et que se priver de l'une ou de l'autre, c'est aboutir à un appauvrissement de l'ensemble.
Ceci emporte deux conséquences dans mon esprit. Premièrement, la culture kanak est une composante fondatrice de la culture calédonienne, elle ne se limite pas à la Province Nord ou à la province des Iles : elle est légitime dans toute la Calédonie, donc aussi dans la province Sud. Deuxièmement, la réciproque doit s'appliquer sans réserve, c'est-à-dire qu'un Calédonien d'origine européenne doit, lui aussi, pouvoir revendiquer sa contribution fondamentale à la culture calédonienne, et se sentir reconnu en tant que tel en Province nord ou dans les Iles. On se donnera bien du mal pour trouver une déclaration de ma part, depuis bien longtemps que je m'intéresse à la Nouvelle-Calédonie, évoquant une quelconque idée de partition. Quand on est un petit territoire, si en plus on raisonne en termes de partition, c'est qu'on recherche la mort du territoire, pas sa grandeur. Dans mon esprit il n'y a pas, il ne peut pas y avoir une « Calédonie de culture kanak » au Nord et dans les Iles et une « Calédonie de culture européenne » au Sud. A mes yeux vous formez un ensemble indivisible que rien ne devra séparer. Il y a tout cela dans les deux drapeaux.
Bien entendu, l'Accord de Nouméa nous demande de rechercher en commun ce signe identitaire qui, aux côtés des quatre autres, servira de fondement à un futur partagé entre tous. Nous ne sommes pas déliés de cette exigence, il vous appartient d'en rechercher les modalités. Mais tant qu'aucune autre solution n'aura été trouvée, les deux drapeaux continueront à flotter ensemble en Nouvelle-Calédonie, ainsi que l'a décidé le Congrès.
Mes chers compatriotes, durant toutes ces années, nous avons grandi, nous avons mûri ensemble, la Calédonie et la France. Nous avons appris à accepter nos différences, à comprendre ce qui nous rassemble. La République française a renoncé à imposer un modèle unique aux territoires d'Outre-mer. C'est quelque chose que je porte profondément en moi depuis bien longtemps. La République doit comprendre la diversité des Outre-mer, qui ne remet pas en cause leur attachement à la Nation. La diversité des Outre-mer, le respect de l'identité de chacun, le besoin d'égalité, c'est essentiel au rayonnement de la France. Je n'ai jamais participé de ce débat, où les propos sont souvent méprisants, sur le coût financier des Outre-mer. La France a besoin des Outre-mer, au moins autant que les Outre-mer ont besoin de la France. Notre pays n'aurait pas vocation à l'universel sans ses Outre-mer.
Parce qu'elle est sûre de ses valeurs, qu'elle a compris la complexité de la société calédonienne, la France avance sereinement vers la consultation de 2014-2018. Personne ne peut dire, aujourd'hui, ce qui sortira de ce processus : le statuquo, l'évolution vers une plus large autonomie, l'indépendance avec une large association à la France, l'indépendance pure et simple.
Ici, en Calédonie, chaque force politique a sa préférence. Vous connaissez la mienne : Tout pousse chez moi à croire au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France !
Personne ne peut me reprocher ce choix, parce qu'il vient du cœur et qu'il repose sur la conviction que c'est l'intérêt de la Nouvelle-Calédonie et des Calédoniens. Largement autonome dans la République, la Nouvelle-Calédonie prend aujourd'hui son destin en main, et toutes les composantes de sa société accèdent aux responsabilités politiques avec, je dois le dire, une très grande maturité. La France est attentive au destin de la Nouvelle-Calédonie, à ses spécificités, à son identité. La Nouvelle-Calédonie peut s'appuyer sur le rayonnement international de la France, et compter sur la solidarité nationale lorsqu'elle en a besoin.
Ce que je veux que vous compreniez, c'est que si le moment venu, les partenaires de l'Accord de Nouméa souhaitent le faire évoluer et engager la Nouvelle-Calédonie dans des perspectives nouvelles au sein de la République, qu'ils sachent bien qu'ils pourront compter sur mon appui déterminé. Le message est clair, justement parce que chacun connait mes convictions intimes. Si vous voulez que l'Accord de Nouméa évolue, l'Etat répondra présent.
Bien entendu, l'initiative éventuelle de cette solution ne saurait appartenir à l'État. C'est bien le Comité des signataires qui, dans une démarche consensuelle qui serait souhaitée par les forces politiques calédoniennes, pourrait proposer une telle évolution, dans des termes qui seront approuvés directement par les Calédoniens.
La préférence personnelle que j'ai toujours exprimée pour le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France ne m'empêche pas, et ne m'empêchera pas, d'être en tant que Chef de l'État le gardien vigilant de l'application loyale de l'Accord de Nouméa. Je dirai même que ma conviction personnelle m'oblige davantage à l'endroit de ceux qui n'ont pas les mêmes convictions, pour qu'ils soient assurés que la parole donnée ne sera pas trahie. Il n'y a pas contradiction entre l'expression d'une conviction et le fait d'assumer son devoir. Le devoir de l'Etat, c'est la loyauté. Et si les Calédoniens font un autre choix que celui de la France, naturellement je le respecterai et je l'accompagnerai. C'est très important dans cette période sensible que vous allez connaître. Pas de malentendu, pas d'hypocrisie, pas de mensonge. Chacun dira ce qu'il croit devoir dire de de l'avenir de la Nouvelle Calédonie, librement.
Ma conviction c'est que nous ne pouvons pas attendre passivement la date de 2014, qui ouvrira la période au cours de laquelle le Congrès pourra demander la consultation des Calédoniens sur « le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l'accès à un statut international de pleine responsabilité et l'organisation de la citoyenneté en nationalité ».
Il faut vous y préparer. Pour cela, trois groupes de travail de haut-niveau se sont réunis autour de vos élus :
- le premier sur la stratégie du territoire vis-à-vis du nickel ;
- le second sur le bilan de la mise en œuvre de l'Accord de Nouméa ;
- et le troisième pour étudier un panorama de l'ensemble des solutions institutionnelles imaginées dans le monde par des territoires qui sont engagés dans un processus comparable à celui de la Nouvelle-Calédonie.
Ces trois groupes sont importants pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ils ne sont pas des chambres de négociation anticipée sur le chemin que prendra la Nouvelle-Calédonie entre 2014 et 2018, mais ils créent les conditions d'un choix éclairé des termes de la consultation directe des Calédoniens, prévue par l'Accord.
Je respecte la sensibilité des uns et des autres. C'est mon rôle. Mais ce que je voudrais, c'est que le choix des Calédoniens, quel qu'il soit, soit un choix d'adhésion, et non un choix par défaut. Que ce soit un choix de conviction, et non pas un choix de posture. Avec Marie-Luce PENCHARD, nous resterons aux côtés des autorités de la Nouvelle-Calédonie, pour que les transferts de compétences, que la qualité de service que les Calédoniens sont en droit d'attendre, soient assurés par l'Etat. C'est l'engagement que je prends devant vous.
Ce choix essentiel que vous allez faire, il ne pourra l'être que si les hypothèses politiques qui vous seront soumises sont assises sur une réalité économique pertinente sur le long-terme. Tout n'est pas dans la politique.
C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à aborder longuement la question du nickel, avec vos élus, puis en me rendant à l'usine du nord.
Le nickel, c'est le socle économique sur lequel reposera toute évolution politique, qu'elle soit d'ailleurs dans la France ou en dehors. Votre sous-sol abrite plus du quart des réserves mondiales de nickel. Avec le développement des besoins en matière dans les pays émergents, vous serez dans quelques années le deuxième producteur mondial de nickel. Et vous allez voir venir à vous beaucoup d'amis, pas toujours désintéressés. Je demande à chacun d'y réfléchir et notamment dans sa compréhension du rôle de la République française dans ce combat-là.
C'est la raison pour laquelle je veux vous dire que la France gardera de façon certaine le contrôle du capital d'ERAMET, aujourd'hui et demain. Vous ne serez pas seuls. Et je sais que ce point fait consensus au sein de la classe politique calédonienne. Les appétits sont trop nombreux et trop forts pour que la France ne reste pas présente comme il se doit. Nous en parlerons, nous en discuterons. Mais sachez que de notre point de vue, c'est clair. Et c'est un engagement d'Etat que je prends devant vous.
Naturellement cela ne doit pas nous empêcher de parler des ressources en nickel de la Nouvelle-Calédonie et de ce que l'on doit en faire. Nous respectons les logiques industrielles des grands opérateurs comme SLN-ERAMET, VALE-INCO ou XSTRATA. Nous avons besoin de leur expertise. Mais nous serons à vos côtés pour essayer de trouver les bonnes réponses à des questions essentielles pour votre territoire : Comment gérer au mieux cette ressource naturelle rare dans la durée et dans le respect de l'environnement ? Quelle doit être la place des différents opérateurs industriels, et notamment celui de l'opérateur historique SLN-ERAMET ? Faut-il construire une usine nouvelle sur chaque gisement ou faut-il mutualiser les structures existantes ? Comment s'assurer que le maximum de valeur reste en Calédonie ?
Vous le voyez, je ne suis pas venu avec des réponses toutes faites. Je vous propose que nous travaillions ensemble pour apporter des réponses à ces questions. Si vous avez besoin de l'expertise de l'Etat, nous serons encore une fois à vos côtés. Car au final, les Calédoniens doivent profiter davantage de ces richesses.
Chacune de ces questions sera abordée dans le projet de schéma industriel minier qu'Anne DUTILHEUIL est en train de réaliser à la demande du Comité des signataires. Je veillerai personnellement à ce dossier, avec Marie-Luce PENCHARD.
Voici, mes chers amis, quel est mon état d'esprit. Je lis parfois, ici ou là, l'expression de fantasmes qui feraient de l'État un acteur zélé de la marche vers l'indépendance pour faire des économies budgétaires, ou pour se replier sur les étroites frontières européennes. Je veux le dire avec beaucoup de calme: ceux qui pensent cela ne comprennent pas ce qu'est la France.
La France, ce n'est pas une somme d'écritures comptables où chaque territoire serait évalué à l'aune de ce qu'il coûte et de ce qu'il rapporte. La France, c'est une histoire. La France a une histoire de plus de 150 années en Nouvelle-Calédonie. Cette histoire confère à la France des responsabilités ici.
Cette histoire, nous pouvons aujourd'hui la regarder en face de manière apaisée.
Nous regardons en face la période de la colonisation, qui fut une période de négation de l'identité kanak et qui fut portée par le monde occidental d'alors. Dire cela, c'est aimer son pays : il n'y a pas de pays qui construit l'avenir sans visiter l'histoire qui est la sienne. Il n'y a que les pays forts qui sont capables de faire cela. Les pays faibles, à identité incertaine, n'osent pas regarder leur histoire en face.
Nous regardons en face les périodes de déportations sur la presqu'île de NOUVILLE et celle de DUCOS ou encore sur l'île des PINS, qui furent organisées par les autorités Françaises.
Nous regardons en face les violences des années 1980, et les douleurs profondes dans les deux camps.
Mais nous regardons aussi en face ceux qui, pendant la colonisation, ont fait l'effort d'aller vers l'autre, de comprendre la culture des premiers habitants. Si le système était mauvais, à l'intérieur du système il y a toujours eu des femmes et des hommes de bonne volonté qu'il serait injuste d'assimiler à un système qui est lui-même parfaitement condamnable.
Nous regardons aussi en face la contribution des descendants d'Européens au développement du territoire.
Nous regardons aussi en face, comme je l'ai fait il y a quelques jours, l'exemplarité des Calédoniens, de tous les Calédoniens, pendant les deux guerres mondiales.
Nous regardons aussi en face la formidable leçon de dialogue et de paix que les Calédoniens donnent au monde depuis près de 25 ans.
C'est parce que nous savons regarder en face toute notre histoire, avec ses zones d'ombre et celles de lumière, parce que nous en avons fini avec les non-dits, avec les sujets tabous, que nous pouvons enfin nous comprendre. C'est pour cela que, malgré la crise, malgré la Lybie, malgré l'actualité internationale, j'ai tenu à ne pas annuler mon déplacement ici : je considère que la Nouvelle-Calédonie n'est plus un problème, mais qu'elle apporte des solutions.
Au fond, je vais repartir en métropole avec le sentiment que les Calédoniens se comprennent mieux entre eux, et j'espère vous avoir donné le sentiment que l'État comprend mieux les Calédoniens.
Bien sûr, le chemin qui nous reste à parcourir ensemble est immense. Je pense notamment à ces jeunes qui, ici comme ailleurs, ont perdu leurs repères, n'ont pas de formation, n'ont même plus la culture de leurs pères et qui sont un problème pour toutes les communautés.
Bien sûr il nous faut inventer un mode de développement économique qui profite à tous, j'ai bien conscience que sur un petit territoire, les inégalités sont encore plus criantes. Je le mesure parfaitement.
Bien sûr il faut que les jeunes qui n'ont pas connu la violence partagent l'esprit de consensus et de dialogue, qu'ils continuent à s'intéresser à la politique, aux affaires du territoire et non pas simplement à la consommation et aux perspectives seulement pour eux-mêmes.
Bien sûr, il nous faut trouver le moyen de faire participer tous les talents de Nouvelle-Calédonie au développement de son territoire.
Bien sûr il va nous falloir affirmer notre identité propre dans le Pacifique. Au fond, ce que nous avons fait en Europe, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de le construire ici, dans le Pacifique, entre vous, avec Wallis-et-Futuna, avec la Polynésie ? Est-ce qu'il n'y aurait pas à construire là aussi une perspective pour mettre en commun nos universités, notre savoir-faire ? Dans ce Pacifique se joue un enjeu considérable.
Mesdames et Messieurs, mes chers amis, ensemble nous allons réaliser la belle promesse de l'Accord de Nouméa.
Je voudrais que vous compreniez qu'ici, vous pouvez donner une leçon à tous. Ici, vous pouvez être un exemple pour tous.
Je vous souhaite d'y réussir, sachez que je serai personnellement, et institutionnellement, à vos côtés.

C'est donc du fond du cœur que je veux dire ces trois choses qui sont tellement présentes au cœur de mes convictions :
Vive la République !
Vive la Nouvelle-Calédonie !
Et vive la France !


lundi 29 août 2011

Roch WAMYTAN, réelu à la tête de la première assemblée du pays !

En publiant l'interview de Roch WAMYTAN sur la radio indépendantiste, Djiido, qui s'est déroulé le jeudi 25 août 2011, Naku press revient sur la réélection de l'ex-chef du groupe FLNKS au Congrès. Sa première élection datée du 1er avril 2011 avait été annulée par le conseil d'Etat, suite à un recours formulé par Calédonie Ensemble, le parti de P. GOMES, l'ex-président du gouvernement.
Retranscription...

Journaliste : Monsieur le Président, bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation.
Rock Wamytan : Bonjour !

Journaliste : Votre sentiment, aujourd'hui, une semaine après avoir été installé à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie :
Rock Wamytan : Mon sentiment, c'est tout d'abord de la satisfaction, par rapport à notre objectif dans le cadre du partenariat que nous avons initié, nous, le groupe FLNKS au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, avec le Parti travailliste, le Rassemblement UMP et l'Avenir ensemble, dans la continuité des décisions qui ont été arrêtées au comité des signataires de juin 2010, notamment sur un certain nombre de questions, dont le double drapeau, le drapeau FLNKS, donc le drapeau du pays kanak flottant à côté du drapeau français, et notamment pour ce grand événement que nous allons vivre dans quelques jours, les 14e jeux du Pacifique, mais aussi les différents comités de pilotages qui ont été arrêtés depuis l'année dernière, pour la mise en œuvre de l'Accord de Nouméa, et puis la préparation de la sortie de cet Accord, puisque nous arrivons tout doucement à la fin du processus de l'Accord de Nouméa, ouvert en 1998, et bien sûr 99, avec la mise en place des nouvelles institutions, dont le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Donc, dans ce cadre-là, nous avons décidé ensemble puisque, dans les discussions que nous avions eues, deux partis, nous indépendantistes, et eux, non indépendantistes, nous avions constaté, d'une part, cette volonté d'aller ensemble pour accélérer la mise en œuvre de l'Accord de Nouméa et de trouver les voies et les moyens nécessaires pour que la population de la Nouvelle-Calédonie, qu'on appelle la population concernée, soit préparée au mieux à l'exercice de leur droit à l'autodétermination, soit en 2014 ou en 2018 ou 2019. Donc, cette conjonction des volontés entre les deux groupes politiques constitue le fondement ou la base de ce partenariat. Je préfère appeler par ce terme de partenariat entre, d'un côté le Rassemblement UMP et l'Avenir ensemble, et de l'autre côté, le FLNKS au Congrès et le Parti travailliste. Nous sommes ensemble, nous n'avons signé aucun accord, il y a aucun accord qui a été signé entre nous, il y a eu aucune alliance de négociation. C'est une conjonction des volontés par rapport à une seule et unique chose qui reste notre feuille de route : c'est l'application de l'Accord de Nouméa.

Journaliste : Est-ce que vous pensez que les militants indépendantistes progressistes vont comprendre ou comprennent cette démarche ?
Rock Wamytan : C'est pas une démarche qui est facilement compréhensible, puisque le fonctionnement politique des institutions est fait ainsi. C'est partout pareil, dans les grandes démocraties, c'est la même chose. Quand on est à droite, on n'est pas à gauche, et quand on est à gauche, on n'est pas à droite. Alors, c'est toujours compliqué d'appréhender une démarche qui consiste à se mettre ensemble pour diriger un pays. On trouve ce cas d'espèce…, c'est rare dans le monde démocratique. Et c'est vrai qu'à partir du moment où, pour des raisons qui nous sont propres, puisqu'il s'agit quand même de la Nouvelle-Calédonie avec sa situation spécifique, avec son histoire particulière, sa population composée de différents peuples qui se sont installés ici avec nous, les Kanaks mélanésiens, c'est vrai qu'à première vue, ça semble un peu compliqué, et souvent, pour éviter de se poser des questions, les gens vont dire, par un raccourci facile : ils sont en train de magouiller. Alors qu'en fait, il ne s'agit pas de ça. Il s'agit, en fait, de se mettre ensemble pour pouvoir porter cet Accord de Nouméa. L'Accord de Nouméa, je rappelle quand même, c'est un accord qui a été signé par ces deux groupes-là, donc, d'une part, les indépendantistes et d'autre part, les non indépendantistes, et le troisième partenaire, l'État français. Donc, c'est nous trois qui avons signé ensemble. Alors, c'est dans la continuité de cet état d'esprit de 88, donc, la signature de l'Accord de Matignon et 98, la signature de l'Accord de Nouméa, que nous avons décidé ensemble de porter cet Accord jusqu'au bout, et de donner un coup d'accélérateur, de booster cet Accord de façon à ce que arrivions à mettre en place l'ensemble des dispositions qui ont été prévues, et notamment l'ensemble des transferts, qui ont, effectivement, pris du retard, par la faute des uns et des autres. C'est aussi bien la faute des indépendantistes que la faute aussi des non indépendantistes. Je rappelle qu'entre 99 et 2004, c'était bien le Rassemblement qui, à l'époque s'appelait le RPCR, qui avait une large majorité pour appliquer au mieux cet Accord. Il y a eu effectivement des failles. Nous les indépendantistes, on n'est pas en reste aussi. On a aussi notre part de responsabilité. Je pense qu'on s'est dit qu'on va arrêter de nous renvoyer la responsabilité et on s'est mis ensemble et on s'est dit : qu'est-ce qu'on fait maintenant de cet Accord ? On le met en place ou on le met pas en place ? Nous avons décidé ensemble de le mettre en place.

Journaliste : Pour l'indépendantiste que vous êtes, être dans ce levier de décisions, de pouvoir, c'est nécessaire, parce qu'on est à quelques années seulement de la sortie de l'Accord de Nouméa
Rock Wamytan : En tout cas, ce sont les remontées que j'ai, à part quelques nostalgiques conservateurs de la droite, disons ultra conservatrice, ici, dans le pays, il en reste quand même encore. La majorité des gens, et notamment nous, les Kanaks, la majorité des gens, ils sont très contents qu'il y ait un indépendantiste qui soit à la tête d'une des institutions principales de la Nouvelle-Calédonie. Je pense que ça, il ne faut pas le nier, et je le sens, parce que quand je discute avec les uns et les autres, je sens que le comportement de beaucoup de gens, vis-à-vis de moi, depuis que je suis président du Congrès, ces comportements ont changé. Ça veut dire que les gens sont contents, ils sont contents qu'il y ait un indépendantiste, comme ils ont été contents de voir le drapeau, notre drapeau, le drapeau porté par le FLNKS, qui est le drapeau du pays kanak, flotter à côté du drapeau français. C'était une immense joie, l'année dernière, et il fallait voir, ceux qui ont vécu ces événements-là, que ce soit au Mwa Kaa, au sénat coutumier, et ensuite au haussariat, il fallait voir cette joie dans le cœur, exprimée par un certain nombre de comportements, des gens, quand ils ont vu ce drapeau, et notamment, je parle des Kanaks. On ne peut pas nier ça. Donc, à partir de là, ça engage le président du Congrès que je suis, c'est-à-dire que je n'ai pas le droit, maintenant, de décevoir cet espoir ou cette attente qui est né de cet acte politique majeur, que je reconnais, qui est venu plus, effectivement, de la part du groupe Rassemblement UMP – Avenir ensemble que de nous, mais que nous avons accepté, de mettre quelqu'un issu de la mouvance indépendantiste à la tête du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Donc, il ne faut pas les décevoir. C'est-à-dire qu'il y a un espoir qui est là. Il y a un certain nombre de dossiers ou de préoccupations de la population qui doivent être…, auxquelles il faut répondre par des décisions que nous devons pendre, ici, au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, concernant notamment la question de la vie chère, puisque c'est une problématique importante. Il ne faut pas qu'on arrive à décevoir, non seulement moi, mais mon groupe politique, le groupe FLNKS au Congrès, l'UC et le Parti travailliste, le Palika, le RDO, l'UPM etc. Je me dois, je suis content, vis-à-vis de toute cette attente, de répondre aux aspirations légitimes exprimées par cette partie de la population, qui a exprimée sa joie de voir un indépendantiste à la tête du Congrès.

Journaliste : Comment vous allez travailler avec les minorités, parce qu'il y a des groupes qui sont très minoritaires. Est-ce que vous allez prendre en compte cette minorité-là ?
Rock Wamytan : La démarche que j'essaye d'impulser au niveau du Congrès, c'est ce que j'ai décrit lors de mon discours d'investiture, le 19 août dernier, lorsque j'ai rappelé les principes qui doivent être les nôtres. Ces principes doivent guider l'action politique de tout élu, quel que soit son groupe auquel il appartient. Indépendantistes d'un côté, non indépendantistes de l'autre, voilà. Et je pense que ce sont des principes de base qu'il nous faut mettre en place. J'ai rappelé notamment la question du respect que nous nous devons entre nous, les élus, respect envers nos populations qui nous ont conduits là, parce que nous ne sommes pas propriétaires de nos postes, ici. Ce sont les populations qui nous ont élus qui sont propriétaires de ces postes-là. Et nous leur devons ça, répondre, défendre leurs intérêts et améliorer leurs conditions de vie. Et je crois que j'ai particulièrement insisté sur ce principe du respect, respect de l'institution, l'institution du Congrès, comme le gouvernement. Ces institutions-là ne doivent pas être instrumentalisées. Nous avons connu cela, de la part d'un parti politique, depuis le mois de février, et je l'ai dit : c'est pas quelque chose qui peut augurer de choses positives pour l'avenir. C'est pas avec ce genre de démarches, en instrumentalisant les institutions, qui vont nous permettre de répondre au mieux aux attentes des populations et d'appliquer au mieux les dispositions de l'Accord de Nouméa. Et j'ai dit aussi qu'il nous faut nous impliquer plus dans les dossiers, parce que je vois, j'ai constaté que certains élus sont élus, donc ils sont à ces places-là, à ces postes-là, mais ils ne s'impliquent pas suffisamment dans leurs dossiers. Ils font de la politique à la petite semaine et ils ne sont pas suffisamment engagés dans l'étude des dossiers et dans les analyses qu'on attend d'eux, finalement, pour faire en sorte que les débats puissent se dérouler au mieux, pour arriver, soit à des compromis, des consensus, ou alors à des majorités d'idées sur un certain nombre de dossiers. Et j'ai rappelé aussi, qu'il nous faut, chaque élu, avoir un comportement citoyen exemplaire, de façon à ce qu'on ne nous reproche pas qu'on est à ces postes-là, qu'on dispose de revenus confortables, et puis qu'on ne fout rien. Il faut arrêter de voir des élus se saouler la gueule dans les hôtels et se faire remarquer dans les populations. J'ai dit aussi qu'il fallait donc que les uns et les autres s'appliquent à avoir une bonne gouvernance dans la gestion de nos affaires. C'est par rapport à ces principes-là que j'ai rappelé, au cours de mon discours d'investiture, que nous devons maintenant agir, parce que nous avons énormément de travail à faire, mais nous ne pouvons pas agir n'importe comment. Il y a un minimum à respecter dans le cadre de notre action politique, et c'est ce à quoi je vais veiller plus particulièrement, au niveau du Congrès, par rapport au travail des élus. Pour répondre à la question : moi, je pars du principe que chacun des 54 élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie a sa place, a toute sa place, qu'il soit de Calédonie ensemble, du Rassemblement UMP, du RPC ou de l'UDC ou du groupe UNI, etc., chacun a sa place. Et donc, je ferai en sorte, j'ai commencé à le montrer déjà en présidant les débats de vendredi dernier, j'ai exprimé par mon attitude que la parole est ouverte à l'ensemble des 54 élus. Donc, chacun doit s'exprimer, mais suivant notre règlement intérieur, et notre règlement intérieur, il est clair : chaque élu a le droit de s'exprimer, le temps qu'il faut, bien sûr, dans un délai raisonnable, il a le droit de prendre la parole deux fois sur chaque sujet. Et j'y veillerai à respecter le droit de la parole des élus de façon à ce qu'ils puissent s'exprimer librement et, ensuite, une fois que le débat est arrivé à son terme, je soumets le texte à l'ensemble des 54 élus et les uns et les autres vont voter en fonction de leurs aspirations propres et de leur vision.

Journaliste : Comment voyez-vous le travail que vous allez effectuer entre les différentes institutions, entre le Congrès, les provinces, le gouvernement mais aussi les communes, par exemple ?
Rock Wamytan : Le travail du Congrès, il est fixé par les textes. Le Congrès est chargé de l'examen et du vote des textes dans le cadre de sa fonction délibérative ou législative, en ce qui s'agit des projets des lois du pays. Les projets de délibération ou les projets de lois du pays, bien sûr, sont préparés par l'exécutif. C'est l'exécutif qui nous transmet ces textes-là, et en fonction des compétences qui sont les nôtres, donc les compétences de la Nouvelle-Calédonie, nous examinons ces textes-là, et nous les votons. Ce qui veut dire qu'il faut une bonne cohésion, il faut assurer une bonne cohésion entre le Congrès de la Nouvelle-Calédonie et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Du fait que ce sont deux groupes qui partagent les mêmes démarches, puisque Harold Martin, président du gouvernement et de l'Avenir ensemble, et moi, ici, du groupe FLNKS au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, nous sommes dans ce partenariat, donc ça devrait faciliter les choses, et on ne devrait pas revivre ce qu'on a vécu depuis 2009, entre 2009 et 2011, c'est-à-dire les luttes interminables entre deux groupes politiques, Calédonie ensemble par Philippe Gomès, président du gouvernement, et Harold Martin qui était président du Congrès de l'Avenir ensemble. Je pense qu'on ne devrait pas revivre tout ça, donc, ça devrait faciliter la bonne circulation des textes entre les deux institutions, et puis, faciliter, ensuite, les débats et l'adoption des textes. Vous parliez des communes et des provinces. Ils ont des compétences qui sont les leurs, ce sont des collectivités locales, ils ont des compétences. Si ces collectivités-là ont des dossiers particuliers à soutenir dans le cadre des politiques qu'ils mènent au niveau des communes ou des provinces, bien sûr, ils nous font remonter tout ça, par leurs représentants, soit au niveau du Congrès, soit au niveau du gouvernement. Mais j'estime aussi qu'il y a une cohésion à trouver entre les provinces et les communes. Et d'ailleurs, j'attendais que la situation se stabilise au niveau du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, pour faire ma tournée. Donc, je vais faire ma tournée, je vais rendre visite, dans les semaines qui viennent, à l'ensemble des trois présidents de province. Je vais commencer par la province Nord, la province des Îles, et la province Sud, pour avoir une discussion avec les présidents de province et voir dans quelle mesure nous pouvons faciliter le travail entre nos collectivités. Ce sera pareil avec les grandes communes. J'essayerai, dans les mois qui viennent, d'aller vers les maires de nos communes de façon à avoir des discussions aussi avec eux, pour pouvoir faciliter la circulation de l'information et faciliter la circulation, ou en tout cas l'examen des dossiers qui les concernent plus particulièrement.

Journaliste : Face aux différentes organisations syndicales, il y a eu un signe fort la semaine dernière, de la part des différentes institutions, des éléments de réponse au collectif contre la vie chère. Pour rappel, que propose le Congrès au collectif contre la vie chère ?
Rock Wamytan : C'était une proposition qui avait été formulée par l'intersyndicale lorsqu'elle est venue rendre visite, discuter avec les différents groupes politiques représentés au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, et aux formations politiques aussi, qui ne sont pas constituées au niveau du Congrès. Les responsables de l'intersyndicale ont tenu à rencontrer l'ensemble des responsables pour que le Congrès, puisque c'était leur demande, puisse mettre en place dans un délai rapproché, par rapport à cette grande marche qu'ils ont organisée dans la ville de Nouméa, au mois de mai, que le Congrès puisse rapidement mettre en place une commission spéciale qui prend en compte toutes les problématiques relatives à la lutte contre la vie chère, puisque c'est une préoccupation majeure des populations, et notamment des populations bénéficiant de revenus les moins élevés, ou celles qui n'ont pratiquement pas de revenus, parce que, effectivement, la vie chère est un souci pour les familles, un réel souci pour les familles. C'est une problématique qui est difficile, qui est complexe, parce qu'elle met en œuvre des tas de paramètres dont, souvent, les élus, eux-mêmes, n'ont pas la maîtrise. Un exemple simple : nous vivons essentiellement sur les produits qui sont importés, mais les élus de la Nouvelle-Calédonie n'ont aucune maîtrise sur ces prix, puisque les prix sont formés ailleurs, en dehors de la Nouvelle-Calédonie. On peut avoir une possibilité d'action, notamment sur les marges, ou par le biais de la fiscalité, lorsque c'est produit en Nouvelle-Calédonie. Mais, voilà, c'est juste un exemple qui nous montre que les élus que nous sommes n'avons pas la totale maîtrise. Sinon, on aurait déjà combattu la vie chère depuis longtemps. Je pense que ce qu'il faut dire, c'est que c'est une préoccupation qui est aussi partagée par les élus. Il faut pas croire. Parce que souvent, on nous dit : oui, mais les élus s'occupent pas, parce qu'ils ont des bons revenus. Ils sont des consommateurs aussi, ils sont logés à la même enseigne, et puis, ils ont pas des si hauts revenus que ça. Ça veut dire que c'est une préoccupation qui est aussi partagée par les élus. Et nous avons effectivement pris en compte leur demande. Au mois de mai, juin, je les avais reçus, ici, au Congrès, en tant que président du Congrès, et je leur avais dit à ce moment-là, parce que je les ai reçus à deux reprises, que je vais consulter l'ensemble des groupes politiques constitués au Congrès, pour leur demander leur avis sur la mise en place de cette commission. Après, je vais passer les détails, parce que c'est un peu compliqué, parce que, entre temps, il y a eu l'invalidation de mon élection du 1er avril, Calédonie ensemble a repris les rênes avec Léonard Sam, le président par intérim, avec toute la salade qui vient avec, c'est-à-dire les bagarres internes et tout ça, là. Ce qui fait qu'on a pris du retard. Mais ce qu'il faut dire à ceux qui nous écoutent, c'est que le vendredi, 19 août, dans l'après-midi, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a fait deux choses importantes. Première chose : il a voté la création de cette commission spéciale au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, il a voté la composition de cette commission, avec les syndicats, l'État, les élus, et nous avons nommé nos représentants dans cette commission, et nous avons demandé au gouvernement de finaliser le texte, le projet de délibération qui va créer cette commission. C'est ce qui a été fait par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, pas plus tard qu'hier. Donc, ce texte va revenir devant la commission législation-réglementation et la commission de la réglementation fiscale. Donc le texte va revenir lundi prochain sur cette question-là, devant ces deux commissions, et le Congrès va voter ce projet de délibération le 1er septembre. Et comme nous aurons encore un mois, un mois parce que c'est le délai qui nous a été donné par l'intersyndicale, preuve, s'il en est, quand même, que nous prenons en considération les demandes de cette intersyndicale, nous avons un mois pour finaliser ces accords et nous mettre en œuvre, fin septembre, dans le délai qu'il nous restera à travailler, donc nous allons arriver à mettre en place ces accords économiques et sociaux, tels que demandés par l'intersyndicale.

Journaliste : S'il y a un dossier sur lequel vous allez vous pencher prochainement et le plus rapidement, c'est quoi ?
Rock Wamytan : Il y a un dossier, enfin c'est une préoccupation aussi, c'est le budget, parce que le travail du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, c'est bien de voter les budgets. Donc, je peux annoncer, mais on l'a déjà fait, puisque le budget supplémentaire devait être voté le 19 août, mais il n'était pas encore tout à fait prêt, nous avons replanifié la séance plénière, et ce texte est prévu pour passer le jeudi 1er septembre 2011 à 14 h. Donc, là, il s'agit du budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie pour l'année 2011, un budget qui a été bâti à partir du compte administratif de 2010. Ce sera examiné, le 1er septembre, donc la semaine prochaine. C'est important de le dire parce que normalement c'était prévu de le faire dans le cadre de la session administrative qui se termine le 29 août, c'est-à-dire lundi. Bon, compte tenu de l'actualité, notamment avec la venue du président de la République, ouverture des jeux, etc., on a recalé tout ça pour le 1er septembre. C'est un texte important. Nous allons voter aussi le projet de délibération relative à la réforme globale de la fiscalité. Ça, c'est un projet qui est porté maintenant par l'ensemble des groupes politiques du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.

Journaliste : Les indépendantistes ont été très actifs sur cette question.
Rock Wamytan : Je vais parler en tant qu'indépendantiste : la réforme de la fiscalité, les indépendantistes la réclame depuis 25 ans. Il faut pas oublier que l'impôt sur le revenu, l'IRPP a été mis en place par le gouvernement Tjibaou de 82-84. Donc, il a fallu une volonté politique forte, à l'époque, avec Jean-Marie Tjibaou et la FNSC de l'époque, pour pouvoir entamer des réformes structurelles au niveau de notre économie, par le biais de la réforme fiscale. Ça, c'est un signe fort qui a été donné à l'époque. Maintenant, plus personne ne parle de l'impôt sur le revenu. Vous savez que nous sommes, au niveau des collectivités de la République française, je pense, la collectivité qui paye le mieux ses impôts. Quand on regarde le taux de réalisation au niveau de l'impôt sur le revenu, je crois que les Calédoniens, ils sont à près de 80 % ou 90 % déjà qui payent leurs impôts. On ne resquille pas, on n'essaye pas de tricher. Oh, il y a toujours des tricheurs, mais en général, le Calédonien, c'est vrai, il a réagi face à la mise en place de l'IRPP de l'époque, mais maintenant c'est passé dans les mœurs, et les gens payent leurs impôts, tout simplement. C'est pour dire que nous, les indépendantistes, à l'époque, nous avons toujours insisté sur la réforme de la fiscalité.

Journaliste : Et maintenant ?
Rock Wamytan : Et maintenant, l'ensemble des autres groupes politiques nous ont rejoints, et nous sommes en train de mettre en place tout un planning de travail et de réflexion, au fond, pour moderniser l'économie et rendre plus juste l'impôt par le biais de ces réformes de la fiscalité.

Journaliste : Il y aura la venue du président de la République française, monsieur Nicolas Sarkozy, très prochainement. Un petit mot sur cette visite :
Rock Wamytan : Ce sont des visites normales que doivent effectuer les présidents de la République puisque, pour le moment, la Nouvelle-Calédonie est un territoire français et important, c'est un territoire qui a sa place dans l'ensemble de la République française, donc il est tout à fait normal, à un moment donné, durant leur mandat, que les présidents viennent rendre visite à leur territoire. Moi, je vois ça comme ça. Mitterrand était venu, je crois, une fois, Giscard d'Estaing était passé aussi, la dernière fois c'était Jacques Chirac. Jacques Chirac était passé en 2003. Là c'est Nicolas Sarkozy, à quelques mois de la fin de son mandat…

Journaliste : … campagne électorale…
Rock Wamytan : Oui, mais vous savez, quand un président de la République se déplace, il se déplace pas comme ça. C'est-à-dire, c'est toujours pensé, réfléchi, et les déplacements des présidents de la République, que ce soit dans les territoires métropolitains ou dans les territoires d'outre-mer, ces déplacements répondent à des stratégies politiques. Ça, c'est sûr. Est-ce que, à quelques mois des élections présidentielles…, évidemment, il va sûrement développer, ici, des thèmes porteurs pour sa campagne électorale. Il va parler, par exemple, des thèmes de la sécurité. S'il vient parler des thèmes de la sécurité, c'est pas complètement neutre, quand même. Bon, c'est vrai que nous sommes confrontés à ce problème-là, le problème de la délinquance de notre jeunesse, ici, en Nouvelle-Calédonie, mais c'est un thème aussi qui l'a fait élire, en 2007, et qu'il va peut-être reprendre pour se faire élire en 2012. Ce sont des stratégies qui rentrent dans le cadre de la préparation de la campagne électorale. Mais je pense qu'il vient aussi pour les jeux du Pacifique, puisqu'il a couplé son déplacement avec l'ouverture des jeux du Pacifique, pour affirmer un certain nombre de choses. Je ne sais pas ce qu'il va dire, on va l'écouter attentivement, à son discours devant les 3500 athlètes, samedi soir, au stade de Magenta. Donc, il va délivrer un discours, là, et il va donner aussi un discours, dans le Nord, sur des thèmes qui intéressent évidemment la Nouvelle-Calédonie, qui intéressent notre avenir aussi. Parce qu'il est important aussi de savoir, en tant que président de la République, mais aussi en tant que futur candidat, il est important pour nous, de savoir quelle est sa vision, quelle est la vision du plus haut personnage de l'État français et, sûrement candidat pour 2012, sur quelle est sa vision sur le devenir de la Nouvelle-Calédonie. Je pense que c'est important, dans la mesure où ce sera aussi une problématique majeure pour nous, les responsables politiques locaux de la Nouvelle-Calédonie, dans les années qui viennent. Donc, c'est toujours important d'avoir la vision du président de la République française, puisque pour le moment, la Nouvelle-Calédonie est un territoire français. Je crois que nous attendons beaucoup de cette visite à ce niveau-là. C'est important qu'un président de la République puisse sentir un pays. Je pense que c'est important pour lui. Il a jamais mis les pieds ici, en Nouvelle-Calédonie, depuis qu'il est président de la République. Il était déjà venu ici, ça devait être en 1998, il était venu participer à des meetings organisés, à l'époque, par le RPCR. Je l'avais reçu, à l'époque, j'étais président du FLNKS, et je l'avais reçu, ici, pour discuter justement sur l'Accord de Nouméa.

Journaliste : Et aujourd'hui, vous allez le recevoir en tant que président du Congrès.
Rock Wamytan : Oui, voilà, 13 ans plus tard, c'est en tant que président du Congrès. C'est quand même une fierté, parce que, au-delà de la politique, des fois on est d'accord, des fois on n'est pas d'accord, mais bon, c'est vrai qu'il a quand même donné des signes politiques forts, même si je ne suis pas toujours d'accord, en tant qu'indépendantiste, de la politique menée par Nicolas Sarkozy, il nous a quand même donné des signes politiques très forts. Déjà en 2007, lorsqu'il a relancé le processus de l'Accord de Nouméa, et notamment le processus de transferts de compétences, qu'il a relancé avec le Premier ministre Fillon, en 2007, 2008, 2010, je pense que c'était quand même un signe très fort pour la Nouvelle-Calédonie, quand il a relancé le processus. Le signe concernant la montée du drapeau FLNKS, l'année dernière, voilà un signe très fort. La mise en place des comités de pilotage, et notamment le comité de pilotage sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, voilà encore un autre signe fort. Donc, je pense que c'est quelqu'un qui, malgré qu'il n'est pas de notre famille politique, si je me place en tant que FLNKS, il n'est pas de notre famille politique, il a montré, en tout cas, que, malgré tout ça, il nous a donné satisfaction sur un certain nombre de points politiques importants que nous défendons, nous. Maintenant, la suite nous dira ce que nous ferons, ou en tout cas quel type de partenariat nous aurons avec Nicolas Sarkozy.

Journaliste : Les derniers jeux du Pacifique c'était en 1987, dans le pays. Aujourd'hui on se retrouve avec jeux du Pacifique, ici, la paix. Il y a une très grande différence avec 1987. C'est quoi votre sentiment ?
Rock Wamytan : Les jeux du Pacifique, ça doit être une grande fête du sport, pour nous, les Océaniens. Nous sommes pour le moment, sous souveraineté française. Demain, nous sommes indépendants ou nous sommes dans une indépendance association ou dans un autre cadre, de très large autonomie. La Nouvelle-Calédonie accueillera toujours les jeux du Pacifique, puisque les jeux du Pacifique, on les a accueillis en 1966, en 1987, en 2011. Dans 15 ou 20 ans, les jeux reviendront ici, quel que soit le statut de la Nouvelle-Calédonie. Pour moi, c'est pas lié à la politique interne de la Nouvelle-Calédonie, les jeux du Pacifique. Par contre, c'est une grande fête du sport, et c'est un événement majeur dans la mesure où la Nouvelle-Calédonie, en accueillant les jeux du Pacifique, confirme sa volonté de s'insérer dans ce monde qui est le nôtre, qui est le monde océanien, qui est le monde Pacifique. Moi, je vois comme ça, l'importance majeure de cet événement, événement sportif, fête du sport, bien sûr, mais aussi signe ou confirmation que la Nouvelle-Calédonie est partie prenante de ce monde-là, qui est le monde océanien, qui est le monde Pacifique. Et nous devons être fiers d'accueillir nos frères océaniens, frères de la Mélanésie, puisque la Nouvelle-Calédonie fait partie du monde mélanésien, des frères polynésiens, des frères micronésiens, puisque ce sont nos jeux. Nous sommes du Pacifique, nous sommes Océaniens. Nous faisons partie de cette partie du monde. Et je pense que c'est important de le redire que nous faisons partie de ce monde océanien, parce que souvent…, nous sommes bien sûr accrochés à la France, accrochés à l'Europe. La France et l'Europe, c'est à 18 mille km, c'est quand même un peu loin. Le Vanuatu, il est à 600 km d'ici, Fidji est à 1500 km, l'Australie est à peine à 2000. C'est notre monde. C'est pour ça qu'il faut que toute la Calédonie accueille les 3500 athlètes qui seront là avec nos athlètes pour dire que c'est notre monde et que nous fêtons ensemble le sport et ces olympiades, comme disaient les Grecs à l'époque, voilà cette grande fête du sport dans le Pacifique. La note politique que je mettrai, moi, c'est …, elle est là, elle est là-dessus, c'est-à-dire que la Nouvelle-Calédonie, elle fait bien partie de l'Océanie. Voilà, la Nouvelle-Calédonie est mélanésienne, la Nouvelle-Calédonie est océanienne. D'ailleurs, ce que je vais dire, demain, puisque demain, Nicolas Sarkozy nous reçoit au haussariat, et parmi les personnalités, je fais partie des personnalités qui vont s'exprimer devant le président de la République, et ils m'ont proposé de m'exprimer sur la place de la Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, dans ce monde océanien, et ça tombe bien avec les jeux du Pacifique.

Journaliste : Monsieur Wamytan, un dernier message aux Calédoniens ?
Rock Wamytan : Après ces mois de déstabilisation que nous avons connus, plus ou moins orchestrés par des groupes politiques, depuis le mois de février jusqu'à maintenant, les institutions sont désormais en ordre de marche, et nous sommes maintenant opérationnels, et nous avons, en tout cas, moi-même, ici, au Congrès, en tant que président de cette institution, j'ai la ferme volonté de faire avancer maintenant les dossiers, ici, au niveau du Congrès, les dossiers qui nous viendront du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, pour appliquer au mieux l'Accord de Nouméa, bien sûr sur la question du transfert de compétences, notamment, mais faire en sorte que nous allons nous préoccuper réellement des conditions de vie de nos populations, parce que c'est ce qu'on nous a reproché depuis six mois. C'est que nous nous sommes empêtrés dans nos batailles et dans nos luttes intestines, fratricides, interminables, et nous ne nous sommes pas occupés des conditions de vie des gens parce que les gens de la Nouvelle-Calédonie, nos populations, nos frères, nos sœurs, souffrent de beaucoup de maux qui sont donc identifiés, et ils se retournent à chaque fois vers les élus, puisque nous sommes là pour cela, ils nous ont portés à ces postes-là pour cela. Donc, je leur dis : ayez confiance en nous, nous allons prendre en main toutes ces problématiques qui sont les vôtres, qui sont les nôtres, et nous allons travailler pour faire en sorte d'améliorer vos conditions de vie.

Journaliste : Monsieur Wamytan, merci d'avoir accepté notre invitation.
Rock Wamytan : Merci Romain, et merci à Djiido.

dimanche 28 août 2011

Des perspectives plutôt optimistes pour le budget supplémentaire du Congrès 2011...

Ce jeudi 1er septembre 2011, sera adopté au Congrès du pays le budget supplémentaire 2011 d'un motant de plus de 23 milliards de F.
Madoÿ publie ici l'extrait du rapport de présentation de ce budget préparé dans des conditions particulières étant donné la stratégie d'instabilité institutionnelle menée par le parti de l'ex-président du gouvernement,P.Gomès, Calédonie Ensemble.


Introduction économique

Pour 2011, les perspectives économiques sont plutôt optimistes, selon les dernières publications de l’institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) et d’après les éléments statistiques de l’institut de la statistique et des études économiques (ISEE).

La demande intérieure et les échanges commerciaux semblent rester dynamiques. La tenue des Jeux du Pacifique en septembre, la construction de l’usine du Nord et la montée en charge de l’usine du Sud participeront à la bonne tenue de l’économie calédonienne dans les mois à venir. Par ailleurs, la tendance touristique du début d’année est plutôt favorable.

Situation au 1er trimestre 2011
Le cours du nickel au London Metal Exchange (LME) continue sa progression. En mars 2011, il s’affiche à 12,16 USD/lb, contre 10,19 USD/ lb en mars 2010 (+ 20 %), soutenu, selon Eramet, par un marché mondial du nickel en déficit d’offre.

Le prix de la livre de nickel s’établit en moyenne à 12,20 USD/lb en 2011, contre 9,05 USD/lb un an auparavant (+ 35 %).

Le cours du dollar s’affiche quant à lui à 85,25 XPF sur le mois de mars 2011, contre87,95 XPF il y a un an. En moyenne de janvier à mars 2011, il est pratiquement stable par rapport à la même période de 2010 (87,35 XPF). Convertie en monnaie locale, la livre de nickel s’établit à 1 066 XPF en moyenne sur le 1er trimestre 20, contre 782 XPF un an avant.

Depuis janvier 2011, l’extraction de minerai de nickel est tous les mois inférieure au même mois de 2010. Au terme du 1er trimestre 2011 ce sont 1,6 million de tonnes humides extraites des sous-sols calédoniens, contre 1,9 million sur la même période en 2010.

Soutenues par des cours en hausse au LME, les exportations minières se portent bien sur le 1er trimestre 2011 : leur valeur progresse de 28 %, en relation avec la hausse du cours de nickel alors que les volumes exportés reculent de 7 %.

Les exportations minières sont réparties de façon quasi équivalente entre la Corée du Sud, le Japon et l’Australie. En un an, les achats du Japon ont doublé, passant de 127 000 à 254 000 tonnes humides. Cette hausse ne compense toutefois pas le recul des commandes de l’Australie et de la Corée du Sud. Malgré leur belle progression sur le 1er trimestre, les exportations de minerai calédonien vers le Japon sont à surveiller suite aux catastrophes naturelles qui ont touché l’archipel en mars.

Par ailleurs, le marché mondial pourrait également être affecté par les troubles politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Le secteur du nickel structure les échanges extérieurs : le chantier de l'usine du Nord continue de doper les importations ; les exportations de la Nouvelle-Calédonie profitent de la hausse des cours au LME et de la mise sur le marché du nickel hydroxyde cake (NHC).

Sur le 1er trimestre de 2011, les importations augmentent de 30 % sur un an, atteignant ainsi 73 000 MF. Un tel niveau n'avait encore jamais été atteint. Ce niveau est consécutif à la livraison, depuis septembre 2010, des ensembles industriels (+ 17 000 MF) dans le cadre de la construction de l’usine du Nord.

Les importations de "produits minéraux" s'élèvent à 9 700 MF soit 1 100 MF de plus sur un an. Cette hausse est directement liée au renchérissement des cours des matières premières, notamment du pétrole et des combustibles servant à l'industrie métallurgique (tels que la houille bitumineuse et les fiouls type bunker furnace oil).

En valeur, les importations de "produits alimentaires" sont quasiment stables, malgré le renchérissement des cours mondiaux des matières premières alimentaires. Les quantités importées baissent de 12 %.

Le territoire s'approvisionne pour moitié auprès de quatre pays : la France, la Chine, Singapour et l'Australie. Les trois quarts des ensembles industriels viennent de huit pays : la Chine, les Pays-Bas, le Canada, l'Italie, l'Inde, la Malaisie, l'Australie et la France.

Les exportations s'élèvent à 31 000 MF, dont 29 500 MF uniquement pour le secteur du nickel, composé pour moitié de ferronickels, à 40 % de mattes et de minerai et le restant de NHC.

Les exportations de produits de la mer affichent leur plus bas niveau, 295 MF sur le
1er trimestre 2011, tirées à la baisse par le secteur des crevettes. Les commandes du Japon, principal acheteur des crevettes calédoniennes, reculent sur un an (- 25 tonnes). Celles des trocas et des holothuries sont globalement stables et celles des thons progressent grâce à l'augmentation des commandes des Samoa américaines, du Japon, de la Thaïlande, de la France et de l'Espagne. Dans les prochains mois, les exportations de thons en direction des Samoa chuteront : le thon pêché dans les eaux calédoniennes sera transformé en conserve sur le territoire pour approvisionner le marché local et ainsi limiter les importations de thon en conserve.

Le territoire exporte d'autres marchandises que du nickel et des produits de la mer pour un total de 1 200 MF, en hausse de 500 MF sur un an. Sur le 1er trimestre 2011, ces ventes sont quatre fois supérieures à celles des produits de la mer et sont composées, notamment d'huiles essentielles de niaouli.

La hausse des importations, supérieure à celle des exportations (+ 30 % contre + 9 %), porte le taux de couverture du territoire à 43 % sur le 1er trimestre 2011, contre 51 % un an avant. Le déficit de la balance commerciale du 1er trimestre 2011 se creuse sur un an, passant de 28 000 MF à 42 000 MF. Il n'a jamais été aussi élevé à cette période de l'année.

L’indice des prix à la consommation des ménages s’établit à 101,01 pour le mois de mars 2011. Les prix baissent de 0,1 % sur un mois malgré la forte hausse de ceux des carburants.

Les produits frais commencent leur retour à la normale après Vania, provoquant ainsi une baisse de l’alimentation de 0,8 % sur les légumes frais et les poissons frais. S’agissant des prix du tabac, ils sont stables après leur revalorisation le 10 janvier 2011. Les tarifs aériens diminuent après les vacances, expliquant la baisse dans les services de 0,5 %. Quant aux prix des produits manufacturés, ils augmentent de 0,2 % sur un mois.

La reprise de la fréquentation touristique entamée mi-2010, se confirme avec
72 300 visiteurs, contre 57 000 sur la même période en 2010. La fréquentation est tirée à la hausse par les arrivées du Japon avec 830 touristes en plus par rapport à 2010.

La métropole délivre également un signe encourageant avec la reprise des arrivées: 5400 touristes au 1er trimestre, soit 680 personnes de plus qu'en 2010. 800 touristes sont arrivés de Nouvelle-Zélande soit 110 personnes de plus qu'en 2010.

Les autres pays contribuent également à la hausse des arrivées. Participent à ce mouvement favorable : la Corée du Sud (+ 200 personnes), les pays d'Europe hors France (+ 160 personnes) et Wallis et Futuna (+ 90 personnes). Si traditionnellement, la clientèle touristique provenait de métropole, du Japon, d'Australie et de Nouvelle-Zélande, la part de marché des autres pays ne cesse d'augmenter et atteint, au premier trimestre 2011, son niveau le plus haut.

A l'inverse, l'Australie perd 500 personnes par rapport au 1er trimestre 2010, sur un total de 2 800 touristes. En glissement annuel, les arrivées en provenance d'Australie ne cessent de reculer depuis 2009. Toutefois, cette baisse traduit plus une nouvelle façon de voyager qu'une désaffection pour notre destination. Les Australiens constituent, en effet, la majorité des passagers débarquant des paquebots de croisière (80 % au 1er trimestre 2011).

Le tourisme de croisière continue sa spectaculaire progression. Au cours du 1er trimestre 2011, 34 paquebots transportant 51 000 passagers ont navigué dans les eaux calédoniennes soit 13 800 croisiéristes et 8 paquebots de plus qu'un an plus tôt (+ 37 %). Le nombre de croisiéristes débarqués au cours de ce trimestre dépasse aussi les précédents records de 2009 et 2008. Le tourisme de croisière continue ainsi sa spectaculaire progression, comme au cours des trois trimestres précédents.

Malgré la baisse de la durée moyenne de séjour des touristes, l'augmentation de la fréquentation touristique profite fortement à l'activité hôtelière qui atteint l'un de ses meilleurs résultats de la décennie au 1er trimestre : 151 300 nuitées, soit 25 100 de plus qu'il y a un an (+ 20 %). Au cours des dix dernières années, la barre des 150 000 nuitées au 1er trimestre n'a été franchie qu'en 2008. Les résidents et les non-résidents contribuent presque autant à cette augmentation. Parmi les touristes, ce sont tout particulièrement les métropolitains qui contribuent le plus à l'augmentation des nuitées hôtelières.

Au 1er trimestre, les nuitées augmentent dans les hôtels 2 étoiles (+ 34 % en glissement sur un an), surtout grâce aux touristes non-résidents (+ 62 %). Dans les hôtels 3 étoiles et plus, les nuitées augmentent de 25 %, surtout grâce aux résidents (+ 39 %). A l'inverse, les nuitées baissent dans les hôtels 1 étoile (- 24 %) pour les résidents comme pour les non-résidents.

L'augmentation des nuitées hôtelières permet une augmentation significative du taux d'occupation au 1er trimestre 2011 (59 % contre 52,9 % il y a un an).

Le nombre de demandeurs d'emploi recule et les offres d'emploi déposées depuis le début de l'année n'ont jamais été aussi nombreuses. Sur le 1er trimestre 2011, les services provinciaux enregistraient 7.560 demandeurs d'emploi en fin de mois, contre 8 060 un an avant, retrouvant ainsi son niveau des trois premiers mois de 2009.

Cette baisse du nombre de demandeurs d'emploi reste relative et concerne les trois provinces : - 260 pour la province Nord, - 220 pour la province Sud et - 20 pour la province des îles Loyauté.

En effet, le 1er semestre 2010 avait été marqué par une hausse ponctuelle des demandeurs d'emploi consécutive aux campagnes de recensement des publics employables en province Nord, menées par Cap Emploi, pour les besoins de l'usine du Nord et au développement de l'activité de l'établissement provincial de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle (EPEFIP) pour la province des îles Loyauté.

La baisse des demandeurs d'emploi concerne principalement les services aux personnes et à la collectivité (- 230 demandeurs sur un an) et, dans une moindre mesure, les services administratifs et commerciaux (- 100) et l'industrie hôtelière (- 80). Dans ce dernier cas, elle est en partie concomitante à l'ouverture du Royal Tera à Nouméa en mi-février 2011.

Les entreprises ont déposé 3 320 nouvelles offres d'emploi auprès des services de placement, contre 2 560 il y a un an. Ces nouvelles offres n'ont jamais été aussi nombreuses. La province Sud concentre les deux tiers des offres, mais la plus forte hausse sur un an concerne la province Nord avec 410 nouvelles offres supplémentaires (340 pour la province Sud).

La hausse de l'offre d'emploi est principalement tirée par les besoins en recrutement de l'usine du Nord dans trois secteurs : le transport et la logistique, la mécanique, l'électricité et l'électronique, et enfin le bâtiment, les travaux publics et l'extraction. Fin mars 2011, les infrastructures nécessaires au fonctionnement du complexe industriel de Vavouto sont construites et les modules de l'usine montés. La construction entre dans sa phase finale, avec, notamment, l'assemblage des réseaux (électricité, tuyauterie…) et des installations connexes à la production (unité d'affinage …).

Au total, 4 430 offres d'emploi restent actives à la fin du 1er trimestre 2011 soit
1 000 de plus sur un an.


* * * *

jeudi 25 août 2011

Vous avez dit : comparaison - Jeux du Pacifique 2011 et les autres Jeux...

Selon un internaute,
Les JNC : Coût 17 milliard CFP soit 141.666.666 Euros pour 250000 personnes = 566 Euros/Personne
PEKIN : Coût 26 milliards d'Euros pour 1 350 600 000 personnes = 19,25 Euros/Pers
SYDNEY : Coût 3,5 milliards d'Euros pour 21 900 000 personnes = 159,8 Euros/Pers

Nous avons donc payé :
- 30 fois plus que le Chinois
- 4 fois plus que les Australiens

Tout ceci, je le précise, pour des jeux du Pacifique et non des jeux Olympiques
Mais c'est vrai que l'on n'a pas besoin de maisons de retraites ni d'échangeurs routiers (pour ne citer que cela) en Nouvelle Calédonie...


Réaction d'un autre internaute:
Rien de correct n'est fait par les décideurs actuels. La France est devenue un Ponce Pilate. Ces montagnes d'argent finissent par rendre les élus aveugles et sourds.
Mais ces jeux sont aussi un pari sur le bon comportement électoral des jeunes sportifs et de leurs supporters. Un peu aussi pour montrer notre supériorité aux petits états insulaires. Ce qui donnera à penser que tous les habitants du pays sont riches.
Non seulement on n'aura pas dépensé cet argent pour des causes sociales mais, pire, on aura fait croire à nos invités qu'on n'en avait pas besoin.


Réaction de Uué Sylvain:

Salut à tous,

Je voulais vous transmettre un extrait d'une déclaration du groupe FLNKS au Congrès fin 2009 dans le cadre du vote du budget primitif 2010...
"... En fait, le choix du gouvernement est de « sanctuariser » certaines grandes opérations, certes décidées auparavant…
Ce sont par exemple les infrastructures des jeux du Pacifique de 2011 qui coûtent dans le budget primitif proposé environ 15 milliards de F.
Au-delà d’un constat objectif d’une répartition déséquilibrée entre les provinces des infrastructures liées à ces jeux et sur le caractère superflu de certains équipements sportifs, maintes fois exprimés dans les commissions, nous souhaitons attirer votre attention, Monsieur le Président mais également à l’ensemble des élus, sur deux choses :
- Primo : Si ces lourds investissements publics constituent des signes lancer envers les acteurs économiques, nous devons nous attendre inévitablement à des coûts de fonctionnements exorbitants et inhérents par la suite,
- Secundo : Les milliards de F consacrés à ces jeux seront vécus par les autres peuples du Pacifique comme un étalage indécent de richesse quand on sait que cela représente parfois 75% des budgets nationaux de certains pays et qui manquent cruellement d’infrastructures de base (école, infirmerie,…)..."






mercredi 24 août 2011

Discours d'investiture du président du Congrès, Roch WAMYTAN, le vendredi 19 août 2011....

" Mr le Haut commissaire de la République
Messieurs les parlementaires
Messieurs les consuls et représentants diplomatiques
Mr le président du gouvernement et les membres du gouvernement de la NC
Messieurs les représentants des églises catholiques et protestantes
Messieurs les présidents du Sénat coutumier et du Conseil économique et social
Messieurs les présidents de province,
Mesdames et messieurs les maires de Nouvelle Calédonie
Messieurs les grands chefs coutumiers
Messieurs les représentants des forces armées en Nouvelle Calédonie
Mesdames et messieurs les élus du Congrès
Messieurs les représentants de la presse
Mesdames et messieurs,


Mesdames et messieurs les élus je vous remercie de la confiance que vous me portez en me reconduisant dans mes fonctions de président du congrès de la NC. Depuis six mois, nos institutions ont été malmenées, avec les élections de ce jour, elles sont désormais en ordre de marche et donc opérationnelles. Nous n’avons plus de temps à perdre désormais, il nous faut maintenant nous mettre au travail dans la sérénité et l’apaisement, conditions pour que ce travail soit efficace.

Parce que durant ces six mois écoulés, en tant que responsables politiques de ce pays, nous nous sommes livrés à un spectacle pitoyable et lamentable devant nos populations. Beaucoup d’entre nous n’ont pas su faire preuve de hauteur d’esprit et de sagesse pour surmonter les conflits d’égo, nés de problèmes politiques mal négociés, préférant se complaire dans des luttes intestines interminables au détriment de ce pour quoi nous sommes à ces postes : l’intérêt général de ce pays, le seul combat qui en vaille la peine, le reste étant du superflu. Nous sommes tous comptables à des degrés divers de cette situation d’instabilité, c’est donc ensemble que nous devons assumer les conséquences de nos actes qui ont peut être conduit à renforcer ce climat délétère ayant conduit au drame de Maré.

Permettez moi au moment où je reprends mes fonctions de président de rappeler quelques uns des principes qui doivent guider notre action politique, principes dans lesquels je m’inscris totalement et sur lesquels je veillerai plus particulièrement.

Tout d’abord et avant tout le respect que nous nous devons entre nous élus du peuple, respect de nos institutions résultats de luttes intenses dans le passé ayant même occasionné des morts. Nos institutions n’ont pas à être instrumentalisées au fin d’intérêts partisans, comme elles l’ont été ces derniers mois. Respect des populations qui nous ont emmenés par leur vote à ces postes que nous occupons en leur nom.

Il nous faut aussi demeurer à la hauteur de la confiance que ces électeurs nous ont donné, afin d’agir au mieux de leurs intérêts ce qui nécessite : une bonne gouvernance dans la gestion de nos affaires, un comportement citoyen exemplaire dans notre action quotidienne, une implication permanente et volontaire dans les nombreuses problématiques qui se posent à notre société calédonienne dont notamment celle de la vie chère souci majeure des catégories à faible revenus et source de conflits sociaux violents à venir qu’il nous faut prévenir.

Issus de groupes politiques divers, défendant ou pas l’indépendance de la NC, nous devons nous battre politiquement sur les dossiers dans un combat loyal et digne ici dans cette enceinte du congrès qui est bien l’arène de tout débat, c’est ici même et non au gouvernement de la NC que les idées doivent s’affronter avant de trouver soit le consensus ou les majorités d’idées . Ainsi il nous faut recentrer le débat et le ramener là où il doit être ici dans cette enceinte.

Enfin il nous faut nous donner des règles à ce débat à travers nos lois et règlements. Afin de rendre efficiente notre action, une réflexion devra être menée pour revoir notre règlement intérieur afin de le faire parler en cas de besoin.

Avant de conclure, je voudrais remercier Mr Léonard SAM, ancien président par intérim qui s’est beaucoup investi dans sa charge malgré la pression permanente exercée sur ses épaules. Mes remerciements s’adressent aussi à l’ensemble du personnel du congrès qui, sous l’autorité du secrétaire général Jean Claude VIAL, a su ces derniers mois, même soumis à rude épreuve, faire preuve de sang froid, et de la loyauté due à l’institution qu’ils servent.

Je vous remercie."

Roch WAMYTAN