dimanche 28 août 2016

AU FIL DE L EAU !!!

A deux ans de 2018, le mouvement nationaliste kanak continue à occuper l’actualité du pays. Le long combat sur les listes électorales continue à être le sujet politique du moment, ou encore comme le dit un des experts de l’ONU : c’est le chantier du moment. Les militants qui ont pris ce dossier en main n’arrêtent plus les va et vient avec les réunions au Haussariat, car quelque part c’est bien l’Etat français en final qui a les clés en main pour donner une perspective à ces revendications portées par le peuple Kanak. Certes qu’après les comités de signataires qui se sont tenus à Paris, tout le monde a compris, que les choses ont glissé et notamment dans la manière de gérer les prises de décisions : oui Paris très clairement est revenu sur la loi de la majorité pour faire passer le « Politiquement clos », le consensus qui a toujours animé les comités de signataires depuis est bien parti avec le vent ce jour là. Bref.
Cette semaine l’actualité sur le sujet des listes électorales est revenu au devant des médias avec la restitution officielle du rapport des experts de l’ONU, et le communiqué de presse du Groupe FLNKS et Nationalistes du congrès saluant le travail fourni, mais regrettant que tout a été fait pour que l’expertise ne porte que sur des aspects techniques. Le point positif retenu par le groupe, c’est que ce rapport permettra aux gens des Nations Unies de connaître la nature des difficultés de ce chantier de la constitution des listes pour le prochain référendum d’auto détermination.
Sur le terrain outre l’action des partis indépendantistes respectant leur planning d’activité, le FLNKS a finalement commencé ses tournées dernièrement une réunion à Lifou , avec le message phare : il faut aller voter en 2018 !! Lifou a décompté à peu près 3000 abstentionnistes lors des dernières élections provinciales.

Comme exprimé les experts de l’ONU, le combat pour l’inscription sur les listes électorales est un engagement permanent et à tous les niveaux : collectif pour parler de l’action des organisations politiques, mais aussi individuel  pour aller faire les démarches. Certes que des régulations sont à prévoir dans le mécanisme administratif, mais voter c’est d’abord un engagement individuel, de vouloir participer à la vie politique du pays, de vouloir exprimer une position.
Les comités de pilotage continuent le travail sur les différents thèmes  en prévision du prochain comité des signataires, prochainement ce sera une réunion sur la question de la citoyenneté. Des fiches de synthèse portant sur les thèmes abordés depuis, par le comité de pilotage, sont déjà plus ou moins validées, mais encore une fois, ces discussions ne sont pas des négociations. En tous les cas, la configuration de ces comités de pilotage pourraient laisser croire à cela, mais selon les propos du représentant de l’ETAT , ces discussions sont organisées dans l’objectif de relever les points de convergence et divergences entre les partis  , de manière à les soumettre au prochain comité des signataires.

Certaines composantes de la classe politique locale ont quitté ces réunions voyant cela comme la préparation d’un accord, alors que parmi eux hier avaient parlé ou du moins laisser entendre leur adhésion à un 3ème accord. Faire de la politique, c’est aussi savoir user de certaine opportunité pour conforter son public. Dans le cas présent on sait que nous sommes déjà en période de propagande pour les élections nationales : présidentielles et législatives, donc oui pour continuer à bénéficier d’une bonne écoute à Paris, il faudrait envoyer des messages forts aux candidats favoris. On se doute bien que participer à des réunions proposées par le gouvernement socialiste peut être considéré comme jouer la carte d’une expédition organisée par le parti socialiste en vue des prochaines élections. Réussir la décolonisation de la Calédonie ne peut être qu’un bon point pour les « socialos ». Politique politicienne oblige par les temps qui courent. Les indépendantistes eux suivent les réunions, avec ou sans des positions confirmées sur les thèmes, l’UC qui a déclaré ouvertement qu’elle ne signera avant son congrès, une réalité qui traduit une volonté d’aller jusqu’au bout de ce qui est proposé dans le cadre de la gestion politique de l’accord de Nouméa.

Dans le pays, les forces vives par le biais des syndicats relèvent les dossiers restés en suspens depuis : la question de l’emploi avec ses disparités dont les kanaks restent finalement les premiers victimes, et notamment ceux qui ont des formations de cadres. Oui effectivement c’est la partie la plus haute des catégories socio professionnelles où apparemment il y a encore des réticences, bien camouflées par le discours arguant l’étroitesse du marché de l’emploi.  Sur un plan purement social : la question du logement où là aussi les kanaks viennent remplir en gros pourcentage la liste de ceux qui ne remplissent pas les conditions pour pouvoir accéder à des logements. Oui on parle de crise dans le pays, il est peut être normal que les kanaks soient les premiers à être touchés !!!  Au niveau de l’école, le projet éducatif a été voté par le congrès mais l’UGPE relèvera quelques problèmes notamment sur la question de l’enseignement des langues kanak. On pourra dire que le projet éducatif propose un cadre , et au fil du temps des choses pourraient être améliorées, mais encore une fois, comme par hasard c’est sur un aspect qui touche les kanaks, que cela pose problème.

C’est peut être la logique des choses qui veut cela : à deux ans de 2018 tout doit être mis sur la table, car l’accord de Nouméa parle d’un nouveau contrat social, on est en droit de comprendre au moins que cela soit fait d’une manière équitable, or la réalité est tout autre. Des améliorations certes, mais le dur reste à faire. En effet ce n’est pas avec un avocat, et quelques 1500 cadres formés par le programme Cadre avenir que  les choses aient été  réglées pour autant.

Ce qu’il faut relever : le mouvement indépendantiste à deux ans de 2018 continue à faire entendre sa voix , en face les subtilités techniques et méthodologiques sont bien affinées, mais il y va de la capacité de chacun d’être à la hauteur des enjeux. Plus le temps passe, plus les contradictions élémentaires : dominant, dominés vont émerger de nouveau, certes sous différentes formes, mais dès lors que l’on parle de souveraineté c’est faire allusion malgré tout à une rupture.  On sait par ailleurs que la France a aussi des intérêts à défendre dans cette partie du monde, donc ce sont aussi des préoccupations qui transparaissent aux détours d’une méthode, ou d’une phrase … Le peuple kanak qui se bat pour sa dignité, continuera à sa façon d’affirmer sa volonté d’être reconnu comme il se doit dans son pays.

Pour terminer ce petit tour d’horizon, Naku press vous propose la lecture du dernier numéro spécial de l’Avenir, le journal d’information de l’ Union Calédonienne avec en titre : « NOTRE INDEPENDANCE SERA VIABLE », un décryptage des chiffres, qui vient franchement contredire certains propos utilisés dans le pays pour dénigrer le projet d’indépendance.  Une autre lecture des réalités financières de la relation entre Paris et la   calédonie !!!

 (retrouvez le numéro complet sur le site : http://www.fichier-pdf.fr/2016/08/23/avenir-spécial/

Naku press : Mise en ligne le 28 Août 2016