jeudi 30 septembre 2010

Déclaration du groupe FLNKS sur le débat d'orientation budgétaire 2011 au Congrès

"Monsieur le Président

Nous abordons aujourd’hui et pour la première fois, le débat d’orientation budgétaire conformément à l’article 61 de la loi organique du 3 août 2009. Au nom du groupe FLNKS, je vais vous exposer notre analyse à partir du document proposé par le gouvernement. L’examen des trois scénarios retenus donnera lieu à une série de propositions sous tendues par la vision du FLNKS quant à la construction d’un pays en voie d’émancipation et devant évoluer vers sa pleine souveraineté.

Il n’y a pas de décolonisation sans décolonisation sociale, c’est pourquoi l’économique tient une place particulière dans la stratégie globale du FLNKS pour qui le développement dans ce domaine particulier, ne peut se résumer en une dilapidation des richesses du pays par des comportements de prédation ou encore par une politique de copinage assimilé sous d’autres cieux au népotisme. C’est dans cet esprit que le FLNKS œuvre depuis plus de 25 ans à faire en sorte que la maitrise de nos ressources naturelles profite au rééquilibrage du pays et serve avant tout à l’intérêt général de la population calédonienne dans son ensemble quelque soit son origine ethnique ou sociale.

Ainsi c’est bien sous l’impulsion du FLNKS que la SMSP a pu obtenir la part majoritaire dans le projet d’usine du Nord, et que la création de la STCPI a permis à la Nouvelle Calédonie d’intégrer le capital de la SLN et d’ ERAMET. Cette démarche a permis de mettre fin à plus d’un siècle d’exploitation de nos richesses avec des bénéfices et des dividendes fuyant alors nos rivages pour enrichir d’autres personnes ou organismes en France ou ailleurs. Ces mesures, ajoutées aux impôts existant et notamment l’IS35, ont permis aux recettes fiscales liées au nickel d’ impacter favorablement les budgets de la NC et de ses collectivités : 9,6 milliards en 2005, 23 milliards en 2007, 21 milliards en 2008 dont 9 versés à la SLN au titre de remboursement de crédit d’impôt qu’on voit en retour apparaitre cette année en reversement à la NC pour une somme de 5 milliards.

Le FLNKS s’est toujours battu pour la justice, l’égalité l’équité et le rééquilibrage, faisant ainsi bénéficier tout le pays au progrès économique et social. De même que lorsqu’il s’est battu pour la liberté, c’est la liberté en elle-même qui a progressé dans le pays, une liberté pour tous.

Les indicateurs économiques notent invariablement que l’économie de la NC se porte bien. Elle puise une grande partie de sa croissance dans ses projets miniers. Son tissu économique domestique diversifié et un savoir humain à fort potentiel font de notre pays, un pays prospère doté d’une bonne qualité de vie, ce qui le place au 34ième rang mondial selon l’indicateur de développement humain des Nations Unies.

Il n’en reste pas moins que la NC doit poursuivre la diversification de son économie afin de s’affranchir progressivement de sa forte dépendance de sa mono production du nickel (90% de nos exportations). Et puis, bien sur, il est nécessaire qu’au vu des inégalités sociales et économiques (25% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté), des mesures d’urgence doivent être prises afin de rétablir l’équilibre entre les différentes classes sociales.

En son temps, l’économiste Jean Freysse avait qualifié notre économie d’économie assistée du fait de la part importante des transferts de l’Etat français dans le fonctionnement de notre économie ce qui avait fait dire à certains que si demain les 180 milliards XFP de transfert de l’Etat s’arrêtaient, où trouverait-t-on la contrepartie pour pallier à ce retrait. La question est légitime on ne peut en tant qu’indépendantiste ou même d’autonomiste convaincu évacuer cette question. Il s’agit là d’ailleurs d’une question récurrente qui se pose à chaque fois qu’il nous faut trouver des ressources budgétaires supplémentaires.

C’est là où la problématique fiscale peut répondre en partie à cette question. En effet, tout Etat de droit puise de façon générale ses ressources dans ses recettes fiscales. En comparaison, si l’on suit des simulations effectuées récemment, le taux de prélèvement obligatoire de la NC est de 29% alors qu’il est à 44% en France, ce n’est peut être pas comparable mais il nous reste quand même de la marge. Osons tout de même la comparaison, avec un taux de prélèvement à 29% on atteint 190 milliards XFP, avec 44% on est à 290 milliards, on couvre déjà prés des 2/3 des transferts ! En raisonnant avec des salaires non indexés le pays pourrait alors considérer que le besoin de transfert est éliminé grâce à une politique fiscale identique à celle de la France. Le rendement est encore plus important si on s’alignait sur d’autres pays européens comme la Suède ou la Norvège ou le taux de prélèvement est entre 50 et 55%. L’homologie avec ces grands pays peut aussi s’appliquer en matière de fiscalité.

S’agissant de l’endettement et des propositions du gouvernement de recourir à un emprunt annuel de 5 milliards (scénario 1), il convient de noter que tout pays recoure à l’endettement pour financer ses dépenses. Une des dernières estimations relève que la NC est endettée à 5% de son PIB (indicateur économique qui mesure la richesse crée dans un pays) contre 65% pour la France. Plus prés de nous, dans notre zone pacifique, l’Australie et la Nouvelle Zélande sont endettés respectivement à 15 et 20%.

En comparaison avec les taux d’endettement de l’Australie et de la Nouvelle Zélande, la Nouvelle Calédonie bénéficie d’une marge variant d’une trentaine de milliards XFP à environ 120 milliards XFP de possibilité d’emprunt pour le financement de ses besoins budgétaires. Mais encore faut t-il comme l’indique le rapport du gouvernement rendre positive la capacité d’autofinancement (CAF) ou capacité de la collectivité à épargner sur son fonctionnement pour financer ses opérations d’investissement.

La rendre donc positive et si possible atteindre les 15% des recettes de fonctionnement. Cette CAF était négative en 2008 et 2009 du fait d’un tassement des recettes fiscales nickel après l’embellie de 2007. Cette négativité du CAF est bien le signe que le pays vit au dessus de ses moyens. Les excédents dus à cette embellie ont été largement utilisés par les pouvoirs politiques en place à ce moment là (dont notamment des dépenses à fort relent électoraliste ou somptuaire) au lieu de prévoir en temps de vaches grasses de l’herbe pour le temps des vaches maigres. L’UC et l’UNI ont d’ailleurs à mainte reprise rappelé au cours de ces années l’impérieuse nécessité de se constituer des réserves à partir de cette manne nickel, ils n’ont pas été entendus !

Cela doit nous servir de leçon, il est donc grand temps de se donner des objectifs dans trois directions. Parvenir tout d’abord à un assainissement de nos finances publiques et restructurer l’économie du pays. Se prémunir ensuite de toute politique de prédation sur les richesses du pays qui appartiennent par principe à l’ensemble de sa population et non à une catégorie de personnes ou de parti politique. Mettre enfin en place un fond que nous appelons fonds souverain, fond pour les générations futures ou fonds stratégique de redéploiement économique afin d’assurer l’avenir du pays au lieu d’entretenir un système d’exploitation et de pillage digne des républiques bananières.

Il est temps de le faire puisque les perspectives concernant le secteur du nickel sont bonnes. En effet les cours s’orientent à la hausse. Les dernières brèves économiques de l’IEOM de septembre 2010 indiquent que le chiffre d’affaires de la branche nickel d’ERAMET a augmenté de +56% au cours du premier trimestre de l’année en cours. Par ailleurs il est prévu dans les mois qui viennent, la mise en production des deux usines, du sud et du nord. Enfin une progression significative de la consommation des ménages est attendue. La combinaison de ces différents facteurs induirait une accélération des rythmes de croissance après 2012 pouvant atteindre 3 ,8% contre 2,2 en 2010.

S’agissant des dépenses de fonctionnement, le rapport du gouvernement indique qu’elles doivent être non seulement maitrisées, mais qu’elles doivent diminuer dans une proportion de -9,2% soit une diminution de 3,5 milliards XPF afin de permettre à la CAF d’atteindre les 15% des recettes de fonctionnement à l’horizon 2013 pour rendre possible et raisonnable à ce moment là capacité d’emprunt de la Nouvelle Calédonie. Agir sur les dépenses de fonctionnement est une bonne chose, notre groupe partage ce point de vue dans le cadre de la rationalisation des moyens et de la procédure d’assainissement de nos finances publiques.

Mais, il y a un mais, car nous avons entendu le rapport du gouvernement sur l’état des services hier matin, et il nous semble qu’il sera difficile de dégraisser l’administration sans porter atteinte à l’objectif principal du service publique qui est d’administrer. L’administration doit fonctionner avec un minimum de moyens et sans ces moyens nous ne pourrons pas disposer d’une administration digne de ce nom. Notre situation n’est pas celle de la France avec une administration pléthorique qu’il est possible de ramener à des effectifs raisonnables sans porter préjudice au service du aux citoyens. Mais pour ce qui nous concerne, il nous est difficile de penser que nous avons atteint un niveau tel que notre marge de manœuvre est importante pour « dégraisser ». Et quel sera l’impact de cette politique sur la consommation des ménages étant donné que la consommation des ménages pèse 60% du PIB donc est un facteur essentiel de la croissance. On peut certes compter sur le secteur privé mais un équilibre est à trouver entre emploi secteur privé/secteur public.

La NC est un pays en voie d’émancipation, nous aurons besoin de ressources importantes en fonctionnement pour financer nos transferts. Car il est clair que la France ne pourra pas supporter indéfiniment les charges liées à ces transferts, étant donné ses besoins internes même si la croissance est aussi repartie pour elle. Et puis notre analyse est que l’Etat s’arrange toujours pour faire supporter à sa collectivité outre mer des charges dont il l’estime capable de pouvoir assumer, tout en se gardant de lui laisser plus d’autonomie ou de liberté, les états colonisateurs ont toujours fonctionné ainsi et personne ne trouve à redire !

Il nous reste donc à nous tourner vers la fiscalité afin de trouver de nouvelles ressources et à vous proposer une politique fiscale réaliste et possible pour assurer le financement de nos besoins. Je rappelle que le groupe FLNKS s’est abstenu lors du vote des précédents budgets pour la raison que ses propositions en matière fiscale n’étaient pas prises en compte. On vous propose donc d’ouvrir des discussions en la matière en fonction des quelques principes suivants guidés par le souci d’une réhabilitation de l’impôt permettant de faire de la redistribution des plus riches vers les plus pauvres. Une réforme fiscale qui ne veut pas dire automatiquement augmentation de la pression fiscale, doit être envisagée comme une voie d’amélioration qui traduise les valeurs de partage et de répartition des richesses en conformité avec nos orientations économiques et politiques :

- Améliorer le rendement fiscal et combattre la fraude fiscale en particulier chez les indépendants. D’où la nécessité de recruter des fonctionnaires compétents et aptes à mettre en place un véritable contrôle fiscal sérieux et digne de ce nom. Ceci permettra de combattre l’évasion fiscale qu’il est possible d’évaluer à quelques milliards XPF.

- Afin d’éviter d’imposer encore plus les salariés, il serait peut être possible d’envisager la mise en place d’une forme de contribution sociale généralisée basée sur une assiette plus élargie que la CES qui commence à dater (1983), on pourrait y intégrer notamment : les dividendes, les pensions retraites, les revenus du capital, les indemnités des gérants…

-Rechercher les niches fiscales (exonérations de charges, mesures de défiscalisation, réduction de taux, abattements d’assiette) où il sera possible de réduire le manque à gagner pour le pays.

-Renégocier la convention fiscale avec l’Etat afin de pouvoir taxer les sociétés ayant leur siège social en France. Il n’est pas normal que de grandes sociétés aux activités très lucratives telles que les banques ou les compagnies d’assurance ne paient pas l’impôt sur les sociétés. Ouvrir par ailleurs des discussions tendant à une taxation des transactions financières internationales.

-Envisager la possibilité de taxer les minerais à l’exportation, le minerai de nickel et cobalt étant une richesse exportée qui ne renouvelle plus.

-En termes d’impot nouveau, le groupe FLNKS propose enfin la mise en place de la TVA sociale en même temps que la TVA. Rappelons que la TVA a une assiette large et qu’elle est transparente. De plus les entreprises ne paient la TVA que si elles vendent leur marchandise. On connait sa composition, mais elle continue de susciter de la méfiance et même du rejet par les commerçants car si on connait la composition du prix, on connait par voie de conséquence les marges qu’ils réalisent. La TVA sociale vise quand à elle à changer le mode de financement de la protection sociale, en augmentant la TVA et en baissant d’un montant équivalent (ou en éliminant) les cotisations sociales.

Il s’agit là de quelques propositions que le groupe FLNKS espère faire valoir au sein d’une commission spéciale sur la réforme de la fiscalité de la Nouvelle Calédonie. Il conviendrait donc dans cet esprit de réanimer dans les meilleurs délais la commission ad hoc."


Le président du groupe FLNKS
R.WAMYTAN







mardi 28 septembre 2010

Le 23 septembre 2010 15:22, Stéphanie Graff (stephanie_graff@hotmail.com), une militante pro-autochtone, travaillant au CERD, écrit:

Chers tous,
Veuillez trouver en pièce jointe les recommandations du CERD à la France suite à sa 77ème session et à l'examen des rapports envoyés par les ONG.Notre rapport a eu un effet sur les recommandations que le CERD a fait à la France.

En effet le CERD recommande à la France de:
"f) Etudier et accorder une attention particulière aux populations d’outre-mer et tout spécialement à ses peuples autochtones ;
" et "
18. Tout en appréciant les explications détaillées fournies par l’État partie sur les efforts entrepris dans les territoires d’outre-mer pour permettre une meilleure représentativité ainsi qu’une plus grande autonomie des peuples autochtones, le Comité se préoccupe du fait que le système actuel ne permet pas la reconnaissance de droits collectifs aux peuples autochtones, notamment s’agissant du droit ancestral à la terre. Le Comité est également préoccupé des difficultés grandissantes de certains habitants des territoires d'outre-mer d'accéder sans discrimination à l’éducation, l’emploi, le logement et la santé.
Le Comité recommande à l’État partie de permettre une reconnaissance de droits collectifs aux peuples autochtones, surtout en matière de droit de propriété. Il recommande en outre à l'État partie de prendre les mesures législatives nécessaires en vue de la ratification de la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux. Le Comité recommande également à l'État partie d'intensifier ses efforts afin de permettre l'égalité d'accès à l'éducation, au travail, au logement et à la santé dans les territoires d'outre-mer (article 5)."Vous pouvez utiliser ces recommandations du CERD dans vos correspondances et revendications auprès des institutions ou autres pour appuyer vos demandes.Ci-dessous le lien de la page du site du CERD sur lequel vous trouverez notre rapport + rapport de la France + recommandations du CERD:
http://www2.ohchr.org/english/bodies/cerd/cerds77.htm

Bien à vous, Stéphanie

Anûû-Rû-Aboro, le festival annuel des films documentaires, édition 2010


dimanche 26 septembre 2010

KANAKY est en train de naître !

Le philosophe Hamid Mokaddem tiendra une communication sur la littérature locale et la politique autour du nom de pays de la Nouvelle-Calédonie le jeudi 30 septembre 2010 à l'Institut de Formation des Maîtres de Nouvelle Calédonie (IFM NC). C'est dans ce cadre qu'il a souhaité nous faire part du discours du 1er décembre 1984 prononcé par Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS, à l’occasion de la première montée des couleurs du drapeau de Kanaky à la tribu de La Conception.


"Kanaky est en train de naître !

En 1853, notre pays a vu flotter à Balade le drapeau tricolore qui a enlevé à Kanaky sa souveraineté. Aujourd’hui, nous relevons le défi, et nous levons ce drapeau. Le vert, symbole de Kanaky, le vert du pays kanak. Le rouge, symbole de la lutte du peuple kanak, symbole de notre unité, de l’unité du FLNKS, du projet d’unité avec tous ceux qui accepteront la République de Kanaky. Le bleu de la souveraineté. Le soleil est aujourd’hui au rendez-vous, même s’il n’a pas été toujours au rendez-vous de l’histoire du peuple kanak. Merci au soleil ! Merci à nos ancêtres d’être là ! Ceux qui ont suivi péniblement le chemin de l’humiliation, des coups de pieds au derrière, ceux qui ont baissé la tête, parce qu’à chaque fois qu’ils la relevaient, ils se sont fait humilier. Les revendications de nos pères ont toujours trouvé en face l’Administration coloniale et les gendarmes pour leur dire que parce qu’ils étaient kanak, ils avaient tort, quelque soit leur droit. Aujourd’hui nous disons que notre droit, il mourra avec nous. Mais tant que nous serons là, ce drapeau flottera devant le ciel! Devant les pays qui ont leur souveraineté. Pour revendiquer qu’à jamais nous faisons partie du concert des nations.

Je voudrais saluer nos militants, nos militants depuis toujours. Saluer les dix derniers vieux qui ont été enterrés, fusillés ensemble devant le trou creusé sous le monument, là-bas, à Pouébo. Saluer tous ceux qui ont été emprisonnés, parce que refusant de se soumettre au gouvernement colonial; beaucoup de chefs, beaucoup de vieux sont morts à Nouville, à l’île des Pins, à Tahiti, en Australie. Si vous connaissez l’histoire de nos pères, vous savez que beaucoup de nos responsables sont aujourd’hui dans les cimetières, hors de chez eux. Saluer les gens qui, en 1878, ont relevé la tête dans la région qui est aujourd’hui remplie de facistes. La mort d’Ataï symbolise la mort de ces héros. Il n’a pas eu la chance que nous avons aujourd’hui : pouvoir nous déplacer plus facilement, un système de communications plus moderne, et aussi peut-être le changement de mentalité de l’adversaire. Noël et tous les vieux qui sont morts en 1917. Ils sont nombreux ceux qui ont été chassés de chez eux.

Je dirais que le plus dur n’est peut-être pas de mourir ; le plus dur c’est de rester vivant et de se sentir étranger à son propre pays, de sentir que son pays meurt, de sentir que l’on est dans l’impuissance de relever le défi et de faire flotter à nouveau notre revendication de la reconquête de la souveraineté de Kanaky. Je voudrais saluer les militants qui ont été frappés. Ceux de 1969 et d’avant ; il y en a beaucoup parmi vous, beaucoup qui ont fait de la prison. Il y a ceux qui sont morts. Il y a celui qui vient d’être tué d’une balle en plein front; le front de la liberté. Je voudrais aussi que notre lutte arrive vite vers la lumière, vers la liberté. Et permettez-moi de demander que nous puissions ensemble dire pardon aux hommes chez qui nous installons la haine à cause de la logique qui est la nôtre, ce pacte pour que la souveraineté de notre peuple soit réinstallé en Kanaky.
Que notre drapeau soit notre compagnon maintenant pour nous rappeler que notre lutte, elle est politique et la revendication de souveraineté n’a pas pour objectif la mort mais se rappeler que la mort fait partie de la logique à partir du moment que notre revendication de légitimité s’affronte à la légitimité coloniale installée par le Gouvernement Français. Ces deux légitimités en lutte latente constituent le fondement de la guerre, le fondement de la haine, le fondement de ce que nous ne voulons pas voir dans notre pays. Alors nous sommes pressés pour que débouchent les discussions sur la restitution de la souveraineté à Kanaky.
Pour terminer, je voudrais vous lire un petit poème que j’ai rêvé dans la nuit. Nous avons essayé de faire un air, mais avec tous les coups de téléphone nous n’y sommes pas arrivés.

Ô Kanaky, mon pays, mon pays!
Mon pays, je te salue!
Ton peuple souverain est fier!
Ton peuple issu des terres, des tertres sacrés.
Uni aux ancêtres de toujours, rassemblés par le même destin.
Le regard tourné vers l’avenir.
Pour proclamer face au monde, face à l’histoire, ta souveraine liberté.
Ô Kanaky, mon pays! Vive Kanaky!


Au nom du peuple kanak, je salue l’emblème national de Kanaky et déclare constitué le gouvernement provisoire de la République de Kanaky. Que Kanaky vive!

Jean-Marie TJIBAOU

La polémique: La Mariane Républicaine, la cuisse ouverte soulevée par le Grand Chef Ataï

A l'occasion de la journée de la citoyenneté, le 24 septembre 2010, un artiste "Fly" a dessiné par un fresque le Grand Chef Ataï soulevant la Mariane Républicaine. Cette dernière, étant à moitié dénudée, la cuisse et un sein affichés....
Cela a suscité une polémique, notamment un mécontentement vif parmi certains citoyens...
Une question se pose alors: quelles sont les limites de l'art ? Entre Respect et Liberté artistique, le curseur se balade en fonction du contexte, du lieu et d'autres paramètres....

dimanche 19 septembre 2010

Gardons la tête froide, Camarades ! ! !

Le contexte, il est vrai, n'est pas facile, loin delà, mais les militants nationalistes, notamment ceux du FLNKS, ne doivent ni s'éparpiller ni s'arrêter sur des futilités... même si certains grands frères ou grands camarades s'entêtent à "s'entre-déchirer" par médias interposés au lieu "de respecter l'esprit de UME PÖ - ... parle(r) sans crier mais parle(r) avec franchise, développe(r) (le)s arguments sans insulter l'autre, jete(r) dans le feu (le)s préjugés... dépose(r) sur la natte (les) QEMEK, l'offrande des visages multiformes." (Extrait de la charte du Kanaky One Line - KOL).
Que la droite coloniale et l'Etat français soient aux anges tout en comptant les points à chaque fois que les responsables nationalistes s'étrippent publiquement, cela ne constitue pas un problème grave en soi car on est un peu habitué... même si cela déplaît. Mais quelle image, on miroite à nos gens, à nos jeunes et aux citoyens en général ! Pour certains, l'image est, malheureusement, bien celle d'enfants capricieux qui se battent ou qui se jalousent parce que Papa a fait un choix parmi eux... Chacun pourra, de là où il est, définir précisement le Papa qu'il veut...
Et, pourtant, au delà de cette ambiance morose développée et entretenue, les quelques avancées obtenues depuis cette année devaient normalement apaiser les petites tensions et encourager les uns et les autres à la mise en oeuvre de l'Accord de Nouméa ou du moins à créer les conditions pour que la marche en avant des dispositifs de l'Accord soient enclenchée... Peut-on citer les quelques avancées:
- Le drapeau kanak hissé aux côtés du bleu blanc rouge dans la plupart des grandes institutions; la mobilisation autour de cette levée réveille un FLNKS quelque peu endormi dans certaines communes comme Thio, Moindou, LaFoa...
- Les signes identitaires comme l'hymne, la devis et les graphismes sur les billets de banques votés au Congrès comme l'emploi local dans le secteur privé, l'habilitation pour le président du gvt nc à signer les modalités de transferts de compétences (déjà transférées et celles à venir...), l'usine du nord dans une phase presque terminale en terme de constructions, etc.
- En ce moment, se déroule le festival des arts mélanésiens dans les 4 coins de la Kanaky; ce festival est un produit du Groupe Fer de Lance Mélanésien... C'est un pas de plus dans l'insertion de la Kanaky dans la région du Pacifique...
- Des jeunes viennent de prendre le relais de certains vieux lors du renouvellement au Sénat Coutumier à Azareu... Le 1er Congrès des jeunes kanak, au nombre d'un millier, organisé par le Sénat Coutumier à Bangou (Païta)
Personne n'a prétendu que cela allait être facile; au contraire... Quelques points noirs viennent atténuer un tableau plutôt satisfaisant. Prenons le cas de l'expulsion des familles de la tribu d'Unia à Yaté...
Au final, on peut retenir que c'est difficile; le chantier est énorme et il faut assumer. On a besoin de tout le monde sans exception pour construire le pays !

samedi 18 septembre 2010

Budget 2011 Province Sud, le FLNKS insiste sur des projets structurants de rééquilibrage interne

Le 15 septembre 2010, le chef du groupe FLNKS à l'assemblée de la Province Sud adresse un courrier au président de l'institution, P.Frogier, pour la prise en compte de projets dits structurants de rééquilibrage en interne... Malgré, effectivement, les problèmes budgétaires rencontrés, notamment pour l'exercice 2011...

"Monsieur le Président,
Dans le cadre de l’élaboration du budget primitif 2011, permettez-moi de vous soumettre les opérations pour lesquelles, notre groupe souhaiterait qu’elles soient engagées cette année :

- La mise en place de projets structurants dans la commune de Thio. Justifiée par l’absence d’économie dans sa collectivité en dépit de l’existence ancienne d’une exploitation minière, le conseil municipal a commandité deux études relatives à la mise en place de services portuaires et d’une zone d’activités économiques à Thio. Restituées en Mars dernier, ces études proposent un certain nombre de recommandations à mettre en œuvre par les collectivités locales afin de parvenir à terme, au développement économique de cette région.

§ S’agissant des services portuaires, l’étude propose une démarche par étape : le développement en premier lieu, de la marina afin d’accueillir les activités de loisirs nautiques et les services aux pécheurs ; En second lieu, la possibilité d’ouvrir la commune aux croisières internationales ; Enfin, l’ouverture des échanges commerciaux avec les îles d’Ouvéa et de Lifou. Pour rappel, un courrier en ce sens, vous a été adressé le 03 septembre 2010, sollicitant votre soutien pour la réalisation de ces projets.

§ S’agissant de la mise en place d’une zone d’activité économique à Thio (ZAE): Dans la continuité des infrastructures portuaires, cette zone permettra d’organiser et de dynamiser le développement économique sur la commune. Il s’agirait d’offrir aux entreprises un espace aménagé pour l’exercice de leurs activités : viabilisation des lots, mise à disposition de box à la location, de logements de passage…

- La réalisation d’une route alternative à celle, existante, du col du Pétchikara.
Bien que les appels d’offres concernant la rénovation de la route actuelle soient lancés, il demeure indispensable que des études soient réalisées en vue de l’ouverture « d’une route alternative » sécurisée. Bien que nécessaires, les travaux, envisagés pour la rénovation de la route actuelle, ne permettront pas de surmonter les défauts et les dangers que comportent cette dernière (rétrécissement de la chaussée à certains endroits, impossibilité de passage pour les gros véhicules, route sinueuse et bordée de grand précipices…). Il est préférable que cette route ne soit ouverte au public que de manière provisoire, en attendant la réalisation de la voie alternative, propice à un développement durable de la zone Centre de la Nouvelle-Calédonie.

En résumé, développer la région Centre nécessite de définir un projet global de développement économique, articulé autour du désenclavement de la commune de Thio et par la mise en place d’outils servant de leviers économiques. C’est, en ce sens, que notre groupe souhaiterait que notre collectivité intervienne.

- La dépollution de la baie de Ducos.
La situation flagrante de la zone maritime de Ducos exige de notre collectivité une réaction concrète afin d’offrir à la population résidente et/ou travailleuse un cadre de vie acceptable. Il s’agit en effet, de réaliser une étude chiffrée en vue d’une dépollution de cette zone.

- Les enquêtes agricoles 2010-2011.
L’Institut Agronomique néo-Calédonien mènera une enquête sur l’agriculture en tribu et une étude sur l’évolution des exploitations agricoles de la Nouvelle Calédonie. Le budget global est estimé à 83 millions de francs CFP, dont une participation sollicitée à la Province Sud s’établissant à 25 millions de francs CFP. Un courrier du directeur général de l’IAC vous a été adressé dans ce sens le 28 mai 2010.

En espérant que ces projets de développement trouvent écho au sein du prochain budget provincial, veuillez agréer, monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

Le chef du groupe FLNKS à l'Assemblée Province Sud
Sylvain PABOUTY

Copies à : Messieurs Eric GAY, 1er vice président de la province Sud,
Frédéric DE GRESLAN, président de la commission du budget, des finances et du patrimoine,
Gil BRIAL, président de la commission des équipements publics, de l’énergie et des transports,
Pascal VITTORI, chef du groupe Avenir Ensemble.