Après
s’être rendus à Paris pour le dernier comité des signataires ( mars 2018), ils sont revenus
avec la question formulée ainsi : « Voulez vous que la Nouvelle Calédonie
accède à la pleine souveraineté , et devienne indépendante ». Arrivés dans
le pays, les réunions politiques se multiplient entre les partis composantes du
FLNKS et les autres partis indépendantistes , tous ayant comme préoccupation ,
comment communiquer , et sur quoi va-t-on communiquer pour avoir le maximum de
monde à donner leur voix pour le Oui à l’accession à la pleine souveraineté de
Kanaky .
Les
indépendantistes sans distinction travaillent tous pour le oui à
la pleine souveraineté , sauf que depuis peu une guerre de chapelle semble
prendre le dessus dans les débats. Il ne faudrait pas que cette épingle, prenne
trop de place dans les échanges par
médias interposés , entre les « FLNKS « et ceux qui sont taxés récemment
« d’organisations parallèles « par le porte parole du Front ;
aussi président de l’UC , le plus grand parti de la mouvance
indépendantiste.
Pour
le moment cela transparaît comme des bagarres d’égo , puisque tout le monde
parle du « oui » chercher la
différence , ce sont les hommes , du moins pour ce qui est lisible. Nous sommes
en politique, et ce qui se passe en « off » ( pour utiliser une
formule en vogue dans les couloirs quand on veut parler des discussions
officieuses mais qui vont conditionner les futures décisions) peut aussi
expliquer la teneur de certains propos.
Le grand public, lui va devoir
s’attarder sur ce qui transparaît dans les médias , un détail souvent oublié
par les spécialistes de la politique spectacle. Mais faire de la politique
c’est aussi savoir défendre son petit carré sur la scène devant le
peuple… !!!
En
tous les cas pour l’heure, il faut acter le fait que la question est formulée,
avec des mots qui sonnent un pléonasme bien monté par les rédacteurs , et qui à
bien des égards malgré tout , semblent poser quelques soucis à certaines
composantes de la classe politique locale . Bref, les premiers échos de la
campagne pour le référendum sont
partis : convention du FLNKS , conseil politique de Calédonie Ensemble ,
la grande marche organisée par un collectif orchestré par les Républicains
calédoniens . Et de l’autre côté la
France qui elle aussi rentre dans la danse avec cette idée
« symbolique » diront certains , de restituer l’acte de prise de
possession du pays par la
France en 1853 avec en toile de fond une visite du président
français Macron sur les tombes des 19 militants indépendantistes tués à Iaii
lors de l’assaut de la Grotte
de Gossanah.
Quid
de ce geste symbolique de l’Etat français ? Ce n’est qu’un bout de papier
qui sera restitué , mais quelle signification peut on donner à ce geste, ce
sera un moment fort malgré tout , mais est ce que cela s’accompagnera d’une
prise de position claire sur le référendum ou c’est juste une parade pour
traduire cette volonté , tant affirmée de l’Etat français, d’accompagner le processus
en cours ?
Dans
le camp indépendantiste , on note malgré tout , des tournures de phrases ou des
initiatives qui indiquent certaines réticences , à l’exemple de cet élan
déployé par certains de vouloir se faire repréciser des notions comme la décolonisation.
Le sénat coutumier a organisé le week-end dernier un colloque sur le
colonialisme avec comme thématique : Les Accords de Nouméa sont ils des
accords de décolonisation ? –Colonialisme , crime contre le peuple kanak
dans la période de 1853 à 1925. Cela peut relever d’une stratégie de
communication en prévision de la venue de Macron , un peu pour lui renvoyer les
propos qu’il a tenu à Alger lors de sa campagne pour les présidentielles. C’est aussi l’orientation du discours tenu par le RIN ( Rassemblement des Indépendantistes et Nationalistes) pour motiver une mobilisation
prévue pour l’arrivée de Macron.
Le
monde indépendantiste est bien parti en campagne, la presse profitera de
quelques maladresses de management de la communication au niveau de la mouvance
pour faire mousser sur ce qui peut diviser… Mais la chanson on la
connaît : diviser pour mieux régner , ou pour l’occurrence pour ne laisser
entendre que le message unitaire des pro
français avec en toile de fond : gardons
le statut quo pourquoi vouloir changer ?. Mais une question se pose : la restitution de cet acte de prise de
possession , n’est –elle pas pour certains synonyme de largage ? – A
chacun sa grille de lecture , et sa stratégie de communication pour gagner le
référendum du 04/11/2018.
Entre
stratégie de communication et sincérité des discours, le symbolique vient
brouiller le message , ainsi va l’art de la politique , en particulier dans les
moments charnières de l’avenir de tout un pays.
A chacun de garder l’essentiel et ne pas sombrer dans la médiocrité du
secondaire.
Publication du 30 avril 2018 ( Naku press)
(cp/NP :terrain pont des français) |