mercredi 29 octobre 2014

FIDJI :DIPLOMATIE : Après les élections démocratiques de septembre 2014 , Fidji joue pleinement sa carte d'Etat Souverain

 LE FORUM DES ILES DU PACIFIQUE attendra ....

 Le gouvernement fidjien a clairement rappelé en fin de semaine dernière ses réticences concernant un retour au sein du Forum des Îles du Pacifique (FIP), malgré l’annonce de cette organisation que l’archipel y était réadmis, après cinq années d’exclusion pour cause de putsch.
Le chef de la diplomatie fidjienne, mais aussi le Premier ministre Franck Bainimarama, tous deux architectes de premier plan de la politique étrangère fidjienne au sien d’un précédent gouvernement post-putsch (2007-2014), ont quasi-simultanément réagi à l’annonce du FIP, vendredi 24 octobre 2014, selon laquelle la suspension de Fidji de son statut de membre plein était désormais levée, après la tenue d’élections démocratiques le 27 septembre 2014, puis la mise en place d’un gouvernement dirigé par M. Bainimarama.
Du point de Suva, Fidji n’a nulle intention de réintégrer cette organisation régionale, tant que certaines questions liées au statut de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (ses deux membres les plus importants) n’aura pas été mise sur la table.
Dans les années qui ont suivi le quatrième putsch de son histoire postindépendance, le gouvernement, alors déjà conduit par Franck Bainimarama, alors Contre-amiral et commandant en chef des forces armées, a fait l’objet de sanctions émanant en premier lieu de Canberra et de Wellington.
Dans la foulée, le FIP, puis le Commonwealth imposaient à leur tour des sanctions sous forme d’une suspension du statut de membre des îles Fidji.
Ces deux dernières mesures, depuis les élections de septembre 2017, ont été levées, sur la foi des observations d’un groupe international d’observateur coprésidé par l’Australie.

Mais Suva n’a eu de cesse de fustiger ce qu’il considère comme l’influence excessive de l’Australie et la Nouvelle-Zélande au sein du FIP.
Selon Ratu Inoke Kubuabola, les deux pistes à envisager en matière de réforme au Forum seraient soit que l’Australie et la Nouvelle-Zélande renoncent à leur statut de membre plein au sein de cette organisation, soit, dans l’autre sens, que les partenaires de développement du FIP, comme la Chine, le Japon, les États-Unis ou encore l’Union Européenne deviennent membres pleins du FIP.
Franck Bainimarama, de son côté, a lui aussi confirmé avoir reçu un courrier officiel du FIP, l’informant de sa décision de réintégrer l’archipel en son sein.
Mais, selon lui, les « conditions » de Fidji demeurent intactes et le FIP « devrait maintenant les examiner ».
Le Président en exercice du Forum des Îles du Pacifique (FIP), par ailleurs Président de Palau, Tommy Remengesau, a annoncé vendredi 24 octobre 2014 la réintégration de Fidji au sein de cette organisation régionale, considérée come la voix politique de l’Océanie.
Les relations entre le gouvernement fidjien post-putsch (dirigé par M. Bainimarama) et le FIP ont connu, depuis 2006, de vives tensions, Suva reprochant notamment à cette organisation régionale d’être sous l’influence excessive de ses deux membres le plus prééminents, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
D’autres pays membres du Forum, et en particulier ceux du bloc mélanésien (Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, îles Salomon) avaient, par contraste, prôné une attitude plus « compréhensive » vis-à-vis des autorités fidjiennes.
Fidji, pour sa part, durant la même période, avait mené une série d’offensives diplomatiques dont la plus significative a été de créer un « Forum de Développement » du Pacifique Sud, regroupant gouvernements et institutions régionales, mais aussi les acteurs du secteur privés et de la société civile.
Ce PIDF (Pacific Islands Development Forum), dont le siège est aussi désormais basé à Suva, se veut une sorte d’ « alter-FIP ».
Fidji, durant la période 2007-2014, a aussi renforcé ses relations avec d’autres partenaires de développement, dont le plus notable est la Chine, mais aussi des pays comme la Russie.

Le Commonwealth aussi

Fin septembre 2014, dix jours après la tenue des premières élections démocratiques à Fidji depuis 2006, le Commonwealth, qui avait aussi exclu l’archipel en septembre 2009, annonçait aussi la réadmission de Fidji en tant que membre de plein droit de ce groupement planétaire de pays, principalement des anciennes colonies britanniques.
Le Commonwealth justifie cette réintégration de Fidji par la tenue, le 17 septembre 2014, d’élections jugées crédibles par un groupe multinational d’observateurs notamment coprésidé par l’Australie.
Autre motif invoqué : la prise de fonctions et la prestation de serment, en milieu de semaine, d’un gouvernement composé de 19 ministres tous issus du suffrage populaire, sous la houlette de l’ancien putschiste Franck Bainimarama.
Lundi 22 septembre 2014, Franck Bainimarama a officiellement prêté serment dans la capitale, en tant que Premier ministre démocratiquement élu.
Il a annoncé dans la foulée la composition d’un gouvernement (14 ministres et cinq ministres délégués) au sein duquel on trouve deux de ses anciens ministres-clés, le chef de la diplomatie Ratu Inoke Kubuabola, ainsi que Aiyaz Sayed-Khaiyum, reconduit mais dans le rôle de ministre des finances, du tourisme et du commerce.
Au cours de sa précédente réunion, le comité ministériel d’action du Commonwealth (CMAG, composé de neuf ministres des affaires, dont le Néo-zélandais Murray McCully et le Salomonais Clay Forau) avait annoncé son intention de réintégrer Fidji en son sein après la tenue d’élections juges libres et juste.
Il y a quelques semaines, les sportifs fidjiens avaient néanmoins été autorisés à participer aux Jeux du Commonwealth, à Glasgow.
Dans son communiqué, le Commonwealth appelle par ailleurs à tous les acteurs de la société fidjienne à « continuer à œuvrer ensemble afin de renforcer la culture démocratique de ce pays » et à « explorer de nouvelles opportunités de dialogue et de réconciliation ».

Le CMAG a aussi salué au passage la présence, au sein de la nouvelle assemblée législative de 50 sièges, de huit femmes, ainsi que la nomination de Mme Jiko Luveni, ancienne ministre des affaires féminines, au poste de Présidente du Parlement.
Quatre femmes sont aussi membres du nouveau gouvernement, qui comprend aussi d’anciens militaires.

D’autres réactions sont venues depuis saluer soit la tenue d’élections pacifiques, soit la formation d’un gouvernement issu des urnes.
Parmi celles-là : celle de l’Union Européenne, important partenaire de développement de cet archipel, par la voie de son Commissaire au Développement, Andris Piebalgs.
« Au vu de ces évolutions, la Commission Européenne formulera des recommandations au Conseil concernant le rétablissement d’une pleine coopération de développement avec Fidji, dans le cadre du 11ème FED », précise M. Piebalgs.
Dans son message, il évoque notamment la volonté de Bruxelles de reprendre et de resserrer le dialogue politique avec Fidji, mais aussi son intention d’actionner le processus de levée du gel du Fonds Européen de Développement (FED), dont Fidji n’a pas bénéficié depuis le dernier putsch en date, à l’exception d’assistance humanitaire.
De ce fait, au cours de près de huit années, Fidji a été privé de plusieurs centaines de millions d’euros, initialement destinés à des programmes de développement et d’aide à un secteur sucrier en grande difficulté et en mal de modernisation.
La décision de reprendre un flux normal en provenance du FED devra passer par le Conseil Européen.

La ministre australienne des affaires étrangères attendue à Suva

Par ailleurs, autre signe de réchauffement coordonné au plan régional, la ministre australienne des affaires étrangères, Julie Bishop, est attendue le 31 octobre 2014 à Fidji pour y rencontrer son homologue, qui occupait déjà ce poste au sein du précédent post-putsch : Ratu Inoke Kubuabola, a annoncé le gouvernement à Suva vendredi.
Lors de cette visite qui devrait officiellement marquer un réchauffement déjà entamé » depuis plusieurs mois entre Suva et Canberra, Mme Bishop devrait conduire une importante délégation.
Elle devrait aussi rencontrer d’autres membres prééminents du gouvernement local, y compris M.
Bainimarama.

Sources : Flash d'Océanie (Edition du 28/10/2014)
Naku press : Mise en ligne le 29 octobre 2014