Ces dernières semaines, ce projet de polyclinique prévu sur l’Ile Nou, fait l’objet de
beaucoup de polémique. Des
blocages sur le site par des riverains, mécontents de n’avoir pas été mis au
courant alors que les travaux de terrassement ont déjà été entamés. Une
situation classique, parfois dans des contextes connus pour être complexe,
certains promoteurs arrivent bien à trouver la faille pour au moins pouvoir
poser la première pierre et dépenser les premiers millions. Un peu pour dire
nous sommes déjà là.
Sauf que dans le cas de ce projet, il vient se mettre sur un site où il y a du monde qui y vit, dans des habitations précaires, sans eau courante (une demande exprimée auprès des autorités de la commune depuis des lustres) , les routes d’accès aux habitations sont des foyers de « nids de poules » . Pour les besoins de la grande ville, bien évidemment c’est la santé dont il est question et donc on suppose que personne ne pourrait venir bloquer un tel projet. Mais on n’oublie que dans la société océanienne, la concertation est importante. Ces riverains qui bloquent le projet sont des gens originaires des autres régions de la grande terre, des Iles et de l’Océanie. Le site en question, se trouve en bordure de mer, donc une vue imprenable, bien évidemment que l’on peut comprendre comme un élément pouvant aussi favoriser le repos et le calme dont les patients ont forcément besoin.
Ce dossier démontre une fois de plus l’importance de la
méthodologie dans le pilotage des projets. On peut admettre que dans certain
contexte on ait du mal à trouver le bon interlocuteur, mais ce projet c’est un
investissement de plus de 14 Milliards, et en plus, il pouvait se faire
ailleurs que cet endroit déjà habité. Un site était ciblé du côté de la commune
de Dumbéa mais pour des raisons budgétaires, et tout simplement d’emplacement,
le promoteur a préféré ce site de l’Ile Nou, aussi parce que le nouveau
médipôle est déjà situé sur Dumbéa. Alors parle t-on d’un désert médical dans
le Nouméa Sud, alors l’ile Nou est l’endroit idéal et pourquoi pas dans un des
quartiers sud où l’on a aussi vu sur Mer.
Bref le projet est là , le conflit est posé et éclabousse la
presse locale, ainsi que les institutions. Une polyclinique privée qui regroupe
les 3 cliniques privées actuelles, qui accueillent aussi du monde sur Nouméa,
donc qui ont leur place en terme d’offre de plateau technique pour les petits
soins. En soi le projet tient la route, mais c’est le choix du lieu d’ailleurs
les riverains le disent clairement
« nous ne voulons pas de ce projet dans notre
environnement ». Les
riverains face au promoteur : les deux grands acteurs de ce dossier mais
comme dans toute situation il y a
les acteurs périphériques, souvent
influents et qui parfois viennent fausser les données du conflit ou simplement
les dénaturer.
A la première
réunion du comité de pilotage qui a rassemblé toutes les personnes, organismes,
et institutions impliqués de près ou de loin dans la réalisation de ce projet,
les représentants des riverains étaient les grands absents. Les discussions
n’ont simplement abouti qu’à la nomination de 3 médiateurs (social, santé et
coutumier). Grande interrogation pourquoi ceux qui ont crée l’événement
n’étaient pas autour de la table à ce moment important justement pour
réorganiser le dialogue ? Par contre il y avait la présence de
l’institution coutumière du Sud, mais qui n’avait aucune position à avancer,
sans avoir eu la concertation devant se faire la semaine d’après. La réunion n’a pratiquement pas fait
avancer le règlement du conflit.
Latence, qui attend plus d’efficacité dans l’approche du
problème, alors que l’on voit bien que sur le fond il y a toujours la question
de rapport de force : une petite frange de population et en face un gros
projet qui aspire en fait beaucoup de monde, injectant la bagatelle de 14
Milliards . Il s’agira pour le gouvernement de trouver une solution qui puisse
satisfaire tout le monde, sachant que le promoteur lors de la dernière réunion
attirait l’attention sur l’urgence
des délais pour la confirmation des négociations financières en cours.
Ce dossier fait remonter en surface des revendications
foncières latentes sur ce bout de terre séparée du centre ville par une digue à
contenners. Et quand on parle revendications foncières on entend par là
l’implication des populations autochtones du coin.
Encore une nouvelle photo qui nous donne ceci : des
milliards, des populations à bouger , et autour des paroles , des
stratégies , des revirements, tout ceci dans un contexte politique
qui lui même fait jaser dans les chaumières de puis plus d’un mois maintenant.
Que la pertinence, et la vigilance soient les maîtres mots
dans les discussions qui continueront pour trouver une issue à ce
problème. Faisons en sorte que les
bulldozers qui ont arraché les cases au Mwa ka ne prennent pas la même liberté
pour venir faciliter les travaux de terrassement ignorant une voix qui parle de l’existence de vie humaine sur le chemin.
Naku press apporte son soutien à ceux qui ont la charge de
ce dossier pour trouver une solution qui va répondre à ce besoin d’infrastructure
sanitaire pour compléter le médipôle de koutio, et respecter des populations. Mais encore une fois la solution ne peut se trouver que par le dialogue.
Naku press : Mise en ligne le 4 février 2015