A deux ans de 2018 , certains tambours commencent à rythmer la marche de la dernière ligne droite … Mais où sont passés les vrais intéressés ????
L’Etat , la droite locale , le monde des intellos , tous ont
de différentes manières commencé à placer leur réflexion sur les étales des
lieux publics via les médias , ou encore dans les espaces où les citoyens
lambda sont invités à venir se ressourcer . Ente le débat autour
des listes électorales , la situation du nickel , ou encore le calendrier des
travaux sur l’avenir institutionnel , l’opinion
publique est bercée par des propos qui vont du radicalisme politique, du
formalisme , du verbalisme , bref tout pour faire comprendre qu’il y a une
chose qui se prépare. Oui effectivement nous sommes à deux ans de la première
date qui va marquer l’histoire politique du pays : le référendum d’auto
détermination. L’Etat français , la
puissance de tutelle , lui respecte à la lettre le calendrier des travaux sur
les compétences régaliennes et autres thèmes relatif à l’avenir institutionnel
du pays, après le président du Sénat , prochainement nous attendons la venue du
premier ministre . Donc nous comprenons que les personnalités françaises vont
défiler pour venir confirmer des positions, avec toute la bénédiction de la
presse locale, qui se charge d’ailleurs bien de mettre les couches qu’il faut
pour prouver à tous que l’Etat est bien présent dans le dossier calédonien. Quant
à la droite locale, elle a déjà pris le pas de la transformation obligée des
courants politiques traditionnelles, et elle est désormais déjà en train d’entamer
le débat qui va mesurer le niveau de
divergence ainsi que les points de convergence. Oui pour la diversité des
points de vue mais sur l’essentiel à savoir le rattachement à la France, la convergence
reste le maître mot de la conduite à suivre . Le monde intellectuel toujours à
l’affût de la virgule qu’il faut préciser pour clarifier certains propos ou
encore des positionnements, va multiplier les conférences , les causeries comme
pour organiser l’apport de la réflexion faite à distance loin du service des
plats réchauffés , d’ailleurs devenu classique au niveau de la classe politique
locale. Mais l’intellectuel apporte sa contribution à ce débat qui continue à
se construire pour essayer de poser le socle qui pourrait être la charte de la
nouvelle nation. 3ème accord, projet de société différentes
appellations pour dire qu’il y a encore un point d’interrogation à laquelle
nous n’avons pas de réponse claire : c’est quoi après 2018 ….
Côté indépendantiste : entre doctrine nickel , plan Marshall
, un congrès avec une motion unique voulant donner le ton et qui quelques jours
après, a de nouveau laissé place à l’expression
des divergences restés en suspens , ou du moins à discuter , comme dicté par
cette motion unique. Un monde
indépendantiste qui semble être bien timide ou encore englué dans le méli mélo
de l’économie pour donner l’impression d’occulter l’importance du discours à
construire pour donner de la lisibilité , à ce qu’il veut pour le pays de
demain. Indépendance, pleine souveraineté ce ne sont que des mots , mais que
met-on derrière cela ? Il y a comme un silence bien inquiétant dans la
vallée. Ou alors faut-il comprendre l’ambiance actuelle comme l’expression d’une
stratégie, qui consiste à se contenter de dire que nous allons jusqu’au bout de
l’Accord de Nouméa. Chaque chose en son temps, comme dirait un professeur d’université
bien connu dans le pays : les kanaks sont mono tâches. Mais le silence dans le monde kanak est aussi
une forme d’expression, ainsi laissons les clairons sonner , et attendons le
moment venu pour montrer notre destination. Mais depuis l’ouverture de la
société avec les technologies modernes de la communication, ce silence ,
stratégique pour certains, pour d’autres c’est le temps d’aller comprendre un
certains nombre de choses , d’écouter ce qui se dit, de se faire sa petite
synthèse et tirer sa propre conclusion , pour finalement adopter une attitude
qui peut ne pas être celle attendue ou souhaitée par l’option indépendantiste. Dans
une société où tout est rythmé par la communication , le silence aura du mal à
démontrer sa pertinence dans l’appréciation des situations. La voix de Jean Marie Tchibaou des années 80
pour parler au peuple , sa capacité de sortir de sa maison UC pour parler au
nom de son peuple, cette posture là n’existe plus , le monde indépendantiste
semble bien pris dans l’engrenage , voir même minée par la politique
politicienne , alors que le combat n’est pas encore à son terme. Le marxisme
contre le socialisme mélanésien basé sur la coutume et la religion, ou encore
la doctrine contre la loi du marché , des mots qui se heurtent dans les
discours tenus de part et d’autre , mais le peuple comprendra seulement
indépendance pour Kanaky, mais avec qui et pour quel système de santé, de
protection sociale, de système éducatif , de développement économique ….. Pour
le moment , comme dirait l’autre , nous savourons l’igname nouvelle , et c’est
le temps social qui a souvent du mal à faire ménage avec le temps technique de
celui qui vient d’ailleurs et pourtant !!!!
Une petite réflexion à
poursuivre : un recul , un temps, une interprétation , rien n’est jamais
neutre ou indifférent dans un processus , qui depuis un moment à attirer l’œil des
observateurs et des médias.
Naku press : Mise en ligne le 18 avril
2016