Le mois de mars a été très animé , et particulièrement sur le
plan politique , avec les aller et venu du ministre Vals dans le pays . Dans
notre dernière édition , nous évoquions son premier déplacement , qui marque le début des discussions sur
l’avenir institutionnel , après les rencontres parisiennes avec la classe
politique calédonienne ainsi que les représentants du milieu économique , lors
d’un forum organisé pour l’occasion.
Ainsi à l’issue de ce premier déplacement , le Ministre Vals a laissé un
document faisant déjà un premier point d’étape des discussions menées depuis
février 2025 , avec des thématiques à
approfondir : 1. Le lien avec la France , 2. La citoyenneté . 3.
L’organisation institutionnelle avec les règles de gouvernance.
Comme annoncé lors de son premier séjour , Le 29 mars, il est
de nouveau dans le pays pour continuer les discussions , et poursuivre sa
méthode , basée sur le dialogue comme conducteur de réflexion afin d’arriver à
un accord , si possible largement
partagé par la classe politique calédonienne.
C’est un vœu exprimé à plusieurs reprises dans ses déclarations , et
d’ailleurs à la veille de cette deuxième séquences calédoniennes il parlera
de : rechercher un pas décisif avant
d’enclencher les négociations dans de meilleurs délais.
Et ce pas décisif s’est traduit au bout de 4 jours de
discussion sur une déclaration commune entre tous les partenaires , pour
confirmer la continuité des discussions afin de trouver un accord global . Rien n’a filtré des discussions , mais aux
déclarations à la presse des différents chefs de délégation , on comprend qu’il
y a eu des débats parfois très francs sur certains points , mais tout le monde
aspire à se retrouver pour continuer à
échanger et identifier les points de convergence afin d’ asseoir correctement les bases d’un
accord global .
Il y a des points sur lesquels , les divergences restent
latentes mais les discussions à venir aideront à étayer les positions des uns
et des autres toujours dans la recherche de ce pas qui doit marquer l’étape
suivante .
Ces discussions se mènent après le contexte crée au lendemain
du 13 mai , qualifié par de nombreux orateurs bien avertis de la place
notamment politique , comme un échec
collectif. Car comme dirait l’autre il n’y a pas de fumée sans feu . Et parfois un feu semble être éteint , mais
des fumeroles que l’on néglige attendent juste la levée d’un vent d’ouest pour
embraser tout un environnement .
La Calédonie a vécu au rythme des accords
politiques qui se sont succédés avec l’objectif
de travailler plus
de rééquilibrage dans le pays , pour plus de cohésion sociale , et de tendre vers une paix durable
Mais le bilan de ces accords sont à
chaque fois mitigés, du fait qu’il y a
toujours des écarts au niveau économique
et social. Des séminaires, des forums pour rechercher comment adapter les
mesures . Force est de constater que les
adaptations sont parfois limitées et
malheureusement se soldent par des échecs.
Les évènements du 13 mai sont l’expression 3d de
ces écarts, avec au bout une économie à terre et un pays au bord du chaos
(pour reprendre les termes de certains orateurs de la place . Une
approche anthropologique des mesures préconisées , pourrait peut -être répondre
à la diversité culturelle qui anime la vie de ce pays … Et pour ironiser un
peu . Pour
ironiser un peu nos propos : est ce que tout le monde dans ce pays , voit
de la même manière le soleil qui se lève à l’Est le matin pour se coucher à
l’Ouest le soir ??? .
Et pour terminer ce
chapitre sur le projet d’accord politique , on va juste rappeler que
l’aboutissement et la validation de ce travail va dépendre en final de la
stabilité politique en France , au vu des remous que connaît la classe
politique française ces derniers jours
Le contexte de
discussions sur l’avenir du pays , sollicite indirectement le milieu intellectuel qui n’hésite pas à
proposer ses réflexions. Dans l’édition
du 14 au 20 Mars de l’hebdo DNC : nous avons relevé les références de trois chercheurs et historiens qui travaillent
actuellement sur des axes de réflexions pouvant
enrichir les discussions en cours sur ce sujet primordial qu’est
l’avenir de la NC .
Ce pays à une histoire particulière , et l’interrogation ou
du moins les pistes proposées par ces trois chercheurs s’attachent à poser la
problématique suivante : comment travailler une appropriation commune de
l’histoire du pays , pour que nous puissions faire chemin ensemble : La
jeune calédonienne : Clara Filipi qui travaille sur les thématiques de la
mémoire et de la réconciliation. ,La
voie de la justice transitionnelle , l’axe choisi par Emmanuel Nypiengo Kouriane Doctorant en droit . ou encore de Olivier HOUDAN , un historien
bien connu sur la place : « La
lumière pour réduire les zones d’ombre doit parvenir puissamment » .
Nous pouvons également citer dans notre liste :
l’ouvrage récent de Benoit Trépied : Décoloniser la Kanaky , ou
encore : l’Indépendance
Assassinée » de Thierry . et de
Joel KASAREHROU / Décolonisation de la Nouvelle Calédonie , Quel avenir ?
… La liste est longue , sans compter aussi des associations livrant leur
réflexions via des sites internet ou des blogs.
Ce n’est pas nouveau , le dossier calédonien a toujours été
depuis des lustres un sujet alléchant
pour le milieu de la recherche , et de
la littérature , car en fait l’enjeu ici : c’est
ce conflit civilisationnel qui se pose à chaque fois comme un grain de sable
dans les débats politique . Il est sournois parce qu’il ne s’exprime pas
ouvertement mais il va transparaitre
dans la façon de comprendre une phrase
ou une expression. En effet entre le
factuel et l’interprétation , comme dirait l’autre, il y a un monde
C’est ainsi que l’exercice
de la conjugaison des efforts , du compromis, ou encore de la collaboration ,
est de mise pour trouver le consensus.
Et comme dirait un
observateur de la vie politique calédonienne : je cite : « Il
suffirait que les uns et les autres arrêtent de chercher à dominer
l’autre ». A prendre ou à laisser ,
mais ce sont des propos qui sont soumis
à l’opinion calédonienne.
Pour revenir sur le fil de l’actualité : le Ministre a
signé une convention de prêt d’un
montant de 120 milliards, avec le gouvernement de la Nouvelle Calédonie . Ce
prêt rappelons le avait été négocié par le 17è gouvernement de ces derniers
mois aux commandes du pays et on se rappelle aussi que le prêt était l’un
des éléments avancés par les investigateurs de la chute du 17ème
gouvernement , pour justifier leur acte, préférant le solution de subvention
sèche . Mais comme dirait l’autre en
politique , oublier les erreurs d’hier , fait partie des tactiques dont
certains acteurs peuvent s’en prémunir
pour retrouver la lumière quelque part . Nous refermons là cette petite
parenthèse . Mais il faut juste savoir
qu’une bonne partie de ce prêt va servir au remboursement des anciens prêts
datant des années du Covid . Donc attendons les prochaines
précisions pour avoir l’affectation exacte du solde disponible après le
remboursement des prêts.
Et pour donner une
note critique à cette habitude de l’Etat français de venir à chaque fois au
secours de la Calédonie , Joel KASAREHROU , leader du mouvement Construire
Autrement : dira ceci je cite :
le soutien financier de l’État français ne suffira pas à redresser le
territoire sans un changement politique et des réformes de fond. Il explique
pourquoi l’injection de fonds, sans vision politique claire, ne peut être une
solution durable. Certains qualifieront de tels propos
de : C’est enfoncer des portes ouvertes en terme de réflexion , mais tant
que ce pays n’a pas de statut définitif , c’est juste une vérité à retenir .
La baisse progressive
des finances publiques dans ce pays, n’est pas un sujet nouveau. Et d’ailleurs, les outils pour un nouveau
modèle de société ne manquent pas : on peut citer pour les plus
récents : le Plan PS2R, le Plan quinquennal, et les schémas sectoriels
tel : Le schéma d’aménagement NC 2025, le schéma de transition
énergétique, le plan do kamo … et bien d’autres encore …. Cherchez où est
l’erreur !!!
Enfin nous terminerons notre propos par un clin d’œil sur
l’évolution du discours indépendantiste. Des premières manifestations de rue,
des occupations de terre , des barrages sur les routes , avec des morts sur le
chemin, des référendums pour jauger
l’opinion du pays , ces jours- ci le discours
indépendantistes pousse désormais tous les acteurs politiques y compris la
puissance de tutelle à savoir la France , à une réflexion plus fine sur les
modalités de l’acte d’auto détermination. Comme relevé dans certains articles de presse,
ce mot d’auto détermination fait encore peur à certains , parfois la sémantique
peut aider en reformulant autrement une situation : par exemple on va parler de référendum projet .
Pour la conclusion de notre propos , nous proposons ci après
deux citations :
« Confronté à l a roche , le ruisseau l’emporte
toujours, non pas par la force mais par la persévérance » (
pour la première)
Et la deuxième
« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va »
La persévérance dans l’action pour un objectif reste finalement
la consigne dès l’instant que l’on a à faire à la complexité d’une situation .
L’histoire d’un pays n’a jamais été un fleuve tranquille , ainsi pour réaliser
des changements structurels , le temps , l’écoute , la compréhension ,
l’acceptation , constituent les essentiels pour structurer , accompagner la
réflexion
Naku
press : Publication du 12 avril 2025