mardi 2 février 2021

UNE FRESQUE TERMINOLOGIQUE QUI EN DIT LONG !!!! ET LA PIROGUE CONTINUE A VOGUER !!!!

 

Depuis le deuxième semestre 2020, le pays connaît une actualité dense avec la mise en vente de 95% des parts de Valé dans l’Usine du Sud.  Un dossier qui ne fait que soulever un débat resté en suspens depuis : celui de la définition d’une véritable stratégie minière pour le pays.

Et quant un débat laissé en suspens, résurgi par le biais d’une situation concrète comme c’est le cas présent via l’usine du Sud, c’est  tout simplement une occasion pour les orateurs de la place publique, de déverser leur vocabulaire très recherché afin  d’argumenter les positions des uns et des autres. Mais les mots sont aussi des fenêtres, et il est toujours intéressant d’aller décrypter. Quand un dossier de ce genre traine dans le temps , c’est fascinant de voir le talent des uns et des autres à trouver la bonne formule pour apporter la valeur ajoutée   à ce qui se dit , dans chacun des camps en présence.

Ce dossier Usine du sud, est avant tout un dossier économique, mais par les jeux de mots  on a réussi à  faire glisser le dossier sur le plan politique. Bien que tout est politique, ici dans ce pays, la politique, très souvent se limite à la définition : pour ou contre l’indépendance.  Les voix qui s’élèvent pour parler de projet de société sont entendues comme l’écho d’une voix dans un tunnel.

Le pire c’est que ce dossier fait flop dans un contexte où le débat ambiant est celui du 3ème référendum sur l’avenir institutionnel du pays.  Une bonne occasion pour les uns de rappeler des fondamentaux de leur projet de société et on parlera de la maitrise de la ressources avec d’abord les intérêts du pays, et pour les autres de parler de maitrise des ressources, mais une priorité donnée à l’aspect social, avec la sauvegarde des emplois.

Défendre les intérêts du pays, donne de suite, pour certains , une connotation politique quitte à ne pas entendre que le pays, dont il est question c’est  celui avec l’ensemble de ses habitants, sans aucune distinction d’ethnie ou de religion ou autre ….. Ils vont même jusqu’à sortir des pions pour les afficher sur les contre barrages routiers.  Tout cela traduit dans des articles relayés par la presse partisane  par des titres du genre : « Maintenant ça suffit ».  Ou encore : « Nous ne voulons pas de guerre civile ».  Et comme pour dénigrer le niveau  intellectuel de l’autre camp, la presse d’une manière ironique reprendra les propos : « Tant pis » de Victor Tutugoro, et des propos de Mickael Forest : « Il faut savoir souffrir pour avancer ». Une presse partisane qui, sans scrupules va oser glisser dans ses publications des propos , comme « les obsèques de l’Accord de Nouméa «  ou encore  «  en cas de Oui  le pays se reconstruira sur les ruines de l’ADN. On affirme même qu'il n'y a plus rien de l'ADN.

Les dernières informations semblent confirmer que les conditions seraient réunies  pour signer l’accord avec Trafigura et Prony ressources malgré une forte opposition des indépendantistes, des populations locales, et des environnementalistes. Dans le processus de validation de la vente, il y a encore des niveaux institutionnels à passer , mais les choses semblent être bouclées.  L’impression d’un bulldozer face à simplement des barrages routiers qui ont été démontés  sur certains endroits par des VBRG, un bulldozer pour asseoir  un projet dans lequel nous n’avons aucune visibilité sur les intérêts du pays. 

Outre la bagarre des mots, il y a les moyens : les bulldozers et les fusils  contre des carcasses de voiture, avec des jeunes brandissant le drapeau kanak.  Il y a aussi la technique de faire mousser des situations pour les traduire en scène d’affrontements : exemple : ce vendredi 29 Janvier , le collectif USUP ( Usine du Sud , Usine Pays) avec les environnementalistes ont initié une chaine humaine sur le front de mer de l’Anse Vata, et les loyalistes eux occupent le rond point de la Baie de l’Orphelinat  avec leur  drapeau BBR ,  - et dans la presse : un titre : deux manifestations s’affrontent , alors qu’il n’y a eu aucun affrontement ….

A défaut d’amener un débat constructif pour contenir cette mobilisation engagée par le collectif USUP et relayée par le bureau Politique du FLNKS, on préfère, d’une manière subtile, mener une cabale contre un discours qui ne cherche qu’à préciser ou affiner des orientations partagées par tous : une stratégie minière pour le pays.

Au fil de l’eau, en cherchant à comprendre les raisons de l’entêtement  de la province Sud pour le projet Prony ressources / Trafigura ; les infos bien gardées au chaud jusqu’à présent dans le montage financier avec Trafigura ont été exposées dans le quotidien local. Les réseaux  sociaux ont fait aussi leur part, dans le management de l’information autour de ce dossier. Si  ici la grande partie de la presse est partisane pour un seul courant, les réseaux sociaux  de fait sont acculés à jouer  le  jeu de la démocratisation de l’info.

Comme il y a aussi des manœuvres très fines, du genre la thèse de ramener Doniambo dans le grand sud,  pour laisser place à l’idée de Nouméa ville verte. Des propos tenus par un des orateurs de la place publique, connus pour surfer, c’est aussi le fait de la politique.  Tiens comme un écho bien amené de la question environnement porté par les "indépendantistes" ...  Et la Dynamik unitaire sud , qui a réuni sa coordination générale ce week end au Mont dore, vient mettre la cerise pour affirmer une vision stratégique : la mobilisation actuelle autour de l'usine , un tremplin pour la préparation du prochain référendum . Les nationalistes et les environnementalistes  déjà tous réunis dans ce dossier.

Pour ce dossier, chaque jour aura son lot d’analyse, mais lorsque l’on décrypte la formulation ou l’angle de certains articles qui se donnent comme  mission de poser une analyse, nous sommes bien loin du débat constructif ou du défi de l’intelligence. Aucune retenue à un tel point que l’on se demande mais qui exactement voudrait mettre le pays dans un chaos ….  C’est tout comme après le deuxième référendum, on se demandait si les indépendantistes n’avaient pas gagné le référendum, tellement les voix se sont vite élevées pour contrer les 47%  pour le OUI……. Parfois le sens logique des choses fait défaut chez certains.

Ainsi va  la vie des débats dans ce petit bout de caillou perdu dans le Pacifique Sud. !!!

Publication : Naku press ( Lundi 1er Février 2021)