dimanche 14 juin 2015

KANAKY : Union Calédonienne ( UC ) en congrès extraordinaire ce samedi 13 juin 2015 à Nembayes ( Ponérihouen)



 Naku press publie ci-après le discours d'ouverture du congrés extraordinaire de l' UC , discours prononcé par le président : Daniel GOA

Minute de silence pour le grand chef de Guahma : Mr Nidoish Hnaïsseline
Militantes et militants de l'Union Calédonienne Bonjour !
Permettez-moi d'adresser nos chaleureuses salutations aux autorités coutumières de la région Païcî- Cèmuhi, de la commune de Ponérihouen et de la vallée de Nimbayes.

Nos salutations vont également au comité local et à la section de base de Néavin accompagnées de nos plus vifs remerciements au regard de l'urgence à laquelle ils ont su faire face en accueillant ce congrès ici à Nimbayes.
Ce congrès extraordinaire qui nous réunit aujourd'hui s'inscrit dans la motion de Tiaoué en novembre dernier et fait suite à celle du congrès de Lifou en novembre 2013.

Il doit nous permettre de partir d'ici à la fin de la journée avec une vision partagée et à partager avec l'ensemble des Calédoniens, du pays que nous envisageons de mettre en place.
Un projet de société n'est jamais figé. Il se reformule continuellement sous l'effet d'enjeux qui déterminent et conditionnent l'existence de l'état concerné dans son environnement.
Le projet de société que nous propose de valider notre équipe de référents doit être la grille de lecture qui permet à chaque calédonien, quelque soit sa race, son ethnie, ses origines ou sa communauté, d'appréhender « le jour d'après » avec confiance et sérénité.
Parce que l'issue du référendum de 2018 ne doit pas être « une victoire finale » d'une partie de la population contre une autre.
A partir de demain, vous devrez aller à la rencontre des autres membres du FLNKS et de tous les indépendantistes et autres nationalistes pour mettre en débat le travail que vous aurez validé aujourd'hui.
Le calendrier prévu est que dès le début de l'année 2016, au congrès du FLNKS, ce projet modifié, amendé reçoive adhésion pour passer à l'étape suivante durant toute cette année.
Il s'agira d'aller le proposer aux non indépendantistes et à la société civile.
Comme vous voyez, la tâche est de taille et elle est à la hauteur de l'enjeu d'indépendance que nous revendiquons.
Elle mérite un peu de hauteur de vue et les postures auxquelles nous avons assisté ces derniers temps n'en sont pas dignes.

Et je rappelle que les résultats des élections provinciales nous donnent trois ministres à l'UC. Deux de ces trois ministres continuent de faire de la résistance en ne participant pas aux réunions de travail du gouvernement.
C'est inacceptable et au congrès de fin d'année il faudra bien tirer le bilan de ces pratiques qui n'ont pas
lieu d'être!
Et à propos, je voudrais que l’on revienne sur les péripéties qui ont abreuvé les médias ces dernières semaines concernant l’élection du président du gouvernement, parce que c'est bien de ça qu'il s'agit.
La décision que j'ai prise de signer le communiqué pour faire élire monsieur Philippe GERMAIN à la tête du gouvernement calédonien, résulte du constat que plus on glisse vers la sortie de l'accord sans un minimum de cohésion, moins on donne les meilleures chances aux indépendantistes d'être crédibles dans leurs projet de pays indépendant. En conséquence, nous rentrons de plein fouet en contradiction avec notre démarche de rassurer les gens sur notre projet de société par le travail que mène notre équipe de référents sur le projet d'assemblée référendaire.
Elle résulte aussi du fait que lorsqu'on fait le tour des dossiers dits fondamentaux pour nous et qui sont en attente de recueillir le nombre de suffrage nécessaire depuis des années parce que nos voix ne sont pas assez nombreuses, seule « Calédonie Ensemble » nous rejoint sur certains d'entre eux. Il s'agit donc de convergence d'intérêts du moment à exploiter pour faire le pas en avant, dans un premier temps et de le consolider par la suite.
LE KANAK AU CENTRE DU DISPOSITIF, il ne s'agit pas seulement du dispositif institutionnel, c'est
aussi celui plus politique, qui est de rassembler les calédoniens sur notre vision du pays indépendant.
Le centre du dispositif, pour moi c'est le FLNKS.
Unir le FLNKS pour créer une dynamique d'attraction.
Calédonie ensemble a répondu présent, maintenant il faut continuer vers les autres partenaires.
Le kanak au centre du dispositif, ce n'est pas une posture, ce n'est pas un droit acquis. Il se mérite parce qu'il se construit tous les jours.
Et il ne faut pas se tromper de débat, aujourd'hui il ne s'agit plus d'être indépendantiste ou non.
Consciemment ou pas, tout le monde l'est devenu par nécessité. Parce qu'il s'agit de la Calédonie devant l'état français, il s'agit de la Calédonie devant la région, il s'agit de la Calédonie devant l'ONU, il s'agit de la Calédonie devant TOUS les pays du monde.
Il s'agit de la Calédonie devant le F.M.I, devant les multinationales avec nos ressources...
IL S'AGIT DONC POUR NOUS, D'UNIR LA CALEDONIE PARCE QUE LE MOMENT EST VENUE
POUR ELLE, D’ÊTRE INTRONISEE AFIN QU'ELLE PRENNE SA PLACE DANS LE CONCERT DES
NATIONS.
Unir la Calédonie...nous n'étions pas dans cette voie.
Et je pense qu'à l'union calédonienne, nous devons au moins ça à tous nos aînés tombés à VERDUN
comme dans le pacifique, comme à BONDE, TIENDANITE,CANALA, THIO, OUVEA, MARE etc...
Cette décision résulte aussi de mon analyse globale sur le processus de lutte que mène le peuple
kanak pour sa décolonisation.
L'accord de Nouméa qui en est l'ultime étape arrive à son terme.
Et quand je me retourne pour tenter d'en tirer un semblant de leçon, je me dis que faire le bilan d'un
accord de décolonisation n'est jamais chose aisée.

Tout d'abord, parce que les concepts de colonisation, de décolonisation comme celui de néocolonisation
et enfin de mondialisation procèdent tous du même processus historique de transformation
d'une forme coloniale de l'état français à une époque, vers une nouvelle forme du même état français.
Aujourd'hui l'enjeu pour les états coloniaux ne réside plus dans le pillage et l'exploitation des matières
premières. Il est dans la communication et la guerre d'influence. Il s'agit de rayonnement en étant présent aux points stratégiques du globe. Tout état indépendant aujourd'hui est par nature mondialiste et ses actions sont mondialisantes.
De ce fait il devient plus hégémonique. Il est moins visible, plus insidieux, il s'insinue dans tous les
rouages de la société à tel point que son omniprésence se manifeste aux moindres décisions qui mettent en difficulté ses actions à n'importe quel point du globe.
On parle de dispositif hégémonique commun à tous les états mondialistes.
Cette mutation obéit à des logiques dictées par des enjeux stratégiques de rayonnement dans le monde très fermé des dominants (G8, G20 etc...). Et ça ce n'est pas de la fiction. Nous sommes en plein de dans.
Partant de ce constat, on est obligé de s'interroger sur les discours ou slogans à tonalité révolutionnaire que beaucoup parmi nous portent parce qu'ils viennent masquer la réalité du processus de mutation dans lequel se logent toutes les décisions de l'état français et nous enferment sur des combats d'une époque révolue et surtout, ils masquent les véritables enjeux d'aujourd'hui et les outils adéquats à appréhender pour préparer et organiser notre émancipation.
Parce que le problème de notre décolonisation, c'est qu'elle est pacifique. Une première donc dans toute l'histoire de la décolonisation. Nous n'avons donc pas de références historiques qui nous permettent d'ajuster à chaque étape de mutation de notre vis à vis ETAT, les outils adéquats pour un progrès en parallèle.
Puisque toute action sur le terrain est une réaction/réponse à une action passée de l'Etat.
Il en résulte que durant une période plus ou moins longue, un véritable cafouillage peut s'installer, s'aggraver pour finalement diviser les gens. C'est le risque majeur que court notre jeune état devenu indépendant.
Nombreux sont les artifices divers et variés qu’on utilisera à cette fin.
Là aussi, je me dois d'alerter le congrès sur la grosse magouille qui se passe à Vavouto concernant la substitution silencieuse de la sas vook à la sas vavouto sous le regard bienveillant de KNS.
Je me dois d'alerter aussi le congrès sur la reprise en main des coutumiers du secteur mine qui est en train de s'opérer. La question est: Qui tire les ficelles?
« PLUS NOUS NOUS RAPPROCHERONS DE L'IKS ! PLUS NOUS SERONS CONFRONTES A
NOUS MÊMES ! »
...Ce faisant, en voulant rendre le plus grand service à notre lutte, beaucoup s'enfermeront sans même
s'en rendre compte, dans leur confort discursif pour continuer d'exister et deviendrons des obstacles à
l'évolution de notre jeunesse, de leur pays et du progrès social. Enfin, à tout ce pourquoi nous nous
battons...
Parce qu'ils jetteront le discrédit sur toute tentative d'adaptation de nos concepts d'analyse à la réalité
de la lutte.
Mais nous ne sommes pas les seuls à être en déphasage au regard des nouveaux rapports que nous nous devons d'entretenir avec l'état français.

Chez nos frères Calédoniens, les discours sont symptomatiques, mais plus encore sont les slogans qui traduisent exactement le même déphasage que chez les indépendantistes.
Eux comme nous, n'ont pas compris qu'un état devenu mondialiste n'a plus besoin d'eux pour défendre sa présence ici.
Nous comme eux, n'avons pas compris qu'il n'y a plus d'état colonial à combattre parce que nous sommes devenus, avec EUX, les nouveaux interlocuteurs privilégiés dans un champ géo stratégique plus élargi à la zone Asie/pacifique.
Qu'on le veuille ou non, nous sommes devenus les JUSTIFIANTS de la présence Française dans cette zone.
Eux comme nous, devons comprendre que la devise de l'UC DEUX COULEURS UN SEUL PEUPLE est aujourd'hui une réalité et qu'il est grand temps de se lever ensemble pour affirmer notre destin commun.

IL EST TEMPS POUR LES CITOYENS CALEDONIENS DE REDEFINIR AVEC LA FRANCE LES FRONTIERES DE LEURS RELATIONS NOUVELLES.
Militantes et militants, notre combat aujourd'hui n'est plus un combat CONTRE mais POUR l'émancipation du peuple kanak, du peuple calédonien dans un monde plus élargi et mondialisé.

SURVIVRE ET PARTICIPER ! Ce sera notre devise car c'est notre devoir de donner à la jeunesse
calédonienne les moyens de témoigner à son tour haut et fort, de notre existence et notre place dans le
concert des nations. Notre jeunesse en est capable et elle mérite toute notre confiance.
L'assemblée référendaire est par excellence notre nouvel outil d'émancipation parce qu'il est le seul
capable de nous dire comment NAÎTRE, GRANDIR ET EXISTER dans ce fameux concert des nations.
Votre responsabilité, ici, aujourd'hui, est de faire en sorte qu'en partant ce soir, chacun de nous soit en capacité de porter et défendre, par delà les montagnes et les mers, notre vision sur le foncier, sur le nickel, sur la citoyenneté, sur notre administration, etc... au lendemain du référendum, dix ans après, vingt ans après, cinquante ans après.
Parce qu'un état devenu indépendant tombe irrémédiablement sous le coup de la dialectique, c'est-àdire d'une perpétuelle transformation.
Nous devrons aussi être capables d'écouter les suggestions et propositions des autres pour que chacun puisse marquer de son empreinte son propre lien à SA terre! C'est notre devoir d'oeuvrer pour transformer le rapport conflictuel de nos légitimités en un rapport fusionnel.
C'est notre devoir de transformer la dualité calédonienne en une UNITE NATIONALE.
Je nous souhaite donc que cette journée soit studieuse, riche et productive.
La Calédonie nous attend. Je déclare donc ce samedi 13 juin 2015 ouvert le congrès extraordinaire de Nimbayes

TOUS EGAUX EN DROITS ET EN DEVOIRS!!!

Daniel GOA

Sources :Militant UC 
Naku press : mise en ligne le 14 juin 2015