Les ténors du Front affûtent leur stratégie
Lun 04 Oct 201020:00
L’Union calédonienne et le Palika, les deux locomotives du FLNKS, ont planché samedi, l’une à Païta, l’autre à Poindimié, sur la préparation de leur congrès respectif. Thématique commune : la construction de la Kanaky de demain.
L’UC veut une fiscalité « pays »
Dirigeants et militants du plus vieux parti calédonien, réunis samedi en comité directeur à la tribu de Bangou, à Païta, ont affiné l’ordre du jour qui sera proposé au congrès prévu les 5, 6 et 7 novembre, à Poya. Certains points inscrits au menu sont évidemment tirés du relevé de conclusions du dernier Comité des signataires. Par exemple, la réalisation par des experts indépendants d’un bilan global de l’accord de Nouméa et la constitution d’un comité de pilotage ad hoc, « l’après-2014 », les signes identitaires ou encore les transferts de compétences. Placée sous les projecteurs en raison de l’actualité en province Sud, la thématique de la fiscalité sera également abordée, pas sous l’angle de la clé de répartition, mais davantage sur la nécessité d’une réforme du système actuel. Car, « nous avons une fiscalité basée sur les transferts de l’État », souligne le secrétaire général de l’UC, Gérard Reignier. Et la volonté politique d’indépendance impose une correction de ce schéma : « Nous voulons une fiscalité "pays" ». Les prochaines réflexions seront lancées à partir des travaux opérés sur la question entre 1994 et 1998. « Il y a beaucoup de pistes », telles que la fameuse TVA, ou la taxation appliquée sur les transferts financiers vers la Métropole et autres nations. Toutes les hypothèses seront étudiées et débattues. Le but final est évident : « On veut construire le pays », a souligné samedi le président de l’UC, Charles Pidjot, dans son discours d’ouverture. « On est dans un processus, 2014 et 2018 arrivent, le processus que fixe l’accord de Nouméa c’est l’accession à la pleine souveraineté ».Une position devra être précisée. Début septembre, sous la plume de son leader, l’Union calédonienne avait décidé de ne plus siéger au sein du bureau politique du FLNKS « jusqu’à nouvel ordre ». Les déclarations de l’UPM Victor Tutugoro avaient mis le feu aux poudres. L’UC reste une composante de la coalition indépendantiste, mais suspend toujours momentanément sa participation à son organe collégial décisionnaire. Des rencontres spécifiques auraient été demandées pour s’expliquer et préparer « un bon congrès FLNKS » les 4 et 5 décembre à Dumbéa. Le président Pidjot n’a pu s’empêcher, toutefois, ce week-end, d’adresser un petit tacle à son collègue Paul Néaoutyine : « L’Uni est concentrée simplement sur le Nord. Nous, à l’UC, on a une représentation nationale ».
Pour le Palika, « il faut jeter les bases d’une autre société »
Programmé les 11, 12 et 13 novembre à Lifou, tribu de Kedeigne, le congrès du Palika se tiendra « dans un contexte particulier », admet Charles Washetine, à l’issue de l’assemblée générale de samedi à Poindimié. Outre les tensions internes au FLNKS, le porte-parole adjoint pointe « le rapprochement UC-Rump - chose que l’on a déjà vue à une certaine époque - » et « la remise en cause d’acquis » tels que la clé de répartition ou encore le corps électoral, une thématique sur laquelle Pierre Frogier veut rouvrir le débat. L’après-2014 va se discuter, mais dès aujourd’hui, un constat douloureux s’impose, d’après le membre du Palika : le développement se fait à différentes vitesses. « La marginalisation du peuple kanak, les squats, la délinquance de jeunes… Comment mène-t-on le rééquilibrage ? » Le parti de Paul Néaoutyine estime qu’« il faut jeter les bases d’une autre société ». Autrement dit, les intérêts privés ont trop dominé et dirigent toujours la danse. Conclusion : des actions doivent être entreprises pour booster une « prise en compte de l’intérêt général », pour appliquer un socialisme à la calédonienne. Et ce projet passe notamment par « une meilleure maîtrise du foncier », ajoute CharlesWashetine. Une maîtrise dont les mairies, les provinces, le gouvernement, le milieu associatif, sont les leviers.Décidé à être bien présent au congrès du FLNKS - qui a d’ailleurs « toute sa légitimité sur l’échiquier politique » -, le Parti de libération veut aussi retrouver sa cohésion en interne, après que des militants du Sud ont été ou sont intéressés par le courant d’ « Ouverture citoyenne » ou le groupe UC-FLNKS. Ces personnalités, parmi lesquelles Louis Mapou et Sylvain Pabouty, ont décidé de se réunir avant le congrès du mouvement.
Y. M.
Lun 04 Oct 201020:00
L’Union calédonienne et le Palika, les deux locomotives du FLNKS, ont planché samedi, l’une à Païta, l’autre à Poindimié, sur la préparation de leur congrès respectif. Thématique commune : la construction de la Kanaky de demain.
L’UC veut une fiscalité « pays »
Dirigeants et militants du plus vieux parti calédonien, réunis samedi en comité directeur à la tribu de Bangou, à Païta, ont affiné l’ordre du jour qui sera proposé au congrès prévu les 5, 6 et 7 novembre, à Poya. Certains points inscrits au menu sont évidemment tirés du relevé de conclusions du dernier Comité des signataires. Par exemple, la réalisation par des experts indépendants d’un bilan global de l’accord de Nouméa et la constitution d’un comité de pilotage ad hoc, « l’après-2014 », les signes identitaires ou encore les transferts de compétences. Placée sous les projecteurs en raison de l’actualité en province Sud, la thématique de la fiscalité sera également abordée, pas sous l’angle de la clé de répartition, mais davantage sur la nécessité d’une réforme du système actuel. Car, « nous avons une fiscalité basée sur les transferts de l’État », souligne le secrétaire général de l’UC, Gérard Reignier. Et la volonté politique d’indépendance impose une correction de ce schéma : « Nous voulons une fiscalité "pays" ». Les prochaines réflexions seront lancées à partir des travaux opérés sur la question entre 1994 et 1998. « Il y a beaucoup de pistes », telles que la fameuse TVA, ou la taxation appliquée sur les transferts financiers vers la Métropole et autres nations. Toutes les hypothèses seront étudiées et débattues. Le but final est évident : « On veut construire le pays », a souligné samedi le président de l’UC, Charles Pidjot, dans son discours d’ouverture. « On est dans un processus, 2014 et 2018 arrivent, le processus que fixe l’accord de Nouméa c’est l’accession à la pleine souveraineté ».Une position devra être précisée. Début septembre, sous la plume de son leader, l’Union calédonienne avait décidé de ne plus siéger au sein du bureau politique du FLNKS « jusqu’à nouvel ordre ». Les déclarations de l’UPM Victor Tutugoro avaient mis le feu aux poudres. L’UC reste une composante de la coalition indépendantiste, mais suspend toujours momentanément sa participation à son organe collégial décisionnaire. Des rencontres spécifiques auraient été demandées pour s’expliquer et préparer « un bon congrès FLNKS » les 4 et 5 décembre à Dumbéa. Le président Pidjot n’a pu s’empêcher, toutefois, ce week-end, d’adresser un petit tacle à son collègue Paul Néaoutyine : « L’Uni est concentrée simplement sur le Nord. Nous, à l’UC, on a une représentation nationale ».
Pour le Palika, « il faut jeter les bases d’une autre société »
Programmé les 11, 12 et 13 novembre à Lifou, tribu de Kedeigne, le congrès du Palika se tiendra « dans un contexte particulier », admet Charles Washetine, à l’issue de l’assemblée générale de samedi à Poindimié. Outre les tensions internes au FLNKS, le porte-parole adjoint pointe « le rapprochement UC-Rump - chose que l’on a déjà vue à une certaine époque - » et « la remise en cause d’acquis » tels que la clé de répartition ou encore le corps électoral, une thématique sur laquelle Pierre Frogier veut rouvrir le débat. L’après-2014 va se discuter, mais dès aujourd’hui, un constat douloureux s’impose, d’après le membre du Palika : le développement se fait à différentes vitesses. « La marginalisation du peuple kanak, les squats, la délinquance de jeunes… Comment mène-t-on le rééquilibrage ? » Le parti de Paul Néaoutyine estime qu’« il faut jeter les bases d’une autre société ». Autrement dit, les intérêts privés ont trop dominé et dirigent toujours la danse. Conclusion : des actions doivent être entreprises pour booster une « prise en compte de l’intérêt général », pour appliquer un socialisme à la calédonienne. Et ce projet passe notamment par « une meilleure maîtrise du foncier », ajoute CharlesWashetine. Une maîtrise dont les mairies, les provinces, le gouvernement, le milieu associatif, sont les leviers.Décidé à être bien présent au congrès du FLNKS - qui a d’ailleurs « toute sa légitimité sur l’échiquier politique » -, le Parti de libération veut aussi retrouver sa cohésion en interne, après que des militants du Sud ont été ou sont intéressés par le courant d’ « Ouverture citoyenne » ou le groupe UC-FLNKS. Ces personnalités, parmi lesquelles Louis Mapou et Sylvain Pabouty, ont décidé de se réunir avant le congrès du mouvement.
Y. M.