Madoy a trouvé intéressant de publier ici une "retranscription "mot à mot" de l'émission C'est A Dire (CAD) dans laquelle participaient Sonia Backès pour le RUMP, Gomes pour Calédonie Ensemble, Roch Wamytan pour le FLNKS et Jean Luc Régent du RPC...
De votre côté, le trouverez-vous également intéressant ?
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Journaliste : Avec nous, depuis la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris, Rock Wamytan, bonjour !
Rock Wamytan : Bonjour !
Journaliste : Signataire de l'Accord de Nouméa en 98 et membre de la délégation de l'UC. À vos côtés, Philippe Gomès, bonjour !
Philippe Gomès : Bonjour !
Journaliste : Leader du groupe Calédonie ensemble. Jean-Luc Régent du RPC, bonjour !
Jean-Luc Régent : Bonjour !
Journaliste : Et pour terminer, Sonia Backes, porte-parole du Rassemblement UMP. Merci d'être avec nous. Bonjour !
Sonia Backes : Bonjour !
Journaliste : Pour lancer le débat consacré à ce bilan du 9e comité des signataires, qui s'est doncdéroulé à Paris : on a parlé d'un comité apaisé, consensuel. Ça veut dire qu'on a défin
tourné la page sur les divisions politiques ? Sonia Backes :
Sonia Backes : Je crois surtout que le Premier ministre a donné le ton avec un discours qui a posé les choses, qui a apaisé un certain nombre de sujets, et qui a permis de se projeter sur l'avenir.
Journaliste : C'est-à-dire ?
Sonia Backes : Bien, je crois que ce qui est important maintenant, c'est que trois sous-comités ont été mis en place, dont un qui concerne la construction de la sortie de l'Accord de Nouméa, et maintenant, nous sommes dans cette construction, et donc dans une projection de l'avenir.
Journaliste : Philippe Gomès :
Philippe Gomès : Je ne sais pas si le consensus ça veut dire "il faut pas débattre", ou si c'est "on est tous d'accord sur tout". Non, c'est pas du tout ça. On a chacun nos divergences, chacun nos sensibilités, chacun nos convictions, nos valeurs. Elles peuvent se rejoindre parfois, et puis, d'autres fois, non, elles subsistent telles qu'elles sont. Et donc, là en ce qui concerne ce comité, il y a plusieurs sujets sur lesquels le Premier ministre a rappelé des choses qui sont importantes pour Calédonie ensemble. Sur le drapeau, d'abord, il l'a dit dans son discours, c'est le premier sujet qu'il a abordé après avoir rendu hommage à Jacques Lafleur, où il a dit : il importe que les partenaires du comité des signataires mettent en œuvre le point 1.5 de l'Accord de Nouméa, c'est-à-dire, recherchent en commun, il a utilisé les termes, un signe identitaire affirmant l'identité kanake et le futur partagé entre tous. Et il a indiqué, en conclusion de ce passage : dans cette attente, dans l'attente d'une solution conforme à l'Accord de Nouméa, les deux drapeaux continueront à flotter au vent. Donc, on voit bien, là, dans la proposition du Premier ministre qui a été reprise par le comité des signataires dans le relevé de conclusions du comité, on a, à la fois l'affirmation de ce qui a été exprimé par le Rassemblement UMP et l'UC FLNKS, les deux drapeaux qui flottent dans le ciel calédonien, et puis, en même temps, l'attente de Calédonie ensemble qui est de dire : ces deux drapeaux qui flottent, ça n'est pas l'Accord de Nouméa, l'Accord de Nouméa, c'est un drapeau commun. On est apaisés, oui, enfin ce que je veux dire, c'est que les positions exprimés sur le sujet se retrouvent dans les conclusions du comité.
Journaliste : Sauf que, quand j'ai posé la question à François Fillon, les collectivités de l'État comme les mairies, n'ont pas encore reçu la circulaire pour hisser les deux drapeaux et, allait-il obliger officiellement, les corps de l'État, comme les gendarmeries, les casernes, le tribunal, le service des douanes, à hisser le drapeau du FLNKS, il a répondu ouvertement : oui, les instructions seront données.
Philippe Gomès : Il y a deux textes qui font foi, au-delà de l'interview que vous avez faite, qui était peut-être utile, mais il y a un texte qui est dans le relevé de conclusions du comité des signataires, et puis il y a son discours qui est accessible également sur le site Internet de l'hôtel Matignon. Et puis enfin, la même question lui avait été posée à Nouméa, je ne sais pas qui l'avait posée, mais la réponse avait été, par François Fillon, en ce qui concerne les communes : il n'y aura pas de circulaire sur les communes, et chaque commune devra assumer ses responsabilités, dans le cadre de la loi. Donc, voilà la bonne réponse qu'il avait faite à ce moment-là. Puisque l'État peut pas imposer aux communes de hisser un drapeau ou pas.
Journaliste : Rock Wamytan, pour vous : un comité des signataires différent des autres ?
Rock Wamytan : Je crois que la volonté d'apaisement était partagée par tous, parce que la Nouvelle-Calédonie ne pouvait pas continuer à vivre ce qu'elle vivait depuis 5 mois. C'était pas possible, depuis février, avec la chute du gouvernement Gomès, et puis les démissions successives, c'était pas possible, tant au niveau des responsables politiques, les signataires de l'Accord, l'État français. C'est pour ça, d'ailleurs, que le Premier ministre avait demandé à ce que les responsables politiques viennent en parler, il y a un mois et demi de cela. Donc, je crois que c'était une volonté qui était partagée par tous. Et on est tous venus ici, en tout cas, notre délégation est venue à Paris avec cette volonté d'apaisement en tête, pour trouver des solutions de façon à avancer parce qu'on pouvait pas, avec tous les problèmes qui se posent actuellement à la Nouvelle-Calédonie, avec les problématiques de la vie chère, les préoccupations des gens, c'était pas possible de continuer comme ça. Donc, il fallait trouver des solutions. Je pense que chacun a convergé vers cet ensemble de propositions qui ont été faites et acceptées par tous, lors de ce comité.
Journaliste : Jean-Luc Régent, François Fillon a rendu hommage à Jacques Lafleur. Vous êtesavecnous un peu pour le regard historique de ce 9e comité :
Jean-Luc Régent : Je n'ai pas assisté aux comités précédents, mais j'ai apprécié le fait que le Premier ministre ait rendu hommage à Jacques Lafleur. En ce qui concerne ce comité proprement dit, c'est vrai que c'est un comité, très apaisé. Je crois aussi, comme le disait le président Wamytan, que cet apaisement vient de la volonté de l'ensemble des forces politiques du pays, sans exception. Donc, il y a eu assez peu de sujets politiques d'abordés, sauf peut-être, l'affaire des drapeaux, et là, le ministre a effectivement rappelé, peut-être pour faire plaisir, et aux uns, et aux autres, que le Congrès ayant voté aux trois cinquièmes un vœu demandant à ce que les deux drapeaux flottent sur les établissements publics, mais il a aussi rappelé que, conformément à une disposition de l'Accord de Nouméa, il était nécessaire de continuer la recherche en commun d'un drapeau. Donc, il ne faudra pas se contenter, en fait, de voir…, de ne plus parler de ce sujet-là, puisqu'il avait été demandé, il y a quelques mois la création d'une commission spéciale comportant toutes les formations politiques pour justement parler de cette recherche en commun d'un drapeau.
Journaliste : Sonia Backes, sur le drapeau :
Sonia Backes : Simplement rappeler que Pierre Frogier, quand il a fait sa proposition sur les drapeaux, il était pas à la recherche d'un signe identitaire, et simplement rappeler, parce que je crois que c'est important, ne pas faire dire au Premier ministre ce qu'il n'a pas dit, ce qu'il a indiqué sur le drapeau. Donc, je cite, il a dit : les deux drapeaux sont un geste politique fort parce qu'il se situe dans l'esprit qui a présidé aux Accords de Matignon et à l'Accord de Nouméa, ils sont un geste de réconciliation, un geste qui exprime la volonté de vivre ensemble, un geste qui scelle et qui renouvelle la poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou. Et il a conclu que tant qu'une solution n'aura pas été trouvée, les deux drapeaux doivent coexister, comme l'a décidé le Congrès. Donc, je crois que c'est important, et en tout cas, ça pose des choses. Je crois que maintenant, on est dans une autre phase, on est dans une phase de construction de l'avenir. Voilà. La venue du président de la République au mois d'août prochain va nous permettre de se projeter dans l'avenir.
Journaliste : On est en 2011, on nous parle d'un éventuel référendum, d'une sortie de l'Accord de Nouméa, dès 2014. L'avenir institutionnel du pays, est-ce que c'est aussi le rôle du comité de préparer la sortie de l'Accord de Nouméa ? Rock Wamytan :
Rock Wamytan : C'est évident que c'est le rôle du comité des signataires, en tout cas de trouver des pistes qui permettraient d'éclairer le choix des Calédoniens. Je pense que ce qui est important pour les Calédoniens, c'est bien de redéfinir les liens futurs entre la Nouvelle-Calédonie et la France.
Journaliste : Ça veut dire que vous ne parlez plus éventuellement du mot indépendance, mais vous …
Rock Wamytan : J'avais rappelé, lors de ce comité des signataires, le discours qu'il avait tenu lors du colloque sur le destin des collectivités territoriales, à Nouméa, au mois de mai. Il avait dit ce que nous, les indépendantistes, nous avons dit aussi, qu'on ne devait pas reporter ad vida aeternam la question fondamentale qui est celle-là : quels seront les liens futurs entre la Nouvelle-Calédonie et la France ? Est-ce que ce sera une indépendance ? Auquel cas on établira des liens de coopération, comme tous les pays indépendants. Est-ce que ce sera une indépendance associée à la France ? Est-ce que ce sera une autonomie au stade le plus achevé. C'est ces formules-là qu'il faut trouver. Mais je crois que ce qui est important, et moi, je vois le rôle du comité à ce niveau-là, c'est de faire en sorte de pouvoir préparer nos populations de façon à créer des conditions maximales pour que les populations concernées soient à même de se décider en toute connaissance de cause, sur l'une ou l'autre formule qui seront proposées à ce moment-là, mais bien sûr dans le cadre de l'application de l'Accord.
Journaliste : Philippe Gomès :
Philippe Gomès : Oui, ce qui a déjà été installé lors du précédent comité des signataires, 2010, donc, c'est pas une nouveauté, c'est un comité de pilotage. Je cite le titre du comité pour éviter franchement les interprétations erronées : qui a pour tâche d'approfondir les éléments de discussion dans la perspective de la consultation prévue après 2014. Ces termes ont été explicités à plusieurs reprises, et par le Premier ministre et par le président de la République, l'année dernière, et cette année encore. Ce sont toujours les mêmes fondamentaux, c'est-à-dire : il s'agit de préparer une échéance, d'échanger sur le sujet, de se nourrir, comme l'a exposé Rock Wamytan, de tout ce qui peut exister dans le monde en termes souveraineté partagée, d'autonomie élargie, de liens reconstruits avec une ancienne puissance coloniale. C'est le travail de ce comité. Et pour que ce travail soit effectué, trois experts ont été nommés, trois experts de l'État, un conseiller d'État, un professeur de Droit et un représentant du ministère de l'outre-mer. Ce comité a une vertu majeure, c'est qu'il associe tous les partis politiques, on n'est pas juste avec des signataires historiques, on est également avec Jean-Luc Régent du RPC, Nidoish Naisseline du LKS, le Palika, Calédonie ensemble et les autres mouvements politiques. Et donc, le travail de ce comité, il va se situer dans cette perspective-là. C'est pas un travail où on organise un référendum en 2014. Je sais qu'il y a un mouvement indépendantiste qui parle de Kanaky 2014.
Journaliste : Et le but de ce débat, c'est d'expliquer aux Calédoniens.
Philippe Gomès : Non, le but de ce débat, c'est pas d'expliquer aux Calédoniens, c'est de partager entre sensibilités politiques différentes, chez les indépendantistes et chez les non-indépendantistes, les perspectives d'évolution qui s'offrent à la Nouvelle-Calédonie, par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde. Mais ensuite, et le président de la République l'a dit dans son discours, l'année dernière à l'Élysée. Je vous demande de bien intégrer ces termes parce que pour moi, ils sont importants : c'est à la majorité issue des urnes en 2014, donc les élections provinciales de (inaudible) qu'il appartiendra de décider les termes de la consultation. En clair : nous avons la responsabilité, aujourd'hui, de continuer à échanger de manière plus précise sur ces solutions de sortie, mais bien évidemment, le suffrage universel qui s'exercera lors des provinciales de 2014 dira qui est à même, de part et d'autre, de porter des solutions de sortie de l'Accord de Nouméa.
Journaliste : Sonia Backes, le mot décolonisation ne fait plus peur aujourd'hui au Rump ?
Sonia Backes : Non, je crois qu'à plusieurs reprises, nous avons affirmé que nous étions dans ce processus. Philippe Gomès avait indiqué, d'ailleurs, quand il était président du gouvernement, à une réunion internationale, que nous étions dans le cadre d'une décolonisation au sein de la République. Je crois qu'on est vraiment dans cette démarche-là. La question, elle est très claire, je crois, pour tout le monde, elle est de nous permettre d'éclairer les uns et les autres sur les différentes voies possibles, pendant les trois ans qui nous restent avant 2014, pour que les choix que nous ferons à l'avenir se fassent en toute connaissance de cause, tout simplement.
Journaliste : Jean-Luc Régent :
Jean-Luc Régent : En fait, l'Accord de Nouméa est un accord qui va bien au-delà des dispositions de l'ONU en matière de décolonisation. Donc, nous sommes bien…, nous sommes en avance sur ces dispositions-là, donc, je crois qu'on peut considérer que depuis la signature des Accords de Matignon, nous sommes dans un pays, un territoire en voie de décolonisation.
Journaliste : Rock Wamytan, votre partenaire, le Parti travailliste, Louis Kotra Uregei revendique, lui, ouvertement, Kanaky 2014 : pleine souveraineté en 2014. Et il dit : oui, effectivement, c'est notre revendication, mais nous ne sommes pas tout seuls, nous avons des partenaires. Est-ce que ça veut dire qu'éventuellement, il y a une discussion au sein de ce comité politique UC – Parti travailliste ?
Rock Wamytan : C'est un vœu qui n'est pas à exclure. À partir du moment où le texte de l'Accord dit qu'au lendemain des élections de mai 2014, s'il y a une majorité des trois cinquièmes du Congrès qui le demande, on déclenche le référendum d'autodétermination. C'est tout simplement une possibilité, mais ça peut ne pas se passer comme ça, aussi. Ce sera en fonction des résultats des provinciales de 2014. Bon, on le dit tous, ce sont des positionnements politiques que les uns et les autres ont, mais chacun travaille au niveau de son camp pour pouvoir faire avancer (inaudible)
Journaliste : Est-ce qu'il n'y a pas de surenchère un petit peu ?
Rock Wamytan : Mais c'est pas des surenchères puisque c'est prévu dans la loi organique !
Journaliste : Des surenchères politiques, des argumentations politiques, d'utiliser le mot indépendance …
Rock Wamytan : Je ne sais pas. Si dans les trois ans nous arrivons à convaincre une majorité des trois cinquièmes, le référendum, il se déclenche.
Journaliste : Philippe Gomès :
Philippe Gomès : Je voudrais juste expliquer quelque chose : aujourd'hui, l'Accord de Nouméa prévoit qu'une question est posée entre 2014 et 2018 au peuple calédonien. Cette question c'est : est-ce que vous souhaitez que les compétences régaliennes, exercées par l'État, monnaie, justice, défense, relations étrangères, etc., soient exercées par la Nouvelle-Calédonie ? Est-ce que vous souhaitez que la citoyenneté calédonienne devienne la nationalité du pays ? Et est-ce que vous souhaitez que la Nouvelle-Calédonie puisse acquérir un statut international, avoir son siège à l'ONU ? Et cette question sera posée aux Calédoniens si la majorité des trois cinquièmes du Congrès le demande. Et si en 2018, personne ne l'a demandé, du moins la majorité des trois cinquièmes n'a pas été réunie, à partir de ce moment-là, l'État organisera obligatoirement ce référendum. Donc, voilà la question qui, en l'état actuel des choses, a vocation à être posée aux Calédoniens. Cette question ne peut être modifiée qu'à partir du moment où les forces politiques locales ont pu aboutir à un consensus. Ce consensus conduira à une modification de l'Accord de Nouméa, c'est-à-dire une modification de la question qui est prévue aujourd'hui, et donc à une modification de la Constitution. C'est une procédure extrêmement lourde qui est engagée, mais au jour d'aujourd'hui, la question qui est prévue, c'est celle qu'a rappelé Rock Wamytan. Il n'y a pas d'autre question de prévue pour sortir de l'Accord de Nouméa. Sauf qu'on est un certain nombre, et j'en fais partie de longue date, à dire : cette question, c'est pas une bonne question, parce qu'elle va cliver, elle va opposer les uns et les autres, elle va faire des vainqueurs et des vaincus, elle va être génératrice de tensions politiques, économiques, sociales, ethniques, et qu'il nous faut essayer de voir si on peut poser une question qui rassemble les Calédoniens au lieu de les diviser. C'est le sens du travail qui est engagé aujourd'hui, mais c'est un travail de longue haleine.
Journaliste : Sonia Backes :
Sonia Backes : Ce qui est important, c'est qu'on ait travaillé pour savoir effectivement quelle est la question, mais je crois surtout que ce qu'il faut retenir, c'est que rien ne pourra se faire dans le dos des Calédoniens. Cette question-là, elle est prévue. Il est prévu qu'il y ait un référendum, une consultation des Calédoniens. Quelles que soient les propositions vers lesquelles on se dirige, quelles que soient les solutions qui pourraient être proposées, elles passeraient, ces propositions, devant l'avis de la population.
Journaliste : Un dossier qui est très important, c'est notamment notre fameuse ressource nickel. Est-ce qu'on est en train de préparer un schéma stratégique du nickel pour les 20, 30 ans à venir ? Pourquoi c'est important ? Est-ce qu'il y a urgence ou pas ? Jean-Luc Régent :
Jean-Luc Régent : C'est urgent, puisque comme c'est un problème qui nous amènera, à terme, à parler notamment des participations publiques au sein des différentes sociétés, puisque, pour que la Nouvelle-Calédonie puisse maîtriser son destin en matière de nickel, en matière économique en général, il faudra donc intégrer cette donnée-là. Je crois qu'il faut en parler, il était nécessaire d'aborder tous ces sujets-là assez rapidement.
Journaliste : Sonia Backes :
Sonia Backes : Ce qui est surtout important, c'est que ça fait partie intégrante de ce qu'on est en train de construire, c'est-à-dire que la ressource nickel, c'est la principale ressource de Nouvelle-Calédonie et c'est, si on veut construire une solution institutionnelle durable, il faut qu'on puisse s'appuyer sur cette ressource-là. Et dire que le sous-comité, il y a quand même trois comités qui ont été mis en place, le bilan de l'Accord, et puis les solutions institutionnelles de sortie, mais ce troisième comité, on voit bien qu'il est au même niveau parce que cette ressource nickel, elle sera partie intégrante de la construction de notre avenir. C'est d'ailleurs celui des trois qui a le plus avancé, puisqu'on a Anne Duthilleul qui est présente et qui fait un gros travail sur ce sujet.
Journaliste : Le comité qui avait travaillé sur le nickel a donc fait un état des lieux en rappelant qu'on a au moins pour 40 ans de ressource nickel de haute qualité, et plus d'un siècle pour un nickel de moins bonne qualité. Rock Wamytan :
Rock Wamytan : Ce qui est important pour la Nouvelle-Calédonie, c'est bien de définir des stratégies en la matière, puisque jusqu'à présent, le pays avait agi un peu au jour le jour. Bien sûr il y a eu le schéma minier, le code minier, tout ça, donc, en fait, ce comité de pilotage qui a été mis en place l'année dernière lors du comité des signataires, le comité pour la stratégie industrielle, c'est bien dans ce cadre-là, de façon à faire quoi ? De façon à faire en sorte que nous, la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Calédonie dispose de ressources importantes, nickel, cobalt, etc. On a un marché, on a des opérateurs, nous avons un patrimoine. Comment créer une synergie de façon à ce qu'on puisse gérer au mieux notre ressource pour le développement économique ? C'est ça, l'idée principale. Donc, il y a une méthode qui a été proposée par Anne Duthilleul, l'année dernière. Donc, nous sommes en train d'avancer puisque nous sommes rendus maintenant, je crois, au troisième, quatrième réunion de ce comité de pilotage des stratégies industrielles. Donc, nous avons examiné les ressources, l'état des ressources du pays. Le deuxième point, ce sont les procédés, le troisième point, c'est la question de la valeur ajoutée, c'est un déterminant économique. Nous allons passer ensuite aux impacts, impacts à tous les niveaux : socio-économiques, environnementaux, etc., et ensuite, nous allons définir les moyens. Si vous voulez, tout cet ensemble-là, c'est un peu la boîte à outil, et à partir de là, la Nouvelle-Calédonie va pouvoir faire et tracer sa propre stratégie pour pouvoir valoriser au mieux ses ressources en fonction des moyens dont elle dispose.
Journaliste : Philippe Gomès, c'est capital ?
Philippe Gomès : C'est capital à plusieurs titres. D'abord parce que ça conditionne notre capacité à maîtriser nos ressources et notre industrie métallurgique, ce qui est pas le cas aujourd'hui. Je rappelle que nous n'avons que 34 % dans la SLN et que, aller à 51 %, pour maîtriser ce qui est la première société du pays…
Journaliste : C'est-à-dire que le pays soit actionnaire…
Philippe Gomès : Le pays est aujourd'hui actionnaire mais à un niveau minoritaire, alors que s'il l'était à un niveau majoritaire, il aurait une capacité de décision, bien sûr qu'il n'a pas aujourd'hui.
Journaliste : Pour preuve : la SLN, elle prend dans le gras. Elle utilise tous ses gisements qui sont hyper rentables, avec des minerais en haute teneur, et elle bloque, parce qu'elle est propriétaire des titres, elle bloque tous ses gisements avec un minerai de moins bonne qualité, et vous les politiques, malheureusement, vous pouvez rien y faire.
Philippe Gomès : Je veux pas rentrer là-dedans, je veux simplement dire que dans le cadre du schéma, l'idée, c'est de dire : comment le pays prend le contrôle, non seulement de ses ressources, mais également de son appareil métallurgique, industriel ? On a le contrôle de l'usine du Nord qui est en cours de construction, avec 51 %. Il faudra prendre, à un moment donné, le contrôle de la SLN, Calédonie ensemble y est favorable, et il faut monter en puissance au sein du capital de Vale Inco. On est à 5 % et on a la possibilité de monter à 20. Ça, c'est le premier aspect du schéma, et ensuite, quand on a ces participations, comment on fait en sorte qu'elles soient coordonnées, concertées, pour que ce soit l'intérêt général du pays, au bout du compte, et pas l'intérêt des opérateurs qui soit pris en considération. Ça, c'est un premier volet. Le deuxième volet, c'est celui relatif à la redistribution des richesses. On a un nickel, c'est formidable. On a le Ruamm qui est au fond du trou. Un quart de la population du pays qui vit au dessous du seuil de pauvreté, etc. donc, l'idée, là aussi, c'est (inaudible) pour le pays de la richesse minière, et en l'espèce, l'une des perspective, c'est la création d'une redevance d'extraction, qui serait payée pour toute tonne extraite et/ou exportée, et qui viendrait abonder le budget et, le cas échéant, un fonds pour les générations futures. Troisième volet, si vous me laissez terminer, qui me semble aussi important que les deux premiers, c'est les doubles impacts locaux du développement de notre industrie. Rock Wamytan en a un peu parlé, c'est-à-dire, c'est à la fois l'environnement, et en même temps, l'emploi. Sur l'environnement, il est clair qu'avec les gaz à effet de serre que nous allons émettre, du fait du développement du Nord et du Sud, la question de l'usine de production de gaz de la SLN est un enjeu important parce que, en termes d'environnement, ce sera très positif pour notre pays. De la même manière, l'impact en termes d'emplois des usines, c'est formidable. Il faut impérativement que notre appareil de formation soit à la hauteur des enjeux, et qu'on n'ait pas simplement les postes d'employés et d'ouvriers, dans ces usines, mais qu'on ait aussi des postes de cadres et d'ingénieurs. Ça, c'est un effort qui a été engagé. Dire que rien n'a été fait, ce ne serait pas sérieux, mais c'est un effort qui doit être amplifié. Donc, vous voyez le schéma, c'est en réalité embrasser cet ensemble-là, et donc, c'est un schéma, bien sûr, qui sera extrêmement important au final.
Journaliste : Sonia Backes, c'est l'enjeu majeur pour les 5, 10 ans à venir :
Journaliste : Souvent, en économie, on dit : la richesse d'un pays n'est pas forcément synonyme de richesse de ses populations.
Philippe Gomès : Il y a qu'à voir une bonne moitié de l'Afrique qui est assise sur des richesses immenses, de toutes natures, et dont la population vit toujours, 50 ans après l'indépendance, dans la plus extrême pauvreté. Donc, oui, la question de la mainmise d'un certain nombre de multinationales, etc. est une vraie question pour des petits pays comme le nôtre, pour des petites économies comme les nôtre et on doit se défendre, à leur égard, de façon à ce que l'intérêt général du pays soit préservé. On commence à le faire dans le secteur minier et métallurgique, mais il faut poursuivre ce travail.
Journaliste : C'est ça au fond : avoir l'indépendance économique, avoir la main.
Philippe Gomès : Je vais laisser Rock Wamytan parler de l'indépendance économique.
Rock Wamytan : Ben, en fait, ça a toujours été le principe qu'a défendu le FLNKS depuis plus de 20 ans. C'est-à-dire par rapport à nos propres richesses, par rapport à nos ressources naturelles, c'est bien de pouvoir maîtriser nos ressources et contrôler les outils qui valorisent ces ressources. Donc, ça a toujours été notre principe et, depuis, le FLNKS a toujours suivi ce principe-là et toutes les initiatives que nous avons prises depuis, notamment au moment des discussions politiques qui ont abouties, quelques mois plus tard, à l'entrée des intérêts de la Nouvelle-Calédonie dans SLN-Eramet, ça se situe bien dans cette démarche-là. Et nous allons continuer à poursuivre, mettre en application l'accord que nous avons passé, en juillet 2000, par rapport à ce que disait Philippe Gomès, c'est-à-dire, à terme, d'arriver à la prise majoritaire dans le capital de la SLN
Journaliste : Jean-Luc Régent ?
Jean-Luc Régent : Oui, moi, je voulais dire que notre émancipation, en fait, est conditionnée aussi par notre capacité à nous autofinancer. C'est-à-dire, qu'il faut pas confondre la souveraineté fiscale, qu'évoque monsieur Chauchat assez souvent, et l'autonomie financière, c'est pas du tout la même chose, même si dans l'esprit des gens, ça a un peu tendance à se confondre. Enfin, c'est tout au moins ce qu'on essaye de faire. On essaye de créer cette confusion pour dire : vous savez, on est déjà pratiquement indépendant, puisque, regardez, on a la souveraineté fiscale. C'est pas du tout le cas. Mais, il est effectivement important que, quel que soit l'avenir politique de la Nouvelle-Calédonie, on se rapproche au maximum d'une autonomie fiscale, d'une autonomie financière et c'est ce qui a même été dit d'ailleurs, je crois, par la délégation du FLNKS, l'an dernier, devant le comité des 24 qui avait évoqué, effectivement, leur désir de voir une Nouvelle-Calédonie autonome, mais après qu'elle ait atteint son autonomie financière.
Journaliste : Autre thème important, les transferts de compétences. Il y a l'enseignement, il y a aussi le droit civil et commercial, c'est un dossier majeur ?
Sonia Backes : Alors, sur l'enseignement, il y a eu quand même des avancées intéressantes, puisque nous avons quasiment finalisé les conventions qui vont permettre le transfert effectif de la compétence enseignement, pour la rentrée 2012, avec notamment une question essentielle qui est l'organisation de la compétence enseignement demain, où la Nouvelle-Calédonie s'est battue pour avoir, non pas une scission de services pour avoir encore un enseignement encre plus éclaté que ce qu'il n'est aujourd'hui, mais le regroupement de l'ensemble des compétences enseignement dans un service unique, avec une co-nomination du vice-recteur, à la fois par l'État, pour ce qui concerne les compétences de l'État, et par la Nouvelle-Calédonie, pour ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie. Donc, ça, c'était un point essentiel, on a avancé dans les réunions de travail, cette semaine, sur ce sujet-là.
Journaliste : On est prêt pour cette école calédonienne ?
Sonia Backes : Oui, on est prêt pour ce transfert de compétences. On est prêt, en tout cas, pour assumer la compétence telle qu'elle est assumée, aujourd'hui, par l'État. Ensuite, l'objectif d'un transfert de compétences, c'est de faire mieux ! Et ce faire mieux, c'est ce que nous allons construire dans le cadre du projet éducatif que nous devons mettre en œuvre, en partie, d'ici la fin de l'année 2011 et ensuite que nous devrons améliorer au fur et à mesure. Simplement, sur cette question de l'enseignement, il y avait aussi un autre sujet majeur qui était le sujet des lycées, où, là, nous avons obtenu un engagement de l'État, avec une inscription des crédits nécessaires à la construction des deux lycées, à hauteur de 19 millions d'euros, d'autorisation d'engagement. Donc, ça, c'était quand même une avancée importante de ce comité des signataires et puis ensuite, un certain nombre de sujets importants ont été traités et ont pu être réglés pendant cette semaine.
Journaliste : Philippe Gomès ?
Philippe Gomès : Oui, la question des transferts, c'est la question de notre capacité à nous émanciper, donc, c'est pas rien. Les compétences qui ont vocation à nous être transférées, pendant le mandat 2009-2014, sont immenses; Droit civil, droit commercial, sécurité civile, règles de l'état civil, l'enseignement, circulation maritime et aérienne, établissements publics, comme le centre Tjibaou, le CDP, l'ADRAF. Donc, vous voyez que la Nouvelle-Calédonie, en 2014, aura sous sa responsabilité des pans entiers de gestions de services publics, ou des pans entiers dans un cadre normatif comme le droit civil ou le droit commercial.
Journaliste : Et le relevé des conclusions de ce comité le dit bien.
Philippe Gomès : Tout à fait, c'est d'autant plus important que ces transferts, s'ils sont réussis, les Calédoniens auront confiance dans une Nouvelle-Calédonie apte à exercer des responsabilités plus larges. Si ces transferts sont ratés, et on en a raté dans le passé, on cite souvent le droit des assurances, qui a été transféré, sur lequel on n'est jamais intervenu. Pour le coup, on a un droit des assurances vitrifié, aujourd'hui, en Nouvelle-Calédonie. Ben, si on les rate, les Calédoniens, à juste titre, diront : attendez, stop sur l'émancipation, parce que, ou-est-ce que vous nous emmenez ? Donc, réussir le droit civil et le droit commercial, c'est faire, demain, en sorte que les rapports dans notre société, qu'il s'agisse des rapports entre individus ou des rapports entre sociétés, continuent à être possibles avec un droit qui soit moderne. Réussir le transfert de l'enseignement, c'est faire en sorte que les 70 mille enfants qui sont scolarisés dans ce qui va nous être transféré demain, que ces 70 mille enfants-là, ces 70 mille élèves-là, leurs parents n'aient pas l'impression que le transfert à la Nouvelle-Calédonie ait conduit à une dégradation du service public. Dégradation des établissements scolaires, dégradation de la formation des maîtres et des professeurs, etc. Donc, véritablement, là, je crois qu'au-delà des sensibilités politiques, il y a une volonté collective d'être responsables dans cette émancipation-là, c'est pour ça d'ailleurs que le relevé de conclusion du comité des signataires le reprend et je crois que c'est de bon augure, ça, par contre qu'après une période un peu tumultueuse ou un peu erratique, en ce qui concerne les transferts de compétences aujourd'hui, il y ait, collectivement, une volonté d'avancer de manière ferme, mais en même temps la plus sécurisée possible.
Journaliste : Rock Wamytan, ça veut dire, qu'au fond, c'est tellement important qu'il vaut mieux prendre son temps, quitte à les retarder un peu, c'est le cas ou pas ?
Rock Wamytan : Bon, je défends l'option indépendance moi. Quand nous avons discuté, que ce soit à Matignon en 88, ou en 98, donc, c'est cette option-là que nous avons défendu, donc, l'accession de la Nouvelle-Calédonie à sa pleine souveraineté. Donc, la question des transferts, elle se place à ce niveau-là, voilà, c'est-à-dire que pour un pays…, dans toutes les décolonisations des pays qui ont été colonisés par la France, le transfert de ces compétences-là se sont passés en un an, ou deux ans, ou trois ans, pas plus, maximum. Là, ce que nous avons obtenu, à la négociation, en 98, c'était un transfert, non pas en un an ou deux ans, puisqu'après c'est l'accession à la pleine souveraineté, mais, sur 15 à 20 ans. Donc, c'est ce qui est en train de se passer, donc, il y a eu tout un bloc qui est passé sur la première et la deuxième étape, premier et deuxième mandat. Troisième mandat, normalement, ce sont les compétences de l'article 27, dont l'université par exemple, et ensuite, c'est le transfert des compétences régaliennes. Donc, c'est dans cette démarche-là. Bon, ben, maintenant, c'est vrai que, ça, c'est le principe, mais après, effectivement, il faut pas effrayer les gens avec ces transferts. Il faut pas que ça nous tombe sur la tête, comme ça, et puis voilà. Donc, il faut préparer et c'est surtout là-dessus que notre délégation est beaucoup intervenue, c'est qu'il faut profiter de ces transferts. De profiter que la Nouvelle-Calédonie va exercer, effectivement, ces transferts-là, de façon à pouvoir les adapter au contexte culturel, au contexte sociologique d'un petit pays finalement, nous sommes que 250 mille, pas plus.
Philippe Gomès : Mais, un mot, pardonnes-moi, le transfert peut aussi être une opportunité. On garde le thème de l'enseignement, si vous le voulez bien, on va illustrer l'opportunité du transfert. L'opportunité du transfert, c'est non seulement, bien sûr, d'adapter notre école de manière plus précise aux réalités du pays, c'est la question du projet éducatif calédonien qui doit être un véritable creuset pour la construction du destin commun, mais le transfert, l'opportunité du transfert de l'enseignement, c'est aussi mille postes de professeurs et de cadres de directions qui vont se libérer dans les cinq, dix ans à venir, qui sont autant d'opportunités d'emploi pour les Calédoniens, qui pourront d'autant plus facilement être pourvus, que les concours seront des concours territoriaux réservés. En clair, une possibilité pour les Calédoniens qu'ils réussissent d'être affectés immédiatement en Nouvelle-Calédonie. Alors, bien sûr, il faut que la puissance publique accompagne fortement ça, au travers de ce qu'on peut appeler un véritable "plan Marshall" de formation, parce qu'aujourd'hui, on a 40 à 45 Calédoniens qui réussissent, chaque année, le CAPES, donc, vous voyez que c'est extrêmement réduit. Il faudrait qu'on arrive à une centaine, par année, qui le réussissent. Donc, ça va nécessiter des moyens importants d'accompagnement, de formations, de préparation aux concours, mais c'est en même temps une formidable opportunité pour la jeunesse du pays. Et donc, il faut savoir, non seulement exposer les risques, c'est ce qu'on vient de faire. Attention aux transferts des compétences, c'est pas évident, il faut qu'on sache les exercer, mais en même temps, mettre en valeur les opportunités de cette émancipation parce que c'est aussi porteur d'avenir pour la jeunesse de notre pays.
Journaliste : Au final, c'est vraiment important de se retrouver autour de la table, loyalistes, indépendantistes et l'État pour discuter ensemble et s'entendre surtout pour préparer collégialement l'avenir du pays ?
Sonia Backes : Oui, c'est essentiel. C'est vraiment des moments…, que ce soit le comité des signataires lui-même, ou les réunions qui précèdent ce comité des signataires, c'est essentiel, parce que ça permet, réellement, de donner le coup d'envoi, concret d'un certains nombre d'actions. Et, là, le coup d'envoi concret, et c'est dans le discours du Premier ministre qui a été donné cette fois-ci, c'est le lancement des réflexions qui doivent éclairer les différentes voies possibles pour notre avenir, et ça, c'est essentiel. Il nous reste trois ans avant 2014. On a maintenant les experts qui ont été nommés, je crois que ce qui est essentiel, c'est ça.
Philippe Gomès : Éclairer l'avenir, c'est nécessaire, c'est formidable, il faut le faire, mais il faut aussi éclairer le présent. Le présent, c'est aujourd'hui un gouvernement dans lequel collégialité et consensus sont pas au rendez-vous. Calédonie ensemble, comme chacun sait, ne fait pas partie de la coalition qui contrôle, aujourd'hui, le Congrès et le gouvernement. Le Premier ministre a rappelé dans son discours d'ouverture qu'il est nécessaire, je le cite, au sein du gouvernement, de faire vivre la collégialité et consensus et que c'est une responsabilité partagée entre le président du gouvernement et chaque membre du gouvernement. Donc, moi, ce que je souhaite, c'est que cet apaisement constaté, à l'occasion de ce comité, que cet éclairage de l'avenir qui doit rassembler les uns et les autres, faisons en le vœu, je souhaite qu'au retour à Nouméa, on le retrouve aussi, que les membres Calédonie ensemble du gouvernement pourront avoir les secteurs raisonnables dont nous parlons depuis plusieurs semaines et que l'éclairage "matignonesque" se retrouvera également rue des Artifices, là où se trouve l'immeuble du gouvernement.
Sonia Backes : C'est pas une conclusion, ça, Monsieur Gomès.
Philippe Gomès : Ah ça me semble être une bonne conclusion pour éclairer le présent, Madame Backes.
Sonia Backes : C'est pas une conclusion, parce qu'en matière de collégialité, vous avez pas de leçon à donner.
Philippe Gomès : Eh ben, en matière de collégialité, c'est sûr, que vous avez des leçons à prendre.
Journaliste : Jean-Luc Regent :
Jean-Luc Regent : Nous, nous pensons, effectivement, que c'est une bonne chose que les gens puissent se réunir sous l'égide des plus hautes autorités de l'État pour que celles-ci donnent l'impulsion à chaque nouvelle étape. Et en ce qui concerne ce qu'a évoqué Philippe Gomès tout à l'heure, je pense qu'il faut que chacun fasse un effort, effectivement, pour les gens puissent s'entendre et que les gens voient chacun en ce qui les concerne, enfin disons pas leurs propres intérêts personnels, ou l'intérêt de leur propre parti, mais l'intérêt de la Nouvelle-Calédonie.
Journaliste : Rock Wamytan :
Rock Wamytan : Je voudrais dire aux auditeurs calédoniens qui nous écoutent que ces rendez-vous parisiens, de toute la classe politique est hautement importante, ici, à Paris, puisque, là, comme disaient les uns, les autres, c'est l'occasion, pour nous, de rencontrer les plus hautes autorités de l'État et d'aller ensemble, de cheminer ensemble dans l'esprit de l'Accord de Matignon, dans l'esprit de l'Accord de Nouméa, je pense que c'est important. Et je crois, dans cet état d'esprit qui a été souligné quand même par le Premier ministre, lors de son discours, il disait à un moment donné, au moment où il a présidé, il disait que c'est qu'en Nouvelle-Calédonie qu'il trouve cette démarche-là. C'est-à-dire, des groupes qui sont opposés, ils arrivent toujours, après des conflits, à retrouver des compromis, des consensus, des chemins de concertation et d'aller ensemble. Mais, pour peut-être donner un message d'espoir, je dirais que, peut-être, qu'il faut aller dans ce sens-là…
Journaliste : Et vous regardez Philippe Gomès en disant ça !
Rock Wamytan : Non, mais je pense que Philippe Gomès, avec son groupe, ils sont aussi dans cette volonté d'apaisement. Donc, les uns et les autres, nous trouverons bien une solution pour aller tout le monde ensemble, parce que la Calédonie a besoin de tous ses élus, tous ses groupes politiques. Elle n'a pas besoin, seulement, d'un petit groupe pour mener le troupeau, je pense que c'est tous ensemble que nous devons le faire, parce que c'est l'esprit de l'Accord de Matignon et de l'Accord de Nouméa.
Philippe Gomès : J'ai pris bonne note des déclarations de Rock Wamytan.
Journaliste : En tous les cas, merci à vous quatre d'avoir participé à ce débat.