vendredi 16 novembre 2012

DES CASES QUI GËNENT LE STATIONNEMENT DES VOITURES !!!



Les cases de la baie de la Moselle, « la tribu dans la ville » : une cacophonie bien truffée de racisme, de calcul politique, de la maladresse aux commandes ….. C’est tout, et très peu de positif.



Le mardi 13/11/2012 un jour qui marquera l’histoire de ce pays : des cases kanak sont détruites à cou de bulldozer, de bon matin, le soleil était à peine levée. C’est une étape d’une longue histoire, celui de ces slogans qui rythmaient la fête du 24 Septembre depuis un certain nombre d’années déjà. Le 24 Septembre jour de deuil pour le peuple kanak et rebaptisé depuis : la fête de la citoyenneté. Quelle belle évolution, mais au vue de ce qui s’est passé on est un peu tenté, de dire : oui évolution il y a eu, mais avec du 80% terminologique et (pour ne pas être trop négatif) 20% de concret.



Tout allait bien quand le Comité 150 ans après (composé de militants nationalistes) se contentait d’afficher des projets de poteaux sculptés mais dès lors qu’il est passé sur de la précision dans ses slogans, jugés donc par l’opinion comme trop proches de ceux du mouvement nationaliste, un fossé s’est quelque peu creusé autour des acteurs habituels chargés de l’organisation de la fête du 24 Septembre. Le drapeau Kanak sculpté et posé à Balade (Nord de la grande terre), pour marquer le 24/09/2011, a causé quelques soucis de coordination, avec les officiels et aussi les gens du coin. L’année d’après donc 2012 avec le slogan : la tribu dans la ville, le comité 150 ans après, s’est emmêlé dans une discussion de sourds avec la Mairie de Nouméa. Une issue a été trouvée suite à l’intervention des membres indépendantistes du gouvernement, mais pour que les cases ne restent qu’une durée déterminée qui était à peine de l’ordre de 10 Jours.



Le travail fourni gratuitement par les kanaks sensibilisés par le mot d’ordre lancé par le comité 150 ans après, et tout le contenu politique et culturel d’une telle action a emporté sur le respect de ce fameux délais imposé par la Mairie. Et c’est le début d’une tourmente au niveau de la gestion des paroles échangées pour essayer de faire comprendre la « dictature » du délai.



La destruction des cases le 13/11/2012 au matin démontre beaucoup de choses des deux côtés : indépendantistes kanak, et aussi d’une collectivité telle la Mairie de Nouméa. Des limites , des priorités qui sont loin d’être celles que défend l’ADN , d’un monde qui guette tout ce qui bouge pour polluer l’opinion de leur « soit disant bonnes paroles », de ceux qui profite pour dire tout haut qu’ils sont les premiers à trouver l’astuce pour donner raison à untel ou untel , à ceux qui contribuent en respectant la désolation après ce qui s’est passé.



Une fois de plus cet évènement nous dit qu’un peuple colonisé n’a que sa force et sa conviction pour faire avancer son combat. Bien entendu qu’il fera des erreurs, des maladresses sur son chemin car il doit évoluer dans un système où il y a des règles qui donnent la norme, et c’est là toute la difficulté qu’il aura pour expliciter la tournure des choses. Alors bien évidemment que la pointure nous est demandée pour savoir biaiser les choses , et la colère de certains pour taxer le comité 150 ans après de tous les qualificatifs ( parce qu’il a été à l’origine de l’action) ou encore du collectif parce qu’il refuse « de respecter la parole donnée » ( pour reprendre la formule du moment) s’adresse en final à ces limites dont nous devons à chaque fois dépasser pour savoir exploiter la marge étroite dont on dispose pour faire entendre notre voix.



On se range à chaque fois à l’essentiel, qui parfois se limite qu’à de la pure démagogie, mais parce qu’il faut éliminer la tâche qui gêne, en l’occurrence, le stationnement des voitures. La proposition faite par le gouvernement avec la mise à disposition d’un foncier sur le front de mer, est encore en cours de validation juridique. Mais beaucoup de points d’ombres doivent être abordés dans les prochains jours : la constructibilité du terrain, l’attribution du permis de construire, et ces leviers là dépendent d’autres services techniques. Les jours à venir nous diront plus sur le sujet.



Naku press relèvera ici l’importance de la communication et la pertinence nécessaire dans nos analyses ou tout simplement de l’appréciation d’un contour plus large d’une action. Le peuple colonisé sera toujours l’acteur d’évènements qui viennent bouger les lignes politiques, il ne peut pas faire autrement, c’est inné dans la dynamique du combat pour sa dignité. Par contre c’est aussi protéger la portée de son action que de savoir anticiper sur l’impact de ces actions sur ceux qui perçoivent ce combat comme des actes de délinquances , hors norme. L’histoire des cases avec leur destruction qui a attristé le peuple kanak, nous témoigne d’une chose : un de nos grands leaders a parlé de Pari de l’intelligence, eh bien il nous reste encore du chemin à faire, parce qu’il faut simplement se rappeler que nous luttons pour vivre et non pour une effusion de sang. C’est toute la difficulté lorsque nous sommes rendus minoritaires dans notre propre pays. Malgré toute une armature juridique, c’est à chaque fois redoubler de courage pour dire qu’il faut aller au-delà pour avancer.

Naku press : Mise en ligne le 16/11/2012 à 11h16