mercredi 16 février 2011

L'UGPE dénonce l'attentisme des autorités face au problème du manque de places dans les lycées du pays !!!

Nouméa, le 16 février 2011


CONFERENCE DE PRESSE – mercredi 16 février 2011
L’UGPE DENONCE L’ATTENTISME DES AUTORITES FACE AU PROBLEME DU MANQUE DE PLACES DANS LES LYCEES DU PAYS !


I) Le Dossier brûlant de la rentrée : toujours le manque de places qui touche les enfants kanak et océaniens
Comme chaque année, l’UGPE a remis en place son numéro Vert pour aider les parents qui rencontrent des difficultés à inscrire leur enfant pour la rentrée des classes. Ce numéro Vert, le 05 02 02 a encore une fois été très sollicité cette année, trop sollicité. A la date d’aujourd’hui plus de 170 enfants ont été recensés par le biais des familles. 170 enfants qui pour l’instant sont dans l’expectative : ils ne savent pas s’ils pourront poursuivre leur scolarité pour l’année 2011. Parmi ces 170 enfants une partie a moins de 16 ans et la grande majorité a moins de 18 ans ! Voici comment se répartissent ces 170 enfants sans affectation :
-50 sont des élèves de troisièmes, tout juste sortis des collèges du pays et qui ont vu leur dossier refusé partout ou alors, ont été placés en liste d’attente. Très souvent, ces enfants n’ont aucune qualification. Pour l’UGPE, ils représentent une priorité.
-55 enfants sont des élèves qui sortent des classes de CAP ou de BEP et qui ont déjà obtenu un premier diplôme. Souvent, ils ont choisi la voie professionnelle parcequ’ils avaient un peu peur de la voie générale, ou n’avaient pas assez confiance en leurs capacités. Grâce à la voie professionnelle, ils ont vu qu’ils pouvaient réussir et ils ont envie d’aller jusqu’au baccalauréat… Malheureusement, le manque de places dans les lycée professionnels les touche de plein fouet ! Pour l’UGPE, ces élèves sont également importants, il faut permettre au maximum d’enfants désireux de travailler de réussir et d’aller jusqu’au baccalauréat !
- 30 jeunes sont des élèves qui ont échoué au baccalauréat ou au BEP et qui ne parviennent pas à s’inscrire pour un redoublement. Leur situation est particulièrement dramatique pour les élèves de BEP car le Vice Rectorat a décidé de supprimer quasiment tous les BEP pour la rentrée 2011 (en fait, il ne reste plus que 2 formations BEP en N. Calédonie : le BEP restauration et le BEP Carrière sanitaire et sociale). Pour l’UGPE, ces élèves ont droit à une seconde chance et nous exigeons du Vice Rectorat qu’il propose des stages de remise à niveaux pour ces jeunes pour qu’ils puissent se représenter dans de bonnes conditions à l’examen, cette année !
-15 dossiers concernent des jeunes qui n’ont pour l’instant pas eu de places en collège. Souvent ce sont des enfants dont les parents viennent de déménager, mais la pression est telle dans les établissements de Nouméa que très souvent les chefs d’établissement les mettent en liste d’attente sans forcément être attentifs aux cas familiaux parfois dramatiques.
-Une vingtaine de jeunes sont des bacheliers des séries générales, technologiques ou professionnelles qui n’ont pas eu de places en BTS. L’UGPE redemande au Vice Rectorat de réserver à l’avenir les formations BTS aux jeunes citoyens du pays !

II) Où en est la construction des lycées du Mont Dore et de Pouembout ?
L’UGPE dénonce le flou dans lequel ces deux dossiers sont laissés ! alors que des enfants sont privés de formation, nous ne pouvons tolérer que certains responsables fassent traîner les dossiers de ces deux lycées pourtant décidés au plus haut niveau politique.
Le lycée de Pouembout n’a pas encore vu démarrer les études de faisabilité ! On parle à présent d’une ouverture éventuelle en 2014, mais plus probable en 2015 ! De qui se moque t’on ?
Le lycée du Mont Dore est encore plus mal parti ! Il n’est plus fixé aucune date concernant ce lycée ! Nous appelons tous les groupes politiques à s’unir pour porter ces dossiers prioritaires ! Actuellement, l’Etat, la Province Sud et la Ville du Mont Dore jouent au chat et à la souris sur ce dossier. L’Etat ne veut pas s’engager sur le terrain que la Ville du Mont Dore a d’ores et déjà trouvé. La raison invoquée semble valable : le terrain serait en permanence inondable !
Les parents et les élèves refusent d’être pris en otage de tractations politico commerciales. Nous demandons à l’Etat et à la Province Sud de donner au public tous les détails concernant ce dossier qui concerne tout le monde. Si jamais il s’avère que le dossier est mal engagé, nous exigeons que des sanctions soient prises et tous les efforts soient déployés pour que ces lycées voient le jour rapidement ! Pour cela, l’UGPE demande que les fédérations de parents d’élèves puissent être invitées pour discuter de toute urgence de l’avancée de ces dossiers à l’occasion d’une table ronde où tout sera dit dans la transparence !

III) LE DOSSIER DES LANGUES KANAK doit sortir de l’ornière dans lequel les responsables actuels de l’enseignement l’ont enfoncé !
L’UGPE dénonce les manœuvres visant à cantonner les langues kanak dans un anonymat ou pire dans un folklore de façade.


DENIGREMENT DE L'ENSEIGNEMENT DES LANGUES ET DE LA CULTURE KANAK DANS LES ECOLES PRIMAIRES PUBLIQUES PAR LE SYSTEME EDUCATIF MIS EN OEUVRE JUSQU'A CE JOUR

INTRODUCTION

Comme dans tous les pays colonisés aussi bien par les anglais que par les français, le complexe de supériorité s’est développé jusqu’au point de renier et de faire renier l’autre dans sa conception de la vie, sa représentation du monde et même dans sa démarche mentale pour résoudre des situations énigmatiques.
L’article 2 de l’arrêté GUILLAIN de 1863 qui interdisait l’étude des idiomes calédoniens (les langues kanak) dans les écoles primaires de la Nouvelle-Calédonie a encouragé fortement à l’élimination culturelle et linguistique des autochtones de la Nouvelle-Calédonie.
En 1959, une nouvelle circulaire du Vice-Rectorat confirme l’article ci-dessus cité, comme si les nombreuses effusions de sang que notre peuple a subi depuis les années 1840 avec les guerres religieuses et ensuite l’expropriation des terres des populations des provinces Nord et Sud, ne suffisent pas.
La signature de l’accord Matignon-Oudinot et l’Accord de Nouméa ont contribué à une volonté de vivre ensemble, de partage d’un destin commun pour le peuple kanak et les autres composantes culturelles de ce territoire.
Cependant, après plus de douze années de cette signature de l’Accord de Nouméa, nous, enseignants et parents kanak ainsi que nos compatriotes non-kanak qui défendons les droits universels à tout être humain, nous regrettons encore des attitudes, des manipulations du système éducatif pour toujours réaffirmer l’article 2 de l’arrêté Guillain de 1853.

1/ Présentation générale de l’enseignement des LCK: un cadre juridique bafoué
- Conformément à l’art. 1.3.3 de l’ACCORD DE NOUMEA signé en mai 1998, "les langues kanak sont, avec le français, des langues d'enseignement et de culture en Nouvelle-Calédonie. Leur place dans l'enseignement et les médias doit donc être accrue et faire l'objet d'une réflexion approfondie. Une recherche scientifique et un enseignement universitaire sur les langues kanak doivent être organisés en Nouvelle-Calédonie. L'Institut national des langues et civilisations orientales y jouera un rôle essentiel. Pour que ces langues trouvent la place qui doit leur revenir dans l'enseignement primaire et secondaire, un effort important sera fait sur la formation des formateurs. Une académie des langues kanak, établissement local dont le conseil d'administration sera composé de locuteurs désignés en accord avec les autorités coutumières, sera mise en place. Elle fixera leurs règles d'usage et leur évolution."

2/ Les nominations à la Direction de l'enseignement de la Nouvelle-Calédonie:
Malgré l’existence d’une direction en Nouvelle-Calédonie (le Vice-Rectorat puis la direction de l’enseignement primaire depuis l’année 2000), ce sera seulement en 2006 qu’une conseillère pédagogique sera nommée pour le suivi du dossier de l’enseignement des langues et culture kanak.
Cette personne était la seule kanak sur les 23 personnes nommées au siège du poste en commençant par le directeur jusqu’aux secrétaires.
A ce jour, la configuration a évolué dans le sens que le directeur et le directeur adjoint viennent tout fraîchement de Métropole depuis la rentrée 2010. Nous sommes bien partis pour le rééquilibrage !!!

2a - Depuis la création d’une direction de l’enseignement jusqu’en 2005
Etat des lieux province par province
Depuis 1999, seules la province Nord par le plan PHAX (PAICI, HOOT MA WAAP,AJIE-ARRHO et XARACUU) et la province des îles par le plan EILM (Enseignement Intégré des Langues Maternelles) ont affirmé leur volonté de faire reconnaître les langues d’origine dans les écoles primaires publiques, malgré leur faible moyen financier et humain (personnes qualifiées).


2b - Quelques tentatives de rééquilibrage depuis l’adoption le 26 septembre 2005 par le congrès de la délibération 118 de la loi organique

- La délibération 118 de l’article 6.1&2 de la loi organique adoptée par le congrès de la NC le 26 septembre 2005 qui stipule que :
ARTICLE 6-1 - Principes et modalités de mise en œuvre
-L’enseignement des langues et de la culture kanak fait l’objet d’une généralisation progressive en cycle 1,2 et 3 à l’initiative des provinces en fonction des réalités culturelles et linguistiques, des connaissances linguistiques, des outils pédagogiques et des ressources mobilisables.
En cycle 1 et au CP, cet enseignement est dispensé à compter de l’année 2006 et dans les conditions prévues à l’alinéa précédent.
Cet enseignement est généralisé dans les mêmes conditions, en CE1et cycle 3, sous réserve d’une expérimentation scientifique validée par l’autorité pédagogique.

2 – L’enseignement des langues et de la culture kanak fait l’objet d’une organisation précisée dans le projet d’école. Il est dispensé, auprès des élèves dont les parents en ont exprimé le vœu, par des enseignants qualifiés à raison de 7 heures hebdomadaires à l’école maternelle et de 5 heures hebdomadaires à l’école élémentaire.
Pour traduire leur caractère de langues d’enseignement, les langues kanak sont enseignées à travers différents champs disciplinaires.

Malgré la bonne volonté du Président de la Province Sud de l'époque, Philippe Gomès, pour faire appliquer cette délibération 118 article 6 1&2, une majorité des mairies et des directrices et directeurs d’écoles de la Province Sud ont bloqué cette initiative en soulevant le prétexte du problème de financement et de l’ouverture des locaux.
Après plusieurs regroupements avec les enseignants spécialisés en langues et culture kanak , il en est ressorti qu’il était souvent difficile de faire admettre que l’enseignement des lck est un enseignement à part entière et qu’il y a urgence à rétablir les relations professionnelles au sein des équipes pédagogiques. Beaucoup de problèmes matériels ont également été soulevé par les enseignants lck de la Province Sud...

3/ L’année 2010: Mise en berne volontaire de l'enseignement des langues kanak dans les écoles primaires publiques de la Nouvelle-Calédonie

3.1 - Mission réduite en 2010 pour le conseiller pédagogique en Langues et Culture Kanak
A titre d’exemple, voici le nombre d’écoles dispensant d’un enseignement en lck qui n’ont pu faire l’objet d’une visite en doublette avec la chef du service de la pédagogie : 22 écoles sur 23 pour la circonscription des Iles loyauté, 10 écoles sur 14 pour la Province Sud et aucune école en Province Nord...

3.2 - Mise en œuvre d'une politique linguistique discriminatoire, raciste et anti Accord de Nouméa
Cette politique discriminatoire se traduit par le faible moyen alloué à la formation du personnel en lck par la Direction de l’enseignement de la Nouvelle-Calédonie. Par contre, la direction de l’enseignement de la Nouvelle-Calédonie n’a pas hésité à surenchérir la formation du personnel enseignant du cycle 3 pour l’anglais et le français.

3.3 - Des outils pédagogiques et didactiques réalisés non exploités, non validés
Malgré l’investissement important des conseillers pédagogiques soutenus par certains des inspecteurs et des enseignants dans les trois provinces pour la création d’outils didactiques et pédagogiques, la validation de ces productions n'a pu être effectuée non pour des raisons professionnelles mais, encore une fois, dû au changement d’équipe au gouvernement...

3.4 Formation initiale et continue du personnel en Langues et culture kanak
* dossier CAPE LCK et licence professionnelle non mis en œuvre,
* Remise en cause permanente et paralysie totale dans l'accompagnement des enseignants et des intervenants

3.5 La formation des formateurs et des enseignants titulaires en langues et culture kanak absent pour le cahier des charges de la formation 2011 !
Information de dernière minute : Suite aux derniers débats au congrès de la Nouvelle Calédonie une cellule langue et culture kanak a été créée dernièrement au sein de la DENC. L’UGPE a pris connaissance de l’arrêté pris par le Gouvernemnet de la N.Calédonie et informe qu’elle restera vigilante et mobilisée pour que cet arrêté ne soit pas uniquement de la poudre aux yeux ! Nous exigeons que les langues kanak fassent l’objet d’une véritable attention de la part des autorités du pays et de l’'Etat français. Dans les budgets une véritables lisibilité doit exister de façon à pouvoir mesurer les efforts consentis en faveur des langues kanak et éventuellement les comparer avec les budgets alloués à l’anglais par exemple.

En ce qui concerne le second degré : L’UGPE a demandé à M. Le Vice Recteur de lancer un sondage auprès de tous les enfants et les parents des classes de 6°, 5° 4° et 3° pour demander dans quelle mesure ils seraient intéressés par l’enseignement d’une ou plusieurs langue kanak dans leur établissement.
En effet, l’UGPE dénonce les attitudes rétrogrades de nombreux chef d’établissement qui refusent d’officialiser les langues kanak ! Nous saluons, les établissements publics et les équipes qui ont fait l’effort de lancer des heures en langues kanak : collèges de Rivière Salée, Collège Kaméré, collège Tuband et nous les encourageons à poursuivre et à développer les cours qu’ils ont mis en place car souvent ces efforts restent trop confidentiels.

IV) La position de l’UGPE concernant le drapeau du pays
Suite à l’adoption par les institutions de la nouvelle Calédonie du signe identitaire du double drapeau français et du drapeau identitaire kanak, l’UGPE demande au Vice Recteur, ainsi qu’au Haut Commissaire de la République de prendre toutes ces dispositions pour que les deux drapeaux soient levés dans tous les établissements du secondaire de Nouvelle Calédonie, à l’image de ce qui se pratique déjà au Haut commissariat.
L’UGPE demande à ce sujet une entrevue auprès du Haut commissaire pour aborder cette question.
En ce qui concerne les écoles primaires publiques de Nouvelle-Calédonie, l’UGPE attend toujours la réponse de M. GOMES à son courrier, lui demandant également de lever les deux emblèmes sur les écoles du pays et non pas uniquement le drapeau bleu blanc rouge. Jusqu’à présent l’UGPE n’a obtenu aucune réponse de la part du président du Gouvernement…Dès cet après midi, l’UGPE sera reçue au Gouvernement de la Nouvelle Calédonie, par le Vice Président et ne manquera pas de renouveler sa demande !

V) Le programme sciences po et les prépas aux Grandes écoles : Vigilance de l’UGPE

Le Programmes Sciences Po va entamer sa troisième promotion
La première année, en 2009, deux lauréates kanak ont été reçues et sont parties pour intégrer Sciences Po Paris, ce qui a suscité la joie et la fierté de tout le pays.
En 2010, 14 candidats dont 7 kanak ont été sélectionnés pour partir subir des épreuves de sélection orales en France. A leur retour, nous apprenons qu’il n’y a qu’un seul lauréat et en tout cas aucun kanak reçu…Pire le Lauréat, scolarisé au Lycée du Grand Nouméa n’est pas lui-même boursier puisqu’un de ses parents est lui-même enseignant ! Enfin, nous apprenons qu’au lycée du Grand Nouméa, comme par hasard, il n’y avait aucun kanak parmi les candidats qui se sont préparés au concours Sciences Po !

L’UGPE s’interroge sur ce dispositif et sur sa mise en œuvre concrète et tient à interpeller les autorités en charge de ce dossier ! Nous refuserons tout détournement de ce dispositif qui doit d’abord bénéficier à la promotion sociale pour des enfants issus de familles à faibles revenus ou de conditions modestes qui ne pourraient jamais se permettre d’offrir une scolarité à Sciences Po pour leur enfant ! Nous serons principalement attentif à la session 2011, de façon à prévenir tout abus de ce dispositif et tout détournement des objectifs de départ !

De même, en ce qui concerne les classes de prépas aux grandes écoles qui existent à Jules Garnier, l’UGPE a rencontré les équipes pédagogiques et a insisté pour que des efforts soient faits pour que dorénavant des jeunes kanak soient systématiquement intégrés dans le dispositif de préparation aux concours des grandes écoles. Apparemment pour 2011, nous avons été entendu et nous espérons que ce ne sera pas un feu de paille !