Ce jeudi 1er septembre 2011, sera adopté au Congrès du pays le budget supplémentaire 2011 d'un motant de plus de 23 milliards de F.
Madoÿ publie ici l'extrait du rapport de présentation de ce budget préparé dans des conditions particulières étant donné la stratégie d'instabilité institutionnelle menée par le parti de l'ex-président du gouvernement,P.Gomès, Calédonie Ensemble.
Introduction économique
Pour 2011, les perspectives économiques sont plutôt optimistes, selon les dernières publications de l’institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) et d’après les éléments statistiques de l’institut de la statistique et des études économiques (ISEE).
La demande intérieure et les échanges commerciaux semblent rester dynamiques. La tenue des Jeux du Pacifique en septembre, la construction de l’usine du Nord et la montée en charge de l’usine du Sud participeront à la bonne tenue de l’économie calédonienne dans les mois à venir. Par ailleurs, la tendance touristique du début d’année est plutôt favorable.
Situation au 1er trimestre 2011
Le cours du nickel au London Metal Exchange (LME) continue sa progression. En mars 2011, il s’affiche à 12,16 USD/lb, contre 10,19 USD/ lb en mars 2010 (+ 20 %), soutenu, selon Eramet, par un marché mondial du nickel en déficit d’offre.
Le prix de la livre de nickel s’établit en moyenne à 12,20 USD/lb en 2011, contre 9,05 USD/lb un an auparavant (+ 35 %).
Le cours du dollar s’affiche quant à lui à 85,25 XPF sur le mois de mars 2011, contre87,95 XPF il y a un an. En moyenne de janvier à mars 2011, il est pratiquement stable par rapport à la même période de 2010 (87,35 XPF). Convertie en monnaie locale, la livre de nickel s’établit à 1 066 XPF en moyenne sur le 1er trimestre 20, contre 782 XPF un an avant.
Depuis janvier 2011, l’extraction de minerai de nickel est tous les mois inférieure au même mois de 2010. Au terme du 1er trimestre 2011 ce sont 1,6 million de tonnes humides extraites des sous-sols calédoniens, contre 1,9 million sur la même période en 2010.
Soutenues par des cours en hausse au LME, les exportations minières se portent bien sur le 1er trimestre 2011 : leur valeur progresse de 28 %, en relation avec la hausse du cours de nickel alors que les volumes exportés reculent de 7 %.
Les exportations minières sont réparties de façon quasi équivalente entre la Corée du Sud, le Japon et l’Australie. En un an, les achats du Japon ont doublé, passant de 127 000 à 254 000 tonnes humides. Cette hausse ne compense toutefois pas le recul des commandes de l’Australie et de la Corée du Sud. Malgré leur belle progression sur le 1er trimestre, les exportations de minerai calédonien vers le Japon sont à surveiller suite aux catastrophes naturelles qui ont touché l’archipel en mars.
Par ailleurs, le marché mondial pourrait également être affecté par les troubles politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Le secteur du nickel structure les échanges extérieurs : le chantier de l'usine du Nord continue de doper les importations ; les exportations de la Nouvelle-Calédonie profitent de la hausse des cours au LME et de la mise sur le marché du nickel hydroxyde cake (NHC).
Sur le 1er trimestre de 2011, les importations augmentent de 30 % sur un an, atteignant ainsi 73 000 MF. Un tel niveau n'avait encore jamais été atteint. Ce niveau est consécutif à la livraison, depuis septembre 2010, des ensembles industriels (+ 17 000 MF) dans le cadre de la construction de l’usine du Nord.
Les importations de "produits minéraux" s'élèvent à 9 700 MF soit 1 100 MF de plus sur un an. Cette hausse est directement liée au renchérissement des cours des matières premières, notamment du pétrole et des combustibles servant à l'industrie métallurgique (tels que la houille bitumineuse et les fiouls type bunker furnace oil).
En valeur, les importations de "produits alimentaires" sont quasiment stables, malgré le renchérissement des cours mondiaux des matières premières alimentaires. Les quantités importées baissent de 12 %.
Le territoire s'approvisionne pour moitié auprès de quatre pays : la France, la Chine, Singapour et l'Australie. Les trois quarts des ensembles industriels viennent de huit pays : la Chine, les Pays-Bas, le Canada, l'Italie, l'Inde, la Malaisie, l'Australie et la France.
Les exportations s'élèvent à 31 000 MF, dont 29 500 MF uniquement pour le secteur du nickel, composé pour moitié de ferronickels, à 40 % de mattes et de minerai et le restant de NHC.
Les exportations de produits de la mer affichent leur plus bas niveau, 295 MF sur le
1er trimestre 2011, tirées à la baisse par le secteur des crevettes. Les commandes du Japon, principal acheteur des crevettes calédoniennes, reculent sur un an (- 25 tonnes). Celles des trocas et des holothuries sont globalement stables et celles des thons progressent grâce à l'augmentation des commandes des Samoa américaines, du Japon, de la Thaïlande, de la France et de l'Espagne. Dans les prochains mois, les exportations de thons en direction des Samoa chuteront : le thon pêché dans les eaux calédoniennes sera transformé en conserve sur le territoire pour approvisionner le marché local et ainsi limiter les importations de thon en conserve.
Le territoire exporte d'autres marchandises que du nickel et des produits de la mer pour un total de 1 200 MF, en hausse de 500 MF sur un an. Sur le 1er trimestre 2011, ces ventes sont quatre fois supérieures à celles des produits de la mer et sont composées, notamment d'huiles essentielles de niaouli.
La hausse des importations, supérieure à celle des exportations (+ 30 % contre + 9 %), porte le taux de couverture du territoire à 43 % sur le 1er trimestre 2011, contre 51 % un an avant. Le déficit de la balance commerciale du 1er trimestre 2011 se creuse sur un an, passant de 28 000 MF à 42 000 MF. Il n'a jamais été aussi élevé à cette période de l'année.
L’indice des prix à la consommation des ménages s’établit à 101,01 pour le mois de mars 2011. Les prix baissent de 0,1 % sur un mois malgré la forte hausse de ceux des carburants.
Les produits frais commencent leur retour à la normale après Vania, provoquant ainsi une baisse de l’alimentation de 0,8 % sur les légumes frais et les poissons frais. S’agissant des prix du tabac, ils sont stables après leur revalorisation le 10 janvier 2011. Les tarifs aériens diminuent après les vacances, expliquant la baisse dans les services de 0,5 %. Quant aux prix des produits manufacturés, ils augmentent de 0,2 % sur un mois.
La reprise de la fréquentation touristique entamée mi-2010, se confirme avec
72 300 visiteurs, contre 57 000 sur la même période en 2010. La fréquentation est tirée à la hausse par les arrivées du Japon avec 830 touristes en plus par rapport à 2010.
La métropole délivre également un signe encourageant avec la reprise des arrivées: 5400 touristes au 1er trimestre, soit 680 personnes de plus qu'en 2010. 800 touristes sont arrivés de Nouvelle-Zélande soit 110 personnes de plus qu'en 2010.
Les autres pays contribuent également à la hausse des arrivées. Participent à ce mouvement favorable : la Corée du Sud (+ 200 personnes), les pays d'Europe hors France (+ 160 personnes) et Wallis et Futuna (+ 90 personnes). Si traditionnellement, la clientèle touristique provenait de métropole, du Japon, d'Australie et de Nouvelle-Zélande, la part de marché des autres pays ne cesse d'augmenter et atteint, au premier trimestre 2011, son niveau le plus haut.
A l'inverse, l'Australie perd 500 personnes par rapport au 1er trimestre 2010, sur un total de 2 800 touristes. En glissement annuel, les arrivées en provenance d'Australie ne cessent de reculer depuis 2009. Toutefois, cette baisse traduit plus une nouvelle façon de voyager qu'une désaffection pour notre destination. Les Australiens constituent, en effet, la majorité des passagers débarquant des paquebots de croisière (80 % au 1er trimestre 2011).
Le tourisme de croisière continue sa spectaculaire progression. Au cours du 1er trimestre 2011, 34 paquebots transportant 51 000 passagers ont navigué dans les eaux calédoniennes soit 13 800 croisiéristes et 8 paquebots de plus qu'un an plus tôt (+ 37 %). Le nombre de croisiéristes débarqués au cours de ce trimestre dépasse aussi les précédents records de 2009 et 2008. Le tourisme de croisière continue ainsi sa spectaculaire progression, comme au cours des trois trimestres précédents.
Malgré la baisse de la durée moyenne de séjour des touristes, l'augmentation de la fréquentation touristique profite fortement à l'activité hôtelière qui atteint l'un de ses meilleurs résultats de la décennie au 1er trimestre : 151 300 nuitées, soit 25 100 de plus qu'il y a un an (+ 20 %). Au cours des dix dernières années, la barre des 150 000 nuitées au 1er trimestre n'a été franchie qu'en 2008. Les résidents et les non-résidents contribuent presque autant à cette augmentation. Parmi les touristes, ce sont tout particulièrement les métropolitains qui contribuent le plus à l'augmentation des nuitées hôtelières.
Au 1er trimestre, les nuitées augmentent dans les hôtels 2 étoiles (+ 34 % en glissement sur un an), surtout grâce aux touristes non-résidents (+ 62 %). Dans les hôtels 3 étoiles et plus, les nuitées augmentent de 25 %, surtout grâce aux résidents (+ 39 %). A l'inverse, les nuitées baissent dans les hôtels 1 étoile (- 24 %) pour les résidents comme pour les non-résidents.
L'augmentation des nuitées hôtelières permet une augmentation significative du taux d'occupation au 1er trimestre 2011 (59 % contre 52,9 % il y a un an).
Le nombre de demandeurs d'emploi recule et les offres d'emploi déposées depuis le début de l'année n'ont jamais été aussi nombreuses. Sur le 1er trimestre 2011, les services provinciaux enregistraient 7.560 demandeurs d'emploi en fin de mois, contre 8 060 un an avant, retrouvant ainsi son niveau des trois premiers mois de 2009.
Cette baisse du nombre de demandeurs d'emploi reste relative et concerne les trois provinces : - 260 pour la province Nord, - 220 pour la province Sud et - 20 pour la province des îles Loyauté.
En effet, le 1er semestre 2010 avait été marqué par une hausse ponctuelle des demandeurs d'emploi consécutive aux campagnes de recensement des publics employables en province Nord, menées par Cap Emploi, pour les besoins de l'usine du Nord et au développement de l'activité de l'établissement provincial de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle (EPEFIP) pour la province des îles Loyauté.
La baisse des demandeurs d'emploi concerne principalement les services aux personnes et à la collectivité (- 230 demandeurs sur un an) et, dans une moindre mesure, les services administratifs et commerciaux (- 100) et l'industrie hôtelière (- 80). Dans ce dernier cas, elle est en partie concomitante à l'ouverture du Royal Tera à Nouméa en mi-février 2011.
Les entreprises ont déposé 3 320 nouvelles offres d'emploi auprès des services de placement, contre 2 560 il y a un an. Ces nouvelles offres n'ont jamais été aussi nombreuses. La province Sud concentre les deux tiers des offres, mais la plus forte hausse sur un an concerne la province Nord avec 410 nouvelles offres supplémentaires (340 pour la province Sud).
La hausse de l'offre d'emploi est principalement tirée par les besoins en recrutement de l'usine du Nord dans trois secteurs : le transport et la logistique, la mécanique, l'électricité et l'électronique, et enfin le bâtiment, les travaux publics et l'extraction. Fin mars 2011, les infrastructures nécessaires au fonctionnement du complexe industriel de Vavouto sont construites et les modules de l'usine montés. La construction entre dans sa phase finale, avec, notamment, l'assemblage des réseaux (électricité, tuyauterie…) et des installations connexes à la production (unité d'affinage …).
Au total, 4 430 offres d'emploi restent actives à la fin du 1er trimestre 2011 soit
1 000 de plus sur un an.
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