Naku press vous renvoie à cette petite lecture, question de ne pas oublier les années sombres dans l'histoire de l'humanité... Un message de IRINA BOKOVA, la directrice générale de l'UNESCO pour ce 23/08/2012
JOURNEE INTERNATIONALE DE SOUVENIR DE LA TRAITE NEGRIERE ET SON ABOLLITION
La traite négrière, une tragédie fondatrice de notre monde moderne
La traite
négrière qui, du VIe au XXe siècle, a arraché des millions d’Africains à
leur terre pour les déporter et les réduire en esclavage dans différentes
régions du monde est longtemps restée
une histoire occultée.
Pour que cette tragédie ne
soit pas oubliée, l’UNESCO a lancé en 1994 à Ouidah (Bénin), le projet La Route de
l’esclave : résistance, liberté et héritage afin de répondre à
l’obligation historique et morale de traiter, de manière holistique, méthodique
et consensuelle ce chapitre douloureux de l’histoire de l’humanité.
En rendant hommage, le 23 août de chaque année, aux femmes et
aux hommes qui ont combattu ce système d’oppression, l’UNESCO souhaite encourager
la réflexion et les échanges sur cette tragédie qui a imprimé sa marque sur le
monde tel qu’il est aujourd’hui. En effet, par le capital accumulé durant la
traite, et le rôle d’investissement qu’il a joué dans l’industrialisation de
l’Europe et des Amériques, par les interactions culturelles issues de cette
tragédie et qui ont nourri les créations artistiques modernes, et par le combat
abolitionniste qui a profondément influencé les mouvements des droits de
l’Homme, cette histoire a contribué à façonner notre monde contemporain.
A travers ce projet, l’UNESCO met également en exergue le
dialogue des cultures entre les peuples des différents continents qui ont donné
naissance à de nouvelles expressions culturelles participant de
l’extraordinaire diversité du monde, de sa force créatrice et de sa capacité à
se réinventer perpétuellement, tel que nous le connaissons. Les expressions
artistiques - le blues, le jazz, la soul, le reggae, le mayola, le candombe, le
hip hop, le tango, la capoeira, mais aussi les manifestations des croyances et
expressions religieuses - le vaudou, les syncrétismes religieux - en sont le
fruit, et constituent notre patrimoine commun.
C’est pourquoi, loin d’être un fait du passé, la question de
la traite négrière et de l’esclavage nous interroge tous, et plus encore les
jeunes générations qui se sont appropriées cet héritage et qui, fort de ce
legs, sont pleinement mobilisées dans le combat contre le racisme et la
discrimination, conséquences persistantes de cette histoire. Ce passé nous
interpelle enfin car il soulève des questions d’une brulante actualité, telles
que la réconciliation nationale, le respect du pluralisme culturel, la construction
de nouvelles identités et de citoyennetés dans un monde en perpétuel mouvement.
A l’occasion de cette Journée de commémoration, chacun est
invité à ce devoir de mémoire, à s’interroger sur les conséquences de ce passé
sur notre présent, sur les nouvelles exigences du vivre ensemble dans nos
sociétés multiculturelles et sur la lutte contre les formes contemporaines
d’esclavage dont sont victimes aujourd’hui des millions d’êtres humains.
Par leurs luttes, leur désir de dignité et de liberté, les
esclaves ont contribué à l'universalité des droits humains. Il faut enseigner
les noms des héros de cette histoire, car ils sont les héros de toute
l’humanité.
Sources : AFP
Naku press : mise en ligne le 23/08/2012 à 21h45