Les relations tendues et conflictuelles au sein du Pacte Républicains entre les partis de la droite coloniale ont poussé Madoÿ à ressortir un article du Kanak, le journal du Palika, paru en novembre 1995 (Kanak n°169 - nov 1995 - "Cap 98 : Gagnons le défi ! ! !"). Cet article était titré "Bourgeoisie conservatrice et bourgeoisie libérale".
Rappel...
Bourgeoisie Conservatrice et Bourgeoisie Libérale, on serait bien tenter de qualifier grossièrement les tendances apparentes de la droite coloniale, du moins celle représentée institutionnellement au Congrès du Territoire.
Si « Une Calédonie pour Tous » de Didier Leroux peut être considéré comme un parti libéral en raison du programme et des rapprochements ou des alliances passées avec les forces nationalistes, peut-on aussi soupçonner d’un esprit revanchard qui l’anime ?
Il est vrai également qu’à force d’éclabousser, les histoires d’affaires finissent toujours par influencer un électorat pour le moins sensible. Un électorat n’est jamais acquis éternellement. Un anti-lafleuriste qui écrivait beaucoup aux calédoniens par le biais des fax disait en s’adressant au député de la Province Sud : « En tout cas, sois prudent car les dynasties politiques finissent souvent mal. J’en veux pour preuve ce qui est arrivé aux Duvallier à Haïti et aux Médecins à Nice. Ce serait dommage que tu connaisses les mêmes déboires ».
Le groupe Lafleur et les affaires
Le RPCR commence à payer certaines affaires qui ont beaucoup secoué voire éclaboussé le député de la Province Sud Lafleur.
Certes, « les affaires » ne datent pas des années 90 mais le contexte politique a acculé les partis de la droite coloniale à se regrouper d’abord face aux nationalistes kanak ; Le RPCR était le rempart contre l’idée d’indépendance et la garantie de la présence française dans ce bout du monde. Et, paradoxalement, parfois même, une opposition ferme vis-à-vis du gouvernement français accusé de pro-indépendantiste parce qu’il était socialiste…
Par le passé, nombre de personnes et partis ont dénoncé les pratiques malhonnêtes et magouilleuses de Jacques Lafleur et lui ont opposé une politique progressiste et libérale, surtout au regard du contexte politique de l’époque. On se souvient encore du mouvement du maire de Bourail, J-Pierre Aïfa, la FNSC (Fédération pour une Nouvelle Société Calédonienne).
Les « affaires » qui font parfois la Une des médias ont une caractéristique non-négligeable : des conflits entre gens de la droite coloniale. Nous citerons par exemple, L’hôtel Méridien et la caisse de retraite, le conflit des routiers, et celui des transporteurs, le golf de Tina sur Mer. Même avant les élections, le syndicat FO, un syndicat-maison, c’est-à-dire à la botte du Patronat donc de RPCR, n’a jamais été aussi virulent vis-à-vis du locataire de la maison bleue de la baie de Moselle…
N’oublions pas aussi la campagne électorale des autres listes en lice basée sur le thème de la « Transparence ».
Mais au-delà de ces affaires conjoncturelles qui éclatent de temps en temps au grand jour que les médias s’efforcent de minimiser et relativiser, le groupe Lafleur récolte là les effets de sa politique tentaculaire dans le milieu économique et financier. La maîtrise des institutions en particulier le Congrès (avant le fameux vote du 31 Juillet 95), la Province Sud et certaines grandes communes (Nouméa, Mont-Dore, Païta,…) a toujours renforcé ce pouvoir tentaculaire. C’est ainsi que l’informatique, le bâtiment, les travaux publics, l’habitat social, les grands hôtels internationaux ne lui échappent pas.
Dans la zone industrielle et ailleurs, il possède le ciment, la ferraille, la carrière, le transport, le bois, les tôles, les sanitaires, les revêtements de sol, la climatisation, la menuiserie… Au-delà de la concurrence le plus souvent au détriment des lobbies pro-UNCT, il n’est pas du tout étonnant que certains petits commerçants et entreprenants, victimes de cette mainmise politico-financière, aient reporté leur confiance à Didier Leroux lors des élections provinciales.
L’UNCT ou le parti anti-lafleuriste
A l’inverse des autres partis et mouvements de la droite coloniale non RPCR (ex-FNSC, RCF, FN, etc…), l’UNCT a cette caractéristique non moins négligeable : celle d’être composée d’anciens compagnons de route, parfois caillouteuse, de Jacques Lafleur. Certains d’ailleurs ont été à la pointe de la lutte anti-indépendantiste voire anti-kanak, à tel point qu’on a du mal à s’en cacher.
Mais comme toute autre chose, en matière politique, il y a des priorités. Le parcours de certains leaders de l’UNCT est édifiant et on ne peut s’empêcher de tirer une conclusion, même hâtive : leur dénominateur commun est l’anti-lafleurisme exacerbé…
Didier Leroux, leader de l’UNCT (Une Nouvelle Calédonie pour Tous) possède l’OCPD, une société grossiste importatrice de produits pharmaceutiques (…) ; Patron de la SOFRANA, société d’acconage au port autonome du Territoire, ex-patron de la Fédération Patronale, précurseur et initiateur d’une orientation, actuellement en vogue chez le syndicat des patrons : dialogue social,… Depuis le 31 juillet 95, à chaque intervention médiatique, le Député de la Province Sud lui réserve toujours un petit couplet bien saignant… Mais, contrairement aux opposants « caldoches », aux dires de certains, il possède des appuis solides dans le milieu gouvernemental français et le contentieux entre Chirac et Lafleur à propos de l’affaire d’Ouvéa qui n’est pas prêt de se dissiper, malgré la poignée très médiatique du 19 Octobre 1995, renforce cette position.
Denis Milliard : ardent défendeur des intérêts de la famille Pentecôst, ancien dilapideur de fonds publics de l’ADRAF pendant la période PONS (à l’époque, il s’entendait bien avec l’actuel édile de la commune de La Foa, et on se rappelle de l’audit commandé par l’Etat et qui s’est entassé dans des armoires comme tant d’autres dossiers « explosifs »…).
Bourgeoisie Conservatrice et Bourgeoisie Libérale, on serait bien tenter de qualifier grossièrement les tendances apparentes de la droite coloniale, du moins celle représentée institutionnellement au Congrès du Territoire.
Si « Une Calédonie pour Tous » de Didier Leroux peut être considéré comme un parti libéral en raison du programme et des rapprochements ou des alliances passées avec les forces nationalistes, peut-on aussi soupçonner d’un esprit revanchard qui l’anime ?
Il est vrai également qu’à force d’éclabousser, les histoires d’affaires finissent toujours par influencer un électorat pour le moins sensible. Un électorat n’est jamais acquis éternellement. Un anti-lafleuriste qui écrivait beaucoup aux calédoniens par le biais des fax disait en s’adressant au député de la Province Sud : « En tout cas, sois prudent car les dynasties politiques finissent souvent mal. J’en veux pour preuve ce qui est arrivé aux Duvallier à Haïti et aux Médecins à Nice. Ce serait dommage que tu connaisses les mêmes déboires ».
Le groupe Lafleur et les affaires
Le RPCR commence à payer certaines affaires qui ont beaucoup secoué voire éclaboussé le député de la Province Sud Lafleur.
Certes, « les affaires » ne datent pas des années 90 mais le contexte politique a acculé les partis de la droite coloniale à se regrouper d’abord face aux nationalistes kanak ; Le RPCR était le rempart contre l’idée d’indépendance et la garantie de la présence française dans ce bout du monde. Et, paradoxalement, parfois même, une opposition ferme vis-à-vis du gouvernement français accusé de pro-indépendantiste parce qu’il était socialiste…
Par le passé, nombre de personnes et partis ont dénoncé les pratiques malhonnêtes et magouilleuses de Jacques Lafleur et lui ont opposé une politique progressiste et libérale, surtout au regard du contexte politique de l’époque. On se souvient encore du mouvement du maire de Bourail, J-Pierre Aïfa, la FNSC (Fédération pour une Nouvelle Société Calédonienne).
Les « affaires » qui font parfois la Une des médias ont une caractéristique non-négligeable : des conflits entre gens de la droite coloniale. Nous citerons par exemple, L’hôtel Méridien et la caisse de retraite, le conflit des routiers, et celui des transporteurs, le golf de Tina sur Mer. Même avant les élections, le syndicat FO, un syndicat-maison, c’est-à-dire à la botte du Patronat donc de RPCR, n’a jamais été aussi virulent vis-à-vis du locataire de la maison bleue de la baie de Moselle…
N’oublions pas aussi la campagne électorale des autres listes en lice basée sur le thème de la « Transparence ».
Mais au-delà de ces affaires conjoncturelles qui éclatent de temps en temps au grand jour que les médias s’efforcent de minimiser et relativiser, le groupe Lafleur récolte là les effets de sa politique tentaculaire dans le milieu économique et financier. La maîtrise des institutions en particulier le Congrès (avant le fameux vote du 31 Juillet 95), la Province Sud et certaines grandes communes (Nouméa, Mont-Dore, Païta,…) a toujours renforcé ce pouvoir tentaculaire. C’est ainsi que l’informatique, le bâtiment, les travaux publics, l’habitat social, les grands hôtels internationaux ne lui échappent pas.
Dans la zone industrielle et ailleurs, il possède le ciment, la ferraille, la carrière, le transport, le bois, les tôles, les sanitaires, les revêtements de sol, la climatisation, la menuiserie… Au-delà de la concurrence le plus souvent au détriment des lobbies pro-UNCT, il n’est pas du tout étonnant que certains petits commerçants et entreprenants, victimes de cette mainmise politico-financière, aient reporté leur confiance à Didier Leroux lors des élections provinciales.
L’UNCT ou le parti anti-lafleuriste
A l’inverse des autres partis et mouvements de la droite coloniale non RPCR (ex-FNSC, RCF, FN, etc…), l’UNCT a cette caractéristique non moins négligeable : celle d’être composée d’anciens compagnons de route, parfois caillouteuse, de Jacques Lafleur. Certains d’ailleurs ont été à la pointe de la lutte anti-indépendantiste voire anti-kanak, à tel point qu’on a du mal à s’en cacher.
Mais comme toute autre chose, en matière politique, il y a des priorités. Le parcours de certains leaders de l’UNCT est édifiant et on ne peut s’empêcher de tirer une conclusion, même hâtive : leur dénominateur commun est l’anti-lafleurisme exacerbé…
Didier Leroux, leader de l’UNCT (Une Nouvelle Calédonie pour Tous) possède l’OCPD, une société grossiste importatrice de produits pharmaceutiques (…) ; Patron de la SOFRANA, société d’acconage au port autonome du Territoire, ex-patron de la Fédération Patronale, précurseur et initiateur d’une orientation, actuellement en vogue chez le syndicat des patrons : dialogue social,… Depuis le 31 juillet 95, à chaque intervention médiatique, le Député de la Province Sud lui réserve toujours un petit couplet bien saignant… Mais, contrairement aux opposants « caldoches », aux dires de certains, il possède des appuis solides dans le milieu gouvernemental français et le contentieux entre Chirac et Lafleur à propos de l’affaire d’Ouvéa qui n’est pas prêt de se dissiper, malgré la poignée très médiatique du 19 Octobre 1995, renforce cette position.
Denis Milliard : ardent défendeur des intérêts de la famille Pentecôst, ancien dilapideur de fonds publics de l’ADRAF pendant la période PONS (à l’époque, il s’entendait bien avec l’actuel édile de la commune de La Foa, et on se rappelle de l’audit commandé par l’Etat et qui s’est entassé dans des armoires comme tant d’autres dossiers « explosifs »…).
Tout le monde sait que, dans nombre de conflits sociaux, les origines ont été d’abord des oppositions entre le groupe Lafleur et celui Pentecôst ; ex : celui des transporteurs, et récemment, le syndicat des détaillants des produits pétroliers contre l’implantation d’un grand centre à Continent (le complexe commercial de Pentecôst).
Marcel Legras : issu aussi d’une famille caldoche de vieille souche, grand propriétaire foncier en particulier dans le Nouméa. D’ailleurs, il possède un cabinet d’affaires immobilières. Comme la famille Pentecôst, ils étaient les principales victimes de la délibération votée par le Congrès, à l’initiative du RPCR, pour taxer les propriétés urbaines non bâties ; Délibération qui fut par la suite annulée par le tribunal administratif…
Patrice Muller : ex-directeur du Port Autonome. Apparemment, les projets de restructuration du Front de Mer de la ville de Nouméa n’étaient pas à son goût… Mouvement éphémère ou force incontournable ? : on le saura sans tarder car le cadre fixé le 16 Octobre 95 entre les trois partenaires historiques des Accords concerne aussi les autres forces politiques, l’UNCT devra montrer sa capacité à y participer et donc, donner une autre image que celle d’antilafleurisme affairiste.
Marcel Legras : issu aussi d’une famille caldoche de vieille souche, grand propriétaire foncier en particulier dans le Nouméa. D’ailleurs, il possède un cabinet d’affaires immobilières. Comme la famille Pentecôst, ils étaient les principales victimes de la délibération votée par le Congrès, à l’initiative du RPCR, pour taxer les propriétés urbaines non bâties ; Délibération qui fut par la suite annulée par le tribunal administratif…
Patrice Muller : ex-directeur du Port Autonome. Apparemment, les projets de restructuration du Front de Mer de la ville de Nouméa n’étaient pas à son goût… Mouvement éphémère ou force incontournable ? : on le saura sans tarder car le cadre fixé le 16 Octobre 95 entre les trois partenaires historiques des Accords concerne aussi les autres forces politiques, l’UNCT devra montrer sa capacité à y participer et donc, donner une autre image que celle d’antilafleurisme affairiste.