dimanche 21 novembre 2010

Le PDG d'Eramet invité de RRB

Madoy se permet de publier une retranscription "mot à mot" effectuée par la cellule communication de la province sud sur une interview de Mr Buffet, le PDG d'Eramet, réalisée par RRB le 19 NOV 2010. L'émission étant TRANSPARENCE...


Journaliste : Invité ce midi, le PDG d'Eramet. Patrick Buffet, bonjour !

Patrick Buffet : Bonjour.

Journaliste : Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous le savez, on qualifie souvent la SLN de "Vieille Dame", en Nouvelle-Calédonie. Comment va la Vieille Dame aujourd'hui ?

Patrick Buffet : La Vieille Dame se porte très bien, on a fait un conseil, hier, à Thio, pour bien célébrer le fait que nous avons des racines si anciennes. Vous vous rendez-compte, on s'est installé en 1880, 130 ans de présence ici, à Thio, et puis Doniambo fête ses 100 ans. Les 130 ans de Thio ont été fêtés hier, par un conseil d'administration fait sur place, et aujourd'hui, on va avoir l'occasion d'en reparler, mais la société Le Nickel se porte très bien, a beaucoup de projets et présente depuis 130 ans, elle a bien l'intention d'être en Nouvelle-Calédonie pour le très long terme. Et en plus, la Calédonie est, comme vous le savez, au cœur du futur d'Eramet.

Journaliste : Un mot sur le présent. Vous avez lancé un plan d'amélioration de la compétitivité. On en est où ? Est-ce que les choses se mettent en place normalement, est-ce qu'il va y avoir des diminutions de personnels, comme on l'avait évoqué, il y a quelques temps ?

Patrick Buffet : Le programme d'amélioration de la compétitivité a été lancé dans d'excellentes conditions, avec une concertation sociale, je crois, tout à fait exemplaire, il faut en féliciter tous les acteurs locaux. Nous avons, comme objectif, en 2012, de réduire les cash cost de la société de un dollar la livre, de façon à nous situer en 2012 à la moyenne des cash cost des producteurs de ferronickel au niveau mondial. Un dollar la livre, ça représente environ 10,7 milliards de francs pacifiques. Les économies, c'est un tiers sur la mine, un tiers sur l'usine, l'énergie et un tiers sur les fonctions de supports, en gros. Nous avons prévu d'avoir un effectif cible en 2012 de 2125 personnes. Nous sommes aujourd'hui 2300 ETP et nous sommes complètement, cette année, en ligne avec la réalisation de l'objectif qui, quand même, correspond à terme à une réduction de 13 % des coûts complets de la SLN. Donc, c'est un programme ambitieux, mais réaliste et nécessaire pour qu'on se situe dans la moyenne des producteurs, en termes de compétitivité, compte-tenu de l'arrivée, sur le marché, de nouveaux projets très compétitifs. Il faut, pour assurer la survie et le développement à terme de la SLN, que nous fassions cet effort qui se traduira par une diminution d'effectifs sans aucun licenciement.

Journaliste : Diminution du personnel, mais pas de licenciement, c'est du non-remplacement, en fait ?

Patrick Buffet : Aucun licenciement, non-remplacement. On continue à faire une politique de formation et de maintien des compétences extrêmement développées, 4 % de la masse salariale est consacrée à la formation, et on fait en sorte que la préservation des savoir-faire soit acquise et que nous fidélisions les talents. Je crois que tout ça est totalement en ligne avec nos objectifs, où on a fait le point, justement, au conseil d'hier, et nous sommes exactement "on track", comme on dit en anglais.

Journaliste : Le passé, le présent et l'avenir de la SLN en Nouvelle-Calédonie. On a parlé, ces dernières années, des difficultés qu'allait avoir la SLN avec l'épuisement de ses gisements, avec le vieillissement de Doniambo. vous en êtes où aujourd'hui, quels sont vos projets en Nouvelle-Calédonie ? Est-ce que vous en avez ou la SLN va se désengager ?

Patrick Buffet : C'est très, très simple. Nous, nous sommes des opérateurs industriels et pas des opérateurs financiers. Par conséquent, il est hors de question que, dans le cadre de je ne sais quelle discussion, on puisse nous demander de perdre la majorité au capital de la SLN. Le groupe Eramet doit rester majoritaire pour pouvoir jouer pleinement son rôle d'opérateur industriel, c'est dans l'intérêt de la Calédonie, d'ailleurs, de rester majoritaire dans le capital de la SLN.

Journaliste : Ça veut dire que quand certains responsables calédoniens veulent que la STCPI prenne 51 % du capital de la SLN, c'est une fin de non recevoir de votre part ?

Patrick Buffet : C'est absolument inconcevable, et dans ce cas-là, nous quitterons la Calédonie. Donc, c'est aussi simple que ça. Mais en revanche, je n'imagine pas une seconde que des gens ayant le sens des responsabilités ,et après tout ce que nous avons fait ici, après les 900 millions d'euros d'investissements que nous avons réalisés entre 2000 et 2009 pour moderniser Doniambo, ce qui fait quand même 107 milliards de francs pacifiques entre 2000 et 2009 d'investissements, après toutes les retombées locales qu'il y a eu localement, 83 milliards de francs pacifiques d'impôts payés au territoire de 2000 et 2009, 13 milliards de francs pacifiques de dividendes versés à la STCPI, après la constatation qu'on a beaucoup de projets d'hydrométallurgies…, enfin, un très grand projet d'hydrométallurgie qui comportera plusieurs composantes qui permettra de valoriser tout le domaine minier, mais que nous sommes les seuls à posséder ce projet qui permet de traiter, à la fois les latérites et les garniérites de basse teneur, donc, à assurer la durée de vie de Thio et de Kouaoua, je ne vois pas une seconde qu'on puisse avoir envie que nous quittions ce territoire et que nous nous transformions en simple opérateur financier qui regarde passer les trains. Nous, nous sommes des industriels, pas des financiers, et nous ne sommes les rois des montages financiers sophistiqués. Nous, nous faisons notre travail de façon laborieuse, quotidienne, besogneuse et avec toute la compétence technologique qui est le point fort du groupe Eramet.

Journaliste : L'hydrométallurgie, c'est l'avenir de la SLN. Vous en êtes où dans la maîtrise du procédé, aujourd'hui, parce que vous n'avez pas encore de savoir-faire en la matière ?

Patrick Buffet : En hydrométallurgie, on est, je pense, très en avance sur à peu près tous nos concurrents. Pourquoi ? On a mis au point un procédé hydrométallurgique qui a, comme caractéristique, d'avoir une autonomie énergétique à 90 %, à la différence d'autres procédés où nous sommes autonomes à 90 % en matière énergétique. En termes d'émission de CO2, notre procédé envoie la moitié des émissions de CO2 du procédé HPAL en hydrométallurgie et le tiers des émissions de CO2 d'un procédé pyrométallurgique. Donc on est, sur le plan des émissions de CO2, particulièrement performant sur le plan environnemental. Par ailleurs, nos résidus solides sont non dangereux, ils sont stockables, et on a extrêmement peu d'effluents liquides, uniquement sous forme de traces, et tout à fait inférieur en quantité aux seuils de rejets nationaux et aux règles environnementales de seuils de rejets nationales et internationales. Par conséquent, tout ceci, d'ailleurs, a été reconnu et vérifié. Ce procédé est en plus un procédé à pression atmosphérique, avec une température modérée de l'ordre de 100 degrés. Donc, il n'a pas tous les inconvénients des procédés à haute pression et il peut traiter 50 % de garniérite de basse teneur et 50 % de latérite. Donc, il convient parfaitement bien pour le minerai calédonien, il a d'ailleurs été designé pour ça, il convient aussi pour l'Indonésie, mais il convient parfaitement bien pour traiter tout notre patrimoine minier, tous nos gisements calédoniens.

Journaliste : Qu'est-ce qui manque, maintenant, pour le mettre en œuvre ? À quand une usine hydrométallurgique de la SLN en Nouvelle-Calédonie ?

Patrick Buffet : Nous, nous souhaiterions que dans le grand Sud, nous puissions arriver à un accord avec le groupe Vale, de façon à définir, si vous voulez…, d'abord, un peu d'histoire. Nous avons eu un permis de recherche sur Prony et creek Pernod. Nous avons eu l'obtention de ce permis de recherche début 2009 et puis cette attribution a été annulée fin 2009, suite à des recours de Vale. Nous avons fait appel et on a une décision attendue en appel courant 2012. Mais il faut évidemment qu'on le fasse avec l'accord de la province Sud et des grands responsables politiques calédoniens. Ceci permettrait de prolonger, non seulement la durée de vie de Doniambo qui, sinon, s'arrête en 2040. Doniambo, c'est fini avec les garniérites riches en 2040, si on ne fait rien. Mais surtout, Thio et Kouaoua, les mines de la côte Est, c'est fini en 2020-2025. Donc nous, nous voulons pouvoir avoir mis en place le procédé hydrométallurgique, de façon à pouvoir sauver les mines de l'Est, de Thio et de Kouaoua, avant cette période de 2020-2025 et pouvoir assurer le relai et assurer également le relai de Doniambo et pouvoir, sur la durée, conforter notre présence à très long terme en Nouvelle-Calédonie. Donc, si on fait le timing, ça veut dire qu'il faudrait qu'on lance un projet en liaison avec le groupe Vale, et après discussion avec lui sur le partage des infrastructures, sur le partage des moyens, c'est-à-dire la sous-traitance, c'est-à-dire la maintenance. On peut imaginer une communauté de moyens et un partage d'infrastructures qui nous amènent à autre chose qu'une nouvelle usine dans le Sud, si vous voulez. Il ne faut pas se tromper, ça ne serait pas vraiment une nouvelle usine dans le Sud, ça serait un complexe industriel intégré avec Vale, que nous devrions, à mon avis, étudier, et j'ai demandé à Pierre Alla de prendre contact avec monsieur Poppinga pour pouvoir engager des discussions sur ce sujet et voir si c'est possible de définir une situation de win-win, de gagnant-gagnant, entre les deux groupes industriels. Il faut que ça fasse du sens industriel pour Eramet et pour Vale, et je crois qu'on peut se rendre beaucoup de services mutuels. Les garniérites riches peuvent être traitées à Doniambo. N'oublions pas que le procédé qui est mis en œuvre à Goro ne peut traiter, je crois, qu'une dizaine de pourcents de garniérites, par rapport aux latérites, alors que nous, on peut faire du 50-50, 50 % garniérites, 50 % latérites. Donc, on est très adapté à tout notre domaine minier. J'en profite pour dire que ce domaine minier, vis-à-vis de la pyrométallurgie, vis-à-vis de l'avenir de l'hydrométallurgie et vis-à-vis de nos engagements déjà pris par ailleurs, nous comptons l'utiliser totalement et il n'y a rien qui soit superflu, mines dormantes, mines destinées à rester inutilisées, il n'y a rien de trop, surtout que nous voulons assurer une présence à très long terme du groupe. Et comme on veut assurer une présence à très long terme du groupe, on ne va pas sacrifier du minerai pour créer très peu de valeur ajoutée en Nouvelle-Calédonie, en faisant traiter ça dans un autre pays qui est par ailleurs concurrent de la SLN et qui est concurrent de KNS et qui sera concurrent de Goro en termes de ferronickel. On préfère garder notre minerai pour le traiter en Calédonie et pour faire la valeur ajoutée, c'est-à-dire les emplois, payer les impôts et développer la richesse sur le territoire calédonien.

Journaliste : En clair, vous êtes en train de répondre à André Dang que la SLN n'est pas d'accord pour que son minerai serve à alimenter l'usine de Posco en Corée du Sud ?

Patrick Buffet : Je ne peux pas imaginer une seconde que monsieur Dang, puisque vous parlez de lui, mais je ne vais pas personnaliser, que la SMSP n'ait pas pris des engagements vis-à-vis de Posco, sans être sûre qu'elle pourrait les tenir en termes de fournitures de minerai. Le groupe Eramet, quand il prend des engagements, généralement, il les prend en toute connaissance de cause. Donc, je ne peux pas imaginer qu'il n'ait pas les moyens, dans le patrimoine minier de la SMSP, de remplir ses engagements. Mais, ceci dit, il peut y avoir des problèmes ponctuels. Quand il y a des problèmes ponctuels, nous aidons à les résoudre. Nous avons envoyé plusieurs bateaux de minerai, à la SMSP, pour l'aider à tenir ses engagements vis-à-vis de Posco. J'espère bien que si un jour on a des problèmes, la SMSP nous rendre la pareil et que nous pourrons nous entraider. L'entraide entre mineur me paraît tout à fait nécessaire, de même que la mise en place des synergies entre mineurs sur le territoire. Et ça, je crois que les élus calédoniens ont eu bien raison de créer ce groupe de travail que j'ai moi-même appelé de mes vœux, plusieurs mois avant qu'il ait été annoncé, en associant les industriels, de façon à ce qu'on puisse optimiser la création de valeur ajoutée locale. Il faut qu'on fasse, d'ailleurs, faire, et nous, nous en avons fait, des calculs précis sur la création de valeur ajoutée locale par les différentes filières. Nous avons des papiers prêts à être discutés, on voit à quel point, en développant des positions métallurgiques et minières locales et en investissant localement, on crée infiniment plus de valeurs ajoutées, de richesses et d'emplois, plutôt que de servir un concurrent qui va être d'autant plus dangereux comme concurrent d'ailleurs, qu'on va probablement, le colloque l'a montré cette semaine, avoir une suroffre dans les années qui viennent de nickel, par rapport à la demande, et beaucoup de projets arrivent en démarrage en même temps. C'est pas le moment de se créer un concurrent supplémentaire.

Journaliste : Ce comité stratégique industriel, qui a été mis en place autour d'Anne Duthilleul, décision prise lors du dernier comité des signataires de l'Accord de Nouméa. Selon vous, les opérateurs métallurgiques doivent y être associés directement ? La SLN, qu'est-ce qu'elle en attend, pour l'instant ? Elle est associée, elle a déjà participé à ces premières réunions, à sa mise en place ?

Patrick Buffet : C'est une excellente initiative pour assurer une cohérence dans la durée des projets miniers et métallurgiques, et de l'action des opérateurs et des provinces. Vraiment, il faut assurer cette cohérence entre l'action des opérateurs et des provinces. Ce schéma industriel, garant d'une cohérence à long terme, tout ça, c'est une très bonne idée. C'est fondamental qu'il en ressorte une vision claire, j'y reviens parce que c'est la clé de tout, c'est comment créer le maximum de valeur ajoutée locale, apportée par les industriels du nickel sur le territoire, en termes d'impôts, d'emplois, de sous-traitances, etc. Et ça, je crois que ça doit être la retombée fondamentale de ce comité. Nous n'y sommes pas, et je le regrette, partie prenante directe, c'est-à-dire que pour moi, un comité stratégique industriel aurait dû associer les industriels. C'est bizarre d'avoir un comité stratégique industriel sans les industriels. Mais, disons, j'avais proposé, moi, qu'ils soient présents. Mais, disons qu'ils sont consultés. Donc, ils vont continuer à l'être. J'ai moi-même vu madame Duthilleul, mes équipes l'ont vu, on continuera à la voir, à l'alimenter en réflexion, etc., en fonction de ce qu'elle nous demandera. Mais je trouve que ça aurait pas été plus mal qu'on soit tous autour d'une table, plutôt que d'être auditionné comme ça, à la demande des politiques, parce que finalement, vous avez trois grands groupes internationaux quottés en bourse et j'insiste sur un point : nous avons nos propres contraintes. Nos propres contraintes, elles sont quand même liées au fait que nous devons respecter l'intérêt social de nos sociétés. La veuve de Carpentras, comme on dit souvent, ou un plus gros actionnaire indépendant anglo-saxon ou l'État français qui ont investi chez nous, eh bien, ils ont besoin d'être sûrs que nous prenons des décisions qui sont conformes à l'intérêt social de la société, sinon, nous sommes répréhensibles en tant que mandataires sociaux. Et je pense que le président de Vale vous dirait la même chose et le président d'Xstrata vous dirait la même chose.

Journaliste : De son côté, Pierre Frogier vous a un peu répondu par avance en disant, lors du colloque sur le nickel, que le but de ce schéma métallurgique et minier, ce n'était pas d'optimiser la productivité et la rentabilité des groupes métallurgiques, mais d'être au service de la population calédonienne et des Calédoniens. C'est aussi quelque chose que vous pouvez comprendre de la part des responsables politiques calédoniens ?

Patrick Buffet : Je comprends tout à fait la position qui est exprimée par monsieur Frogier, que je trouve très éminemment respectable. Je pense qu'il a raison de défendre, tout à fait, cette mise en cohérence dans la durée des projets miniers et métallurgiques, surtout que la Calédonie va devenir un très grand pays producteur par rapport à l'action des opérateurs. Il y a du win-win à faire, et donc, du gagnant-gagnant, entre la province et les opérateurs, il y a des synergies à mettre en place, il y a des utilisations communes d'infrastructures, il y a des non duplications d'investissements à repérer, il y a probablement également des synergies, une politique de sous-traitances sur laquelle il faut qu'on réfléchisse, associant les tribus, c'est très, très important. Il faut qu'on associe les tribus dans la politique de transport et de sous-traitance, qu'on ait une vision très claire. Il y a peut-être des mises en commun de moyens dans d'autres domaines, comme la maintenance, je ne sais pas. En tout cas, chacun doit néanmoins respecter, dans le cadre de ces instances de décisions, c'est-à-dire de ces conseils d'administrations, comme on est trois groupes privés, quand même, qui agissent sur le territoire, eh bien chacun, même si l'État est présent dans le capital en ce qui nous concerne à hauteur de 26 %, mais nous sommes un groupe privé, comme l'est Vale, comme l'est Xstrata, eh bien, nous devons tenir compte des exigences de la gestion d'un groupe privé normal et la Calédonie ne peut pas être le seul pays au monde où les groupes privés agissent en fonction de règles normales, dictées par le droit des affaires internationales. On ne peut pas s'isoler du monde totalement. Ceci dit, je comprends totalement qu'il faille aussi assurer une harmonisation des règles du jeu, de façon à ce que tout cela aille dans le sens d'un bien-être collectif renforcé pour les Calédoniens et la Nouvelle-Calédonie. Et la clé, c'est de mettre en commun tout ce qui peut favoriser la Calédonie, également sur le plan de la réglementation, sur le plan environnemental, sur le plan du reste. Moi, je tiens beaucoup à ce qu'on fasse du développement durable et à ce qu'on respecte l'environnement de la façon la plus efficace et qu'on aille dans le sens d'un développement durable favorable aux Calédoniens, en créant de la richesse sur place et non pas en créant de la richesse à l'extérieur du territoire. Je prends un exemple : l'usine de Goro, par exemple, elle a un capital qui est détenu majoritairement par des Brésiliens, par le groupe Vale, mais c'est une usine calédonienne qui paye des impôts en Calédonie, qui emploie des Calédoniens. Nous, on a dans le groupe Eramet des filiales aux États-Unis qu'on détient majoritairement. Ben c'est quand même des sociétés américaines qui payent des impôts aux États-Unis et qui créent de la valeur aux États-Unis. Moi, ce que je veux, c'est créer de la valeur sur le territoire de la Calédonie.

Journaliste : Pierre Frogier vous a également interpellé directement…, enfin interpellé Eramet directement, lors de cette conférence nickel, en rappelant son souhait de tenir l'application du protocole de juillet 2010, un protocole qui prévoyait, a-t-il dit, de donner à la SLN une personnalité propre au sein du groupe. On sait que c'est un problème un peu récurent, il vous a interpellé à plusieurs reprises sur ce sujet. On en est où et quelle réponse est-ce que vous avait pu lui apporter ?

Patrick Buffet : J'ai déjà apporté beaucoup de réponses. Je dirais que là-dessus, l'essentiel est fait, parce que dès que je suis arrivé en 2007, j'ai tenu personnellement à ce qu'on bouscule les choses qui avaient traîné depuis très longtemps et à ce qu'on donne tout de suite la minorité de blocage à la STCPI au sein de la SLN. C'est moi qui l'ai fait en juillet, par une assemblée générale, deux mois après mon arrivée.

Journaliste : Avec 34 % dans…

Patrick Buffet : 34 %. Ensuite, la STCPI a 4 % du capital d'Eramet, avec deux administrateurs sur 15. Il y a des gens qui, chez nous, ont des proportions beaucoup plus importantes du capital et qui n'ont pas d'administrateurs. La STCPI, elle n'a que 4 % du capital, et elle a donc un fantastique poste d'observation et de contrôle, dans toute transparence de ce que fait le groupe Eramet au sommet, et elle a deux administrateurs. J'observe qu'on est les seuls, ici, je ne crois pas que Vale ou Xstrata ait, dans leur conseil d'administration, je ne leur reproche pas d'ailleurs, mais c'est comme ça, des représentants de la Calédonie. Eh bien, Eramet a deux représentants sur 15, deux administrateurs sur 15 qui sont Calédoniens. Donc, ils sont au courant de tout, de tous nos projets et ils sont associés depuis plus de 10 ans à la gestion du groupe Eramet, ainsi qu'à la gestion de la SLN par leur présence très forte et maintenant une minorité de blocage au sein de la SLN. Mais c'est pas tout. J'ai créé, moi-même, c'est moi qui ai pris l'initiative de ça, une "corporate governance", un gouvernement d'entreprise modernisée, avec un comité stratégique, où la STCPI est très représentée, un comité d'audit dont la STCPI détient la présidence, c'est Paul Maes qui est président du comité d'audit, un comité des rémunérations qui se réunissent tout le temps, qui définissent les rémunérations des mandataires sociaux, qui regardent tous les contrats de commercialisation et de management. D'ailleurs, en ce moment, on est en train e tous les revoir. Et, en parfaite cogestion sur toutes ces questions, nous définissons ce qui est raisonnable pour les liens qu'il y a entre le groupe maison mère Eramet et la SLN. Et je crois que nous avons une "corporate governance" de sociétés quottées au CAC 40 ou à Wall Street, avec des comités spécialisés, et je crois qu'il y a très, très peu de groupes dans lesquels, pour une société non quottée, filiale détenue majoritairement par une maison mère, vous avez l'équivalent. Donc, je crois que les 34 %, la présence dans la maison mère au sommet, les deux administrateurs sur 15 au capital d'Eramet, le fait que Pierre Alla, directeur général ici ait plein de délégations et qu'il puisse prendre plein d'initiatives, sans jamais que nous ayons la moindre épaisseur de papiers à cigarette de divergences d'appréciation entre nous, il suffit qu'on se parle pour que…, de temps en temps, au téléphone, y compris le week-end, et on se comprend immédiatement et on est parfaitement dans la même ligne l'un avec l'autre. Donc, on est comme les deux doigts de la main, tout ça fonctionne parfaitement, et les administrateurs de la STCPI sont informés en temps réel de tout. La preuve, ils peuvent complètement…, ils ont accès à toute l'information de façon transparente et ils peuvent totalement influencer sur nos contrats de commercialisation, qui sont d'ailleurs tout à fait favorables et qui le seront in fine de façon…, au conseil d'administration, vous verrez, ça sera très vite entériné sur la base d'un accord qui satisfera tout le monde, y compris pour les contrats de management, pour la recherche, pour tous les apports du groupe à la SLN. Donc, vraiment, on ne peut pas nous faire le reproche de ne pas être allé dans le sens du développement de la…, mais il peut y avoir encore d'autres choses à faire, j'y suis ouvert, je suis ouvert à toutes réflexions qui s'ouvriraient sur ce thème, là, à la demande de Pierre Frogier. Je suis ouvert à toutes discussions avec lui, dans les plus brefs délais. Si, dans le mois qui vient, Pierre Frogier veut que nous accélérions ensemble la discussion pour que dans un mois, nous ayons complètement bouclé quelque chose qui le satisfasse, je suis à sa disposition.

Journaliste : Un mot sur Weda Bay, le projet en Indonésie, est-ce qu'il ne risque pas de se faire au détriment des projets que vous avez en Nouvelle-Calédonie ?

Patrick Buffet : Absolument pas. Je voudrais dire plusieurs choses : c'est pas la trésorerie de la SLN, c'est pas l'argent de la SLN qui sert au financement de Weda Bay. Pas du tout, c'est le groupe Eramet. Donc, il y a zéro financement par la Calédonie du projet Weda Bay, en Indonésie, premier point. C'est quand même un truc qu'il faut dire de façon honnête. Deuxièmement, on a une prise de décision sur Weda Bay, à prendre pour fin 2012. Là, on aura affaire à la "bankable feasibility study". Troisièmement, nous ne sommes pas sûrs de faire Weda Bay, nous sommes au stade des études. Ça va beaucoup dépendre de mon dialogue que j'ai déjà commencé avec le président de la République indonésien et je compte aller le voir, à nouveau, au milieu de l'année prochaine, nous aurons plusieurs réunions et toute une négociation à tenir sur les garanties fiscales, etc., sur beaucoup d'autres points. Et donc, le projet Weda Bay, pour le moment, ce n'est qu'un projet à l'étude. Troisièmement, nous sommes avec Mitsubishi, qui est un partenaire très utile, et avec Hunt Am, le grand groupe indonésien dans ce projet. Je pense que si on le décide fin 2012, il rentrera en production comme la nouvelle centrale qui sera, soit au charbon, soit au gaz, en Nouvelle-Calédonie, ça devrait entrer en production, 2016-2017, Weda Bay. Ça va être une année riche. Et à ce moment-là, on fera pas les 65 mille tonnes tout de suite, on va faire 35 mille dans une première phase et puis on fera les 30 mille tonnes de la deuxième phase, peut-être six à huit ans plus tard. Et ça laisse le temps de faire un projet en Nouvelle-Calédonie entre les deux. Comme ça correspond très bien au minerai calédonien, on bénéficiera du retour d'expérience de l'Indonésie, ça sera parfaitement calibré, si on entre en production en 2020-2025, pour sauver Thio et Kouaoua, et ça sera la dernière limite. Ça voudrait dire que, comme il faut faire un peu de recherche et d'exploration avant, il faudrait qu'on prenne la décision pas trop tard quand même sur Prony creek Pernod, disons, en 2012 au plus tard, de façon à faire les travaux de recherches préparatoires. Il y a quatre ans de construction, à peu près. Donc, si on veut rentrer en production dans les années 2020, il faudrait que la décision soit prise après les travaux de recherches préparatoires, disons, au plus tôt, vers 2016. Entre maintenant et 2016, on a le temps de faire pas mal de reconnaissances et de reconnaître le gisement, de faire tout le boulot à nos frais, et ensuite on va s'engager dans le cadre d'un complexe que je voudrais partager avec Vale sur le plan industriel encore une fois, il s'agit pas de faire une nouvelle usine tout seul dans notre coin. Pas une usine de plus dans le Sud, un complexe industriel intégré. Et ça nous rapprochera beaucoup par ce partage de moyens et d'infrastructures du groupe Vale, ce qui me paraît une très bonne chose. J'ai beaucoup de respect pour monsieur Agnelli et pour toutes ses équipes. Et donc, nous pourrons ainsi avoir vraiment le relai de l'hydrométallurgie, mais variété Eramet, c'est pas le même procédé encore une fois, et ça, on peut pas le partager évidemment avec Vale, il a son procédé, nous avons le nôtre, et chacun gardera son procédé. Et nous, nous serons prêts pour sauver Thio et Kouaoua dès 2020, dès 2025. Et nous serons intervenus en hydrométallurgie en Calédonie, après la première phase indonésienne, ce qui, encore une fois, nous permettra d'éviter les péchés de jeunesse et bénéficier des retours d'expériences avant qu'éventuellement on fasse une seconde phase en Indonésie. Vous voyez, nous avons un timing extrêmement précis, un avenir très balisé, il faut maintenant qu'on ait le soutien des hommes politiques locaux.

Journaliste : Vous avez confiance dans le nickel, après les années difficiles qu'on vient de traverser, où en sont les cours aujourd'hui ?

Patrick Buffet : Les cours étaient au-dessus de 10 dollars, la livre. On est descendu, hier, à 9,70, il y a eu une baisse des cours d'un peu tous les métaux d'ailleurs. On est à 9,70, bon, on n'est pas très loin des prix de long terme dégagés par les analystes au cours actuel. Les cours LME sont pas très éloignés des prix de long terme envisagés par les (?), les Macquarie, etc. Je pense qu'il y a un bel avenir dans le nickel. Je pense que la consommation d'inox, l'année prochaine, devrait être de l'ordre de 3 à 4 %, en augmentation. Il y a un bel avenir pour le nickel, mais, attention, on va vivre des années difficiles, là, et ça tous les experts du colloque très intéressant qui a eu lieu à Nouméa, l'ont montré ces derniers jours, on va vivre des années difficiles parce que beaucoup de projets vont rentrer en production en même temps. Il va y avoir évidemment le projet KNS en 2012, il y a Goro, donc, trois projets en Calédonie. Nous, on va monter en production puisqu'on va passer à 60 mille tonnes de production en 2012, et j'espère à 65 mille tonnes de production en 2014. Ça fait quand même plus 27 % d'augmentation par rapport à 2008. Mais il y a Onca Puma, il y a Barro Alto, il y a Ambatovy, il y a l'arrêt de la grève chez Vale de Sudbury et Voysey's Bay. Il va y avoir les nickels pig iron chinois qui vont s'installer à 150 mille tonnes par an, à peu près, en rythme annuel, entre 130 et 150. Donc, on risque d'avoir un supplément d'offres sur la demande. Sur le premier semestre 2011, on pense qu'on sera, à peu près à l'équilibre, mais au second semestre 2011, on risque d'avoir un excès d'offre sur la demande qui peut faire baisser les prix. Certains experts disaient même à 7 dollars la livre, je ne sais pas. Moi, je ne fais pas de prévisions là-dessus, je laisse les experts s'exprimer, mais enfin, c'est ce qu'ils ont dit pendant le colloque. Et donc, on risque d'avoir, dans les cinq années qui viennent, de l'ordre de plus de 400 mille tonnes d'offres supplémentaires, ce qui représente à peu près 15 % de la demande, ce qui est quand même considérable. Donc, des années difficiles dans les cinq ans qui viennent et puis après, compte-tenu de la baisse des teneurs, compte-tenu de la baisse des teneurs, compte-tenu du fait que les gisements riches s'épuisent, alors, là, on a un magnifique avenir à long terme chez Eramet, parce que notre procédé hydrométallurgique permet justement de traiter des minerais oxydés à basse teneur, et là, les barrières technologiques vont jouer beaucoup. Les coûts de l'énergie auront beaucoup augmenté, et comme on est à 90 % immunisés par rapport au coût de l'énergie par notre procédé hydrométallurgique, on aura un avantage compétitif majeur. Donc, je suis très positif sur l'avenir à long terme du nickel, surtout pour Eramet, par contre, on va vivre des années qui vont être probablement beaucoup plus difficiles.

Journaliste : Eramet, justement, comment ça va ?

Patrick Buffet : Le groupe lui-même va bien. Le manganèse est devenu la première source de profit du groupe et le nickel… Mais par contre nous investissons, regardez au premier semestre, nous avons un tiers du chiffre d'affaire du groupe au premier semestre 2010 qui a été fait par le nickel et par contre 45 % des investissements du groupe ont été faits dans le nickel. Donc, on investit plus que la part dans le chiffre d'affaires dans le nickel. Mais, enfin le manganèse se développe très bien, on va passer…, je vais pas vous décrire tous nos projets dans le manganèse au Gabon, mais la République du Gabon a souhaité passer à 35 %, avoir la même minorité de blocage dans la Comilog, qui est la société spécialisée dans le manganèse, que la minorité de blocage qu'a la STCPI dans la SLN. J'ai donné mon accord pour que ça se passe jusqu'en 2015 de façon progressive. Donc, en 2015, la République gabonaise aura sa minorité de blocage dans la Comilog, comme aujourd'hui la STCPI l'a déjà dans la SLN. Et la République gabonaise aimerait aussi avoir, comme l'a déjà la STCPI chez Eramet, de l'ordre de 4 % du capital du groupe Eramet. C'est très bien que nos grands partenaires, et c'est une spécificité d'Eramet, soient associés avec des minorités de blocage dans les filiales opérationnelles avec une très forte "corporate governance" qui leur donne droit accès à toute l'information et au partage des décisions stratégiques et aux contrôles de gestion et puis qu'elles soient aussi au sommet, avec des administrateurs qui permettent d'être associés à la gestion d'ensemble du groupe. C'est aussi une diversification patrimoniale intelligente, parce qu'un territoire qui ne reposerait que sur le manganèse ou que sur le nickel, franchement, c'est un peu dangereux. Je pense que la participation que la Calédonie a dans Eramet, elle est aussi utile, parce ça l'associe au profit du manganèse. Quand le nickel va bien, c'est très bien d'être mono-nickel, mais quand le nickel, qui a déjà eu des années noires, j'en ai connues quand j'étais au ministère de l'industrie dans les années 82 et qu'on a dû sauver la SLN à l'époque, puisqu'à l'époque I-METAL et Eramet voulaient s'en aller à toute vitesse et on a dû faire rentrer l'ERAP et sauver la SLN à l'époque, j'y ai participé très étroitement, ben ça peut se reproduire des années difficiles du nickel. Et à ce moment-là, il vaut mieux être plus diversifié. Je pense qu'il faut que dans une saine optique de diversification du patrimoine, la Nouvelle-Calédonie pourrait avoir avantage à participer au capital d'un groupe comme Eramet, comme elle le fait d'ailleurs, qui touche à d'autres métaux, qui, eux, peuvent aller très bien quand le nickel va mal. Donc, une saine diversification des risques, c'est comme pour un particulier, c'est toujours à privilégier.

Journaliste : Et la diversification d'Eramet, elle-même, elle lui a permis, d'ailleurs, de passer la crise ?

Patrick Buffet : Oui, oui, très bien.

Journaliste : Sans trop de difficultés ?

Patrick Buffet : Si vous voulez, nous avons renoué, nous avons dégagé 341 millions d'euros de résultats opérationnels courants, donc notre EBIT au premier semestre, je viens d'annoncer que nous avions…, nous projetions d'avoir à peu près le même niveau de résultat opérationnel courant pour le second semestre. Ça nous situe, évidement, après les pertes de l'année dernière, mais après une restructuration extrêmement lourde de la branche alliage avec, là, des licenciements, les chômages partiels, avec…. En Calédonie, on n'a fait aucun licenciement, on n'a fait aucun chômage partiel. En France, on a fait beaucoup de licenciements, des chômages partiels et on y est allé très fort dans la restructuration de la branche alliage, il fallait le faire, nous avons redressé le tir. Maintenant, tout le monde gagne de l'argent, toutes les branches gagnent de l'argent, personne ne ponctionne personne, d'ailleurs, et l'argent du nickel ne sert pas à financer le développement de la branche alliage, ni ceux de la branche manganèse. Et donc, nous veillons beaucoup à ce que les choses se passent de la façon la plus cohérente, même s'il est logique qu'à un certain moment, de la trésorerie puisse remonter au niveau du groupe, puisque c'est la vie normale des entreprises. Et le moment venu, il faudra bien que de la trésorerie remonte tout en laissant l'argent nécessaire au sein des grandes filiales pour financer leur propre développement d'investissement. Il faudra bien que les trésoreries accumulées aux seins des filiales puissent, dans les règles logiques de gestion des sociétés, remonter au niveau des maisons mères pour assurer le développement du groupe et diversifier vers les métaux critiques, vers les terres rares, vers tout ce que la commission européenne a défini comme des métaux stratégiques, des filières stratégiques, dont on ne peut pas être totalement absent, au risque d'être totalement dépendant, par exemple, sur les terres rares des Chinois qui font 95% de la production. Je crois que c'est notre intérêt collectif, c'est une façon aussi de développer des procédés de recherches et de développement, qui serviront en retour au nickel par la voie hydrométallurgique que nous développerons sous différentes facettes. Et cette fertilisation croisée au niveau de la recherche, entre la recherche minière et la recherche métallurgique, permet d'apporter énormément à une société comme la SLN. Donc, il y a un retour, là aussi, très très positif pour affiner notre (?) dont profite pleinement la SLN. La Calédonie, c'est vital pour le groupe, vital pour le groupe Eramet, ce sont nos origines, c'est le berceau de notre activité et ça sera le futur d'Eramet que de développer brillamment de nouvelles composantes d'activité qui prendront le relai de Doniambo le moment venu. Nous travaillons pour nos petits-enfants et c'est pour ça que ça me fait, quand même, une drôle d'impression, quand on envisage de nous amputer notre domaine minier, parce que notre domaine minier, on est pratiquement les seuls à avoir les procédés nécessaires pour leur en faire de la création de valeur ajoutée locale. Et cette création de valeur ajoutée locale, c'est de la richesse et des emplois pour nos petits-enfants et les enfants de nos petits-enfants. Il faut savoir gérer en bon père de famille sur le long terme, et pas privilégier des gains de court terme qui font, peut-être, faire beaucoup d'argent à très court terme et puis qui sacrifie l'avenir. Nous, nous ne sacrifierons jamais le court terme au long terme, et j'espère que tout le monde réagit de la même façon en Nouvelle-Calédonie.

Journaliste : Patrick Buffet, merci d'avoir accepté cette invitation. Encore un mot, ce soir c'est la fête, c'est l'anniversaire de la SLN, vous y participerez ?

Patrick Buffet : Bien sûr. Et je dirais quelques mots et vous serez tous invités, on sera plus de mille, ça va être une grande fête.

Journaliste : Merci.