Article des Nouvelles Calédoniennes en date du lundi 21 juin 2010.
Une petite avancée dans la "dynamik FLN Sud" ! http://www.lnc.nc/noumea/presquile-de-ducos/tindu/228741-pollution-temporaire-a-tindu-depuis-1992.html
Associations environnementales, associations de riverains et élus provinciaux FLNKS montent au créneau pour réclamer un droit d’accès à la mer dans la baie de Tindu. Ils dénoncent l’inertie de la ville pendant dix-huit années. L’arrêté municipal d’interdiction de baignade et de toutes activités de pêche pour «pollution temporaire» est toujours en vigueur, depuis 1992 !
Il y a du temporaire qui dure. C’est le cas de l’arrêté municipal 92/1835 datant du 21 septembre 1992 et toujours en vigueur dans la baie de Tindu. Il stipule dans son article premier que « les baignades et toutes activités de pêche sont temporairement interdites dans la portion du lagon située dans la baie de Tindu en regard du lotissement Ducos-Tindu ».
L’article trois indique que «le présent arrêté sera abrogé dès que les résultats d’analyses seront redevenus satisfaisants». Depuis dix-huit ans donc, les riverains réclament que des travaux de nettoyage et de dépollution soient entrepris pour qu’ils puissent, avec leurs enfants, accéder à la mer et à ses ressources. «Les analyses d’eau réalisées par la ville sont très sporadiques voire inexistantes sur certaines périodes, explique Marina Kahlemu, de l’association environnementale Corail Vivant.
Nous avons demandé un historique de 1990 à 2010.
On nous a fourni des résultats seulement à partir de 1995 et il n’y a rien pour 1997 et 2009. Il y a donc eu sept années sans analyse dont les années où l’arrêté a été pris.» Ces analyses du Sipres (Service d’inspection et de prévention des risques environnementaux et sanitaires de la ville), sont classées selon quatre critères. L’eau y est bonne, moyenne, momentanément polluée ou polluée. Sur 496 prélèvements effectués en quinze ans, seulement 88 relèvent une eau bonne, c’est-à-dire propice à la baignade. 203 prélèvements révèlent une eau polluée. «ire que c’est pollué c’est une chose mais que fait-on pour avoir une qualité “eau de baignade” comme ils disent à la mairie », s’agace Marina Kahlemu qui déplore que seulement deux germes d’origine domestique soient analysés.Les deux stations d’épuration sont unanimement montrées du doigt. «Elles sont aujourd’hui illégales au regard du classement ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement) selon la direction de l’environnement de la province Sud. La ville veut d’ailleurs engager des travaux de remise aux normes ce qui induit qu’elles ne le sont pas», s’agace Marina Kahlemu. Toutefois, nombreux sont ceux qui avouent aussi connaître l’existence de branchements « pirates » de particuliers.
On a vraiment l’impression que la ville est séparée en deux. Qu’il y a le Sud et le Nord.
D’autres questions se posent pour les associations environnementales dont fait partie EPLP (Ensemble pour la planète) représentée par Colette Delevaux. À quelle distance des sorties de buses d’évacuations les prélèvements ont-ils été effectués ? Quels sont les impacts sur les milieux marin et terrestre ? Les associations dénoncent des pollutions plus fortes lors des pluies sur les bassins versants dues au manque d’assainissement des lotissements autour de la cité de Tindu. Elles ont fait réaliser des analyses par leurs propres moyens qui s’avèrent « encore plus catastrophiques ».L’association Réveil Quotidien, par la voix de Saiko Hanawia et de Gilbert Gaica, son président, réclame le droit d’accès à la mer. «Nous avons posé la question à la mairie pour savoir quand cela sera possible. Il y a beaucoup de Kanak ici des clans de la mer pour qui ce droit est fondamental. On nous a répondu au minimum dans cinq ans. Cela correspondra aux prochaines élections municipales, est-ce vraiment voulu ? », se demande le président.
«On a vraiment l’impression que la ville est séparée en deux. Qu’il y a le Sud et le Nord. Certains problèmes à la station de l’Ansa-Vata ont été réglés très rapidement, mais ici rien n’est fait car nous ne faisons pas partie de leur électorat. Nos enfants sont obligés de payer le car pour aller se baigner dans les quartiers Sud, c’est cher pour eux, lance Saiko Hanawia qui dénonce le manque de volonté politique. Heureusement que nous avons eu des élus FLNKS à la province Sud pour faire remonter ce problème à la maison bleue». Le 8 juillet, associations environnementales et associations de riverains seront reçues par la mairie. Mais la ville n’envisage pas d’amélioration avant cinq ans, le délai invoqué pour les études et les travaux en découlant. « Vingt-trois ans pour un arrêté temporaire, calculent les associations environnementales et les riverains, ce sera un record ! »
Ludovic Lafon
Des aberrations
Maryka Kapoeri, habitante de Tindu depuis 1971 a lancé le projet de crèche municipale de Tindu en 1998. À cette époque-là, en tant que maman impliquée dans ce projet, elle a demandé l’accès à la mer et le nettoyage de la baie, sans voir les deux panneaux d’interdiction de baignade, souvent démontés ou vandalisés.« Il y a eu plusieurs réunions, mas rien n’a jamais été fait par la ville. Pourtant entre 1998 et 2000, la ville a créé une base nautique, non loin de la maison municipale de quartier tout en sachant que la baie est polluée.
C’est aberrant puisque les animateurs municipaux étaient envoyés pour proposer des activités interdites. »L’autre point qui choque Maryka réside dans le fait que la ville organisait des activités de nettoyage du parc par les enfants alors qu’elle n’était pas capable de le faire dans la baie.
Pire, en 2000, la ville a transformé le local de la base nautique en une maison de la nature. « Ça, c’est fort quand même, lance Maryka qui n’est pas au bout de ses surprises. En 2008-2009, les bailleurs sociaux et la ville ont décidé d’organiser, par le biais de l’opération Bus 1,2,3, des sorties pour que les gamins des quartiers puissent aller se baigner à l’Anse-Vata. C’est un aveu de la ville. Ne vaudrait-il pas mieux qu’ils puissent se baigner ici ? C’est avec l’argent public que l’ont fait ça au lieu de l’utiliser pour dépolluer. C’est injuste ! ».
Beaucoup de temps perdu
Une première station d’épuration, dite de Tindu a été réalisée en 1971 pour couvrir les besoins de 3 000 habitants. Une deuxième station, réalisée en 1996 par la Secal, couvre les besoins de 1 700 habitants. La population serait à l’heure actuelle de 5 700 habitants. « Nous nous sommes réunis vendredi 11 juin pour préciser la nature des études et des travaux dans la zone que nous allons communiquer aux habitants. Nous menons trois démarches, explique Éric Delattre, adjoint à la direction générale des services techniques. La première consiste à obtenir les autorisations de classement ICPE de la province Sud pour régulariser la situation. C’est en cours. La deuxième, consiste à réaliser un diagnostic des stations, mais également des réseaux d’eau pluviale car il y a des marges d’amélioration dans ce domaine pour y intégrer, en fin de processus, un traitement bactériologique pour rendre les eaux aptes à la baignade. »Élus et services techniques ont également conscience que de nombreux branchements sauvages ou pirates ne passent pas par la station d’épuration et veulent mesurer l’importance de ce phénomène.Marie-Jo Barbier-Pontoni, la 15e adjointe en charge de l’état-civil, de l’enfance et de la famille avoue que beaucoup de temps a été perdu, mais que l’exécutif en place fait tout pour optimiser le planning et ouvrir la baie de Tindu : « On est clair sur les délais avec les administrés car on ne peut pas faire plus rapide, explique l’élue. Ces travaux sont inscrits au nouveau contrat d’agglomération 20011-2016 et le montant est colossal. Cela devrait coûter 1,6 milliard de francs».