samedi 12 avril 2025

KANAKY : la petite brise du mois de Mars


L
e mois de mars a été très animé , et particulièrement sur le plan politique , avec les aller et venu du ministre Vals dans le pays . Dans notre dernière édition , nous évoquions son  premier déplacement   , qui marque le début des discussions sur l’avenir institutionnel , après les  rencontres parisiennes avec la classe politique calédonienne ainsi que les représentants du milieu économique , lors d’un forum organisé pour l’occasion.   Ainsi à l’issue de ce premier déplacement , le Ministre Vals a laissé un document faisant déjà un premier point d’étape des discussions menées depuis février 2025 ,  avec des thématiques à approfondir : 1. Le lien avec la France , 2. La citoyenneté . 3. L’organisation institutionnelle avec les règles de gouvernance.

Comme annoncé lors de son premier séjour , Le 29 mars,  il  est de nouveau dans le pays pour continuer les discussions , et poursuivre sa méthode , basée sur le dialogue comme conducteur de réflexion afin d’arriver à un accord , si possible  largement partagé par la classe politique calédonienne.  C’est un vœu exprimé à plusieurs reprises dans ses déclarations , et d’ailleurs à la veille de cette deuxième séquences calédoniennes il parlera de : rechercher un pas décisif  avant d’enclencher les négociations dans de meilleurs délais. 

Et ce pas décisif s’est traduit au bout de 4 jours de discussion sur une déclaration commune entre tous les partenaires , pour confirmer la continuité des discussions afin de trouver un accord global .  Rien n’a filtré des discussions , mais aux déclarations à la presse des différents chefs de délégation , on comprend qu’il y a eu des débats parfois très francs sur certains points , mais tout le monde aspire  à se retrouver pour continuer à échanger  et identifier  les points de convergence  afin d’ asseoir correctement les bases d’un accord global .

Il y a des points sur lesquels , les divergences restent latentes mais les discussions à venir aideront à étayer les positions des uns et des autres toujours dans la recherche de ce pas qui doit marquer l’étape suivante .

Ces discussions se mènent après le contexte crée au lendemain du 13 mai , qualifié par de nombreux orateurs bien avertis de la place notamment politique ,  comme un échec collectif. Car comme dirait l’autre il n’y a pas de fumée sans feu .  Et parfois un feu semble être éteint , mais des fumeroles que l’on néglige attendent juste la levée d’un vent d’ouest pour embraser tout un environnement . 

La Calédonie a vécu au rythme des accords politiques qui se sont succédés   avec l’objectif de travailler plus de rééquilibrage dans le pays , pour plus de cohésion sociale , et  de tendre vers une paix durable

Mais le bilan de ces accords sont à chaque fois mitigés,  du fait qu’il y a toujours des écarts  au niveau économique et social. Des séminaires, des forums pour rechercher comment adapter les mesures .  Force est de constater que les adaptations  sont parfois limitées et malheureusement se soldent par des échecs.  Les évènements du 13 mai sont l’expression  3d  de ces écarts, avec au bout une économie à terre et un pays au bord  du chaos  (pour reprendre les termes de certains orateurs de la place . Une approche anthropologique des mesures préconisées , pourrait peut -être répondre à la diversité culturelle qui anime la vie de ce pays … Et pour ironiser un peu . Pour ironiser un peu nos propos : est ce que tout le monde dans ce pays , voit de la même manière le soleil qui se lève à l’Est le matin pour se coucher à l’Ouest le soir ??? .

Et pour terminer ce chapitre sur le projet d’accord politique , on va juste rappeler que l’aboutissement et la validation de ce travail va dépendre en final de la stabilité politique en France , au vu des remous que connaît la classe politique française ces derniers jours

Le  contexte de discussions sur l’avenir du pays , sollicite indirectement  le milieu intellectuel qui n’hésite pas à proposer ses réflexions.  Dans l’édition du 14 au 20 Mars de l’hebdo DNC : nous avons relevé les références de  trois chercheurs et historiens qui travaillent actuellement sur des axes de réflexions pouvant  enrichir les discussions en cours sur ce sujet primordial qu’est l’avenir de la NC .

Ce pays à une histoire particulière , et l’interrogation ou du moins les pistes proposées par ces trois chercheurs s’attachent à poser la problématique suivante : comment travailler une appropriation commune de l’histoire du pays , pour que nous puissions faire chemin ensemble : La jeune calédonienne : Clara Filipi qui travaille sur les thématiques de la mémoire et de la réconciliation.   ,La voie de la justice transitionnelle , l’axe choisi par Emmanuel Nypiengo  Kouriane Doctorant en droit .  ou encore de Olivier HOUDAN , un historien bien connu sur la place :  « La lumière pour réduire les zones d’ombre doit parvenir puissamment » .  

 Nous pouvons également citer dans notre liste : l’ouvrage récent de Benoit Trépied : Décoloniser la Kanaky , ou encore   : l’Indépendance Assassinée » de Thierry .  et de Joel KASAREHROU / Décolonisation de la Nouvelle Calédonie , Quel avenir ? … La liste est longue , sans compter aussi des associations livrant leur réflexions via des sites internet ou des blogs.

Ce n’est pas nouveau , le dossier calédonien a toujours été depuis des lustres  un sujet alléchant pour le milieu de la recherche  , et de la littérature  ,   car en fait l’enjeu ici : c’est ce conflit civilisationnel qui se pose à chaque fois comme un grain de sable dans les débats politique . Il est sournois parce qu’il ne s’exprime pas ouvertement  mais il va transparaitre dans  la façon de comprendre une phrase ou une expression. En effet  entre le factuel et l’interprétation , comme dirait l’autre,  il y a un monde

C’est ainsi que l’exercice de la conjugaison des efforts , du compromis, ou encore de la collaboration , est de mise  pour trouver le consensus. Et comme dirait un observateur de la vie politique calédonienne : je cite : « Il suffirait que les uns et les autres arrêtent de chercher à dominer l’autre ».  A prendre ou à laisser , mais ce sont des propos qui  sont soumis à l’opinion calédonienne.

Pour revenir sur le fil de l’actualité : le Ministre a signé une convention de prêt  d’un montant de 120 milliards, avec le gouvernement de la Nouvelle Calédonie . Ce prêt rappelons le avait été négocié par le 17è gouvernement de ces derniers mois aux commandes du pays   et  on se rappelle aussi que le prêt était l’un des éléments avancés par les investigateurs de la chute du 17ème gouvernement , pour justifier leur acte, préférant le solution de subvention sèche .  Mais comme dirait l’autre en politique , oublier les erreurs d’hier , fait partie des tactiques dont certains acteurs  peuvent s’en prémunir pour retrouver la lumière quelque part . Nous refermons là cette petite parenthèse .  Mais il faut juste savoir qu’une bonne partie de ce prêt va servir au remboursement des anciens prêts datant des années du Covid . Donc attendons les prochaines précisions pour avoir l’affectation exacte du solde disponible après le remboursement des prêts.

 Et pour donner une note critique à cette habitude de l’Etat français de venir à chaque fois au secours de la Calédonie , Joel KASAREHROU , leader du mouvement Construire Autrement : dira ceci  je cite : le soutien financier de l’État français ne suffira pas à redresser le territoire sans un changement politique et des réformes de fond. Il explique pourquoi l’injection de fonds, sans vision politique claire, ne peut être une solution durable.   Certains qualifieront de tels propos de : C’est enfoncer des portes ouvertes en terme de réflexion , mais tant que ce pays n’a pas de statut définitif , c’est juste une vérité à retenir .

La baisse progressive des finances publiques dans ce pays, n’est pas un sujet nouveau.  Et d’ailleurs, les outils pour un nouveau modèle de société ne manquent pas : on peut citer pour les plus récents : le Plan PS2R, le Plan quinquennal, et les schémas sectoriels tel : Le schéma d’aménagement NC 2025, le schéma de transition énergétique, le plan do kamo … et bien d’autres encore …. Cherchez où est l’erreur !!!

Enfin nous terminerons notre propos par un clin d’œil sur l’évolution du discours indépendantiste. Des premières manifestations de rue, des occupations de terre , des barrages sur les routes , avec des morts sur le chemin,  des référendums pour jauger l’opinion du pays , ces jours- ci le  discours indépendantistes pousse désormais tous les acteurs politiques y compris la puissance de tutelle à savoir la France , à une réflexion plus fine sur les modalités de l’acte d’auto détermination.  Comme relevé dans certains articles de presse, ce mot d’auto détermination fait encore peur à certains , parfois la sémantique peut aider en reformulant autrement une situation : par exemple on va  parler de référendum projet .

Pour la conclusion de notre propos , nous proposons ci après deux citations :

« Confronté à l a roche , le ruisseau l’emporte toujours, non pas par la force mais par la persévérance » ( pour la première)

Et la deuxième  « Il n’est pas de vent favorable  pour celui qui ne sait où il va »

La persévérance dans l’action pour un objectif reste finalement la consigne dès l’instant que l’on a à faire à la complexité d’une situation . L’histoire d’un pays n’a jamais été un fleuve tranquille , ainsi pour réaliser des changements structurels , le temps , l’écoute , la compréhension , l’acceptation , constituent les essentiels pour structurer , accompagner la réflexion

Naku press : Publication du 12 avril 2025