dimanche 15 décembre 2013

NELSON MANDELA , les CHEMINS INNATENDUS……………………..



En hommage à Nelson MANDELA , Madiba, Naku press publie ci-après un article tiré du Monde Diplomatique , retraçant la vie  d’un homme qui a marqué le monde entier avec sa  persévérance remarquable , dans la lutte contre le système d’apartheid en  Afrique du Sud. Le héros de la lutte anti appartheid et premier président noir d'Afrique du Sud s'en est allé ce 5 décembre 2013 à 95 ans .… Bonne lecture, et  à ce grand homme , qu’il repose en paix …..

Jeudi 5 décembre 2013. Nelson Mandela est mort. L’homme est devenu une icône, un symbole unanimement célébré à travers le monde. Et pourtant… Qui se souvient des décennies où la France, de Charles de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, coopérait avec le régime de l’apartheid  ? Qui rappelle qu’Amnesty International ne l’avait pas adopté comme prisonnier de conscience parce qu’il ne rejetait pas la violence  ? Et qu’il fut un «  terroriste  », dénoncé comme tel par le président Ronald Reagan et Mme Margaret Thatcher, parce qu’il savait que la violence faisait partie des armes des opprimés pour renverser l’oppresseur.

Nelson Mandela, les chemins inattendus

Son nom scandé sur les cinq continents est synonyme de résistance, de libération, d’universalité. Lutteur entêté autant que malicieux, Nelson Mandela a fêté ses 95 ans. L’idée même que l’on se prosterne au pied de sa statue l’a toujours exaspéré : mieux vaut aller de l’avant et poursuivre la tâche immense de l’émancipation.
par Achille Mbembe, août 2013
Une fois Nelson Mandela éteint, l’on sera en droit de déclarer la fin du XXe siècle. L’homme qui, aujourd’hui, se trouve au crépuscule de sa vie en aura été l’une des figures emblématiques. Exception faite de Fidel Castro, il est peut-être le dernier d’une lignée de grands hommes vouée à l’extinction, tant notre époque est pressée d’en finir une fois pour toutes avec les mythes.
Plus que le saint qu’il affirme volontiers ne jamais avoir été, Mandela aura en effet été un mythe vivant, avant, pendant et après sa longue incarcération. En lui, l’Afrique du Sud, cet accident géographique qui peine à se faire concept, aura trouvé son Idée. Et si elle n’est guère pressée de s’en séparer, c’est bel et bien parce que le mythe de la société sans mythes n’est pas sans danger pour sa nouvelle existence en tant que communauté de vie au lendemain de l’apartheid.
Mais s’il faut bel et bien accorder à Mandela le refus de sainteté qu’il ne cessait de proclamer, parfois non sans malice, force est de reconnaître par ailleurs qu’il fut loin de n’être qu’un homme banal. L’apartheid, n’ayant guère été une forme ordinaire de la domination coloniale ou de l’oppression raciale, suscita en retour l’apparition d’une classe de femmes et d’hommes peu ordinaires, sans peur, qui, au prix de sacrifices inouïs, en précipitèrent l’abolition. Si, de tous, Mandela devint le nom, c’est parce que, à chaque carrefour de sa vie, il sut emprunter, parfois sous la pression des circonstances et souvent volontairement, des chemins inattendus.
Au fond, sa vie se résume en quelques mots : un homme constamment aux aguets, sentinelle sur le départ, et dont les retours, tout aussi inattendus que miraculeux, n’auront que davantage encore contribué à sa mythologisation.
Au fondement du mythe ne se trouvent pas seulement le désir de sacré et la soif du secret. Il fleurit d’abord au voisinage de la mort, cette forme première du départ et de l’arrachement. Très tôt, Mandela en fit l’expérience, lorsque son père, Mphakanyiswa Gadla Mandela, expira presque sous ses yeux, la pipe aux lèvres, au milieu d’une toux irrépressible que même le tabac dont il était si friand ne parvint guère à adoucir. C’est alors que ce départ premier en précipita un autre. Accompagné de sa mère, le jeune Mandela quitta Qunu, le lieu de son enfance et des débuts de son adolescence, qu’il décrit avec une infinie tendresse dans son autobiographie. Il reviendra s’y établir au terme de ses longues années d’incarcération, après y avoir construit une maison, réplique en tous points de la dernière prison où il fut enfermé peu avant sa libération.
Qunu, le village natal de Nelson Mandela, et ses herbes folles dont il avait gardé la nostalgie se prépare à le recevoir pour son inhumation dimanche 15 décembre 2013.
Qunu, le village natal de Nelson Mandela, et ses herbes folles dont il avait gardé la nostalgie se prépare à le recevoir pour son inhumation dimanche 15 décembre 2013.
AFP/Carl de Souza
Refusant de se conformer aux usages, il partira une deuxième fois au sortir de l’adolescence. Prince fuyard, il tournera le dos à une carrière auprès du chef des Thembus, son clan d’origine. Il s’en ira à Johannesburg, ville minière alors en pleine expansion et haut lieu des contradictions sociales, culturelles et politiques engendrées par cet assemblage baroque de capitalisme et de racisme qui prendra en 1948 la forme et le nom d’apartheid. Appelé à devenir chef dans l’ordre de la coutume, Mandela se convertira au nationalisme comme d’autres à une religion, et la ville des mines d’or deviendra le théâtre principal de sa rencontre avec son destin.
Commence alors un très long et douloureux chemin de croix, fait de privations, d’arrestations à répétition, de harcèlements intempestifs, de multiples comparutions devant les tribunaux, de séjours réguliers dans les geôles avec leur chapelet de tortures et leurs rituels d’humiliations, de moments plus ou moins prolongés de vie clandestine, d’inversion des mondes diurne et nocturne, de déguisements plus ou moins spontanés, d’une vie familiale disloquée, de demeures désertées — l’homme en lutte, traqué, le fugitif constamment sur le départ, que seule guide désormais la conviction d’un jour prochain, celui du retour.
Mandela prit en effet d’énormes risques. Avec sa propre vie, qu’il vécut intensément, comme si tout était chaque fois à recommencer et comme si chaque fois était la dernière. Mais aussi avec celle de beaucoup d’autres, à commencer par sa famille, qui, conséquence inévitable, paya d’un prix inestimable le coût de ses engagements et de ses convictions. Elle le liait par là même à une dette insondable qu’il sut toujours ne jamais être à même de rembourser, ce qui ne fit qu’aggraver ses sentiments de culpabilité.
Il évita de justesse la peine capitale. C’était en 1964. Avec ses coaccusés, il s’était préparé à y être condamné. « Nous avions envisagé cette éventualité, affirme-t-il dans un entretien avec Ahmed Kathrada, longtemps après sa sortie de prison. Si nous devions disparaître, autant le faire dans un nuage de gloire. Il nous plut de savoir que notre mise à mort représenterait notre dernière offrande à notre peuple et à notre organisation (1). » Cette vision eucharistique était cependant exempte de tout désir de martyre. Et, contrairement à tous les autres, de Ruben Um Nyobè à Patrice Lumumba, en passant par Amilcar Cabral, Martin Luther King, voire Mohandas Karamchand Gandhi, il échappera à la faux.
C’est dans le bagne de Robben Island qu’il fera véritablement l’expérience de ce désir de vie, à la limite du travail forcé, de la mort et du bannissement. La prison deviendra le lieu d’une épreuve extrême, celle du confinement et du retour de l’homme à sa plus simple expression. Dans ce lieu de dénuement maximal, Mandela apprendra à habiter la cellule dans laquelle il passera plus d’une vingtaine d’années à la manière d’un vivant forcé d’épouser un cercueil (2).
Au cours de longues et atroces heures de solitude, poussé aux abords de la folie, il redécouvrira l’essentiel, celui qui gît dans le silence et dans le détail. Tout lui parlera de nouveau : une fourmi qui court on ne sait où ; la graine enfouie qui meurt, puis se relève, donnant l’illusion d’un jardin ; un bout de chose, n’importe laquelle ; le silence des mornes journées qui se ressemblent sans avoir l’air de passer ; le temps qui s’allonge interminablement ; la lenteur des jours et le froid des nuits ; la parole devenue si rare ; le monde à l’extérieur des murs dont on n’entend plus les murmures ; l’abîme que fut Robben Island, et les traces du pénitencier sur son visage désormais sculpté par la douleur, dans ses yeux flétris par la lumière du soleil se réfractant sur le quartz, dans ces larmes qui n’en sont point, la poussière sur ce visage transformé en spectre fantomatique et dans ses poumons, sur ses orteils, et par-dessus tout ce sourire joyeux et éclatant, cette position altière, droit, debout, le poing fermé, prêt à embrasser de nouveau le monde et à faire souffler la tempête.
Dépouillé de presque tout, il luttera pied à pied pour ne point céder le reste d’humanité que ses geôliers veulent à tout prix lui arracher et brandir comme l’ultime trophée. Réduit à vivre avec presque rien, il apprend à tout épargner, mais aussi à cultiver un profond détachement par rapport aux choses de la vie profane, les plaisirs de la sexualité y compris. Jusqu’au point où, prisonnier de fait, confiné entre deux murs et demi, il n’est cependant l’esclave de personne.
Homme d’os et de chair, Mandela aura donc vécu à proximité du désastre. Il aura pénétré dans la nuit de la vie, au plus près des ténèbres, en quête d’une idée, à savoir comment vivre libre de la race et de la domination du même nom. Ses choix l’auront conduit au bord du précipice. Il aura fasciné le monde parce qu’il sera revenu vivant du pays de l’ombre, force jaillissante au soir d’un siècle vieillissant et qui ne sait plus rêver.
Tout comme les mouvements ouvriers du xixe siècle, ou encore les luttes des femmes, notre modernité aura été travaillée par le rêve d’abolition qu’auront porté auparavant les esclaves. C’est ce rêve que prolongeront, au début du XXe siècle, les combats pour la décolonisation. La praxis politique de Mandela s’inscrit dans cette histoire spécifique des grandes luttes africaines pour l’émancipation humaine.
Ces luttes ont revêtu, dès les origines, une dimension planétaire. Leur signification n’a jamais été uniquement locale. Elle a toujours été universelle. Même lorsqu’elles mobilisaient des acteurs locaux, dans un pays ou sur un territoire national bien circonscrit, elles étaient au point de départ de solidarités forgées sur une échelle planétaire et transnationale.
Ce sont des luttes qui, chaque fois, ont permis l’extension ou encore l’universalisation de droits qui, jusque-là, étaient restés l’apanage d’une race. C’est le triomphe du mouvement abolitionniste au cours du XIXe siècle qui met fin à la contradiction que représentent les démocraties esclavagistes modernes. Aux Etats-Unis, par exemple, l’affranchissement des gens d’origine africaine et les luttes pour les droits civiques ouvrent la voie à l’approfondissement de l’idée et de la pratique de l’égalité et de la citoyenneté.
On retrouve la même universalité dans le mouvement anticolonialiste. Que vise-t-il, en effet, sinon de rendre possible la manifestation d’un pouvoir propre de genèse — le pouvoir de se tenir debout par soi-même, de faire communauté, de s’autodéterminer ?
En devenant le symbole de la lutte globale contre l’apartheid, Mandela prolonge ces significations. Ici, l’objectif est de fonder une communauté au-delà de la race. Alors que le racisme est de retour sous des formes plus ou moins inattendues, le projet d’égalité universelle est plus que jamais au-devant de nous.
Il reste à dire un mot au sujet de l’Afrique du Sud que Mandela laissera derrière lui. Le passage d’une société de contrôle à une société de consommation représente sans doute l’une des transformations les plus décisives depuis sa libération et la fin de l’apartheid. Sous l’apartheid, le contrôle consistait à traquer et à restreindre la mobilité des Noirs. Il passait par la régulation des espaces dans lesquels ils étaient confinés, l’objectif étant d’extraire d’eux le plus de travail possible. C’est la raison pour laquelle des microenvironnements furent mis en place, qui fonctionnaient sur le mode tantôt des enclos, tantôt des réserves. Les contacts entre les individus étaient alors soit interdits, soit régis par des lois strictes, surtout lorsque ces individus appartenaient à des catégories raciales différentes. Le contrôle passait donc par la modulation de la brutalité le long de lignes raciales que le pouvoir voulait rigides.
Sous l’apartheid, la brutalité avait trois fonctions.
D’une part, elle visait à affaiblir les capacités des Noirs à assurer leur reproduction sociale. Ils n’étaient jamais en mesure de réunir les moyens indispensables à une vie digne de ce nom, qu’il s’agisse de l’accès à la nourriture, au logement, à l’éducation et à la santé ou, davantage encore, aux droits élémentaires de citoyenneté.
Cette brutalité avait d’autre part une dimension somatique. Elle visait à immobiliser les corps, à les paralyser, à les briser si nécessaire. Enfin, elle s’attaquait au système nerveux et tendait à assécher les capacités de ses victimes à créer leur propre monde de symboles. Leurs énergies étaient, la plupart du temps, détournées vers des tâches de survie. Ils étaient forcés à ne jamais vivre leur vie que sur le mode de la répétition. Tel était en effet le travail que le racisme était supposé accomplir.
Ces formes de violence et de brutalité ont fait l’objet d’une internalisation plus profonde qu’on ne veut bien l’admettre. Elles sont, depuis 1994, reproduites sur un mode moléculaire au niveau de l’existence commune et publique. Elles se manifestent à tous les niveaux des interactions sociales quotidiennes, qu’il s’agisse des sphères intimes de la vie, des structures du désir et de la sexualité ou, davantage encore, de l’irrépressible envie de consommation de toutes sortes de marchandises.
Ce désir effréné de consommation est pris pour l’essence et la substance de la démocratie et de la citoyenneté. Le passage d’une société de contrôle à une société de consommation a lieu dans un contexte marqué par diverses formes de privations pour la majorité des Noirs. Extrême opulence et extrême privation coexistent, et le fossé qui sépare ces deux états tend de plus en plus à être négocié par la violence et par diverses formes d’accaparement.
La démocratie post-Mandela est composée en majorité de Noirs sans travail, et d’autres inemployables, qui n’exercent de droit de propriété sur presque rien. L’histoire longue du pays est elle-même marquée par l’antagonisme entre deux principes, le gouvernement du peuple par le peuple et la loi des possédants.
Jusqu’à récemment, ces derniers étaient presque exclusivement blancs, et c’est ce qui donnait aux luttes une connotation raciale. Ce n’est plus entièrement le cas. La classe moyenne noire émergente, cependant, n’est pas en position de jouir en toute sécurité des droits de propriété récemment acquis. Elle n’est pas certaine que la maison achetée à crédit ne lui sera pas reprise demain, soit par la force, soit à la faveur de circonstances économiques défavorables. Ce sens de la précarité constitue l’une des marques de sa psychologie de classe.
Le vieux mouvement de libération, le Congrès national africain (African National Congress, ANC), est quant à lui pris dans les rets d’une mutation plus contradictoire encore. Le calcul fait par les classes au pouvoir et par les propriétaires du capital est que la pauvreté de masse et les taux élevés d’inégalité pourraient, sous certaines conditions, conduire à des troubles, à des grèves épisodiques et à de nombreux incidents violents. Mais il n’en résultera guère une contre-coalition capable de remettre fondamentalement en cause le compromis de 1994 qui transfère le pouvoir politique à l’ANC et consacre la suprématie économique et culturelle de la minorité blanche.
L’Afrique du Sud entre dans une nouvelle période de son histoire, au cours de laquelle les procédures d’accumulation ne s’opèrent plus par l’expropriation directe comme lors des guerres de dépossession du XIXe siècle. Elles passent désormais par la capture et l’appropriation privée des ressources publiques, par la modulation de la brutalité et par une relative instrumentalisation du désordre. La constitution d’une nouvelle classe dirigeante multiraciale se fait donc par une synthèse hybride des modèles russe, chinois et africain postcolonial.
Entre-temps, l’espace public se rebalkanise progressivement. La géographie démographique du pays se fragmente. Abandonnant l’hinterland, de nombreux Blancs s’agglutinent sur les côtes, notamment dans la province du Cap-Ouest. Ils ont peur du processus rampant d’« africanisation » du pays et rêvent de reconstruire ici les piliers d’une république blanche débarrassée des oripeaux de l’apartheid, mais vouée à la protection des privilèges d’autrefois.
Le paradoxal attachement aux cadres psychiques de l’époque de la ségrégation raciale constitue une réponse partielle au processus de transformation du pays en une nation de citoyens armés, une sorte de nation-garnison dotée d’une police profondément corrompue et militarisée. Les nantis y bénéficient d’un semblant de protection acheté auprès de milliers de sociétés de sécurité privées et de sociétés de gardiennage détenues en partie par les barons au pouvoir et leurs affidés (3).
Ce nouveau régime de contrôle par la marchandise se consolide sur fond d’une redistribution drastique des ressources de la violence. Or une société armée est tout sauf une société civile. Elle est encore moins une véritable communauté. Elle est un conglomérat d’individus atomisés, isolés face au pouvoir, séparés par la peur et la suspicion, incapables de faire masse, mais prompts à se placer sous la férule d’une milice ou d’un démagogue plutôt que de bâtir des organisations disciplinées indispensables au fonctionnement d’une société démocratique.
Pour le reste, de la vie comme de la pratique de Mandela, deux leçons méritent d’être retenues. La première est qu’il n’y a qu’un seul monde, du moins présentement, et ce monde est tout ce qui est. Ce qui, par conséquent, nous est commun est le sentiment ou encore le désir d’être des êtres humains à part entière. Ce désir de plénitude en humanité est quelque chose que nous partageons tous.
Pour construire ce monde qui nous est commun, il faudra restituer à celles et à ceux qui ont subi un processus d’abstraction et de chosification dans l’histoire la part d’humanité qui leur a été volée. Il n’y aura guère de conscience d’un monde commun tant que celles et ceux qui ont été plongés dans une situation d’extrême dénuement n’auront pas échappé aux conditions qui les confinent dans la nuit de l’infravie. Dans la pensée de Mandela, réconciliation et réparation sont au cœur de la possibilité même de la construction d’une conscience commune du monde, c’est-à-dire de l’accomplissement d’une justice universelle. A partir de son expérience carcérale, il parvient à la conclusion selon laquelle il y a une part d’humanité intrinsèque dont est dépositaire chaque personne humaine. Cette part irréductible appartient à chacun de nous. Elle fait que, objectivement, nous sommes à la fois distincts les uns des autres et semblables. L’éthique de la réconciliation et de la réparation implique par conséquent la reconnaissance de ce que l’on pourrait appeler la part d’autrui, qui n’est pas la mienne, et dont je suis pourtant le garant, que je le veuille ou non. Cette part d’autrui, je ne saurais me l’accaparer sans conséquences pour l’idée de soi, de la justice, du droit, voire de l’humanité entière, ou encore pour le projet de l’universel, si telle est effectivement la destination finale.
Dans ces conditions, il est vain d’ériger des frontières, de construire des murs et des enclos, de diviser, classifier, hiérarchiser, de chercher à retrancher de l’humanité celles et ceux que l’on aura rabaissés, que l’on méprise, qui ne nous ressemblent pas, ou avec lesquels nous pensons que nous ne nous entendrons jamais. Il n’y a qu’un seul monde, et nous en sommes tous les cohéritiers, même si les manières de l’habiter ne sont pas les mêmes — d’où justement la réelle pluralité des cultures et des façons de vivre. Le dire ne signifie en rien occulter la brutalité et le cynisme qui caractérisent encore la rencontre des peuples et des nations. C’est simplement rappeler une donnée immédiate, inexorable, dont l’origine se situe sans doute au début des temps modernes : l’irréversible processus d’emmêlement et d’entrelacement des cultures, des peuples et des nations.
Souvent, le désir de différence émerge précisément là où l’on vit le plus intensément une expérience d’exclusion. La proclamation de la différence est alors le langage renversé du désir de reconnaissance et d’inclusion. Pour ceux qui ont subi la domination coloniale ou pour ceux dont la part d’humanité a été volée à un moment donné de l’histoire, le recouvrement de cette part d’humanité passe souvent par la proclamation de la différence. Mais, comme on le voit dans une partie de la critique africaine moderne, celle-ci n’est qu’un moment d’un projet plus large : le projet d’un monde qui vient, d’un monde en avant de nous, dont la destination est universelle ; un monde débarrassé du fardeau de la race, et du ressentiment et du désir de vengeance qu’appelle toute situation de racisme.
Achille Mbembe
Professeur d’histoire et de science politique à l’université du Witwatersrand à Johannesburg. Auteur de Critique de la raison nègre, à paraître aux éditions La Découverte en octobre 2013.
Sources : Le monde diplomatique 
Naku press : mise en ligne le 15 décembre 2013

mardi 10 décembre 2013

LA DEMARCHE UNITAIRE CONFIRMEE PAR LE 33ème CONGRES DU FLNKS .



    



Poya , cette petite commune située à limite administrative des deux provinces Nord et Sud , a accueilli le 33ème Congrès du FLNKS , ce samedi 07 Décembre 2013. Ce rendez vous tant attendu par non seulement l’ensemble de la mouvance indépendantiste, mais aussi par la classe politique locale. Après leur congrès respectif, les composantes du Front , devaient se retrouver pour s’entendre sur des orientations communes en vue des prochaines échéances : municipales et provinciales. C’est chose faite, des débats ont eu lieu , mais la  résolution finale de ce  33ème congrès démontre de part ses alinéas que le Front a repris l’essentiel des choses dont il a besoin pour gérer les préoccupations qui animeront les prochaines semaines et mois à venir.

Les 4 composantes du FLNKS : l’Union Calédonienne, le Parti de libération kanak, le Rassemblement démocratique Océanien et l’Union Progressiste Mélanésienne , ont reconfirmé l’accord de Nouméa comme feuille de route pour aller au bout du processus de décolonisation .  Naku Press vous laisse découvrir la résolution finale de ce 33ème congrès de Poya. Aucun autre argument politique ne pouvait contredire le caractère incontournable de la démarche unitaire pour prétendre à un quelconque rapport de force dans les instances politiques du pays. Une des déclarations de Victor TUTUGORO  , actuel animateur du Bureau Politique du Front, l'a encore confirmé en disant ceci : il faut savoir se dépasser, et laisser de côté ses égos pour aller à l'essentiel. Le peuple Kanak a su le faire dans le passé, il le confirme encore, pour dire que ce sont là des démarches qui traversent le temps, pour à chaque fois construire une autre actualité au pays . Dans cette motion générale, une avancée , même si elle est encore formulée comme sujet de réflexion : l'assemblée référendaire, elle note malgré tout , une grande évolution non seulement dans le discours, mais un véritable pas , vers la préparation de la sortie de l'accord de Nouméa. Même si cette formule ne sera pas retenue, mais elle aura permis au FLNKS de débattre , de ce qu'il va poser sur la table pour faire avancer le débat de l'après Accord de Nouméa.   Bonne lecture.





     Proposition de motions 33ème congrès FLNKS


Réuni lors de son 33ème Congrès le samedi 7 décembre 2013 à Poya, le FLNKS,  garant de l’Accord de Nouméa, réaffirme l’importance de la démarche unitaire pour l’accession du Pays à la pleine souveraineté et pour la concrétisation de son objectif d’Indépendance Kanak Socialiste.

Le 33ème Congrès du FLNKS, rappelant l’importance de maintenir son objectif  politique et la cohérence dans le portage de l’ADN, confirme le Bureau Politique comme organe de direction.



Le 33ème congrès du FLNKS,

-      Salue, encourage et exhorte les militants à prendre toute initiative pour l’inscription du plus grand nombre sur les listes électorales dans tout le Pays et plus particulièrement dans les communes du grand Nouméa,

-        valide les décisions du bureau politique élargi de Dumbéa concernant les élections municipales.



Considérant l’enjeu des élections provinciales de 2014, le 33ème Congrès du FLNKS décide de mettre en œuvre  la meilleure stratégie pour maintenir et augmenter sa représentativité au sein des institutions (provinces-congrès-gouvernement)pour obtenir les majorités nécessaires au Congrès de la NC afin d’engager les grandes réformes de son projet politique et déclencher la consultation finale au plus tard en 2018.

En ce sens, le 33ème Congrès interpelle l’Etat sur sa responsabilité à faire respecter les dispositions qui encadrent le corps électoral de sortie.



A ce titre le 33èmeCongrès du FLNKS,

-     mandate le bureau politique pour accompagner les initiatives relatives aux élections et établir les stratégies en fonction des spécificités locales  (bilans, règles d’élaboration des listes, calendrier, plateforme minimale).

-      Acte le principe de la liste unique en Province Sud.



Le 33ème Congrès du FLNKS a pris connaissance du projet d’Assemblée Référendaire présenté par l’UC et demande aux autres composantes de présenter leur analyse sur le sujet au 34ème Congrès de 2014.



Le 33ème Congrès réaffirme l’importance des outils de communication que sont Radio Djiido Kanaky et la Voie du FLNKS. Il appelle à une mobilisation militante en leur faveur et se félicite du lancement de NCTV.


Mise en ligne le 10 Décembre 2013  ( Sources FLNKS)


samedi 2 novembre 2013

Novembre , le mois des congrès des partis indépendantistes …. En attendant les décisions un petit retour sur le comité des signataires ….



L’union Calédonie ouvre le calendrier avec son congrès à Druelu ( Lifou) , le Palika suivra à Hienghène le week prochain et l’UPM pour la semaine d’après. Des rendez vous pour préciser la parole indépendantiste. Des moments attendus à la fois par les militants mais aussi toute l’opinion publique calédonienne. Bien évidemment que ce sont les derniers moments de débats et de décisions importantes avant les échéances de 2014 .
Collogue 25 an Matignon et 15 ans ADN (NP)
Colloque  25 ans Matignon et 15 ans de ADN  ( NP)
En attendant les résolutions de ces différents rendez vous, Naku press fera juste ici un petit rétrospectif sur  le colloque qui s’est tenu à Paris et le comité des signataires. Les médias locaux ont largement retransmis les appréciations, les commentaires des participants à ces deux rendez vous parisiens.  Naku press souligne tout simplement le constat suivant : les indépendantistes ont pu s’entendre pour ne faire qu’une seule déclaration à Matignon alors qu’en face , 3 déclarations.  Au colloque de la veille de ce comité des signataires , effectivement que la tendance Accord de Nouméa était majoritaire autour de la table du fait que nous avions la présence des anciens ministres et haut fonctionnaires tous de gauche  qui , pour la plupart d’entre eux avaient œuvré pour la signature des différents accords . Mais ceci étant , force a été de relever qu’il y a eu beaucoup d’évolution dans le langage . Nous relèverons ici les termes suivant : l’accord de Nouméa n’est pas une décentralisation mais bien un processus de décolonisation – les transferts de compétences ce sont des transferts de pouvoir, ou encore un rapatriement de pouvoir  - parlant de Ayrault , on dira le premier ministre français ( remarquable de la part d’une personnalité d’en face) .  Et une fois de plus , ce colloque prouve encore , par ce retour sur l’histoire de ce pays, que c’est bien la parole indépendantiste qui fait bouger les choses. D’ailleurs comme l’ambiance était assez consensuelle, certains voulaient que le colloque se termine sur ce ton, mais les indépendantistes autour de la table : Paul Néaoutyne et Caroline Machoro, ont bien insisté sur le fait que malgré les grandes avancées, il y a encore énormément de problèmes à régler, ou qui sont restés en suspens. Et cela un peu pour dire, que même si les indépendantistes parlent de citoyenneté , ce n’est pas pour autant que le lendemain à Matignon , la solution consensuelle devait passer comme une lettre à la poste.

Certains se sont empressés à dire que les positions se rapprochent , façon de dire que les indépendantistes avaient déjà mis un pied pour l’option solution consensuelle. Alors qu’il n’en n’est rien, d’ailleurs Rock Wamytan a bien remis les choses au point dans sa conférence de presse. 
Matignon 11 oct 2013 cté des signataires ( NP)

Bien évidemment que le contexte pré électorale va beaucoup influencer la communication des politiques. Mais Paris en octobre 2013 a été un lieu où chacun a pu s’exprimer sur l’histoire, et d’admettre que plus jamais le pays ne devra revivre le passé, et surtout d’admettre aussi que la légitimité électorale, n’est pas la légitimité historique , et qu’on le veuille ou non , il faudra faire avec la minorité qu’est le peuple originel de ce pays.  L’historien calédonien qui a ouvert le colloque l’a dit ouvertement : qu’il faut reconnaître que dans un processus de décolonisation c’est normalement la puissance de tutelle avec les représentants du peuple colonisé qui discutent, - le Peuple kanak a bien voulu admettre la présence des autres autour de la table ( pour parler de la droite locale) mais demain, le Peuple Kanak peut très bien décider de discuter seul avec l’Etat. 

Alors oui il y a le travail des deux experts sur l’avenir institutionnel du pays.  Ils l’ont exposé , mais vraiment avec beaucoup de vigilance, et ont d’ailleurs bien pris le temps de préciser la méthodologie qui a guidé leur travail.  Il faut constater que c’est une avancée , une commande officielle pour la formulation des hypothèses possibles sur la sortie de l’Accord de Nouméa. Mais comme toute étude, ce ne sont que des propositions, et elles ne doivent pas conditionner les décisions futures à prendre par nos décideurs.  En tous les cas , ces experts ont donné des pistes. Ceux qui ont parlé de référendum éclairé peut être qu’ils iront s’en inspiré pour justement donner plus d’éclairage,  mais difficile à croire, quand dans des prospectus que l’on distribue dans les boites aux lettres, on affirme très clairement la chose suivante :  «  la seule solution consensuelle possible : l’indépendance association, solution inacceptable » .
Matignon : 11 octobre 2013 Cté des signataires ( NP)
Parler de référendum éclairé cela sonne pédagogique , pour dire donnons les moyens aux gens de prendre leur décision en toute responsabilité , mais ce qui se passe  réellement  n’est pas tout à fait cela. Ceux qui sont pour la solution consensuelle eux ont lancé aussi une enquête en envoyant à chaque citoyen un questionnaire , bonne méthode pour alimenter leur argumentaire. Bref face à cela , les indépendantistes eux restent sur la feuille de route qu’ils ont signé avec l’Etat. Les hypothèses proposés par les deux experts seront certainement étudiés et discutés, mais pour le moment les indépendantistes restent sur les dispositions de l’accord de Nouméa.

Le drapeau kanak flotte désormais dans le pays, et bientôt  en Janvier 2014  le pays utilisera ses propres billets de banque avec des dessins bien d’ici. La population s’est appropriée du drapeau comme aussi ces billets de banque , dont tout le monde a vite fait de se les approprier car ils parlent de choses que l’on connaît.

Tout est question de communication et de reconnaissance mutuelle , pour avancer !!! Mais voilà en politique,  toute chose a une couleur , et de faite elle s’inscrira dans une géographie intellectuelle voire même idéologique , et donc attaquable … Mais à quand la lecture objective des choses, pour simplement la  compréhension d’une réalité qui rythme nos quotidiens ? Et la roue de l’histoire continue à tourner !!!!

Naku press : Mise en ligne le 02 Novembre 2013





mardi 1 octobre 2013

QUAND UN JURISTE KANAK POSE LE DEBAT SUR LA DECOLONISATION .....

Naku press , pour saluer l'effort affiché derrière cette thèse , publie ci-après le Préface du livre de Léon WAMYTAN issu de sa thèse « Peuple kanak et droit français : du droit de la colonisation au droit de la décolonisation, l’égalité en question » écrit par FABERON

Cet ouvrage de Léon Wamytan est issu de sa thèse de Droit public soutenue devant l’Université d’Auvergne en février 2013. Il en est une version simplifiée, pourtant le sujet en est très vaste : il embrasse l’ensemble du droit français à l’égard du peuple kanak, du droit de la colonisation au droit de la décolonisation ; et il défend une thèse iconoclaste, voulant démontrer qu’en Nouvelle-Calédonie, le droit français sait ignorer l’égalité.
1. Il traite de la colonisation en première partie et de la décolonisation en deuxième partie, donnant l’apparence d’un plan chronologique, mais il s’agit bien d’un plan à idées, tant l’époque de la Libération mérite bien son nom pour les colonies françaises, notamment pour la Nouvelle-Calédonie qui passa alors de l’assujettissement à l’autonomie. Du milieu du XIXème siècle au milieu du XXème siècle, la colonisation de la Nouvelle-Calédonie a posé un problème à la France qui a peiné à fixer sa politique coloniale de ce territoire des Antipodes. Ensuite, depuis le milieu du XXème siècle et l’avènement du territoire d’outre-mer, l’autonomie est à l’ordre du jour, mais la puissance ex-coloniale, pendant plus de quarante ans jusqu’à 1988, n’a cessé de tergiverser, ce qui fit émerger l’indépendantisme ; et depuis 25 ans, certes ralliée au respect du pluralisme, elle joue avec le temps, institutionnalise les interrogations… De l’assujettissement dans la colonisation à l’autonomie dans la décolonisation, le basculement est complet, mais les hésitations et les incertitudes sont permanentes.
Dans ce paysage, le livre de Léon Wamytan vient apporter un éclairage précis ; dans les mutations et incertitudes évoquées, il a un repère : la mise à l’écart du principe d’égalité, ou peut-être aurait-il pu dire (il ne va jamais jusque-là) : la mise en œuvre d’un principe d’inégalité, d’un principe discriminatoire, un principe général du droit du peuple kanak.
2. L’ambition de cette recherche, qui défend authentiquement une thèse, est servie par son sérieux. Ainsi elle ne tombe pas dans le piège intellectuel consistant à confondre décolonisation et indépendance.
Cet ouvrage ne porte pas sur l’indépendance. Il ne traite même pas de : « Droit de la transition de la Nouvelle-Calédonie vers un État indépendant. » L’auteur a évidemment ses idées sur l’indépendance. Mais ce n’est pas son sujet : il traite de l’instrument juridique de la colonisation et de la décolonisation. Bien sûr, il critique le droit de la colonisation fondé sur les inégalités et les intolérances : qui est pour ? Bien sûr, il affronte les difficultés juridiques du droit de la décolonisation, il explique la complexité de discriminations compensatoires pour le droit français et l’idée d’instaurer de nouvelles inégalités à rebours. Qui est contre, dès lors qu’il s’agit de restaurer le respect dû à tout un peuple, de rétablir la dignité humaine ? Les Kanak disent dans leur langue Go do Kamo : je suis une vraie personne, une authentique personne.
Cette vérité sur cette communauté doit être rétablie en droit et c’est le sujet de cet ouvrage. Il traite du lien entre sujet de droit et humanité, lien nié lors de la colonisation et enfin généralisé par la décolonisation.
3. Le prix Goncourt 2011 Alexis Jenni dit dans son Art français de la guerre : « On ne refuse pas impunément la liberté, l’égalité et la fraternité à ceux à qui on l’a enseignée. » Il a raison, et l’existence de ce livre le prouve bien.
La liberté, l’égalité et la fraternité ont trop longtemps été retardées à l’égard des Kanak, et il aura fallu attendre 2013, il aura fallu attendre Léon Wamytan pour que se tienne la première soutenance d’une thèse de droit d’un Kanak.
Il n’est pas surprenant que cette thèse porte sur le droit français et le principe d’égalité. Mais il ne se limite pas à une simple critique du droit de la colonisation, qui est facile. Il démontre que contourner le principe d’égalité peut aussi être utile pour le droit de la décolonisation. C’est un travail vivant, passionnant et passionné au sens du dictionnaire Robert qui nous dit qu’être passionné c’est avoir « une vive inclination » pour un objet : la passion du droit de Léon Wamytan peut bien se préciser en la passion du droit de la décolonisation.
4. Il est une autre facilité que ce livre ne se permet pas : celle qui consisterait à dire que décoloniser, c’est tout simplement restaurer les traditions d’avant le colonisateur. L’auteur, représentant symbolique du peuple kanak de demain, est de la famille du Grand Chef de la tribu de Saint-Louis près de Nouméa et il sait ce que tradition veut dire. Mais s’il est bon de retrouver sa tribu en 2013 encore, cela n’empêche pas de réclamer par exemple le bénéfice de l’électricité et d’internet pour tous. Alors, je ne crois pas, pour une fois, que Woody Allen ait raison, lorsqu’il dit dans « Harry dans tous ses états » : « La tradition n’est qu’une illusion de la permanence. » Il parle, quant à lui, vous l’imaginez, de la tradition juive qu’il ne supporte plus. Léon Wamytan aurait pu évoquer les jeunes ou les femmes kanak qui trouvent parfois leur coutume pesante, voire dans certains cas, insupportable. Mais contrairement à ce que dit Woody Allen, la tradition n’est pas à mon avis, qu’ « une illusion de la permanence » car nous avons tous des racines (en dépit de ce que Gide disait à Barrès : « où voulez-vous que je m’enracine ? »). Même moi, dont les racines Pieds Noirs ont été coupées, je garde farouchement des racines mémorielles, et je tiens à leur permanence.
D’ailleurs, dans « Harry dans tous ses états », lorsque Harry, joué par Woody Allen, fait cette déclaration, le personnage de sa sœur lui répond lucidement qu’il pense cela parce que, dit-elle, « toute ta vie est nihilisme et cynisme et sarcasme et orgasme ». À quoi d’ailleurs Harry répond « Tu sais qu’en France, je serais élu avec un slogan pareil », ce qui nous ramène à la France et au droit français.
Max Weber, qui s’y connaissait en matière de légitimité, parlait de « l’autorité de l’éternel hier » et évoquait « les coutumes sanctifiées par leur validité immémoriale et par l’habitude enracinée en l’homme de les respecter. »
Ainsi par définition, toute entreprise de destruction des coutumes ne peut être qu’une brutalité traumatisante. Tandis que les intéressés peuvent faire évoluer leurs coutumes et c’est le propre de la coutume de ne pas être immuable : l’ancien droit français disait bien « Coutume se remue ». Le président du sénat coutumier Luc Wéma affirmait lui-même: « la coutume, c’est quelque chose de vivant ».
La Nouvelle-Calédonie de la décolonisation diffèrera notamment du pays d’avant la colonisation en raison des nouvelles racines qui s’y sont implantées. Ce pays à décoloniser dans le pluralisme connaît bien la réalité des traditions, des différentes traditions : permanences, certes, et pas illusions.
Cet ouvrage traite du peuple kanak à l’épreuve du droit de la colonisation et au bénéfice supposé du droit de la décolonisation. Le peuple kanak est restauré dans sa dignité humaine, mais désormais il n’est plus seul. Sa terre est devenue une « terre de partage » comme dit la devise de la Nouvelle-Calédonie. Et si le partage et l’accueil sont tradition kanak, ils ont cependant transformé la terre kanak. La Nouvelle-Calédonie de la décolonisation est complètement différente de celle qui a été colonisée.
Le projet de Constitution de République indépendante de 1987, cité dans ce livre, disait effectivement dans son article 19 que le peuple de cette République « constitue une communauté nationale et pluriethnique, libre, unie et souveraine, fondée sur la solidarité de ses divers éléments. »
Je pense, dans un contexte différent, à la belle formule du préambule de la Constitution de l’Afrique du Sud affirmant : « Nous croyons que l’Afrique du Sud continuera avec tous ceux qui y vivent, unis dans leur diversité. »
5. L’ouvrage de Léon Wamytan attise l’intérêt du lecteur auquel il laisse le soin de prolonger lui-même sa propre réflexion : après le droit de la colonisation, il y a de droit de la décolonisation ; mais après le droit de la décolonisation, que pourra-t-il y avoir? Je viens d’évoquer le prix Goncourt 2011. Le Goncourt 2012 a été attribué à Jérôme Ferrari pour son « Sermon sur la chute de Rome ». Ce livre est basé sur le commentaire par Saint Augustin de la chute de Rome en 410. Saint Augustin a dit : « Le monde est comme un homme, il nait, il grandit, et il meurt. » Jérôme Ferrari affirme : « Bien sûr, les choses tournent mal… Toutes nos vies sont parsemées de cadavres de mondes trahis … »
Il est tellement vrai que les révolutions les plus généreuses ont mené à des lendemains qui, dans le meilleur des cas, déchantent, et dans le pire, régressent dans les goulags et la pratique ordinaire de l’assassinat…
Jérôme Ferrari évoque le sermon sur la chute de Rome de Saint Augustin qui rappelle : « Dieu ne nous a promis que la mort et la résurrection…Tu croyais que Rome ne tomberait pas. Rome n’a-t-elle pas été bâtie par des hommes comme toi ? Depuis quand crois-tu que les hommes ont le pouvoir de bâtir des choses éternelles ? L’homme bâtit sur du sable… Peut-être ne s’est-il rien passé à Rome en août 410 que l’ébranlement d’un centre de gravité ».
Alors remplaçons Rome par société décolonisée : quel nouveau centre de gravité pour le monde d’après ? Quelle société, après la colonisation, après la décolonisation, avec quelle égalité ? Après avoir lu cette thèse sur le dépit d’égalité (au sens du dépit amoureux), comment ne pas penser aux vertus de la liberté ? N’est-ce pas la liberté qui pourrait être le rempart contre la perversion des mondes nouveaux ? La liberté, sans laquelle il n’y a pas de sûreté, avec la sûreté sans laquelle il n’y a pas de réelle liberté ?
N’est-il pas permis de concevoir quelque optimisme à l’égard de notre petit pays de Nouvelle-Calédonie, qui réussit de si grandes choses, dès lors qu’il se consacre à la tolérance, au partage et au pluralisme ? N’est-ce pas le caractère pluriel de la Nouvelle-Calédonie, cimentée par le respect réciproque et les libertés, les libertés identitaires mutuelles, n’est-ce pas cela qui pourrait permettre au droit de la décolonisation de finalement « dépouiller le vieil homme » et d’ouvrir sur une société en cohésion ? Le peuple kanak a résolu depuis 1983 à Nainville-les-Roches de partager son pays. Je ne sais pas si tous les autres réalisent la force d’âme nécessaire pour une telle ouverture d’esprit, qui garantit par exemple ma liberté de vivre à Nouméa, avec mon épouse auvergnate.
D’un autre côté, et ce serait une vision moins optimiste, ne peut-on pas observer que la démarche de type colonial, disons inégalitaire, égoïste, et la démarche de type décolonisatrice, disons tolérante et pluraliste, sont toutes deux dans la nature humaine ? Cela expliquerait qu’il y ait aussi des aspects positifs dans l’entreprise coloniale et aussi des errements trop nombreux dans la décolonisation. Mais cela pourrait nous faire douter de l’avenir…
6. Je crois que la difficulté des décolonisations, c’est la mémoire des souffrances. On ne peut passer à la sérénité que lorsque la mémoire, qu’il n’est pas question de dénigrer, parvient à coexister avec l’histoire, avec la connaissance objective et avérée de ce qui s’est passé, établie scientifiquement par les historiens. C’est ce à quoi, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, on ne parvient toujours pas à l’égard de ce pays, et la dernière visite à Alger du président de la République française en donne encore l’exemple, alors qu’en Nouvelle-Calédonie, l’accord de Nouméa a réussi dans le consensus à respecter les mémoires différentes sur la base de l’histoire établie et admise par tous désormais. Ce n’est que lorsque l’histoire est reconnue que les mémoires ne sont pas vacarme parce qu’elles se tiennent toutes. L’histoire des vainqueurs n’est pas l’Histoire.
C’est avec juste raison que la Nouvelle-Calédonie d’aujourd’hui a été dépeinte comme le refus « de la fascination du repli ethnique, comme une confirmation intelligente et sereine de l’interdépendance, comme une combinaison astucieuse de la protection qui répare et de l’ouverture qui élargit l’avenir ». C’est une citation datant de 1998, et qui a pour auteur la députée de la Guyane, Mme Taubira, devenue aujourd’hui Garde des sceaux de la République. Elle évoquait pour la Nouvelle-Calédonie ces couples : « le droit et la générosité, la justice et la fraternité, la responsabilité et la solidarité. » Alors pour l’avenir, je veux croire avec Bernanos que « l’espérance est un risque à courir ».
7. Enfin et en tous cas, on sait que « dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est pourquoi (il faut des travaux) de recherche instruits par des problématiques ambitieuses ».
Cet ouvrage résulte de cette ambition. Il nous fait comprendre que l’histoire n’est pas un saucisson dont on coupe des rondelles en fonction de notre interlocuteur et de sa mémoire. Il fait comprendre que l’histoire est un tout complexe, un ensemble de causalités diverses, d’intentions différentes qui entraînent un enchaînement de faits jamais univoques. L’histoire est au-dessus des devoirs de mémoire ou du droit à l’oubli. Oui, les colonisations sont un complexe enchevêtrement d’ombres et de lumières ; elles sont humaines et les hommes et les femmes de la colonisation en représentaient, pour certains, le côté obscur de la force et pour les autres, les aspects lumineux de la générosité. Les décolonisations sont peut-être encore plus complexes, elles aussi sont humaines et si tout le monde se dit favorable à la décolonisation, je constate aujourd’hui encore tant de mensonges, et de nouvelles formes de violences… La décolonisation de la Nouvelle-Calédonie, qui vient tard et se veut lente et mesurée, relève d’analyses multiples et nuancées. Dans ce mouvement, l’ouvrage de Léon Wamytan est une contribution nécessaire et doit tracer la voie aux jeunes juristes Calédoniens et notamment Kanak. Il faut croire en leur nouvelle génération: ceux qui suivront pour apporter leurs travaux doctoraux au service du pays. Ce pays a un peuple premier, des populations nouvelles, et nous devons cimenter la parole et le partage dans cette nouvelle société.
Dans cette perspective, le livre de Léon Wamytan est un apport considérable. Au-delà de sa valeur universitaire (la thèse a reçu les plus hautes récompenses), il a aussi une signification dans l’édification de la société calédonienne. Que l’auteur en soit félicité.



Naku press : mise en ligne le 01 Octobre 2013

dimanche 22 septembre 2013

LA DYNAMIK FLNKS SUD/PT était en AG à Saint Louis.





Après les différentes journées nationalistes dont la dernière s’est tenue à Paita  sur le thème de la Jeunesse, la Dynamik FLNKS Sud/ PT  s’est réunie ce samedi 21 Septembre 2013 pour faire le point sur ses activités, et surtout ébaucher les contours d’un bilan  de l’action politique dans les institutions : Province Sud, Congrès, Gouvernement . Le sujet phare du moment , celui des prochaines municipales a occupé les discussions de toute la matinée.

Dyn FLNKS Sud/PT  ( maison commune St louis) ph NP
Le contexte pré électorale avec tout qu’il entraîne en terme de communication , et notamment l’effet d’inflation verbale pour la formulation de beaux termes du côté indépendantiste, et des termes plus aigus de la droite locale ; la question primordiale est de savoir comment canalyser au mieux les énergies afin d’engager des actions plus pertinentes pour construire la démarche unitaire sur des bases solides. C’est prétentieux de formuler ainsi les choses, mais l’essentiel est bien celui là .  La Dynamik FLNKS Sud/ PT n’aura que les moyens de continuer à sensibiliser la population qu’elle peut toucher sur la nécessaire unité dans le sud, et surtout la compréhension des enjeux de 2014.

A côté de cette dynamique qui essaie d’être présent sur le terrain il y a le FLNKS , l’organisation politique qui regroupe les 4 partis : Union Calédonienne, Parti de libération kanak, Rassemblement démocratique Océanien ; et Union progressiste mélanésien . Le FLNKS connu pour son rôle de principal interlocuteur du peuple kanak au niveau local, régional, et international , il est aussi la référence  en période électorale pour le camp indépendantiste.  Récemment , son exécutif  qu’est le Bureau Politique a donné quelques pistes quant à la stratégie à défendre pour l’organisation des prochaines élections municipales. L’unité reste le maître mot, mais avec la nuance que c’est le groupe des 4 partis qui pilote le travail à faire pour ces prochaines élections. Une posture logique  , mais à quand l’ouverture aux autres mouvements indépendantistes non intégrés dans le FLNKS. Dans les communes de la grande agglomération : Nouméa – grand Nouméa, la force indépendantiste reste malgré tout timide. Il faut vraiment ratisser large pour au moins obtenir  1 ou 2 élus  dans les conseils municipaux ?

La Dynamik FLNKS Sud a abordé cette question : avec une note positive pour dire qu’il faut mettre en avant le FLNKS . Le terrain semble  avoir du mal à lire toute la cacophonie bien agencée autour de l’idée d’unité. Une fois le principe annoncé,  il reste toute la discussion à faire en interne pour les modalités de passerelle entre la grosse machine FLNKS et les autres  ( mouvements et partis indépendantistes). La Dynamik FLNKS Sud , entend privilégier le dialogue avec surtout l’idée d’aller à  l’essentiel à savoir l’unité pour gagner.  Les prochains jours nous diront si cette façon de voir les choses aura trouvé écho auprès du FLNKS ou pas .

Le tour de table sur l’action politique dans les institutions, démontre qu’un travail effectif est engagé  pour jeter des nouvelles bases  d’une société mieux organisée avec des politiques publiques répondant avant tout aux besoins et au bien être de l’homme. Cette orientation a été transversale dans les dossiers phares portés par les indépendantistes dans les institutions : le schéma global du transport et de la mobilité, NC 2025 , ZODEP, le fond de garantie en terres coutumières etc… .

Pour éviter de laisser toute la place à cette dimension d’analyse qui prétend que la politique n’est qu’une affaire de fond de commerce, la Dynamik FLNKS Sud  considère que le combat pour  l’indépendance du pays est un objectif noble qui mérite plus de consistance que des seules bagarres d’égo. La communication sur les grands objectifs défendus par le FLNKS depuis d’antan , est la seule façon de relativiser ou d’anéantir l’ampleur que pourrait prendre dans les prochains jours, toute la démagogie bien agencée  avec des éléments de langage bien affûtés pour impulser au devant de la scène des courants d’idées qui d’hier avaient préféré des détours , critiquant même une tendance trop kanako kanak.  La politique est parfois très large  qu’elle peut nous faire admettre la justesse d’une position par pure anticipation théorique, c’est le risque de brouiller le message qui lui respecte la donne du moment, mais c’est aussi cela la bagarre des idées. Une lutte de libération nationale a-t-elle de la place pour ce genre de débat ? – Mais un pays riche comme le nôtre est aussi la proie de tous les courants d’idées qui savent trouver les belles formules pour capter l’opinion publique. Vigilance , et subtilité dans la vision des choses , resteront les maître mots pour arriver à imposer une démarche saine afin de réussir cette unité du mouvement indépendantiste dans le sud.

Pour terminer cette nouvelle , on se rappellera d’une citation de Jean Marie TJIBAOU : «  plus on avancera dans notre combat, plus on sera face à nous même » - A méditer pour la suite …..

Naku press : Mise en ligne le 21 septembre 2013.


dimanche 15 septembre 2013

Enseignement du Français : la Nouvelle-Calédonie s’implique aux Îles Cook





La Nouvelle-Calédonie est partenaire, aux côtés de la France et des îles Cook, dans un accord en matière de coopération éducative aux Îles Cook, a annoncé cette semaine l’Ambassade de France en Nouvelle-Zélande, qui est aussi compétente pour les îles Cook.

Cet accord visa notamment à mettre en place sein du système éducatif des Iles Cook une filière « d’apprentissage des langues étrangères, et notamment de la langue française, en tant que moyen privilégié de sensibilisation à la diversité culturelle et vecteur de communication internationale et régionale », précisent les mêmes sources.

Avec comme catalyseur l’ambassade de France en Nouvelle-Zélande, cette convention implique aussi quatre autres partenaires : le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, le Ministère de l’Éducation des Iles Cook, l’association France-Volontaires et l’Alliance française de Rarotonga.
Selon la partie française, cet accord de coopération « marque une nouvelle étape dans la relation bilatérale entre la France et les Îles Cook d’une part et entre la Nouvelle-Calédonie et les Îles Cook d’autre part » et « traduit la volonté commune de renforcer notre partenariat dans les domaines éducatif et culturel ».

Au plan des modalités de mise en œuvre, ce projet culturel devrait être suivi du déploiement d’une volontaire assistante de langue française auprès de l’Alliance française de Rarotonga et du Ministère de l’Éducation des Iles Cook pendant deux années.
Cette volontaire, déjà nommée (Lauriane Botella), devrait être mise à disposition par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, avec le soutien de l’association France-Volontaires, à partir du 23 septembre 2013.

Sa mission sera multi-bases : d’abord au sein de l’Alliance Française de Rarotonga (d’enseignement et d’animation culturelle), mais aussi dans les locaux de deux établissements scolaires de Rarotonga (le lycée Nukutere College et l’école primaire Apii Te Uki Ou) pour des cours d’initiation à la langue française.

Sources : Flash d’Océanie ( Edition du 13/09/2013)
Naku press : Mise en ligne le 14 septembre 2013

jeudi 12 septembre 2013

HOMMAGE A UN FRERE , UN COUSIN , UN CAMARADE , UN COMBATTANT pour la cause du Peuple kanak ……. A Charly





UN AN DEJA , mais tu sera toujours présent par ce drapeau kanak qui flotte désormais d’une manière  officielle aux côtés du drapeau français.  Un flash souvenir : quand une journaliste de TF1 admirait les belles couleurs du drapeau devant les anciens bureaux de l’Avenir à la 1ère Vallée du tir, à la veille d’une conférence du BP du FLNKS , alors que le pays était presqu’en feu , c’était dans les années 80 , un militant nationaliste lui a répondu : il serait encore plus beau s’il pouvait flotter librement !!!  Ton geste  symbolisait  beaucoup de choses à notre peuple, certains se méfieront soupçonnant  des discussions, des compromis peut être … Beaucoup d’encres ont coulé , mais dans le silence tout le monde du côté des kanaks a su apprécié qu’enfin le drapeau puisse flotter librement. Enfin une reconnaissance aux yeux du monde.

Jusqu’au bout  tu as été celui qui depuis son plus jeune âge a suivi les anciens dans les toutes premières discussions politiques sur l’avenir du pays. Un parcours qui te forgera pour être aussi à ton tour quelqu’un qui a tout fait  pour servir son pays, mais surtout pour faire avancer la revendication du peuple kanak.

Le pays était avant tout ta préoccupation , comment faire pour que tout le monde qui voit son avenir dans ce pays, puisse continuer à vivre et à s’épanouir sur ce bout de caillou de l’autre bout du pacifique sud. Comment faire pour à chaque fois dégager le tronc d’arbre sur la route, c’était l’essentiel de tes préoccupations , même à la tête du plus grand parti kanak.

On se souviendra des initiatives que tu as prises pour optimiser la présence des indépendantistes dans les plus hauts niveaux de commande du pays, par des organisations qui permettaient de jouer la complémentarité pour plus d’efficacité, passant outre les périmètres des chapelles politiques. Le conseil politique qui devaient jouer la coordination au sein des équipes indépendantistes au niveau du gouvernement, n’a pas été compris dans ses attributions, certains y verront là une instance qui voulait se substituer à la direction du Front, alors qu’il n’en n’est rien.  Ce n’était qu’une autre lumière pour doubler la visibilité dans la gestion de certains gros dossiers.

On se souviendra aussi de celui qui sait dire ce qu’il pense mais avec les formes avec toujours cette volonté de tirer les choses vers le haut , à sa manière , avec ses mots et ses tournures de phrases.  Un nom qui a toujours marqué l’histoire politique de ce pays , avec un oncle qui a été le premier député kanak : le vieux Roch PIDJOT. 

A la tête du conseil d’Administration de la Radio Djiido, tu as mené la restructuration de la station sur demande de la direction du Front, tu seras aussi celui a qui a su faire voter une ligne éditoriale , ce document qui va cadrer les activités de la radio. Cette capacité de dire non à ceux qui dans un silence bien aménagé voulaient éteindre définitivement  cet outil qui est la seule voix des sans voix …

A ces années où parfois la maîtrise de soi faisait défaut, tu as su faire le pas vers la dimension d’un responsable qui à chaque instant doit se soucier de faire avancer la « machine »  , a chercher la virgule ou le point pour ponctuer cette longue marche vers cet objectif commun à tous les militants nationalistes kanak : un pays souverain enfin libre de décider de son propre destin .. 
Ton nom sera désormais inscrit dans le marbre de l’histoire de notre pays , repose en paix …  

Naku press : Mise en ligne le 12 septembre 2013