mercredi 25 mai 2011

François Mitterrand et les territoires français du Pacifique (1981- 1988)

François Mitterrand et les territoires français du Pacifique vendredi 14 mars 2003 (Date de rédaction antérieure : 14 mars 2003).

Un collectif de chercheurs animé par Jean-Marc Regnault, maître de conférences à l’Université de la Polynésie française, vient d’achever un gros ouvrage sur "François Mitterrand et les territoires français du Pacifique (1981-1988), mutations, drames et recompositions, enjeux internationaux et franco-français".
Passionnante à plus d’un égard, cette somme, qui couvre les problèmes de la Polynésie comme ceux de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles Hébrides, l’est autant par l’analyse de la politique conduite par François Mitterrand dans ces territoires que par la perception qu’en ont eue les Polynésiens et les Calédoniens eux-mêmes :"l’enjeu franco-français", on le verra, n’est pas forcément le même à Paris qu’à Papeete ou Nouméa. L’ouvrage paraîtra en librairie dans le courant de 2003, aux éditions "Les Indes savantes". Jean-Marc Regnault nous a donné l’autorisation d’en publier quelques extraits ; nous l’en remercions très vivement, en regrettant que la place nous manque pour aller plus loin mais en espérant que ces fragments donneront au lecteur l’envie d’ensavoir davantage.


I- Introduction

François Audigier, Jean-Marc Regnault[...]


L’ouvrage propose une double perspective :

1/ Traiter d’une Histoire immédiate, d’une Histoire particulièrement sensible, en Nouvelle-Calédonie notamment.

Nous nous heurtons, certes, aux difficultés inhérentes au genre : archives publiques peu ou pas accessibles, recul critique encore insuffisant, alors que l’évolution amorcée en 1981 n’est pas close, puisque la marche vers une autonomie toujours plus poussée, voire vers l’indépendance, n’est pas achevée. Nous ne reprendrons pas ici les arguments qui autorisent à écrire cette Histoire. Serge Berstein l’a déjà fait à propos des "Années du changement". Il s’agit de faire la preuve, dans le Pacifique (comme l’Institut d’Histoire du Temps présent l’a démontré ailleurs) qu’il est possible d’aborder scientifiquement une telle période.Tel que l’ouvrage se présente, le lecteur sera tenté de faire la comparaison entre les deux Territoires de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie, mais les limites de toute mise en parallèle apparaîtront vite. En Polynésie, une majorité de citoyens se contente de l’autonomie pourvu qu’elle s’accroisse régulièrement et que les transferts financiers se poursuivent, voire s’amplifient. Le côté idéologique est moins prégnant qu’en Calédonie. Les héritages historiques, les situations économiques et la composition ethnique des deux entités sontsuffisamment différents pour expliquer que, sur le Caillou, des logiques opposées s’affrontent et qu’elles nepeuvent se concilier s’il n’intervient pas un élément déterminant qui amènerait chacun à revoir ce que l’idéologie luidicte.

2/ Traiter cette Histoire avec des historiens contemporanéistes certes, mais aussi et surtout en pluridisciplinarité et cela à double titre.

D’une part, les caractères particuliers de l’Océanie (réalités claniques et communautaires, phénomène des diasporas, sensibilités identitaires, poids des religions, confrontation des cultures occidentales et autochtones...) ne peuvent se comprendre que par l’éclairage croisé et la confrontation des résultats des différentes sciences humaines, sociales et juridiques ; d’autre part, dans le cas des périodes fortement chargées en passions de tous ordres, la diversité des analyses renforce l’objectivité de l’étude. Cela n’exclut naturellement ni les nuances, ni quelquefois de nettes divergences d’interprétation. Dans cet ouvrage, il n’y a pas place pour une"pensée unique". Il ne s’agit ni de faire l’éloge de François Mitterrand, ni de faire son procès, pas plus que l’éloge ou le procès de ses opposants. Les auteurs se sont rassemblés sur le thème choisi parce qu’ils avaient une compétence à faire valoir. Nous avons rassemblé pour cet ouvrage des chercheurs qu’on pourra qualifier de "chevronnés", mais nous avonsaussi voulu y associer de jeunes docteurs ou doctorants, afin de montrer que le Pacifique Sud intéresse un large éventail de chercheurs. Sans doute, l’ouvrage laissera-t-il des lecteurs insatisfaits. En rassemblant de nombreux auteurs on pourrait penser balayer le champ le plus large possible, mais en réalité des questions sont à peine abordées ou délaissées. Nous aurions aimé accorder, par exemple, davantage de place à Wallis et Futuna ou aux communautés ethniques (autres que kanak et caldoche) si nombreuses en Nouvelle-Calédonie. Nous avons eu pour but d’ouvrir un chantier. Il est de l’ordre des choses qu’en sciences humaines le chantier ne soit jamais achevé. Il y a place pour d’autres recherches, d’autres chercheurs, d’autres témoignages. Inutile de cacher que nous n’avons pas obtenu toutes les collaborations souhaitées, en particulier parmi les responsables politiques de l’époque. Comme l’écrivait Georges Duby : "l’Histoire continue".II- Du candidat François Mitterrand au Président de la République



II - François Mitterrand et l’outre-mer : une continuité des principes par-dela les républiques ? Frédéric Turpin

En novembre 1984, à Edgard Pisani partant pour la Nouvelle-Calédonie, le Président Mitterrand fit part de son"émotion" devant le drame en cours. Il livra à l’ancien ministre du général de Gaulle ses réflexions sur les modalitésd’une éventuelle sortie de crise :"Il est convaincu que les choses doivent profondément changer. Mais (...) plutôt suivant une démarche maîtrisée.Le mot d’indépendance ne lui fait pas peur mais il faut garder des liens. Il faut apaiser pour construire. (...) Leproblème est ethnique peut-être. Il est politique et social. Nous n’avons pas su, les Européens n’ont pas voulu faireaux Canaques la place qui leur revient...". Cette manière d’appréhender la question calédonienne ne ressortissait-elle pas chez François Mitterrand du seul fait de la conjoncture ? Ou, au contraire, ne relevait-elle pas - comme le souligne Alan Clark - d’une conception plus générale de l’histoire entre métropoles et colonies ? Au fond, depuis les années cinquante, Mitterrand n’avait-il pas développé une pensée propre concernant les rapports entre la France et les TOM, malgré les vicissitudes dela vie politique et de ses engagements partisans, une approche globale qui puisse nous aider à mieux comprendre son action à partir de 1981 ?[...] En ces années cinquante lourdes de bouleversements, l’Union française ne constituait nullement un vain mot pour François Mitterrand. Au contraire, il réclamait, comme tant d’autres, que son "avenir" fût "déterminé" ainsi que"son unité" créée. D’indépendance, il n’était pas question. De sorte que le statut d’Etat associé, accordé auVietnam, au Cambodge et au Laos, ne trouvait pas grâce à ses yeux, car, au lieu de consacrer la pérennité du lien avec la France, il tendait le plus sûrement du monde à l’indépendance pure et simple et devenait par conséquent le"point de mire avouable de tous les séparatismes". Le leader UDSR n’était assurément pas de ces hommes politiques de la IVe République qui regardaient d’un bon oeil "la grande braderie de nos communautés outre-mer" ! Le sens de l’histoire ne semblait pas alors, pour lui, donner un blanc-seing aux nationalismes indigènes :"Paris est l’authentique et nécessaire capitale de l’Union française. Le monde africain n’aura pas de centre degravité, s’il se borne à ses frontières géographiques. Il se divisera, se morcellera, refera à son compte nos plus fâcheuses expériences : on y parle déjà de nationalismes, on s’y souvient encore de racismes irréductibles. Lié à la France dans un ensemble politique, économique et spirituel, il franchira d’un coup quatre siècles et remplira pleinement son rôle moderne, à la fois original et complémentaire. Du Congo au Rhin, la troisième nation-continent s’équilibrera autour de notre métropole."[...] Si François Mitterrand se montrait très attaché au maintien de cette présence française suivant des modalités politico-juridiques à définir avec pragmatisme, il ne pouvait toutefois pas s’identifier à un défenseur de l’ordre colonial établi. Au contraire, le "parti colonial" le considérait comme l’un de ses adversaires. Il est vrai que FrançoisMitterrand ne goûtait guère les solutions de force ou les situations pouvant y conduire. Son premier coup d’éclat n’avait-il pas consisté à ramener le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) et son leader ivoirien Houphouët-Boigny dans le giron de la République ? Certes, l’opération - conçue et décidée par René Pleven -n’avait pas été sans arrière-pensée puisque, en quittant l’orbite du Parti communiste, le RDA s’était apparenté à l’UDSR. Mais, il avait fallu beaucoup de détermination et de courage politique au ministre de la FOM pour imposer aux places d’honneur de la République un personnage considéré comme "le diable" par la communauté française d’Afrique et nombre d’autres formations politiques, le RPF du général de Gaulle en tête. L’opération Houphouët-Boigny était, nous semble-t-il, tout à fait caractéristique de la pensée du futur président de la République française. Libéral, François Mitterrand l’était devenu, mais à sa manière. Il semblait partisan - souligne le gouverneur général Chauvet - de tendre vers l’obtention de l’égalité des droits ainsi que de favoriser la promotion économique et sociale des individus. Cependant pour être indépendant, du moins autonome, sans tomber dans le désordre le plus complet, il convenait de former et de s’appuyer sur des élites intelligentes et responsables. Ces territoires devaient en outre disposer des ressources nécessaires à leur propre développement. François Mitterrand n’attacha donc pas son nom à de grandes réformes mais il s’efforça de mettre en place demultiples petites réformes allant dans le sens du caractère progressif de ce qui devint la décolonisation.[...] La dislocation de la Communauté et la fin de la guerre d’Algérie ouvrirent une nouvelle période dans lesrapports entre la France et les territoires d’outre-mer : celle de la gestion des "confettis de l’empire" et de la politique de coopération. Pour Mitterrand, ce fut surtout l’heure de la lutte à outrance - source d’un éventuel destin national - contre de Gaulle, sa politique et son régime. Un combat de tous les instants qui le vit récolter de beaux succès, comme la mise en ballottage du Général en 1965, mais aussi de sévères défaites ; la crise de mai 1968 ne fut pas, en ce sens, des plus glorieuses. Phénomène classique lié à une longue période d’opposition, François Mitterrand durcit alors considérablement ses prises de position dans tous les domaines.[...] Une fois que le Général se fut retiré de la vie politique, le discours mitterrandien - et socialiste - se fit moinstranché. Mitterrand n’avait, il est vrai, plus le même besoin de poser son personnage, y compris de manière excessive, afin de s’ouvrir les portes d’un destin national. Ses critiques se firent ainsi plus ciblées, mais aussi plus constructives.[...] Les TOM paraissaient même tout particulièrement préoccuper François Mitterrand. Dès le mois d’octobre 1970, il avait d’ailleurs solennellement mis en garde le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas :"Dans chacun de ces territoires, on observe des mouvements d’opinion presque tous fondés sur la situation économique, mais qui trouvent aussi racine dans les rapports humains, de fâcheux rapports humains qui, malheureusement, n’ont pas été corrigés par l’expérience des dernières décennies". Au premier rang de sa très critique attention venait la Nouvelle-Calédonie. L’opposant Mitterrand réclamait que,"dans les plus brefs délais", "une loi" ramenât ce territoire "au moins à l’état où l’avait laissé la loi-cadre de 1956". Le conseil du Gouvernement devait redevenir un vrai conseil du Gouvernement et, ce faisant, tous les habitants de l’île pleinement participer à leur avenir. Si tel n’était pas le cas, il fallait "redouter des incidents" qui tourneraient "peut-être au drame". Tahiti méritait elle aussi une autre politique -française- car la fin des essais nucléaires ne pouvait que provoquer d’importants désordres au sein d’une société par ailleurs bouleversée par le CEP :"Tahiti n’a pas d’autre perspective - je l’espère et on le pense sans doute là-bas - que de rester dans l’ordre français (...) Les Polynésiens, les Tahitiens ne s’éloigneront pas de la France, s’ils se sentent chez eux, s’ils peuvent aller vers le progrès, vers plus de liberté, s’ils acquièrent l’égalité dans les chances de développement,dans la protection sociale et la défense de leurs intérêts économiques". Cette prise de position en faveur du maintien d’un lien fort entre la France et les TOM, François Mitterrand n’en fit jamais mystère. Par exemple, aux délégués socialistes des Nouvelles-Hébrides, de Wallis et de Futuna, il déclara franchement :"L’autodétermination est votre droit et si je n’écoute que mon coeur, je souhaite que nous restions ensemble". En cela, le Premier secrétaire du PS demeurait, au fond, fidèle aux principes avancés par le député et le ministre de la IVe République qu’il avait été : autonomie interne et droits politiques afférents suivant des modalités propres aux temps nouveaux, lutte contre les abus du colonialisme - avatar exotique du capitalisme - permettant de libérer l’homme de toutes formes d’aliénation (politique, économique et sociale) et développement économique propre à chaque territoire. Ce fut donc fort logiquement qu’il condamna le statut de la Polynésie française de 1977 :"Le conseil de gouvernement peut donner l’impression de gérer effectivement les affaires locales, l’absence d’un développement économique réel, fait que la Polynésie n’a jamais été aussi dépendante de la métropole (...). Il faut donc remplacer la politique d’assistance pratiquée par le gouvernement central, par une politique dedéveloppement économique et social". Au seuil des années quatre-vingts, libérer les hommes et les TOM de la dépendance métropolitaine constituait assurément un trait majeur de la pensée mitterrandienne sans toutefois que cela eût signifié la rupture des liens avec la France. Ainsi, si le terme d’ "association" du Mitterrand des années cinquante était bien passé de mode, il prônait néanmoins toujours le maintien du lien - sur des bases qui se voulaient plus égalitaires - entre la métropoleet les TOM.


Pas plus en 1981 que du temps de la IVe République, l’homme ne pouvait s’assimiler à un "bradeur d’empire". Dans ces conditions, la politique à l’égard de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française engagée par le nouveau président de la République ne ressortissait nullement de la seule approche conjoncturelle. Elle puisait au contraire ses racines dans les années cinquante au cours desquelles François Mitterrand s’était progressivement forgé ses propres conceptions et expériences des affaires d’outre-mer. Certes, comme le soulignait Eric Duhamel, elles relevaient "moins de la théorie que de principes". De fait, tant le parlementaire, le ministre que le chef de l’Etat demeurèrent fidèles au principe d’une "démarche maîtrisée" du processus de décolonisation dont le terme devait consister en la pérennité de liens entre ces territoires et la métropole, ainsi qu’en la sauvegarde des intérêts de la France, mais pas forcément de ses "colons" (sociétés et hommes).

III- Les retentissements nationaux et internationaux

L’affaire de la grotte d’Ouvéa et l’élection présidentielle de 1988
François Audigier

[...] Le drame d’Ouvéa, parce qu’il constituait un dérapage plus grave que l’incident de Poindimié et se situait à proximité immédiate de la présidentielle, fit voler en éclats le fragile équilibre politique de la cohabitation. Bernard Pons fut accusé par la gauche d’être indirectement à l’origine de cette violence en ayant fait passer en force son calendrier électoral. Au demeurant, la décision du ministre des DOM-TOM de faire coïncider élections régionales et premier tour de la présidentielle était maladroite, comme en convenait même le cabinet du Premier ministre. Provocatrice à l’égard del’Élysée qui avait mis en garde Bernard Pons contre cette intention de "jouer le calendrier", elle l’était également à l’égard des barristes et centristes qui avaient voté le statut du Territoire sous réserve que ces élections régionales n’auraient pas lieu avant l’échéance présidentielle. Sans compter le camp indépendantiste qui, déjà excité par le renforcement du dispositif sécuritaire sur l’île, avait averti le ministre qu’il "ferait échec par tous les moyens" à ce nouveau processus institutionnel. Cette précipitation s’expliquait sans doute par les pressions que Jacques Lafleur exerçait sur Bernard Pons. Renforcé par l’artificiel succès du référendum du 13 septembre 1987, le député RPCR entendait accentuer son avantage, espérant que le déluge médiatique du changement de Président noierait l’épisode calédonien et rendrait son statut irréversible. Il estimait qu’en cas de victoire socialiste, le nouveau gouvernement n’oserait pas remettre en cause les dispositifs décidés précédemment. En attendant, c’était Jacques Chirac qui risquait de payer le pari de son ministre influencé par ses partenaires RPCR. Deux candidats pouvaient en revanche tirer profit de cette nouvelle crise : Raymond Barre et surtout François Mitterrand, qui allait bénéficier de la mauvaise gestion du dossier calédonien. Comme le notait Alain Rollat dans le Monde du 23 avril 1988 :"Présomptueux, Bernard Pons a joué avec le feu, il se brûle. Par manque de discernement, Jacques Chirac reçoit le retour de flamme".[...] Le face-à-face télévisé du 28 avril, fut rude. Les candidats s’affrontèrent sur la Nouvelle-Calédonie. Jacques Chirac accusa son adversaire d’avoir "systématiquement encouragé" le FLNKS et son leader. Puis, faisant allusion à la Lettre à tous les Français dans laquelle François Mitterrand disait son respect pour le leader du FLNKS, il déclara : "Eh bien, voilà notre différence : moi, je ne respecte pas quelqu’un qui est devenu un terroriste". Le candidat socialiste rétorqua que c’était la politique d’injustice et d’intolérance du gouvernement qui avait empêché la République française d’être l’arbitre de ce conflit. Dénonçant " l’échec absolu " de la politique calédonienne de Jacques Chirac, François Mitterrand annonça en cas de réélection son intention de défendre toutes les communautés. Concernant le dossier calédonien, Jacques Chirac était en difficulté parce que Bernard Pons apparaissait plus que jamais comme la pièce fragile de son dispositif. Malgré les prévisions du ministre, pour la première fois dans son histoire, l’outre-mer avait marqué sa préférence pour la gauche. Seuls Wallis et Futuna et la Nouvelle-Calédonie (moins de 5% pour François Mitterrand) s’étaient rangés massivement derrière le candidat RPR. Bernard Pons apparaissait à beaucoup, à droite comme à gauche, comme le vrai responsable de l’aggravation de la situation sur le Caillou. Son redécoupage des régions favorables au RPCR, marginalisait le FLNKS et créait des frustrations. C’est lui qui avait exagéré la perte d’influence du FLNKS et poussé au rapport de force avec les indépendantistes. Selon Le Point du 30 avril 1988, Jacques Chirac lui aurait signifié quelques temps auparavant qu’il le tiendrait pour"politiquement responsable" de ce qu’il adviendrait sur le Territoire. Victime de ses maladresses, Bernard Pons devait désormais, en plus des socialistes, combattre sur plusieurs fronts à la fois :

- contre les Kanak qui le récusaient comme interlocuteur,

- contre les durs du RPCR qui ne se faisaient pas d’illusions sur l’issue du scrutin du 8 mai et essayaient d’obtenirle plus de garanties jusque-là, sans parler du Front National calédonien de Guy Georges qui lui avait "donné 48heures pour rétablir l’ordre", faute de quoi, il appellerait ses militants à assurer seuls et par les armes leur propre sécurité...

- contre les modérés de la majorité, qui supportaient de moins en moins ses surenchères politiquement suicidaires.Edouard Balladur et Alain Juppé avaient déclaré la semaine suivant le premier tour de la présidentielle, que la Calédonie ne devait "en aucun cas être mêlée à la campagne électorale". François Mitterrand avait désormais beau jeu de se présenter comme un pacificateur, un Président de la République au-dessus de la mêlée. Déjà, le 29 avril, lors d’un meeting, il demandait aux indépendantistes de libérer les otages détenus à Ouvéa, tout en faisant savoir qu’il s’opposerait à la dissolution du FLNKS. Dans un discours aussi généreux que général, le candidat se plaçait déjà dans l’après 8 mai et prenait ses marques pour les négociations à venir. Il se présentait comme ce médiateur qui saurait ramener le calme en Nouvelle-Calédonie.A quelques jours du deuxième tour, la tension monta encore. La droite, estimant la partie perdue, accentua ses critiques à l’encontre de l’Elysée avec des attaques ad hominem. François Léotard déplora le 1er mai sur Europe 1la pratique consistant à "recevoir dans les lambris de la République ceux qui préfèrent la machette à l’isoloir". Pour Charles Pasqua, "si le FLNKS n’était pas persuadé d’avoir une oreille attentive auprès de M.Mitterrand et d’être pardonné au lendemain du 8 mai, cette affaire aurait déjà été réglée". Selon lui, les Français devaient se demander s’ils voulaient conserver comme Président, " l’interlocuteur des auteurs des massacres d’Ouvéa ". La gauche riposta en visant à nouveau Bernard Pons, devenu, selon Pierre Mauroy, "un ministre dangereux pour les intérêts supérieurs de la nation, un ministre boutefeu qui en imposant un statut partial a attisé la violence". A quelques jours de la victoire attendue de la gauche, on ne respectait plus les anciennes règles de bonne conduite d’une cohabitation agonisante. Par exaspération devant un candidat socialiste qui avait mieux négocié le virage électoral ou par souci de récupérer les voix du FN, la droite durcit son discours. Charles Pasqua, qui influença la fin de campagne chiraquienne, promit même un grand déballage menaçant pour l’Élysée.


IV- Conclusion

François Audigier, Jean-Marc Regnault[...] S’il s’agit de dresser un bilan en 1988, de l’action de François Mitterrand dans le Pacifique, on retiendra deuxquestions. A-t-il fait progresser la "décolonisation" des TOM ? A-t-il donné de la France, une image positive pour les États et Territoires du Pacifique Sud ? En ce qui concerne la Polynésie française, il semblerait que la question statutaire se soit résumée à la fin d’une dépendance de type colonial et que le statut de 1984 avait largement réalisé cet objectif. Dès lors, la question statutaire - voire de l’indépendance - n’a plus été une préoccupation du président de la République, qui mesurait le problème avec d’autres instruments que les hommes politiques polynésiens. Les élus locaux avaient reçu une plus grande liberté de manoeuvre que leurs homologues des régions métropolitaines. Il leur fallait cependant apprendre à utiliser cette autonomie, et le voeu, plusieurs fois exprimé, de voir la Polynésie se doter d’un impôt sur le revenu correspond à cette analyse. Pendant son premier septennat, François Mitterrand est très attaché à la force de dissuasion. Il ne peut donc être question de s’engager trop loin envers les revendications d’une partie des élites locales qui réclament soit l’arrêt des essais, soit l’indépendance et souvent les deux. Certes, en 1989, le monde change et cela lui permet de laisser quelques espoirs aux anti-nucléaires quand il visite Papeete en 1990 : "la France ne sera pas la dernière à désarmer, si un grand sentiment de concorde règne sur le monde". Le second septennat apporte en effet des changements notables avec le moratoire sur les essais nucléaires en 1992. Cette décision à mettre au crédit d’un gouvernement de gauche n’a pourtant rien apporté électoralement aux socialistes. En 1995, Lionel Jospin ne recueille que 12,52 % des voix au 1er tour et 39 % au second. Sur le plan institutionnel, François Mitterrand ne s’engage pas en 1988 à aller beaucoup plus loin que ce qui existe. En 1990, il explique à Papeete qu’on ne peut pas changer de statut trop souvent et la modification statutaire qui intervient quelques semaines plus tard n’est qu’un ajustement permettant au président du gouvernement local de renforcer son pouvoir face à l’assemblée, clarification et aussi coup de pouce à un Alexandre Léontieff devenu proche du gouvernement de gauche. Pendant la campagne des législatives de 1993, il résume sa pensée sur le devenir de laPolynésie :"Depuis que je suis Président de la République, on a déjà retouché deux ou trois fois le statut de ce Territoire enallant toujours vers plus de compétences et puis d’autonomie interne. A quel endroit est-ce que cela s’arrêtera ?Moi, je n’en sais rien. Ce qui est vrai, c’est qu’il faut apprendre à se gérer soi-même ; on ne peut pas le faire toutd’un coup et les populations, j’en suis sûr, qui demandent de plus en plus, d’ailleurs, à Paris et au gouvernement, ne sont pas prêtes à demander l’indépendance. Je n’ai pas de raison, moi, de rechercher une indépendance que la population ne souhaite pas. Ou du moins, ellen’a pas démontré qu’elle le souhaitait au vu des résultats électoraux de ces dernières années".Ainsi, à partir du moment où les élus locaux disposent des leviers essentiels (et, pour François Mitterrand, celui de décider de l’impôt est certainement primordial) l’État n’est plus réellement responsable ni des inégalités qui Mitterrand peut considérer que, en ce qui concerne la Polynésie française, l’essentiel de son programme a été exécuté.En Nouvelle-Calédonie, François Mitterrand n’a pas réussi à changer la donne fondamentale : des citoyens mélanésiens qui, concrètement, ne sont pas les égaux des autres habitants du Territoire. Il n’a guère pu corriger"la force injuste de la loi" . Ses engagements à l’égard des Mélanésiens ont été contrariés, selon les opinions, soit par les "maladresses" des responsables politiques de gauche, soit par "la résistance" des Caldoches aidés par la plupart des représentants des autres communautés ethniques. Les faits sont là : la solution proposée par Edgard Pisani n’a pas pu être mise en oeuvre, pas plus que sa version édulcorée dite du statut Fabius-Pisani. Assez curieusement, la situation en Nouvelle-Calédonie s’arrange in extremis, non par la volonté commune de mettre fin aux séquelles du colonialisme, mais par la volonté de deux leaders - qui prennent conscience de la gravité des périls - de faire en sorte que toutes les communautés puissent vivre ensemble sur le Caillou, chacun faisant les concessions nécessaires. Michel Rocard rappelle dans quelles conditions cela a été possible, souligne son rôle personnel. Il est évident que lui-même, ainsi que le Président de la République, ont été conduits par les événements davantage qu’ils ne les ont prévus et conduits, ce qui n’enlève rien à l’habilité politique qui a permis les Accords. Finalement, on aboutit à une solution proche de ce qu’Edgard Pisani avait imaginé, sans doute trop tôt. Certes, l’État donne les moyens de "réparer" les inégalités. Les Accords de Matignon, puis de Nouméa en 1998, instaurent une sorte de discrimination positive susceptible de corriger ce que la colonisation, avec des zones d’ombre mais aussi de lumière (selon les termes de l’Accord de Nouméa), a apporté. Certes, cette politique a coûté la vie à Jean-Marie Tjibaou, mais celui-ci n’avait-il pas tout fait pour que "son pays" ne soit pas un jour inscrit sur la liste des pays les plus pauvres de la planète ? Si succès il y a eu en Nouvelle-Calédonie, c’est bien aux leaders locaux qu’on le doit puisque même la mort de l’un d’entre eux n’a pas remis en cause les Accords. C’est peut-être aussi parce que Jean-Marie Tjibaou avait une vision fort différente de la plupart des leaders du Tiers-monde. Il disait "notre identité, elle est devant nous". Les Accords de Matignon ont aussi réconcilié les visions politiques métropolitaines. Désormais les partis de gouvernement s’inscrivent dans la logique de ces Accords. Le consensus établi autour de la réforme constitutionnelle de 1998 l’a montré. Au moins, en ce domaine, le slogan de François Mitterrand de 1988, "la France unie", a trouvé une réalisation.

Ainsi David Chappell a pu écrire que la France avait engagé "une décolonisation sans indépendance". La formule a le mérite de refléter ce qu’ont été certainement la pensée et le voeu de François Mitterrand. [...]

mardi 24 mai 2011

AJIR, un plan provincial de la jeunesse...

Le lundi 28 février dernier, Odette Moindou et Sylvain Pabouty, les deux élus FLNKS de l'assemblée de la Province Sud, accompagnés de leur collaborateur, Alexandre Amosala, rencontrent Nicolas Kurtovitch, conseiller spécial à la présidence Province Sud pour évoquer le plan en faveur de la jeunessse, dénommée AJIR...

AJIR signifie Action, Jeunesse, Insertion, Réussite; c'est un plan regroupant plusieurs dispositifs en faveur de la jeunesse ...


1. Le conseil provincial des jeunes (CPJ): Composés de 60 jeunes représentants l’ensemble des lycées, collèges et d’associations, il a pour mission de participer à l’élaboration de la politique provinciale en faveur des jeunes. Il est ainsi consulter pour avis sur les projets intéressant la jeunesse et il peut également proposer des mesures en ce sens.

2. L’école de la seconde chance (E2C): dispositif d’insertion en faveur des jeunes qui ont entre 16 et 26 ans sans diplôme et sortis du système scolaire depuis au moins 1 an. Cette école dispense un enseignement alternée : savoir de base et technique (milieu professionnel). Durant cette période, l’élève perçoit une rémunération équivalente à la moitié du SMIC.

3. Les internats d’excellence : C’est un dispositif destiné à offrir aux élèves et étudiants un cadre de travail optimum dans les internats (accompagnement solaire personnalisé, outils informatiques, sport…). Ce dispositif destiné à évoluer concerne 4 internats actuellement :
- Bourail (40 élèves de 4ème et 3ème),
- La Foa (33 élèves de 4ème et 3ème),
- L’internat le Rosay de la DDEC à Païta (24 élèves de terminal bac pro),
- Le foyer Jeanne d’Albret (17 élèves en année d’examen).

4. Le service civique : Dispositif en direction des jeunes diplômés ou non qui ont entre 18 et 26 ans, souhaitant s’investir dans le secteur public. Fixée pour une période allant de 6 à 12 mois, la mission porte sur plusieurs domaines d’actions tels que la solidarité, l’environnement, le sport, le soutient scolaire… Durant cette période, le stagiaire perçoit une rémunération d’environ 60 000 F CFP.


5. Le projet sylviculture : dans le cadre du plan pour la sylviculture, un partenariat a été réalisé avec le GSMA pour la formation des jeunes : garde forestier, la santé des rivières… L’avantage c’est que le cout de l’opération sera supporté par l’Etat. Ce projet devrait débuter au mois de Juillet.

6. Le plan autiste : un dispositif est en cours d’élaboration visant à leur offrir des lieux de traitement. Des contacts ave le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ont été pris à ce sujet.

7. Halte au décrochage : Dispositif en direction des jeunes de moins de 16 ans qui s’apprêtent à arrêter l’école afin de les dissuader. Le principe serait, en gros « d’aller chercher les élèves absents des cours » ou de « repérer ceux qui présentent les signes d’une envie d’arrêter les cours » en leur proposant une autre filière ou formation. Déjà mis en place aux collèges de Rivière-salée et de Porte de Fer, ce dispositif devrait être étendu à tous les collèges. Sur le plan de la communication, une personnalité calédonienne (artiste) devrait relayer le message à la télé par le slogan suivant : « Lâches pas l’école ».

8. Le pôle jeunesse :
Future structure qui regroupera l’ensemble des services destinés à la jeunesse : MIG, centre d’information et d’orientations, bourses, cybercafé…

vendredi 20 mai 2011

Déclaration de F. FILLON à l'issue des entretiens avec les forces politiques de NC

Mesdames et Messieurs,

J’avais souhaité avec Madame PENCHARD rencontrer l’ensemble des forces politiques deNouvelle-Calédonie. Je veux d’abord dire que j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver leursresponsables qui m’avaient accueilli avec chaleur et avec confiance l’année dernière enNouvelle-Calédonie. Nos échanges ont eu lieu dans un climat détendu et en même temps dansun climat de grande franchise. Le respect mutuel et la confiance acquise au fil du temps ontété les gages d’une concertation que je voudrais qualifier de loyale et d’efficace.Bien sûr, il y a des divergences d’approches entre l’ensemble des forces politiques que j’aireçues et c’est là le gage de la démocratie. Mais l’Etat et les responsables politiques deNouvelle-Calédonie, c’est-à-dire les partenaires de l’Accord de Nouméa savent entretenir et faire vivre le dialogue sur l’essentiel, c’est-à-dire sur la question de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Ces rencontres avaient plusieurs objectifs.

D’abord définir les modalités pour mettre un terme à la crise politique qui s’est produite en Nouvelle-Calédonie depuis le mois de février dernier,crise politique qui s’est traduite par l’impossibilité de constituer un gouvernement stable enNouvelle-Calédonie. A elle seule, je veux d’abord dire et je l’ai répété à chacun de mes interlocuteurs, cette situation de blocage ne justifie pas la dissolution du Congrès de laNouvelle-Calédonie et de l’Assemblée de chacune de ses provinces. J’ai donc décidé de nepas la proposer. En revanche, nous avons décidé d’engager une modification technique dustatut.Cette crise a pris la forme d’une utilisation contraire à son esprit de l’article 121 du statut, qui permet à une formation politique par simple démission de ses membres du Gouvernement, derendre ce dernier démissionnaire d’office. Dès la semaine prochaine, le Conseil des ministresexaminera un projet de loi organique pour modifier cet article, en limitant dans le temps lapossibilité de faire jouer cette procédure. J’ai pu constater que la très grande majorité desforces politiques adhère à cet objectif.

Le projet du Gouvernement prend par ailleurs encompte les impératifs constitutionnels à respecter, c’est-à-dire la collégialité et le consensusqui résultent de l’Accord de Nouméa.Dans les premiers jours du mois de juin, le Congrès de Nouvelle Calédonie se réunira pourélire un nouveau gouvernement. J’ai dit à mes interlocuteurs le souhait très ferme que cegouvernement dispose d’une stabilité nécessaire pour gérer les affaires de la Nouvelle-Calédonie afin que nous puissions poursuivre ensemble la mise en oeuvre de l’Accord deNouméa. Et pour cela, il est absolument impératif de respecter à la lettre les principes fondateurs qui sont les principes de collégialité et de proportionnalité.

Ensuite, nous avons évoqué la réunion du Comité des signataires. Je souhaite qu’il se réunisse comme prévu avant l’été. Nous avons, avec le Président de la République, depuis 2007, fait dela mise en oeuvre loyale de l’Accord de Nouméa notre seule ligne de conduite. La mise enoeuvre de l’accord c’est aussi respecter le rythme régulier du Comité des signataires que nousavons rétabli.
Ce Comité permettra de faire un point précis de la mise en oeuvre de l'accord, en particulier sur la question centrale du transfert des compétences. Il fera aussi le point sur les initiativesimportantes qui ont été prises en 2010 : le bilan de l'accord, l'évolution de la filière nickel etles perspectives concernant l'après 2014. J'ai demandé à tous mes interlocuteurs de me préciser très rapidement les points qu'ils souhaiteraient aborder dans ce cadre, pour que nous puissions en débattre loyalement entre partenaires.

Dès à présent, nous avons pris ensemble la décision d'élargir la composition de ce Comité. Outre les signataires qui ont la légitimité historique de l'accord, seront désormais associés les groupes politiques constitués au Congrès, pour tenir compte de l'évolution de la situation en Nouvelle-Calédonie et de l'expression démocratique.

L'histoire, qu'elle soit ancienne ouqu'elle soit plus récente, est lourde de significations et d'enjeux en Nouvelle-Calédonie. Jeveux dire que l'Etat, comme les responsables de Nouvelle-Calédonie, nous partageons une très grande responsabilité devant cette histoire. A Nouméa en 1998, comme à Paris en 2011, je sais que nous sommes capables de trouver ensemble les ressources pour continuer à bâtir cet avenir partagé qu'ont voulu les signataires des accords de Matignon et de Nouméa.

Et c'est dans cet esprit que nous avons travaillé ensemble ces trois jours. Et c'est dans cet esprit que nous allons nous réunir, à la fin du mois de juin et au début du mois de juillet, pour poursuivre cette oeuvre qui est une oeuvre historique pour le territoire de Nouvelle-Calédonie, et qui, je crois, fait honneur à la France, au Gouvernement français et à l'ensemble des partenaires de cet accord.

Merci beaucoup.

jeudi 19 mai 2011

LE MINISTRE FLNKS CHARGE DE L'ECONOMIE A LA REUNION DES MINISTRES DES PAYS MEMBRES DU FORUM DES ILES DU PACIFIQUE









Naku press publie ci-après une dépêche de Flash d'Océanie sur la réunion des ministres océaniens aux Fidji.





NUKU’ALOFA, jeudi 19 mai 2011 (Flash d'Océanie) – Les ministres océaniens du commerce des 16 États membres, ainsi que leurs membres associés et observateurs, ont conclu jeudi leur réunion régionale axée autour des questions de libéralisation et fluidification des échanges régionaux, sur fond de retour de la collectivité française de Nouvelle-Calédonie.


Parmi les sujets à l’ordre figuraient notamment les questions de représentation mutualisée des pays du FIP (Forum des Îles du Pacifique) auprès d’institutions mondiales-clé, et en premier l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Genève, indique cette organisation régionale dans son communiqué final, publié jeudi depuis Vava’u (Tonga).


Mais avant tout, sur un principe général, il s’agissait aussi de possibles avancées en matière d’intégration commerciale régionale, qui passe actuellement par deux accords en cours de ratification: le PICTA (Pacific Island Countries Trade Agreement, qui inclut 14 des 16 États membres du Forum, mais pas l’Australie et la Nouvelle-Zélande) et le PACER (Pacific Agreement on Closer Economic Relations, qui inclut les deux grands voisins) ainsi que sa version déclinée en «PACER Plus».


Parmi les dernières évolutions concernant l’Océanie et l’OMC, Vanuatu est actuellement en passe d’acquérir le statut de membre plein, dans les semaines à venir, même si cette perspective rencontre actuellement, tout comme ce fut le cas précédemment avec Samoa, des oppositions locales.


Concernant la participation à cette réunion régionale de la Nouvelle-Calédonie, collectivité française désormais «membre associé» du FIP, elle a marqué, par la présence du ministre de l’économie, du commerce et du développement durable, Anthony Lecren, un retour dans les débats régionaux en matière d’échanges commerciaux.


La participation d’une délégation néo-calédonienne à la réunion de cette semaine a d’ailleurs fait l’objet d’un paragraphe dans le document final, qui note, reprenant les termes d’une intervention de M. Lecren, que «le gouvernement (de Nouvelle-Calédonie) récemment élu souhaite «placer l’intégration économique régionale au premier plan de ses priorités».


Les ministres du FIP ont aussi relevé et pris note du souhait à nouveau exprimé par le gouvernement de Nouméa (avec le soutien de la France) d’accéder à terme au statut de membre plein au sein de cette organisation régionale.


La Nouvelle-Calédonie avait effectué des démarches initiales afin d’adhérer au PICTA il y a plus de cinq ans, mais à l’époque le processus n’avait pas été poussé plus en avant.


Cette semaine, M. Lecren a aussi indiqué le souhait de son gouvernement de réactiver sa démarché d’adhésion au PICTA.


Par ailleurs, depuis Nouméa, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie confirmait ce souhait jeudi dans un communiqué. «Cinq ans après, nous souhaitons absolument réactiver notre collaboration», y a déclaré M. Lecren.


Mise en ligne par Naku press le 19/05/2011 à 22h50

MP Goyetche, présidente de l'USTKE, fait son discours lors de la marche des travailleurs le 1er mai 2011


AUX AUTORITES COUTUMIERES DE DJUBEA KAPOUMë
AUX AUTORITES COUTUMIERES ICI PRESENTES
AU COLLEGE HONORAIRE DE L’USTKE
AU COLLECTIF POUR UN DRAPEAU DU PAYS KANAKY
AUX CAMARADES TRAVAILLEURS
AUX RESPONSABLES POLITIQUES
AUX ASSOCIATIONS
AUX GENS DES EGLISES
AUX JEUNES
AU PAYS
AUX PERSONNES QUI ARRIVENT DU NORD ET DES ILES

Une pensée particulière à toutes les personnes qui ont œuvré et donné de leur vie pour les avancées sociales et qui aujourd’hui ne sont plus là.
Depuis sa création en décembre 1981 l’USTKE n’a jamais failli à son devoir de mémoire et à toujours commémoré cette date du 1er mai en défilant dans les rues de Nouméa comme il est de coutume pour tous les travailleurs de tous les pays du monde. Le 1er mai : est avant tout la journée des travailleurs !
Cette année, cette marche prend un caractère exceptionnel du fait qu’elle se situe dans l’année du trentième anniversaire de l’organisation et tous ensemble avons pris rendez vous pour fêter l’évènement en fin d’année.
Cette année, cette marche se fait également l’écho d’un mouvement populaire à travers l’appel du collectif pour le drapeau du pays Kanaky.
A tous ceux qui pensent, qui accusent l’USTKE, d’utiliser cette journée des travailleurs comme support politique, nous leur disons en premier lieu que l’USTKE, notre syndicat et nous le réaffirmons ici, ne s’est jamais caché de son engagement politique indépendantiste et c’est ce qui fait la différence avec les autres partenaires sociaux de ce pays !
Son engagement pour l’émancipation de ce pays prend aujourd’hui tout son sens à travers le drapeau kanak ; drapeau qui en juillet dernier, ne l’oublions pas, fut hissé de manière officielle au haut-commissariat, au côté du drapeau tricolore, par le 1er ministre de la république française en personne !

Ce 1er mai est aussi l’occasion de faire le point sur l’action syndicale et sur les grands thèmes d’actualité : le pouvoir d’achat qui est mis à mal par la cherté de vie ; un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté alors que nous sommes dans un pays en pleine croissance économique mais dont les revenus sont inégalement répartis et creusent de plus en plus profond le fossé entre les classes sociales.
Avec des riches devenant de plus en plus riches et des pauvres devenant de plus en plus pauvres et, pour beaucoup des familles à la recherche de solutions pour survivre.
Pour nous, la vie chère n’est pas que le panier de la ménagère ce serait une vision trop restrictive : le logement, l’électricité, l’eau, les carburants, le transport, les assurances automobiles … Tout devient trop cher.
Au rapport PIB nous sommes le 33ème pays du monde et l’on ne couvre pas les besoins sociaux pour les plus démunis : les maisons de retraites, les handicapés, le minimum vieillesse.
Il faut donner plus de pouvoir d’achat aux travailleurs, aux ménages.

Aujourd’hui c’est l’occasion pour nous de faire passer un message fort à notre nouveau gouvernement parce que ce nouveau Gouvernement est le notre et contrairement aux autres organisations syndicales, nous lui faisons confiance et lui accordons du temps pour prendre les mesures nécessaires et lui rappeler d’œuvrer pour un mieux être des classes sociales défavorisées et surtout
de placer aussi la question sociale au centre de la politique gouvernementale, tout comme la citoyenneté et le drapeau kanak.

Il est urgent de poursuivre l’effort de :
revaloriser les bas salaires,
réactualiser l’intéressement,
instaurer la participation des salariés à la répartition des bénéfices des entreprises,
réformer de la fiscalité,
taxer l’activité minière à l’export et taxer la fuite des capitaux,
et tant d’autres mesures encore …
Nous voulons et nous attendons de la part du gouvernement et des politiques que toutes ces mesures qui avaient été annoncées, amorcées jamais concrétisées et encore moins finalisées par l’ancien exécutif deviennent une réalité.

Autre point crucial qui nous préoccupe : la protection et la promotion de l’emploi local. La loi sur l’emploi local renvoyée aux partenaires sociaux a démontré son inadaptation au travers du code ROM des métiers calqué sur le modèle français et en décalage avec le pays.
Ce répertoire des métiers sert de base pour définir les durées de résidences en fonction de l’offre et la demande mais on s’aperçoit que celui-ci produit pour effet, de verrouiller les emplois les plus qualifiés et les mieux rémunérés pour les offrir au flux migratoire.

Quant bien même la formation et la promotion professionnelles, la validation des acquis et de l’expérience, sont des dispositifs intéressants ils restent malgré tout insuffisants. Notre préoccupation est de trouver de nouveaux moyens, nouvelles formules à mettre en place pour qu’à terme, l’emploi revienne aux citoyens de ce pays.
Il devient alors impératif de définir la « citoyenneté du pays ».
Cela ne saurait mettre de coté un élément majeur de notre combat et consacré par les différents accords : le rééquilibrage en faveur des kanaks
L’échec scolaire, le manque de formation, le manque d expérience et le racisme sont des facteurs d exclusion de l’emploi.

Aujourd’hui parler du rééquilibrage dans tous les secteurs d’activités (secteur privé et secteur public confondus) devient impératif le constat est alarmant de plus en plus de jeunes kanaks sont exclus du système économique.
A ce titre, les statistiques publiées par l’ISEE dans le cadre du recensement 2009 sont particulièrement inquiétantes de notre point de vue :
- taux de réussite au bac 2009 : 54% pour les jeunes européens contre seulement 12,50% du côté des jeunes kanak et 14,2% chez les jeunes océaniens.
La spirale de l’échec continue sur le plan des études supérieures :
- quand 50% des jeunes européens décrochent un diplôme Bac+2 voir plus,
seulement 5% des jeunes kanaks l’obtiennent, oui je dis bien 5% et autant chez les jeunes océaniens.
Constat : il y a davantage de diplômés mais des clivages persistants et inquiétants entre les communautés.

De facto, on peut dire sans trop de risque de nous tromper que le système actuel produit de l’exclusion et que les politiques de formation initiale et professionnelle sont à repenser dans leurs fondamentaux.
Conséquence induite : 42% des jeunes sortent du circuit de formation initiale sans diplôme et donc sans qualification et de fait, ne peuvent postuler aux emplois qui exigent de plus en plus des niveaux de qualification et de formation.
La jeunesse kanak pour cette tranche d’âge des – de 26 ans est concernée a raison de 60 à 70%.
On assiste donc à une inadéquation entre l’offre et la demande.

Il y a aujourd’hui s’impose une impérieuse nécessité de réfléchir et de mettre en place rapidement des dispositifs d’insertion professionnelle pour ces jeunes qui regardent chaque jour passer le wagon de la croissance : situation qui génère inévitablement de la frustration voire de la colère.

Le Pays dispose d’un atout formidable : sa jeunesse qui représente une part importante de sa population.

A toute la jeunesse du pays soyez fort et confiant, nous avons besoin de vous, le Pays a besoin de vous.

Notre souhait est de la voir réussir dans la vie, de la voir s’épanouir et s’appuyer sur elle pour la construction de Kanaky avec les autres jeunes des autres communautés qui sont aussi concernées.
Notre jeunesse doit être le reflet d’une société plus juste.
Notre souhait est de dire que si notre jeunesse a la volonté de réussir et nous pensons qu’elle l’a, alors les outils d’accompagnement « formation-insertion-accès aux responsabilités » doivent être au rendez-vous et produire leur effets et enfin, la jeunesse ne sera plus regardée dans la dimension « problèmes » mais beaucoup plus comme une des solutions porteuses d’avenir dans la construction de KANAKY.
Merci à ceux et celles qui ont contribué à la réussite de cette journée et,

Vive l’USTKE,
Vive le drapeau Kanak
Vive Kanaky !

Les responsables politiques du FLNKS et du Parti Travailliste rencontrent le premier ministre français, F FILLON

Entendu sur RDK ce mardi 18 MAI 2011...


Journaliste : Les autorités calédoniennes, pour la plupart, sont en métropole pour rencontrer le Premier ministre, François Fillon, dans le cadre de la modification de l'article 121 de la loi organique de l'Accord de Nouméa. Après le Rassemblement UMP et Calédonie ensemble mardi, François Fillon a donc reçu, il y a quelques heures, l'UC, le RDO, l'UPM et le Parti travailliste. Il s'agit surtout de préparer le prochain comité de suivi qui se tiendra en juin prochain.

Nous avons fait le point, ce matin, avec Gilbert Tuyenon, premier vice-président du gouvernement du pays et également vice-président de l'UC :

Gilbert Tuyenon : Notre position sur le sujet, c'était de demander à ce que l'État ajoute à l'article 121 un dispositif qui régule en fait et puis qui interdit les démissions à répétition. On a aussi échangé avec le Premier ministre sur une partie des propositions de l'État qui consistait à organiser des élections complémentaires, mais ça, ce sont des aspects techniques de la loi (?). Mais, plus que ça, la majeure partie de notre entretien avec monsieur Fillon a consisté à partager un peu sur le prochain ordre du jour du comité des signataires qui doit se tenir à la fin du mois de juin, ici, à Paris. Notre délégation, nous sommes venus avec l'idée de dire que nous approchons à grand pas du terme de l'Accord de Nouméa et qu'à notre sens, ce dispositif-là, il faut qu'on accélère un peu la cadence sur la mise en œuvre de l'Accord de Nouméa et, en un mot, nous avons demandé à ce que le prochain comité des signataires, on passe à un cran supplémentaire sur l'idée de l'accession de notre pays à la souveraineté. Il faut en effet rappeler qu'à partir de 2014, on sera en mesure, c'est la loi qui le permet, c'est l'Accord de Nouméa qui le permet, de solliciter les Calédoniens pour savoir s'ils sont prêts pour que le pays accède à l'indépendance. Notre état d'esprit, c'est de dire qu'effectivement, on a signé un accord en 98 et aujourd'hui, il n'est plus question de tolérer les retards qui ont eu lieu. On a effectivement partagé sur le retard pour empêcher les transferts de compétences, ou les groupes de travail ont du mal à se reprendre, les problèmes que nous rencontrons par exemple sur le transfert de l'enseignement. C'est tout un tas de dossiers techniques qui font que, ben, effectivement, le constat qu'on peut faire, c'est que l'Accord de Nouméa, on a du mal à avancer concrètement sur ça. L'impératif, pour nous, c'est que toutes nos petites affaires, si je puis dire ainsi, soient arrangées, se préparent, pour qu'on puisse, en toute connaissance de cause, décider de l'avenir du pays à partir de 2014. Donc, notre demande essentielle, c'était de dire, cette fois-ci, le comité des signataires, il faut qu'on franchisse un pas, il faut qu'on franchisse un cap, et ce cap-là, c'est essentiellement un cap politique pour dire : préparons comme il faut les choses, faisons de telle sorte que nous préparons notre pays pour son accession à la pleine souveraineté, et ça, les Calédoniens doivent décider en toute intelligence, en toute connaissance de cause, à partir de 2014.

Journaliste : Et en retour, que vous a répondu le ministre ?

Gilbert Tuyenon : Il en a convenu avec nous qu'effectivement, il y a un certain nombre de réajustements à faire et je pense qu'il a été assez sensible sur la demande éminemment politique que nous avons formulée cet après-midi et qui consiste à dire : il faut aller au-delà de tout ce que l'on a connu aujourd'hui sur les comités des signataires et qu'on passe ce cap-là, qui est finalement un cap un peu symbolique pour nous, parce qu'il faut faire de telle sorte que le comité des signataires de la fin du mois prochain soit un comité des signataires très politique.

mercredi 18 mai 2011

Le grand débat sur l'école rend sa copie au gouvernement de la N.C

Fruit d’un an de travail, après plus de 200 rencontres, le rapport de la commission du grand débat sur l’avenir de l’école présente les priorités proposées pour les dix à quinze prochaines années. Nous publions en exclusivité l’essentiel des soixante recommandations.

1 - Respect et solidaritéÀ la devise de la République (liberté, égalité, fraternité) et aux principes de son école (laïcité, gratuité, droit à l’éducation et à l’instruction), la commission propose d’ajouter la devise de la Nouvelle-Calédonie (Terre de parole, terre de partage) et trois valeurs propres aux communautés du Caillou : le respect, la persévérance et la solidarité. Ce socle fondateur devra donner lieu à « des expressions concrètes dans l’espace scolaire » et nourrir l’école au quotidien, via une charte, des symboles et des documents pédagogiques.

2 - Mission : le destin communCultures locales. Créer un enseignement obligatoire des cultures kanak et « océaniennes » (au sens de non-kanak), 2 heures par semaine, durant la scolarité obligatoire (du CP à la 3e) : coutumes, éléments de langue, géographie, histoire, cuisines, modes de vie d’hier et d’aujourd’hui, découvertes en tribus… Objectif : « lutter contre les préjugés » et prendre conscience « de ce qui rapproche et de ce qui sépare ». La commission plaide aussi pour une plus grande « contextualisation » des programmes.
Langues kanak. Développer leur enseignement : d’abord par une meilleure formation des enseignants et la création d’outils ; ensuite par « l’offre obligatoire d’au moins une langue kanak » à chacun des niveaux du primaire (2 heures en option par semaine) ; enfin par la création d’écoles primaires bilingues françaiskanak (puis de collèges bilingues).
Français. Faire de la maîtrise du français (mal compris par un jeune de 17 ans sur trois) une priorité absolue, en renforçant son enseignement, en lançant un apprentissage du « français langue seconde » et en créant « des dispositifs de remédiation », comme à La Réunion.
Inégalités. L’idée d’un uniforme commun à la Calédonie a été écartée, mais celle d’un uniforme par établissement a été très discutée. La commission recommande de lancer « une grande politique d’accompagnement des élèves », s’inspirant des meilleures initiatives existantes, pour que « les inégalités de départ ne commandent plus la réussite scolaire », objectif « prioritaire » de l’école.

3 - La maternelle dès 5 ansLa commission estime que la maternelle doit dépasser sa mission d’accueil et inculquer les compétences nécessaires en vue du CP. Sans lisibilité sur la diversité actuelle, elle demande un audit sur l’ensemble des structures d’accueil avant 6 ans et la création d’un poste d’inspecteur pour animer ce pôle préélémentaire.
Pour les enfants de 3-4 ans, la commission propose une alternative : soit deux années dans une école maternelle « rénovée », « plus attentive à l’environnement culturel » ; soit deux années dans des « structures alternatives innovantes » (crèches, cases éducatives en tribus…) accordant plus de place « à la langue et aux cultures d’origine », avec des intervenants locuteurs. Objectif : accroître le choix des familles, sachant qu’une entrée après l’âge de 4 ans pénalise la réussite future.
Enfin, pour généraliser la fréquentation et mieux articuler la grande section avec le CP et le CE1, la commission préconise d’avancer la scolarité obligatoire dès 5 ans, année déjà décisive, au lieu de 6 ans.


4 - Vers un socle calédonienSocle commun. Mettre en oeuvre le socle commun de connaissances et de compétences (du CP à la troisième), via une politique « très déterminée » et « opiniâtre ». La commission s’inquiète que de nombreux élèves quittent le système sans maîtriser ces fondamentaux.
Et recommande la définition d’un socle « calédonien » spécifique, qui reprendrait des éléments du socle national (avec un plus fort accent sur le français et les maths), tout en adaptant deux des sept piliers : celui de la « culture humaniste » et celui des « compétences sociales et civiques ». Tourné vers la citoyenneté et le vivre-ensemble, ce dernier pilier serait étoffé par la connaissance institutionnelle, culturelle et historique du pays et de ses communautés. Il deviendrait « le socle du socle ». Trois paliers d’évaluation auraient lieu en fin de CE1, fin de CM2 et fin de 5e.
Transition. À l’entrée au collège, où trop d’enfants arrivent avec des lacunes, la commission conseille de développer les relations entre les enseignants de CM1-CM2 et ceux de 6e-5e. Ces derniers interviendraient en « nombre réduit » de manière à ce que « les élèves ne perdent pas leurs repères », par rapport au primaire.
Alternatives en 4e-3e. Près du quart des collégiens sont dans de multiples structures alternatives (4e aide et soutien, 3e d’insertion etc.), pas toujours lisibles et « considérées par les élèves comme des voies dévalorisantes ». La commission propose que les élèves de 4e-3e ayant des difficultés suivent des dispositifs de réussite « spécifiques » et « innovants ». Créés dans le cadre de l’autonomie des collèges, avec une petite équipe de professeurs et un fort appui extérieur (MIJ, LP, ALP, CFA, entreprises…), ils viseraient d’abord la maîtrise du socle.
Violence. Créer des « dispositifs relais » (deux ou trois par province), en lien avec la protection judiciaire de la jeunesse, pour prendre en charge les éléments perturbateurs (avec l’objectif d’un retour au collège ou en ALP).


5 - Lycée : la voie professionnelleGénéral et technologique. Poursuivre la réforme en cours et évaluer « immédiatement » ses effets. Accroître « l’éducation au choix » pour une meilleure orientation dans le supérieur.
Voie professionnelle. En faire « une vraie voie de réussite » jusqu’au bac pro. Selon la commission, c’est cette voie, plus tournée vers l’alternance, qui permettra d’augmenter sensiblement la proportion de bacheliers calédoniens et de limiter celle des « sans qualification ni diplôme ». Pour sortir du « remplissage » et orienter davantage les LP vers « l’excellence », la commission demande la création de « lycées de métiers », bien identifiés.
BTS. En lien avec l’emploi, accroître les places en BTS, « notamment dans le tertiaire », pour que l’accueil des bacheliers technologiques et professionnels y soit « beaucoup plus important ». Les BTS devraient même leur être « réservés », défend la commission. Objectif : éviter leur arrivée par défaut à l’université, là où ils sont aujourd’hui nombreux et promis à l’échec.


6 - Raccourcir les journéesRythmes. L’idée-phare est de réduire l’amplitude des journées — « surchargées » — et d’allonger en conséquence celle de l’année scolaire (36 semaines actuellement). Au lycée, la correction locale du bac (2012 ou 2013) faciliterait cette démarche. L’expérimentation de nouveaux rythmes quotidiens est recommandée sur des sites pilotes, durant un à trois ans, sur le mode « cours le matin, activités sportives et culturelles l’après-midi ».
Internats. Faire un « audit immédiat » sur l’état des internats, en vue d’un plan quinquennal de remise à niveau, et lancer de nouvelles constructions (collèges de Nouméa et sa périphérie). Ouvrir tous les internats le week-end, avec l’intervention de personnels spécifiques, d’étudiants et de professeurs pour aider les jeunes. Face au « déterminisme social », étendre les internats d’excellence, lancés cette année en province Sud.
Transports. Créer une commission de régulation dans chaque province ainsi qu’à l’échelle du pays, associant collectivités, transporteurs, parents et personnels éducatifs. « L’état des transports scolaires est très préoccupant […]. Les logiques de marché sont prépondérantes, au détriment de l’intérêt des élèves. […] Il est urgent de modifier entièrement le dispositif », tranche la commission, devant un système de ramassage jugé divers et aléatoire. Objectif : pas plus d’une heure par trajet. Un accueil est sollicité avant et après les cours.


7 - Impliquer les parentsCréer dans chaque école et chaque collège « un conseil de la coéducation » réunissant personnels, élèves et parents. Objectif : dialoguer et monter des partenariats permettant aux parents de s’investir dans l’école. Ouvrir une permanence des parents au sein de l’établissement et délocaliser des réunions en dehors de l’établissement. Nommer un « médiateur » par établissement, pour aider au dialogue et à la gestion des conflits. Concevoir une « mallette des parents » servant de base à un atelier-débat trimestriel en sixième. Créer un « point écoute » avec du personnel formé pour prévenir l’absentéisme et la violence.

8 - Des enseignants sur profilsIncitation. Créer un observatoire dédié à la « gestion prévisionnelle, quantitative et qualitative » des 4 800 enseignants du pays. Tout en maintenant le nombre d’heures d’enseignement, augmenter celui dédié à « l’accompagnement des élèves ». Rendre plus attractifs les postes extérieurs au Grand Nouméa, « dévolus par défaut à des maîtres-auxiliaires », en révisant les procédures d’affectation et de mutation, en passant par « une incitation financière ou des bonifications », une assurance de logement, et « une augmentation des postes à profils ».
Primaire. Pour plus « d’efficience », « fusionner » à terme les dispositifs de formation initiale et continue des enseignants du premier degré (IFM-NC, Enep et IUFM). Dans un premier temps, « mutualiser » et fusionner si possible l’IFM-NC et l’Enep (privé). Insister sur la formation en maths.
Secondaire. Du côté du recrutement local, le constat est rude : peu de candidats pour 22 spécialités à couvrir et des besoins évalués à 840 profs d’ici 2015 (45 % des personnels). Pour inciter les jeunes Calédoniens, un plan d’ensemble est préconisé via des aides financières aux étudiants et la réservation d’un certain nombre de places aux concours nationaux (tout en conservant la barre d’admission). Encourager les maîtres-auxiliaires (19 % des enseignants) à présenter les concours.
Pour le recrutement métropolitain, la création d’une commission permettrait de « sélectionner les dossiers selon des critères liés au contexte ». Une idée forte est d’allonger le séjour de ces expatriés à six ans, au lieu de quatre, « les trois premières années se passant obligatoirement dans l’établissement d’affectation ». Avant leur arrivée, les enseignants suivraient un stage de formation sur la réalité du pays à la Maison de la Nouvelle-Calédonie, puis à Nouméa, puis par zone géographique.

9 - Vers un pilotage territorialInstaurer, « d’ici cinq ans », une nouvelle organisation, recentrant les responsabilités sur le gouvernement, pour un pilotage plus « efficace et juste » en termes de moyens, et plus de cohérence entre les politiques provinciales. Pour la commission, le partage des compétences et son « enchevêtrement » dans la perspective du transfert, rendent impossible toute politique globale et nuisent « largement aux performances du système éducatif ».
Une « grande politique territoriale d’éducation prioritaire » est fortement préconisée, avec l’octroi de « moyens supplémentaires » dans les établissements difficiles et un « différentiel de rémunération » pour les personnels. En parallèle, une « autonomie » croissante des établissements est souhaitée, ainsi que leur regroupement en « réseaux » géographiques.
Augmenter les forces d’inspection. Restructurer les relations entre le privé et les autorités publiques, pour plus de « transparence » et de « parité » de moyens. Créer une agence libre et « indépendante » pour évaluer et rendre compte de la performance du système éducatif.

10 - Connecter les entreprisesConstruire des « liens solides » entre l’école et le monde du travail, dans un contexte où la moitié des demandeurs d’emploi n’a pas de diplôme professionnel. Créer une « fiscalité professionnelle » forte, dédiée à « l’effort de formation ». Chercher à impliquer tous azimuts les acteurs économiques — et les administrations — dans les établissements (parfois comme présidents des conseils d’administration des lycées professionnels).
Demander aux enseignants d’oeuvrer plus directement à l’insertion des élèves.
Créer une commission formationemploi pour établir un schéma quinquennal des formations, en lien avec l’emploi.

Le chiffr 3 700 C’est le nombre de participants aux 210 débats publics organisés sur le territoire entre avril et octobre 2010.
Repères La commission
La commission était composée de trente-neuf membres, tous issus de la société civile et de la communauté éducative. Installée en mars 2010 par le gouvernement, voulue « libre et indépendante », elle avait été missionnée pour organiser le grand débat (débats publics, auditions d’experts, d’associations, des syndicats et des partis politiques), en faire la synthèse, puis proposer des recommandations aux élus. Son président était Claude Thélot, spécialiste français de l’éducation, et ses vice-présidents Michelle Durand-Roire (inspectrice en maths) et Octave Togna (vice-président du CES et sénateur coutumier).
Le rapport sera-t-il appliqué ?
La composition de la commission, sa méthode de travail (avec l’appui de toutes les institutions) et sa large concertation, confèrent à son rapport une grande légitimité démocratique et une force de consensus. Remis au gouvernement le 19 avril dernier, il doit « nourrir » la rédaction d’une loi d’orientation et de programme fondant le projet éducatif calédonien, en vue du transfert du secondaire au 1er janvier 2012. L’heure est donc à l’arbitrage politique. Même si le gouvernement Martin s’est gardé de faire la moindre publicité à ce rapport (en tant qu’initiative « gomésienne »), il semble improbable que nos élus en fassent l’impasse.
Quel financement ? Pour mener à bien ses recommandations, qu’elle juge réalisables à court ou plus long terme, la commission reconnaît que « des taxes nouvelles, au moins transitoires » devraient être créées, en complément d’une « réorientation » des moyens existants. Une décision « courageuse » présentée comme « un investissement au profit de la jeunesse ».

( Sources : les Nouvelles Calédoniennes )

mercredi 11 mai 2011

L'immigration calédonienne de Toulouse souhaite rencontrer une délégation de la liste Entente FLNKS

Mesdames et Messieurs les membres de la délégation de l'entente FLNKS,

L’actualité politique du pays ces derniers mois n’a ravi ni les cœurs ni le mental de toute la population calédonienne et en particulier la population kanak. Bien au contraire, elle n’a fait qu’attiser les peurs et la psychose des évènements des années 80, avec en toile de fond les démissions répétées du Gouvernement, pourtant seul au monde à être collégial, en confrontant des arguments et raisonnements politiciens aussi puérils les uns que les autres dans le fond.

Aussi faut-il rappeler que l’Accord de Nouméa, même si son application suit son cours difficilement, est très éprouvé sur tous les plans (politique, institutionnel, juridique, économique, social, etc.) à tel point que nous étudiants, nous travailleurs, nous militaires, bref nous population kanak et calédonienne de Toulouse nous nous demandions quel avenir aurions-nous demain avec un tel climat politico - institutionnel.

Par conséquent cette interrogation nous a conduit à nous réunir régulièrement en comité élargi ou restreint pour échanger, discuter ou encore débattre sur les sujets qui concernent le pays dans le court comme dans le long terme.

Cependant sachez que les informations avec lesquelles nous échangeons sont celles relayées par les supports audiovisuels (télé, radio, Internet, presse, etc.), bref des informations passées au crible des auteurs, informations donc déjà altérées, donc orientées et ciblées selon le public et la sensibilité.

De ce fait nous relativisons beaucoup les articles des Nouvelles Calédoniennes tout comme les images sur TNC surtout quand il s’agit de relayer une information politique du clan indépendantiste car ce sont des informations tronquées, donc mi-vraies mi-fausses. A savoir avions-nous la bonne partie de l’information ?

²C’est donc la raison pour laquelle nous voulions profiter du séjour que vous ferez en métropole prochainement pour vous inviter à Toulouse lors d’un jour que vous nous consacrerez pour que vous puissiez d’une part lever les doutes et les interrogations qui depuis des années nous hantent, et d’autre part d’échanger avec une population qualifiée d’oubliée de nos élus locaux, car aucune visite n’a été enregistrée depuis plusieurs décennies hormis Gaël YANNO et Simon LOUECKHOTE respectivement le mois dernier et décembre dernier.

Sachez également que les étudiants en fin de cycle seraient ravis et profiteraient également de cette rencontre pour vous exposer leur projet et surtout vous questionner sur la réalité de l’insertion professionnelle au pays qui reste un obstacle monstrueux à franchir, malgré l’article 4.1.2 de l’ADN.

Avant de conclure nous insistons encore sur le fait que cette rencontre serait une occasion unique pour que la population kanak et calédonienne (étudiants, travailleurs, militaires, artistes, musiciens, etc.) de la ville rose puisse se rassurer après votre passage et puisse enfin échanger, discuter ou débattre avec des informations cette fois-ci sûres et enfin exploitables.

En conclusion, nous vous disons que nous sommes on ne peut plus conscients que l’avenir de notre pays est entrain de se jouer actuellement, les décisions importantes sont à prendre maintenant par nos élus actuels mais que les conséquences ultérieures de leurs décisions c’est nous qui en assumeront, pas eux. Nous avions donc voulu par cette rencontre vous témoigner d’une part notre engagement dans cette phase institutionnelle irréversible à trouver aussi des solutions à notre niveau et selon domaine de prédilection de chacun, et d’autre part notre implication dans ce combat politique via nos projets professionnels en phase conception actuellement. Vos informations sur l’actualité du pays lors de cette rencontre sont d’une importance capitale car elle peuvent en effet modifier un ou plusieurs paramètres de nos projets voire changer complètement d’orientations. En clair un des objectifs de nos échanges pourrait constituer le fondement d’une ligne directrice pour nos projets pour la suite.

Comptant sur votre compréhension et croyant que vous répondrez favorablement à notre requête, nous vous prions d’agréer, Mesdames et Messieurs les membres de la délégation de l'entente FLNKS, l’expression de nos sincères salutations toulousaines.



Le comité organisateur

dimanche 8 mai 2011

LA REGION /La sélection hebdomadaire de Naku Press

Japon : la contamination nucléaire continue .
Avec la mort de Ben Laden, elle fait un peu moins la Une des médias ces derniers jours, et pourtant la catastrophe nucléaire continue au Japon. Et elle impacte toujours autant l'Océan Pacifique. Selon l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, le niveau de radioactivité a augmenté dans le fond du Pacifique autour de la centrale. La centrale de Fukushima libère des substances radioactives dans l'atmosphère, le sol et l'océan Pacifique, depuis le tsunami du 11 Mars dernier.
Sources/Radio Australie

Barack Obama : pour la dé nucléarisation du Pacifique
Washinton avait signé le Traité de Rarotonga, mais n’a pas ratifié les protocoles, et c’est ce que Obama va proposer au sénat américain.
Le traité de Rarotonga ou traité de dénucléarisation du Pacifique Sud a été signé dans la capitale des Iles Cook, en 1985 par 12 pays de la région : l’Australie, Fidji, les Iles Cook, les Salomon et Kiribati, Nauru, Niué, la Nelle Zélande, la Papouasie Nelle Guinée, Samoa, Tuvalu et Vanuatu. Ces pays l’ont ensuite ratifié. La Chine l’a signé mais n’a pas ratifié l’ensemble des protocoles. Le Royaume Uni et la France l’ont signé et ratifié en 1996, à la fin des essais nucléaires dans le Pacifique.
Ce traité prévoit entre autre l’interdiction, l’utilisation et l’expérimentation de tout dispositif explosif nucléaire et le rejet de tout déchet radioactif dans la zone dénucléarisée du Pacifique Sud.
S’il a fallu attendre plus de 10 ans pour que ce dossier refasse surface aux Etats-Unis, c’est parce que ce Traité a fait d’énormes dégâts sur le plan diplomatique. La Nelle Zélande, ardent défenseur du Traité de Rarotonga, a été jusqu’à interdire les bâtiments américains à propulsion ou à armement nucléaires. La réponse des Etats-Unis face à cette interdiction : la Nelle Zélande n’est plus considérée comme membre de l’ANZUS, le pacte militaire signé entre l’Australie, les Etats-Unis et la Nelle Zélande. Cette brouille aura duré 20 ans.

Sources: Radio Australie

Mise en ligne par Naku press le 08/05/2011 à 21h35

LA REGION

jeudi 5 mai 2011

Pour aller au bout du chemin tracé par JM TJIBAOU...

Lu dans Les Nouvelles Calédonniennes du 05/4/11 page 2. (OPINION)Des propos tenus par une jeune calédonienne (le père n'est autre que le président de la fédération des pionniers).


Un espoir pour le Vivre ensemble ! merci de diffuser sans modération Pourquoi les drapeaux kanak et français seront les drapeaux du pays. En 1984, j'avais 4 ans. Des événements, je garde des souvenirs très précis. Les serviettes que mon père mettait sous la porte afin de na pas laisser entrer les gaz lacrymogènes dans notre maison (...). Ce sont aussi ces images de manifestants kanak affrontant les forces de l'ordre sur la place des cocotiers : (...) c'était la peur des autres, des kanak.

La peur de vivre dans un pays coupé en deux (...). A la mort de Jean-Marie Tjibaou, je me souviens très bien d'avoir pleuré. Je me souviens de l'atmosphère très lourde qui régnait en ville le lendemain de cette terrible nouvelle ; le ciel de Nouméa ressemblait au vers de Baudelaire : "Quand le ciel est bas et lourd pèse comme un couvercle". Cette histoire et cette peur, je les ai comprises bien plus tard, une fois grande. J'ai compris que dans les années 80, longtemps après la complète abolition du statut de l'indigénat, les kanak n'étaient encore que des sous-hommes qu'un bon nombre de Blancs prenaient pour des bons à rien, des flemmards d'autochtones qui devaient déjà être bien contents d'être Français. Lors des Evénements, les Blancs ont enfin regardé les Noirs, même si c'était pour s'y opposer.

Enfin, ils les regardaient, au moins. De cette histoire, il est resté un drapeau. Le drapeau du FLNKS, le drapeau devenu le drapeau kanak, (...) aussi et surtout en 2011, le drapeau de l'affirmation d'une identité culturelle. Et c'est bien ce changement connotatif qui prouve que cette lutte a réussi.Les Evénements n'ont pas été vains. L'identité kanak flotte désormais à côté (et non pas en dessus ou au-dessous) de l'identité française. Joli pied de nez à l'Histoire. Que certains ne se reconnaissent pas dans ce drapeau, c'est tout à fait leur droit.

Mais qu'ils n'acceptent pas qu'il soit hissé à côté du drapeau français, je ne le comprends pas. Nier le drapeau du FLNKS, c'est nier l'histoire de ce pays. C'est jeter un voile pudique sur les Evénements, sur les accords de Matignon et sur l'accord de Nouméa.

Voilà vingt ans que le drapeau kanak aurait dû être hissé. En le hissant, c'est le poteau central de la case que l'on a planté dans la terre. Moi, je suis fière de voir ces deux drapeaux flotter l'un à côté l'autre. De voir mon identité française, cette culture immense et ces valeurs magnifiques flotter à côté de mon identité océanienne, dont je suis tout aussi fière.

Oui, je me reconnais tout autant dans le drapeau français que dans le drapeau kanak, et ce n'est pas une vue de l'esprit. Oui, notre histoire est commune et cela fait cent cinquante ans que nos destins se sont mêlés. Oui, nous devons accepter le drapeau kanak tout comme les kanak ont dû accepter le drapeau français. A nous, les autres groupes culturels, de nous approprier ce drapeau, d'y voir notre soleil, notre mer, de voir en cette flèche faîtière le sommet de la grande Case commune que nous construisons.

Et tout cela pour boucler la boucle de l'Histoire.

Pour aller au bout du chemin tracé par Jean-Marie Tjibaou. Pour commencer, enfin, le destin commun.

Eve-Marie Veyret

mardi 3 mai 2011

LE DRAPEAU KANAK DANS LES RUES DE NOUMEA LE 1er Mai 2011 LORS DE LA MARCHE ORGANISEE PAR L’USTKE








1er Mai la fête des travailleurs, une date commémorée dans l’ensemble des pays du monde. En Kanaky, l’USTKE comme à l’accoutumée, a organisé sa marche, et cette fois-ci, la centrale syndicale a décidé d’associer le Collectif pour le Drapeau Kanaky. C’est cette particularité qui a finalement donné une connotation politique à cette marche. Plus de 5 000 personnes étaient dans les rues pour aussi porter le drapeau kanak, et d’une certaine manière, continuer à affirmer que c’est ce drapeau qui sera celui du pays de demain. Du réchauffé, diront certains, mais il est temps aussi que l’on affirme que ce drapeau porte des valeurs universelles. La reconnaissance d’une identité exprimée dans des articles d’un accord, peut rester un vain mot, sans qu’il y ait une traduction concrète. Le drapeau est l’expression concrète de cette identité kanak, et on est désolé de voir qu’il fait encore couler beaucoup d’encre car, pour certains, il porte encore l’ombre des évènements qui ont marqué l’histoire du pays. Ceux qui ont cette lecture, oublient trop facilement qu’un symbole peut aussi évoluer avec le temps pour prendre toute une autre signification. A quand cet autre regard sur le drapeau kanak ?


Mise en ligne par Naku press : le 03/05/2011 à 22H45

lundi 2 mai 2011


Naku press publie des extraits d’un article écrit par Thierry VIRCOULON dans le numéro spécial de Alternatives économiques, titré : l’Etat de la Mondialisation.


Afrique du Sud entre émergence et enlisement


Le président Jacob Zuma joue la carte de l'ouverture aux échanges mondiaux. Mais sur le plan interne, les défis du chômage , des inégalités et de la corruption restent entiers.

Alors que l'ancien chef de l'Etat Thabo Mbeki s'efforçait de mieux insérer l'Afrique du Sud sur la scène politique internationale( tentative d'obtenir un siège au Conseil de Sécurité des Nations unies, médiations dans des conflits etc…) Jacob Zuma a , dès son arrivée au pouvoir en Mais 2009 ; imprime un tournant plus économique à sa diplomatie. Il la souhaite résolument commerciale, au service d’un renforcement des échanges Sud-Sud face à la domination de l’axe Nord-Sud. Jacob Zuma aspire notamment à ce que son pays devienne membre du groupe des « BRIC » ( Brésil, Russie, Inde et Chine) ,les grands pays émergents. Ayant besoin d’investissements directs, l’Afrique du Sud démarche en particulier la Chine, le Brésil et l’Inde. Et vise avec New Delhi, qui a des liens historiques, un volume d’échanges global de 10 milliards de dollars, en 2012. ( 3 milliards de plus qu’en 2009), ce qui implique l’harmonisation de leurs tarifs douaniers. Mais qu’elle soit économique, politique ou sportive avec la Coupe du monde de football, la diplomatie sud africaine cherche toujours à montrer que la patrie de Nelson Mandela peut « jouer dans la cour des grands ». Reste que la persistance du dualisme social et économique de l’Afrique du Sud contredit cette ambition. Il se traduit par la cohabitation d’une économie moderne ( secteur financier, mines, tourisme, agriculture commerciale…) et d’une économie informelle, d’une population au standard de vie européen et d’une autre vivant dans l’extrême pauvreté ( 4.2 Millions de Sud Africains disposent de moins de 1 dollar par jour). Les effets du remarquable développement des prestations sociales depuis 1994 ( les bénéficiaires de l’aide sociale sont passés de 5.8 à 12 millions de personnes de la fin des années 1990 à 2009) et du black économic empowerment – politique menée pour accroître le rôle des Noirs dans le management et l’encadrement – ont été largement contrés apr la persistance d’un taux de chômage élevé ( 24% en 2009), touchant en priorité la population noire (28% de chômeurs contre 4.6% dans la communauté blanche), et d’une croissance insuffisante en raison d’investissements trop faibles : 3.3% de 1994 à 2010- un chiffre modeste au regard du taux de croissance africain moyen sur la même période ( 6%).

….. L’administration quant à elle, s’est ouverte, dans son recrutement à la diversité raciale et à modernisé son fonctionnement : gestion par objectifs, dévolution de certaines fonctions au secteur privé … Mais elle reste engluée dans la corruption. Après le ministère de l’Intérieur, c’est au tour du ministère des Mines d’être au cœur des affaires. Un moratoire de xis mois a été décrété en 2010 sur l’octroi des licences de prospection , afin de faire la lumière sur plusieurs cas impliquant des responsables du ministère. Et la liste n’est pas close…

En prenant appui sur les forces de gauche ( le South African Communist Party et la Cosatu, la principale centrale syndicale du Pays) en courtisant l’électorat pauvre de l’ANC( Congrès National Africain) contre l’élitiste Thabo Mbecki , Jacob Zuma a fait campagne de 2009 sur programme où le mot « social » figurait en lettre d’or. Ses promesses allaient de l’assurance maladie universelle à la gratuité de l’enseignement, en passant par la création d’emplois et la réforme foncière, thèmes incontournables de toute campagne électorale en Afrique du Sud. Elles lui ont permis une victoire confortable ( 65.9%) mais n’ont débouché jusqu’ici sur rien de concret.

…… Pour ne rien arranger , les tendances autoritaires de l’ANC perdurent ( comme la demande de créer un tribunal des médias, jugés trop critiques ) et le parti s’enlise dans des luttes internes. Face à cette fragilisation de l’ANC , l’opposition resserre ses ranges : l’Alliance démocratique d’Helen Zille, qui représente l’électorat libéral blanc, vient ainsi d’absorber les démocrates indépendants de Patricia de Lille, porte-parole de l’électorat métis. La dégradation interne de l’ANC est inquiétante car, quinze ans après la fin de l’apartheid , aucun autre parti libéral africain n’a émergé….

Naku press a fait le choix de publier cet article , pour aussi parler de l’Afrique du Sud , qui a été cité par certains dans le débat sur le drapeau . Le pays vu sous l’angle économique en fin 2010 nous laisse malgré tout perplexe face à une réalité qui semble , d’après les chiffres , être en faveur d’une minorité blanche.


Mise en ligne par Naku press le 02/05/2011 à 23h10