mercredi 3 février 2021

LA DEMISSION DES INDEPENDANTISTES DU GOUVERNEMENT , UNE REPONSE A UN DIALOGUE DE SOURDS !!!!!!

 

Les indépendantistes  par un courrier signé par les chefs des deux groupes au congrès du Pays, ont signifié  aux autorités compétentes, la démission des membres indépendantistes du gouvernement de la Nouvelle Calédonie.  Dans ce courrier, ces deux responsables ont donné les différentes raisons  de cette démission.  Parmi celles-ci y figure bien évidemment le dossier Usine du Sud,  le problème budgétaire du pays  avec  un budget primitif qui n’est toujours pas voté à ce jour, et enfin le manque de respect  de la collégialité et du consensus, (deux concepts qui tiennent l’esprit de l’accord de Nouméa).

Cette décision est qualifiée d’irresponsable  vu le contexte : crise sanitaire, problème budgétaire, problème social.  Certes avec une grille de lecture au premier degré, on ne peut qu’adhérer à une telle appréciation. Sauf qu’une situation est toujours le fait de deux acteurs.   Et quand il y a friction, c’est qu’il  y a des compromis qui ont manqué dans le fil du dialogue.   La forme  le contenu, la stratégie, la tactique constituent l’ensemble des paramètres qui  par principe aide à avancer en respectant les différences.

L’accord de Nouméa a   « posé » le pays sur des concepts  tels le consensus, la collégialité , ce dans le respect des différentes conceptions du monde qui ont malgré tout , construit ce pays jusque là . D’autant plus que lorsque l’on  jette un œil sur les grands courants d’idées on relève que ces concepts que nous avons choisis,  pour bâtir notre pays, sont  les nouvelles règles que les écrivains ou le monde intellectuel,  qui observent l’évolution du monde, recommandent,   pour une bonne gouvernance.   La fluidité de  l’information pour une  communication constructive  est de mise, car au bout de chaque conflit, très souvent on retrouve deux acteurs donc  deux courants de pensées.

L’histoire de ce pays, fait que nous devons composer avec plusieurs paramètres de   tous ordre d’ailleurs, d’où la difficulté d’entretenir une  communication constructive  pour donner une vision stable de l’évolution de ce pays. Mais la richesse de ce pays en ressources naturelles fait qu’à chaque discussion, cette donnée  conditionne systématiquement les décisions.  C’est normal dira t – on, et par-dessus tout  le débat politique sur l’avenir institutionnel du pays qui,  malgré tout  affiche encore une opposition très vive entre les deux camps, indépendantiste et non indépendantiste. 

Le dossier Usine du Sud,  arrive tout juste  d’une manière imposante dans l’actualité du pays, au lendemain du référendum.  Le hasard fait bien les choses : le dossier mines n’a jamais vraiment  eu une conclusion claire, et acceptée  par tous, ainsi la stratégie minière reste encore une inconnue alors que nous sommes déjà entrain de finaliser les derniers pas vers la pleine souveraineté du pays.

Les indépendantistes de part leur décision de quitter l’exécutif, veulent donner un autre ton au débat ambiant presque étouffant d’ailleurs,  car les problèmes actuels de la société calédonienne ont été agencés de manière à ce que  l’unique solution c’est de nouveau aller  frapper aux portes de la France.  Une idée que les indépendantistes n’entendent pas d’une bonne oreille.  A côté de cela on perturbe les conditions de discussion autour du dossier Usine du Sud avec l’aide de l’Etat français, d’ailleurs incapable d’adopter une position d’arbitre dans un dossier aussi stratégique pour l’avenir économique de ce pays.  L’Etat semble oublier qu’il a aussi signé le processus d’émancipation de ce pays.  C’est vrai aussi que depuis, les personnes ont changé à Paris, mais on n’ose penser  qu’il   y a encore parmi les adeptes des grands couloirs de l’Elysée,  des personnalités connaissant parfaitement le dossier calédonien. 

La même réalité se dessine également dans la classe politique locale. Beaucoup de renouvellement dans la classe politique est une chose, mais pour la gestion d’un discours qui vient de si loin et qui est en phase d’arriver à une conclusion, il serait préférable que ce soit encore les acteurs qui ont participé à la construction de ce discours, de  formaliser la conclusion.  Concevoir un argumentaire sur une vision ponctuelle des choses est  réellement pénalisant pour un processus encore en cours.

Il est toujours bon de rappeler que dans un dialogue le compromis doit être partagé, il ne doit pas venir à chaque fois d’un seul et même acteur. Si cette logique n’est pas comprise, les choses auront  du mal à avancer.  Et cela ressemblerait beaucoup à un retour en arrière !!!

Publication : Naku press  le 3 février  2021

 

 

 

 

mardi 2 février 2021

UNE FRESQUE TERMINOLOGIQUE QUI EN DIT LONG !!!! ET LA PIROGUE CONTINUE A VOGUER !!!!

 

Depuis le deuxième semestre 2020, le pays connaît une actualité dense avec la mise en vente de 95% des parts de Valé dans l’Usine du Sud.  Un dossier qui ne fait que soulever un débat resté en suspens depuis : celui de la définition d’une véritable stratégie minière pour le pays.

Et quant un débat laissé en suspens, résurgi par le biais d’une situation concrète comme c’est le cas présent via l’usine du Sud, c’est  tout simplement une occasion pour les orateurs de la place publique, de déverser leur vocabulaire très recherché afin  d’argumenter les positions des uns et des autres. Mais les mots sont aussi des fenêtres, et il est toujours intéressant d’aller décrypter. Quand un dossier de ce genre traine dans le temps , c’est fascinant de voir le talent des uns et des autres à trouver la bonne formule pour apporter la valeur ajoutée   à ce qui se dit , dans chacun des camps en présence.

Ce dossier Usine du sud, est avant tout un dossier économique, mais par les jeux de mots  on a réussi à  faire glisser le dossier sur le plan politique. Bien que tout est politique, ici dans ce pays, la politique, très souvent se limite à la définition : pour ou contre l’indépendance.  Les voix qui s’élèvent pour parler de projet de société sont entendues comme l’écho d’une voix dans un tunnel.

Le pire c’est que ce dossier fait flop dans un contexte où le débat ambiant est celui du 3ème référendum sur l’avenir institutionnel du pays.  Une bonne occasion pour les uns de rappeler des fondamentaux de leur projet de société et on parlera de la maitrise de la ressources avec d’abord les intérêts du pays, et pour les autres de parler de maitrise des ressources, mais une priorité donnée à l’aspect social, avec la sauvegarde des emplois.

Défendre les intérêts du pays, donne de suite, pour certains , une connotation politique quitte à ne pas entendre que le pays, dont il est question c’est  celui avec l’ensemble de ses habitants, sans aucune distinction d’ethnie ou de religion ou autre ….. Ils vont même jusqu’à sortir des pions pour les afficher sur les contre barrages routiers.  Tout cela traduit dans des articles relayés par la presse partisane  par des titres du genre : « Maintenant ça suffit ».  Ou encore : « Nous ne voulons pas de guerre civile ».  Et comme pour dénigrer le niveau  intellectuel de l’autre camp, la presse d’une manière ironique reprendra les propos : « Tant pis » de Victor Tutugoro, et des propos de Mickael Forest : « Il faut savoir souffrir pour avancer ». Une presse partisane qui, sans scrupules va oser glisser dans ses publications des propos , comme « les obsèques de l’Accord de Nouméa «  ou encore  «  en cas de Oui  le pays se reconstruira sur les ruines de l’ADN. On affirme même qu'il n'y a plus rien de l'ADN.

Les dernières informations semblent confirmer que les conditions seraient réunies  pour signer l’accord avec Trafigura et Prony ressources malgré une forte opposition des indépendantistes, des populations locales, et des environnementalistes. Dans le processus de validation de la vente, il y a encore des niveaux institutionnels à passer , mais les choses semblent être bouclées.  L’impression d’un bulldozer face à simplement des barrages routiers qui ont été démontés  sur certains endroits par des VBRG, un bulldozer pour asseoir  un projet dans lequel nous n’avons aucune visibilité sur les intérêts du pays. 

Outre la bagarre des mots, il y a les moyens : les bulldozers et les fusils  contre des carcasses de voiture, avec des jeunes brandissant le drapeau kanak.  Il y a aussi la technique de faire mousser des situations pour les traduire en scène d’affrontements : exemple : ce vendredi 29 Janvier , le collectif USUP ( Usine du Sud , Usine Pays) avec les environnementalistes ont initié une chaine humaine sur le front de mer de l’Anse Vata, et les loyalistes eux occupent le rond point de la Baie de l’Orphelinat  avec leur  drapeau BBR ,  - et dans la presse : un titre : deux manifestations s’affrontent , alors qu’il n’y a eu aucun affrontement ….

A défaut d’amener un débat constructif pour contenir cette mobilisation engagée par le collectif USUP et relayée par le bureau Politique du FLNKS, on préfère, d’une manière subtile, mener une cabale contre un discours qui ne cherche qu’à préciser ou affiner des orientations partagées par tous : une stratégie minière pour le pays.

Au fil de l’eau, en cherchant à comprendre les raisons de l’entêtement  de la province Sud pour le projet Prony ressources / Trafigura ; les infos bien gardées au chaud jusqu’à présent dans le montage financier avec Trafigura ont été exposées dans le quotidien local. Les réseaux  sociaux ont fait aussi leur part, dans le management de l’information autour de ce dossier. Si  ici la grande partie de la presse est partisane pour un seul courant, les réseaux sociaux  de fait sont acculés à jouer  le  jeu de la démocratisation de l’info.

Comme il y a aussi des manœuvres très fines, du genre la thèse de ramener Doniambo dans le grand sud,  pour laisser place à l’idée de Nouméa ville verte. Des propos tenus par un des orateurs de la place publique, connus pour surfer, c’est aussi le fait de la politique.  Tiens comme un écho bien amené de la question environnement porté par les "indépendantistes" ...  Et la Dynamik unitaire sud , qui a réuni sa coordination générale ce week end au Mont dore, vient mettre la cerise pour affirmer une vision stratégique : la mobilisation actuelle autour de l'usine , un tremplin pour la préparation du prochain référendum . Les nationalistes et les environnementalistes  déjà tous réunis dans ce dossier.

Pour ce dossier, chaque jour aura son lot d’analyse, mais lorsque l’on décrypte la formulation ou l’angle de certains articles qui se donnent comme  mission de poser une analyse, nous sommes bien loin du débat constructif ou du défi de l’intelligence. Aucune retenue à un tel point que l’on se demande mais qui exactement voudrait mettre le pays dans un chaos ….  C’est tout comme après le deuxième référendum, on se demandait si les indépendantistes n’avaient pas gagné le référendum, tellement les voix se sont vite élevées pour contrer les 47%  pour le OUI……. Parfois le sens logique des choses fait défaut chez certains.

Ainsi va  la vie des débats dans ce petit bout de caillou perdu dans le Pacifique Sud. !!!

Publication : Naku press ( Lundi 1er Février 2021)