vendredi 14 octobre 2016

Aujourd’hui, les kanak ne demandent que JUSTICE et RECONNAISANCE avec l’inscription de tous les kanak sans condition à la liste référendaire !


Vu l'actualité sur le problème de l'inscription des kanak sur la liste référendaire Naku press publie ci-après le point de vue d'un militant , élu à la province Sud . Un point de vue qui rappelle que certains fondamentaux ne sont pas pour autant réglés , sur la question du contentieux colonial. Quand il y a encore des inégalités qui persistent, la démocratie a parfois du mal à être respectée dans toute sa dimension.  C'est un point de vue à lire pour un autre décryptage de la réalité.  Bonne lecture !!!



Face à la revendication d’inscrire tous les kanak sur la liste référendaire sans condition, il est opposé la démarche volontaire et individuelle pour ce faire ! Et, s’ils veulent s’émanciper, ils n’ont qu’à se « bouger »… en insinuant que les kanak veulent être servis sur un plateau. Des vrais assistés, quoi !

Encore une fois, c’est méconnaître l’histoire de ce pays et méconnaître, c’est occulter le COMBAT, les sacrifices que les kanak ont dû consentir pour que les citoyens, sans exception, vivent dans une relative paix sociale dans un contexte de développement économique et social tant enviée.

Prise de possession unilatérale du pays en 1853, vol légalisé des terres et cantonnement des clans kanak dans des réserves, répressions et massacres de tribus qui ont oser se soulever face aux exactions des colons, déportations de chefs kanak, présentation de kanak comme des animaux dans un zoo à l’exposition universelle à Paris de 1931, impôt de capitation et travaux forcés, notamment pendant la période du régime de l’indigénat, envois de kanak en France pour délivrer les français du nazisme, Pendant ce temps, les kanak disparaissent progressivement dû aux maladies importées, etc.
Tout est programmé pour que les kanak disparaissent de la carte ! Heureusement, quelques humanistes religieux et autres ont pu mettre en échec à la mission civilisatrice de l’Occident !

Dans une société très marquée par le racisme le plus abject, où ils sont considérés comme des sauvages, les kanak n’avaient ni droit à l’instruction ni à la scolarité jusqu’aux années 50, le premier bachelier kanak date de 1962,…
Malgré cela, les kanak se sont toujours battus pour la reconnaissance des droits civiques, économiques et sociaux les plus élémentaires…
Dans les années 50, dans le contexte de la loi Cadre, la Nouvelle Calédonie pouvait déjà basculer dans l’indépendance mais, les responsables politiques kanak de cette époque ont choisi une transition progressive vers une émancipation totale. C’était pour l’Autonomie évolutive.

Sentant le danger potentiel, la France coloniale, sous la pression des partis colonialistes locaux,  mena une politique de recolonisation en reprenant des pouvoirs déjà accordés au pays ; c’était les lois Billots et Jacquinot …. La France a ainsi déshabillé l’Autonomie…!
Ensuite, dès les années 70, elle a mis en place une politique de peuplement pour rendre minoritaire les kanak chez eux. C’était la circulaire Messmer de 1972… Depuis, elle s’est toujours assurée que les non-kanak demeurent très majoritaires, notamment en vue des échéances électorales…

Néanmoins, les kanak ne se sont jamais ressentis résignés. A partir des 70, les partis politiques kanak se radicalisent et revendiquent l’indépendance.
Pour contenir cette revendication nationaliste, la France a proposé des réformes et des cadres politico-institutionnels. Stirn, Dijou en 1978, Lemoine en 1983, Fabius-Pisani en 1985, Pons en 1987, Accords de Matignon en 1988,… et aujourd’hui, Accord de Nouméa depuis 1998… Des compromis traduisant des rapports de force à un moment donné, à chaque fois, les kanak poussèrent les négociations pour aboutir à un cadre institutionnel la plus émancipé possible. C’est l’Accord de Nouméa de 1998.

A chaque fois, les forces politiques les plus conservatrices étaient les porte-paroles des populations opposées à la revendication légitime des kanak ; ce sont des populations « importées » qui ne se contentent que d’un statut quo qui comportent des avantages et des privilèges les mettant dans une situation de supériorité aux kanak…
Sans remettre en cause le droit des victimes de l’histoire à voter, un droit consenti mais abusé depuis, aujourd’hui, les kanak ne demandent que JUSTICE et RECONNAISANCE avec l’inscription de tous les kanak sans condition à la liste référendaire !

Uué  Sylvain ( province Sud)
Naku press : Mise en ligne le 14 octobre 2016