Une année
qui se termine est une page d’histoire qui vient s’ajouter dans la vie d’un
pays, d’un programme, d’un peuple, d’un homme, c’est toujours une étape pour
aller encore plus loin. Naku press vous propose un retour sur les faits
marquants de l’année 2016 et un aperçu sur les premiers évènements de l’année
2017. Tout juste une question de se resituer dans le temps pour mieux
appréhender l’avenir.
Fleurs étang hôtel : Royal Tahitien ( Papeete 2014) CP /NP |
L’évènementiel et le direct
, deviennent le pain quotidien servi par les quotidiens, la télévision, mais souvent
un fait est lié à une histoire , un dossier qui est en cours, ou un programme
tous ces aspects de la version des faits occultés par l’instantané. La mode des nouveaux moyens de
communication c’est cette course
sur une autoroute, qui n’a plus de place pour l’histoire. Pour répondre à cette préoccupation
Naku press vous propose une lecture de l’année 2016, en relation avec l’histoire politique et économique du pays .
Depuis 1998, le pays est rythmé par le calendrier politique
de l’Accord de Nouméa, avec à
l’horizon d’une année maintenant le premier arrêt, qui est le référendum de
2018. Et les quelques mots qui ont
guidé l’action politique des décideurs de ce pays sont : Rééquilibrage,
nouveau contrat social, une citoyenneté calédonienne, l’identité kanak au
centre du dispositif, les transferts de souveraineté.
Les quelques faits
marquants que nous relèverons dans ce tour d’horizon nous fait dire que l’année
2016, est une année de grandes avancées pour nous permettre d’apprécier la
vraie réalité d’un pays à construire avec à la fois les exigences internes et
l’impact du contexte de la mondialisation.
Beaucoup
d’interrogations : une crise du nickel qui perdure ainsi que les
difficultés rencontrées par les sociétés industrielles mettant en doute
leur avenir dans le pays ( on se souvient du temps de réflexion nécessaire à Glencore
pour donner sa décision de réparer le deuxième four de l’usine du Nord pareillement pour Valé qui par moment
percevait les limites des mesures de gestion en interne ( diminution des coût de production )
et sans compter les grandes hésitations de la SLN pour le choix entre le gaz et
le charbon pour sa centrale électrique, et surtout l’état de sa trésorerie qui compromettait même à une
certaine période de l’année le paiement des salaires de ses employés. Tout
ceci au risque de contribuer
fortement à la hausse du taux de
chômage dans le pays, alors que depuis déjà plusieurs mois, les difficultés de
la CAFAT prenaient place régulièrement dans la presse locale. D’ailleurs notons
en passant la mesure d’urgence prise par le gouvernement pour aider les
entreprises à maintenir l’emploi : le plan d’urgence local de soutien à
l’emploi (pulse) avec l’affectation d’un budget de 3 milliards.
Et toujours pour illustrer cette ambiance
d’interrogations : on va rappeler le cadre donnée par le Premier Ministre
Vals au travail des commissions de pilotage sur l’avenir Institutionnel du pays
où les groupes politiques sont
interrogés sur leur proposition et positions sur les thèmes liés à l’exercice
des compétences régaliennes. On se souvient d’ailleurs des hésitations de certains groupes à
continuer à suivre ce travail sur l’avenir institutionnel du pays proposé par
l’Etat.
Cet élan d’interrogation ou
d’invitation à la reformulation, va favoriser les efforts de proposition, de
prospection et d’études de perspectives pour poser la nouvelle marche qui
permet au pays d’engager un nouveau pas dans l’évolution de son histoire.
Face à l’économie minière,
victime depuis plus de deux
ans des décisions
extérieures (avec une variation du cours du nickel qui a même frôlé les 8000
dollars la tonne) on va assister à
une montée en puissance des éloges du potentiel agricole du pays avec toutes
les réflexions sur les dispositifs juridiques, techniques et financières
pouvant favoriser la promotion de
l’agriculture calédonienne à la fois pour plus d’autonomie alimentaire, et aussi l’exportation.
Et dans le même ordre
d’idées, on va enfin jeter de gros coups de projecteurs sur le potentiel de
l’économie bleue avec toute la panoplie d’activité possible par la mer (le
tourisme, la pêche, les recherches, le
loisirs, la navigation etc…) tout cela couronnée par la nécessaire
gestion durable des ressources.
Et enfin outre ces
alternatives possibles avec l’agriculture, ou l’économie bleue, on notera
l’omniprésence des économistes dans les médias et les conférences pour ne
cesser de rappeler des fondamentaux pour une restructuration de l’économie
calédonienne : il s’agit de
la productivité et de la compétitivité. Comment produire plus avec peu de moyens ? .
Ce mouvement de réflexion
amené par la réalité du terrain , démontre que le pays est de fait bien inscrit
dans cette dynamique voulu par l’ADN qui consiste à faire évoluer l’existant
pour une nouvelle alternative ou encore un changement. La classe politique au fait de ces
grandes tendances va finalement pousser à l’élaboration de certains outils
nécessaires à la bonne gouvernance du pays , et on va citer ici cette série de documents cadres validés
par le congrès en 2016 : le Schéma d’aménagement et de Développement de la
Nc : NC 2025 , le plan Do kamo ( pour la santé avec cette nouveauté qui
est la prise en compte de la
dimension holistique de l’homme) , le projet éducatif, le schéma de transition
énergétique , et l’économie numérique
( pour ne citer que ceux là ayant une dimension pays).
Cette évolution qui semble
répondre à une certaine dialectique n’aura pas forcément le même impact sur le
discours purement politique. Oui quoi qu’on en dise, deux camps subsistent bien
celui des indépendantistes et celui des républicains. Et l’approche de 2018 où
le peuple calédonien sera interrogé sur l’avenir institutionnel du pays, la
démarcation entre ces deux camps est de plus en plus évidente, malgré quelques
revirements tactiques de certains partis dans chacun des deux camps comme pour
vouloir créer une passerelle. Quand
on creuse un peu on trouve bien : ceux qui sont pour couper le
cordon ombilical et ceux qui ne comprennent pas de la même manière la marche
vers l’émancipation du pays, posée par l’ADN.
Pour illustrer cela on va
citer du côté indépendantiste : l’unité de la mouvance sur le mot d’ordre de la pleine
souveraineté du pays, l’affirmation des options idéologiques de certains partis
, la conclusion de certains travaux pour donner de la perspective : comme
la viabilité économique de l’indépendance ou encore le projet de nation avec l’idée d’une assemblée
référendaire , - et en face les
pro français qui eux vont
continuer à dire non au référendum , et seraient plutôt pour une solution
consensuelle ( soit un troisième accord) , ou encore certains vont trouver
l’opportunité de s’exprimer sur le sujet en construisant des argumentaires montés à partir des
critiques formulés contre les positions amenées par le camp indépendantiste.
Mais on notera tout de même
que malgré cette évolution assez significative au niveau de l’action politique
et institutionnelle vers l’émancipation du pays via des dispositifs juridiques et administratifs, cela n’enlève en rien l’effet persistant de
certaines subtilités de la colonisation. C’est ainsi que l’on verra l’effort déployé
par le sénat coutumier pour la diffusion de la charte du peuple kanak (pour
affirmer haut et fort cette autre conception du monde parce que pas encore suffisamment prise en compte).
L’ouverture du Plan Marshall, pour la cause de la jeunesse kanak, en perte de
repères et qui se retrouve en situation d’échec scolaire, ou encore de délinquant
presque voué à des séjours répétés
en prison, et enfin sur le plan politique cette réaction très vive du terrain,
quand le comité des signataires a voulu clore le chapitre des listes
électorales par la mention : politiquement clos, alors que la question de l’inscription automatique des kanaks était
loin d’être réglée. En effet tout référendum d’auto détermination se distingue
des autres consultations par la spécificité du corps électoral donnant toute la
légitimité au peuple colonisé et en l’occurrence il s’agit ici du peuple kanak.
Mais tout cela est parfois
difficile à lire ou comprendre , quand on sait aussi que depuis 2016 , nous
étions déjà dans les premiers moments de la spirale électorale qui va nous
mener jusqu’aux provinciales de 2019 ( en 2017 nous avons les présidentielles
françaises , les législatives et les sénatoriales , et pour les partis
républicains ce sont autant d’opportunités à exploiter pour des considérations
au niveau nationales et surtout autant de tribunes pour continuer à défendre la
présence de la France dans cette partie du monde)
Et comme on sait toute période électorale invite la classe
politique à la stratégie, la tactique, la politique politicienne, - des
agissements qui ne feront que retarder
des discussions ou encore des avancées attendues sur certains dossiers importants
pour le pays.
Et pour terminer ce tour
d’horizon on n’oubliera pas de noter l’action de l’Etat dans cette
évolution notamment ses différentes interventions pour aider l’industrie
métallurgiques : cette aide de 51 milliards à Valé dont 24 Milliards pour
garantir l’emploi dans sa filiale calédonienne, et 27 Milliards pour garantir
le financement de Lucy , le projet de transformation de résidus à sec de
l’usine du Sud - on notera
également les 24 Milliards d’aide à la SLN et la garantie de 38 Milliards en soutien du projet de la
centrale électrique , avec le plan
d’urgence d’exportations qui sera prorogé. Et enfin pour l’usine du Nord,
Manuels Vals a indiqué des possibles aménagement du cadre des défiscalisations
pour tenir compte des difficultés rencontrées et des nouveaux projets d’avenir.
En passant il y a comme une différence de traitement entre les trois usines. Et
enfin le soutien du système éducatif calédonien annoncé par la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem, avec la
signature d’un protocole avec le GNC, un protocole destiné à définir les moyens
financiers apportés par l’Etat. Cela fait beaucoup de promesses d’engagement
financier de la part de la puissance de tutelle, crise économique oblige,
certes, ou tout simplement le gouvernement socialiste en place veut jouer la
carte calédonienne à son profit pour les prochaines électionales françaises.
Mais pour l’heure on va
rester positif et de constater que cette aide a été la bienvenue.
2016, une année chargée de
réflexions, une année pré électorale, mais comme les années précédentes, elle
aura été une étape supplémentaire dans le processus d’émancipation du pays
comme prévu par l’Accord de Nouméa. De toutes les contradictions ou divergences
qui ont pu être relevées, il appartiendra aux décideurs de ce pays de trouver
la bonne formulation pour que celles-ci ne soient pas le fait d’un verbe ou
d’une tournure de phrase. Le choix du dialogue nous accule tous à cela, et
c’est le défi que la Calédonie doit relever pour la construction d’une nouvelle nation.
Et nous arrivons en Janvier 2017 avec de nouvelles problématiques : la suite de cette
coulée de boue sur la commune de Houailou faisant plusieurs victimes (une
première dans le pays). Un événement qui nous rappelle que le changement
climatique est planétaire , et qu’il est temps de revisiter les politiques
d’aménagement des territoires ( des populations à déplacer ou encore des zones
habitées à reconsidérer ) – l’ISEE qui publie quelques indicateurs
sur la base des données du 3è trimestre 2016 , des chiffres qui nous
laisse dire que l’économie calédonienne est encore en convalescence. ( +12 % de chômeurs, +3,2% pour le
climat des affaires , + 0,3% d’inflation , une consommation en repli -5,2% des importations de biens
d’équipement , -8% sur les produits alimentaires et -2% sur les boissons et
tabacs +16,4% pour le nickel et +2,2% pour le tourisme ) des chiffres qui
viennent confirmer l’urgence des mesures déjà annoncées en 2016 ( productivité
et compétitivité)
Et enfin ,
l’affaire des blues boats vietnamiens interceptés dans nos eaux en situation de
pêche illicite (une violation de plus en plus fréquente de nos frontières
maritimes et de nos zones de pêches).
Oui de nouvelles problématiques, qui mettent au grand jour les limites du
système de surveillance des frontières maritimes de la ZEE, mais qui par voie
de conséquence suscitent d’autres préoccupations celle de la protection de nos
zones de pêches côtières. Les holoturies ou encore les concombres de mer, sont
des produits, qui se vendent à très bons prix (une fois transformés) sur les
marchés asiatiques. Encore des ressources menacées cette fois par cette arrivée
massive des blues boats vietnamiens dans nos eaux. Le tout dernier d’ailleurs a
été encore intercepté la nuit hier vers les Chesterfield au nord du Pays, et sera arraisonné
vers Nouméa.
De temps en temps un arrêt
pour se demander où sommes nous rendus, c’est une façon d’apprécier si chaque
pas répond bien à ce que l’on a prévu, et aussi découvrir les nouvelles situations
à gérer.
Naku press :
Mise en ligne le 9 février 2017