jeudi 9 février 2017

UN TOUR D'HORIZON A DEUX ANS DE 2018 , QUEL EST LE MESSAGE DE 2016 !!!

Une année qui se termine est une page d’histoire qui vient s’ajouter dans la vie d’un pays, d’un programme, d’un peuple, d’un homme, c’est toujours une étape pour aller encore plus loin. Naku press vous propose un retour sur les faits marquants de l’année 2016 et un aperçu sur les premiers évènements de l’année 2017. Tout juste une question de se resituer dans le temps pour mieux appréhender l’avenir.

Fleurs étang hôtel : Royal Tahitien ( Papeete  2014) CP /NP
L’évènementiel et le direct , deviennent le pain quotidien servi par les quotidiens, la télévision, mais souvent un fait est lié à une histoire , un dossier qui est en cours, ou un programme tous ces aspects de la version des faits occultés par l’instantané.  La mode des nouveaux moyens de communication  c’est cette course sur une autoroute, qui n’a plus de place pour l’histoire.  Pour répondre à cette préoccupation Naku press vous propose une lecture de l’année 2016, en  relation avec l’histoire politique et  économique du pays .

 Depuis 1998, le pays est rythmé par le calendrier politique de l’Accord de Nouméa, avec  à l’horizon d’une année maintenant le premier arrêt, qui est le référendum de 2018.  Et les quelques mots qui ont guidé l’action politique des décideurs de ce pays sont : Rééquilibrage, nouveau contrat social, une citoyenneté calédonienne, l’identité kanak au centre du dispositif, les transferts de souveraineté.
Les quelques faits marquants que nous relèverons dans ce tour d’horizon nous fait dire que l’année 2016, est une année de grandes avancées pour nous permettre d’apprécier la vraie réalité d’un pays à construire avec à la fois les exigences internes et l’impact du contexte de la mondialisation.

Beaucoup d’interrogations : une crise du nickel qui perdure ainsi que les difficultés rencontrées par les sociétés industrielles mettant en doute leur  avenir  dans le pays  ( on se souvient du temps de réflexion nécessaire à Glencore pour donner sa décision de réparer le deuxième four de l’usine du Nord  pareillement pour Valé qui par moment percevait les limites des mesures de gestion en interne  ( diminution des coût de production ) et sans compter les grandes hésitations de la SLN pour le choix entre le gaz et le charbon pour sa centrale électrique, et surtout l’état de sa  trésorerie qui compromettait même à une certaine période de l’année le paiement des salaires de ses employés. Tout ceci  au risque de contribuer fortement à la  hausse du taux de chômage dans le pays, alors que depuis déjà plusieurs mois, les difficultés de la CAFAT prenaient place régulièrement dans la presse locale. D’ailleurs notons en passant la mesure d’urgence prise par le gouvernement pour aider les entreprises à maintenir l’emploi : le plan d’urgence local de soutien à l’emploi (pulse) avec l’affectation d’un budget de 3 milliards.
  
Et toujours pour illustrer cette ambiance d’interrogations : on va rappeler le cadre donnée par le Premier Ministre Vals au travail des commissions de pilotage sur l’avenir Institutionnel du pays où  les groupes politiques sont interrogés sur leur proposition et positions sur les thèmes liés à l’exercice des compétences régaliennes. On se souvient d’ailleurs  des hésitations de certains groupes à continuer à suivre ce travail sur l’avenir institutionnel du pays proposé par l’Etat.
Cet élan d’interrogation ou d’invitation à la reformulation, va favoriser les efforts de proposition, de prospection et d’études de perspectives pour poser la nouvelle marche qui permet au pays d’engager un nouveau pas dans l’évolution de son histoire.

Face à l’économie minière, victime depuis plus de deux  ans  des décisions extérieures (avec une variation du cours du nickel qui a même frôlé les 8000 dollars la tonne)  on va assister à une montée en puissance des éloges du potentiel agricole du pays avec toutes les réflexions sur les dispositifs juridiques, techniques et financières pouvant  favoriser la promotion de l’agriculture calédonienne à la fois pour plus d’autonomie  alimentaire, et aussi l’exportation.
Et dans le même ordre d’idées, on va enfin jeter de gros coups de projecteurs sur le potentiel de l’économie bleue avec toute la panoplie d’activité possible par la mer (le tourisme, la pêche, les recherches, le  loisirs, la navigation etc…) tout cela couronnée par la nécessaire gestion durable des ressources.
Et enfin outre ces alternatives possibles avec l’agriculture, ou l’économie bleue, on notera l’omniprésence des économistes dans les médias et les conférences pour ne cesser de rappeler des fondamentaux pour une restructuration de l’économie calédonienne : il s’agit  de la productivité et de la compétitivité. Comment produire plus  avec peu de moyens ? .

Ce mouvement de réflexion amené par la réalité du terrain , démontre que le pays est de fait bien inscrit dans cette dynamique voulu par l’ADN qui consiste à faire évoluer l’existant pour une nouvelle alternative ou encore un changement.  La classe politique au fait de ces grandes tendances va finalement pousser à l’élaboration de certains outils nécessaires à la bonne gouvernance du pays  , et on va citer ici cette série de documents cadres validés par le congrès en 2016 : le Schéma d’aménagement et de Développement de la Nc : NC 2025 , le plan Do kamo ( pour la santé avec cette nouveauté qui est  la prise en compte de la dimension holistique de l’homme) , le projet éducatif, le schéma de transition énergétique , et l’économie numérique  ( pour ne citer que ceux là ayant une dimension pays).

Cette évolution qui semble répondre à une certaine dialectique n’aura pas forcément le même impact sur le discours purement politique. Oui quoi qu’on en dise, deux camps subsistent bien celui des indépendantistes et celui des républicains. Et l’approche de 2018 où le peuple calédonien sera interrogé sur l’avenir institutionnel du pays, la démarcation entre ces deux camps est de plus en plus évidente, malgré quelques revirements tactiques de certains partis dans chacun des deux camps comme pour vouloir créer une passerelle. Quand  on creuse un peu on trouve bien : ceux qui sont pour couper le cordon ombilical et ceux qui ne comprennent pas de la même manière la marche vers l’émancipation du pays, posée par l’ADN.
Pour illustrer cela on va citer du côté indépendantiste : l’unité de la mouvance  sur le mot d’ordre de la pleine souveraineté du pays, l’affirmation des options idéologiques de certains partis , la conclusion de certains travaux pour donner de la perspective : comme la viabilité économique de l’indépendance ou encore le projet de nation  avec l’idée d’une assemblée référendaire ,  - et en face les pro français qui eux  vont continuer à dire non au référendum , et seraient plutôt pour une solution consensuelle ( soit un troisième accord) , ou encore certains vont trouver l’opportunité de s’exprimer sur le sujet en construisant des  argumentaires montés à partir des critiques formulés contre les positions amenées par le camp indépendantiste.

Mais on notera tout de même que malgré cette évolution assez significative au niveau de l’action politique et institutionnelle vers l’émancipation du pays  via des dispositifs juridiques et administratifs, cela  n’enlève en rien l’effet persistant de certaines  subtilités  de la colonisation.  C’est ainsi que l’on verra l’effort déployé par le sénat coutumier pour la diffusion de la charte du peuple kanak (pour affirmer haut et fort cette autre conception du monde parce que pas  encore suffisamment prise en compte). L’ouverture du Plan Marshall, pour la cause de la jeunesse kanak, en perte de repères et qui se retrouve en situation d’échec scolaire, ou encore de délinquant presque  voué à des séjours répétés en prison, et enfin sur le plan politique cette réaction très vive du terrain, quand le comité des signataires a voulu clore le chapitre des listes électorales par la mention : politiquement clos, alors que la question de  l’inscription automatique des kanaks était loin d’être réglée. En effet tout référendum d’auto détermination se distingue des autres consultations par la spécificité du corps électoral donnant toute la légitimité au peuple colonisé et en l’occurrence il s’agit ici du peuple kanak.

Mais tout cela est parfois difficile à lire ou comprendre , quand on sait aussi que depuis 2016 , nous étions déjà dans les premiers moments de la spirale électorale qui va nous mener jusqu’aux provinciales de 2019 ( en 2017 nous avons les présidentielles françaises , les législatives et les sénatoriales , et pour les partis républicains ce sont autant d’opportunités à exploiter pour des considérations au niveau nationales et surtout autant de tribunes pour continuer à défendre la présence de la France dans cette partie du monde)
 Et comme on sait toute période électorale invite la classe politique à la stratégie, la tactique, la politique politicienne, - des agissements  qui ne feront que retarder des discussions ou encore des avancées attendues sur certains dossiers importants pour le pays.

Et pour terminer ce tour d’horizon on n’oubliera pas de noter l’action de l’Etat dans cette évolution notamment ses différentes interventions pour aider l’industrie métallurgiques : cette aide de 51 milliards à Valé dont 24 Milliards pour garantir l’emploi dans sa filiale calédonienne, et 27 Milliards pour garantir le financement de Lucy , le projet de transformation de résidus à sec de l’usine du Sud -  on notera également les 24 Milliards d’aide à la SLN  et la garantie de 38 Milliards en soutien du projet de la centrale électrique  , avec le plan d’urgence d’exportations qui sera prorogé. Et enfin pour l’usine du Nord, Manuels Vals a indiqué des possibles aménagement du cadre des défiscalisations pour tenir compte des difficultés rencontrées et des nouveaux projets d’avenir. En passant il y a comme une différence de traitement entre les trois usines. Et enfin le soutien du système éducatif calédonien   annoncé par la ministre de l’éducation  Najat Vallaud-Belkacem, avec la signature d’un protocole avec le GNC, un protocole destiné à définir les moyens financiers apportés par l’Etat. Cela fait beaucoup de promesses d’engagement financier de la part de la puissance de tutelle, crise économique oblige, certes, ou tout simplement le gouvernement socialiste en place veut jouer la carte calédonienne à son profit pour les prochaines électionales françaises.
Mais pour l’heure on va rester positif et de constater que cette aide a été la bienvenue.

2016, une année chargée de réflexions, une année pré électorale, mais comme les années précédentes, elle aura été une étape supplémentaire dans le processus d’émancipation du pays comme prévu par l’Accord de Nouméa. De toutes les contradictions ou divergences qui ont pu être relevées, il appartiendra aux décideurs de ce pays de trouver la bonne formulation pour que celles-ci ne soient pas le fait d’un verbe ou d’une tournure de phrase. Le choix du dialogue nous accule tous à cela, et c’est le défi que la Calédonie doit relever  pour la construction d’une nouvelle nation.


 Et nous arrivons en Janvier 2017  avec de nouvelles problématiques : la suite de cette coulée de boue sur la commune de Houailou faisant plusieurs victimes (une première dans le pays). Un événement qui nous rappelle que le changement climatique est planétaire , et qu’il est temps de revisiter les politiques d’aménagement des territoires ( des populations à déplacer ou encore des zones habitées à reconsidérer )    l’ISEE qui publie quelques indicateurs sur la base des données du 3è trimestre 2016  , des chiffres qui nous laisse dire que l’économie calédonienne est encore en convalescence.  ( +12 % de chômeurs, +3,2% pour le climat des affaires , + 0,3% d’inflation , une consommation en repli  -5,2% des importations de biens d’équipement , -8% sur les produits alimentaires et -2% sur les boissons et tabacs +16,4% pour le nickel et +2,2% pour le tourisme ) des chiffres qui viennent confirmer l’urgence des mesures déjà annoncées en 2016 ( productivité et compétitivité)  

Et enfin , l’affaire des blues boats vietnamiens interceptés dans nos eaux en situation de pêche illicite (une violation de plus en plus fréquente de nos frontières maritimes et de nos zones de pêches).  Oui de nouvelles problématiques, qui mettent au grand jour les limites du système de surveillance des frontières maritimes de la ZEE, mais qui par voie de conséquence suscitent d’autres préoccupations celle de la protection de nos zones de pêches côtières. Les holoturies ou encore les concombres de mer, sont des produits, qui se vendent à très bons prix (une fois transformés) sur les marchés asiatiques. Encore des ressources menacées cette fois par cette arrivée massive des blues boats vietnamiens dans nos eaux. Le tout dernier d’ailleurs a été encore intercepté la nuit hier vers les Chesterfield  au nord du Pays, et sera arraisonné vers Nouméa.

De temps en temps un arrêt pour se demander où sommes nous rendus, c’est une façon d’apprécier si chaque pas répond bien à ce que l’on a prévu, et aussi découvrir les nouvelles situations à gérer.

Naku press : Mise en ligne le 9 février 2017