Les indépendantistes par un courrier signé par les chefs des deux groupes au congrès du Pays, ont signifié aux autorités compétentes, la démission des membres indépendantistes du gouvernement de la Nouvelle Calédonie. Dans ce courrier, ces deux responsables ont donné les différentes raisons de cette démission. Parmi celles-ci y figure bien évidemment le dossier Usine du Sud, le problème budgétaire du pays avec un budget primitif qui n’est toujours pas voté à ce jour, et enfin le manque de respect de la collégialité et du consensus, (deux concepts qui tiennent l’esprit de l’accord de Nouméa).
Cette décision est qualifiée
d’irresponsable vu le contexte :
crise sanitaire, problème budgétaire, problème social. Certes avec une grille de lecture au premier
degré, on ne peut qu’adhérer à une telle appréciation. Sauf qu’une situation
est toujours le fait de deux acteurs.
Et quand il y a friction, c’est qu’il
y a des compromis qui ont manqué dans le fil du dialogue. La forme
le contenu, la stratégie, la tactique constituent l’ensemble des
paramètres qui par principe aide à
avancer en respectant les différences.
L’accord de Nouméa a « posé » le pays sur des concepts tels le consensus, la collégialité , ce dans le respect des différentes conceptions du monde qui ont malgré tout , construit ce pays jusque là . D’autant plus que lorsque l’on jette un œil sur les grands courants d’idées on relève que ces concepts que nous avons choisis, pour bâtir notre pays, sont les nouvelles règles que les écrivains ou le monde intellectuel, qui observent l’évolution du monde, recommandent, pour une bonne gouvernance. La fluidité de l’information pour une communication constructive est de mise, car au bout de chaque conflit, très souvent on retrouve deux acteurs donc deux courants de pensées.
L’histoire de ce pays, fait que nous devons composer avec plusieurs paramètres de tous ordre d’ailleurs, d’où la difficulté d’entretenir une communication constructive pour donner une vision stable de l’évolution de ce pays. Mais la richesse de ce pays en ressources naturelles fait qu’à chaque discussion, cette donnée conditionne systématiquement les décisions. C’est normal dira t – on, et par-dessus tout le débat politique sur l’avenir institutionnel du pays qui, malgré tout affiche encore une opposition très vive entre les deux camps, indépendantiste et non indépendantiste.
Le dossier Usine du Sud, arrive tout juste d’une manière imposante dans l’actualité du pays, au lendemain du référendum. Le hasard fait bien les choses : le dossier mines n’a jamais vraiment eu une conclusion claire, et acceptée par tous, ainsi la stratégie minière reste encore une inconnue alors que nous sommes déjà entrain de finaliser les derniers pas vers la pleine souveraineté du pays.
Les indépendantistes de part leur décision de quitter l’exécutif, veulent donner un autre ton au débat ambiant presque étouffant d’ailleurs, car les problèmes actuels de la société calédonienne ont été agencés de manière à ce que l’unique solution c’est de nouveau aller frapper aux portes de la France. Une idée que les indépendantistes n’entendent pas d’une bonne oreille. A côté de cela on perturbe les conditions de discussion autour du dossier Usine du Sud avec l’aide de l’Etat français, d’ailleurs incapable d’adopter une position d’arbitre dans un dossier aussi stratégique pour l’avenir économique de ce pays. L’Etat semble oublier qu’il a aussi signé le processus d’émancipation de ce pays. C’est vrai aussi que depuis, les personnes ont changé à Paris, mais on n’ose penser qu’il y a encore parmi les adeptes des grands couloirs de l’Elysée, des personnalités connaissant parfaitement le dossier calédonien.
La même réalité se dessine également dans la classe politique locale. Beaucoup de renouvellement dans la classe politique est une chose, mais pour la gestion d’un discours qui vient de si loin et qui est en phase d’arriver à une conclusion, il serait préférable que ce soit encore les acteurs qui ont participé à la construction de ce discours, de formaliser la conclusion. Concevoir un argumentaire sur une vision ponctuelle des choses est réellement pénalisant pour un processus encore en cours.
Il est toujours bon de rappeler que dans un dialogue le compromis doit être partagé, il ne doit pas venir à chaque fois d’un seul et même acteur. Si cette logique n’est pas comprise, les choses auront du mal à avancer. Et cela ressemblerait beaucoup à un retour en arrière !!!
Publication : Naku press le 3 février 2021