Comme prévu dans le cheminement législatif de la loi sur le dégel du corps électoral , il a été adopté cette nuit pour nous par la commission des lois de l'Assemblée Nationale. Rappelons qu il a été adopté le 2 avril dernier par le Sénat à 233 voix pour et 99 voix contre.
Bien évidemment que cette nouvelle étape , bien que technique en soi , le rapporteur de la Commission en la personne de Nicolas Metzdorf , s'en est félicité , - " Nous avons fait la moitié du travail à l'Assemblée" . Le projet de texte continuera son chemin législatif pour un vote en séance plénière de l'Assemblée nationale le 13 mai prochain.
Il va sans dire tout de même que les débats n'ont pas manqué autour de ce projet non seulement sur l'aspect purement juridique du texte, mais surtout l'impact politique sur la situation en Nouvelle Calédonie . Certains membres de cette commission , voient au travers de cette nouvelle étape franchie comme une avancée bénéfique et qui redonne espoir au monde économique qui selon eux serait plongé dans une espèce de pénombre , sans horizon claire ...
Mais qu'en est il de cet équilibre ou le consensus qui a toujours été de mise dans les discussions politiques au niveau local ? Certains membres de cette commission , les députés de gauche eux parleront du "temps au temps" , afin de poursuivre les discussions autour d'un accord global. Mais du temps au temps "c'est rajouter de l'incertitude " répondra le député Metzdorf. Cela ouvre le débat sur la décolonisation : "Il faut qu'il y ait un accord dans l'esprit de ce qui a été fait il y a 30 ans " et "La majorité en place va sur une posture pyromane et dangereuse " va compléter le président de la délégation Outre Mer à l'Assemblée nationale à l'issue de la commission.
A cela , le député Metzdorf répondra ceci : "On est allé au bout de la décolonisation en Nouvelle Calédonie ". Le député républicain Philippe Gosselin va rappeler malgré tout , que ce projet de loi ne vaut pas dire la mort des Accords de Matignon et Nouméa " On voit que les avis divergent , le débat s'est instauré au sein de cette commission malgré l'avis favorable qui en est sortie.
Le député Dunoyer soulignera lui l'importance de l'article 2 de la loi qui prévoit son annulation si un nouvel accord global était finalement trouvé. et de souhaiter que tous les sujets d'importance pour les deux sensibilités , indépendantistes et non indépendantistes fassent l'objet de discussions et d'un équilibre.
Au de tous ces arguments , et du positionnement de chacun dans ce dossier , nous attendrons le 13 mai pour le vote solennel.
Dès lors qu'un processus juridique est enclenché , on peut admettre qu'il est difficile de le redéfaire en l'état, il faut encore identifier les brèches procédurales possibles pour déjouer la stratégie politique souvent masquée derrière des projets de texte. Cela fait rappeler une citation , souvent rappelée dans nos discours : " le défi de l'intelligence" . Le mixte : technique juridique et stratégie politique impose un contexte compliqué pour les débats, mais cela demande du dépassement de soi , de la sérénité, et de la décence dans les propos. Cela est d'autant plus important , dès lors qu'il y a de la tension dans l'air.
La Calédonie , le porte avion de la France dans le pacifique , l'élément incontournable de sa stratégie dans cet océan tant convoité par les superpuissances , tout cela explique et annonce les exigences intellectuelles , et surtout de la pertinence afin de réussir à sortir le pays par le haut.
Naku press : publication du 08 mai 2024
( CP /NP - une des lianes endémique de Kanaky) . |