CP : NP - l'annonce de la fin de l'année |
Six mois se sont écoulés depuis le 13 mai 2024 , beaucoup d’eau ont coulé sous les ponts, mais on ne cessera pas de rappeler ceci : après le constat, l’émotion, la réflexion, et enfin quelle solution pour sortir de la situation de crise.
Après les différents plans proposés par les institutionnels : Le PS2R et le plan quinquennal, il était temps d’aller en parler aux éventuels financeurs, c’était l’objet de ces différents déplacements sur Paris, des délégations d’élus du congrès et du gouvernement. Ces plans sont simplement des demandes d’aides présentées de différentes manières avec deux hypothèses pour le format d’intervention de l’Etat : 1/ - Subvention pour aider la N C à se relever ou 2/- un prêt que la Calédonie devra rembourser durant les 10 voir 30 ans à venir.
Pour l’heure , l’attribution de ces aides est conditionnée par le vote de la loi des finances à Paris. Et à l’heure qu’il est ce vote est loin d’être bouclé pour causes des divergences au sein de l’Assemblée nationale. Et vu l’ampleur qu’a pris ce débat budgétaire au sein de la classe politique française , pour le moment le dossier calédonien est en stand by . Dans le brouhaha de ce débat en cours on entend même parler d’une éventuelle chute du gouvernement Barnier, voir même des murmures sur une possible démission du Président de la République . Comme dirait une expression courante : « il y a comme un feu au lac ».
Un peu éloignées des enjeux politiques qui s’affichent derrière ces débats qui s’éternisent depuis la mise en place du gouvernement Barnier, ici dans le pays plusieurs voix s’élèvent pour dire ce qui pourrait être les priorités pour relancer l’économie du pays , avec en bruit de fond une presse qui choisit le secteur à mettre en avant , dont ceux déjà en difficulté bien avant le 13 mai , et pour lesquels , sans un élan réel de relance économique , voient leur avenir en Calédonie tout simplement compromis.
Les chiffres publiés récemment par l’Institut des statistiques ( l’ISEE) , confirment les indicateurs d’une économie , en pleine difficulté , voire même au bord d’une crise sociale : 9000 salariés privés d’emploi dont 4900 indemnisés au chômage total et 16700 personnes admises au chomâge partiel . un état de fait qui entraine une baisse de la consommation , et une hausse des prix qui s’est installé atteignant parfois des pourcentages , qui méritent parfois d’être suivi ou contrôlé.
Le président du gouvernement de la Nouvelle Calédonie a annoncé dans la presse que le pays pourra terminer l’année avec la deuxième tranche de la DM 6, soit une enveloppe de 27 Millards, et pour le moment pas de visibilité pour la suite. Des chiffres ont été annoncés , un prêt de l’ordre de 120 Milliards auprès de l’AFD, ( Agence française de développement) avec une garantie de l’Etat , et cette garantie fait partie des mesures qui doivent être votées dans le cadre de la loi des finances.
Outre l’impact de ces débats franco français autour de la question budgétaire, pour le dossier calédonien , on entend malgré tout des déclarations arguant le fait que la France pourrait aussi se poser la question de pourquoi se hâter de financer un pays qui est en train de cheminer vers son indépendance.
Entre la Calédonie dans la France , et la Calédonie en partenariat avec la France on pourrait comprendre qu’outre les conditions budgétaires de la France , le gouvernement Barnier a préféré le prêt et non une subvention . Mais à noter que parmi les mille et une modalités d’intervention de l’Etat , les aides et subvention pourraient plutôt venir en soutien à certains secteurs d’activité. ( agriculture , énergie , pêche , culture etc.. santé )
Ainsi la question de l’avenir de la Calédonie est un sujet sous jacent à toutes ces questions financières ( ce qui est normal en soi) . On peut noter que toutes les composantes politiques du pays , disent toutes vouloir reprendre le dialogue. Mais qui discute avec qui , cela reste pour le moment une question .
Tout le monde attendait un peu le déroulé des congrès des différents partis , indépendantistes. C’est chose faite, avec le dernier congrès de l’Union Calédonienne qui s’est tenu récemment à Canala en pays Xaracu .
Et ce que l’on peut relever c’est que l’ensemble de mouvance indépendantiste n’a pas bougé sur l’objectif de l’accession du pays à sa pleine souveraineté . Des variantes de forme ont permis à certains d’annoncer à mot couvert une « rupture » de l’unité des indépendantistes , du genre des gros titres tel : « le FLNKS est mort » pour vite tirer une ligne droite sur le mot « retrait du fonctionnement actuel du Front , prôné par deux composantes historiques du FLNKS » . Le FLNKS devra programmer son congrès annuel incessamment sous peu .
Nous sommes en politique , et la guerre des mots fait partie des moyens à utiliser pour discréditer son adversaire .
A la lecture des motions ou des déclarations des leaders des partis indépendantistes au lendemain de leur congrès, on peut relever une certaine complémentarité dans la formulation des orientations et de la mise en perspective du cheminement vers l’accession à la pleine souveraineté du pays : : ainsi on entendra souveraineté partagée affirmée pour aller vers une indépendance en partenariat , et l’accession à la pleine souveraineté avec l’ouverture d’une période de négociation pour la signature de l’accord de Kanaky suivie d’une période de transition correspondant à la fin de la quatrième décennie d’éradication du colonialisme dans le monde .
Pour ceux qui voient l’avenir de la Calédonie dans la France , eux soutiennent l’option du fédéralisme. La Calédonie serait donc un Etat fédéré à la France , une appellation juridique pour confirmer ce régime de souveraineté partagée qui a vu le jour depuis l’accord de Nouméa. Et selon eux logiquement cette option , ferait le compte des deux camps : pour les indépendantistes puisque l’on parle d’Etat , et les loyalistes puisque l’on parle d’Etat fédéré à la France.
Et dans l’élan de cette recherche pour un avenir institutionnel de la Nouvelle Calédonie , les pays de la région apportent aussi leur contribution , parmi lesquels nous mentionnerons celle du premier Ministre Néo Zélandais : qui en visite à Paris aurait remis une note au président Macron, lui recommandant le modèle des Iles Cook pour résoudre le problème calédonien .
Ouvrons une petite parenthèses sur Les Iles Cook : ces iles forment un état dit associé ou en libre association avec la Nouvelle Zélande . Depuis la rédaction de leur constitution en 1965 elles bénéficient d’une large autonomie et ont la complète responsabilité pour gérer leurs affaires internes. La défense , la monnaie et les affaires étrangères étant gérées par la Nouvelle Zélande . Reconnu par l’ONU depuis 1994 comme « état non membre » elles ne disposent d’aucun siège au sein de l’Assemblée Générale. ( Nous refermons là cette petite parenthèse) .
L’Etat de ces réflexions émanant d’un camp ou d’un autre, nous fait dire que théoriquement , il semble y avoir des passerelles possibles, pour avancer , mais avec malgré un point d’achoppement celle de la nature des nouvelles relations avec la France. Etat fédéré ou souveraineté partagée comme période transitoire vers une pleine souveraineté ? L’accord politique sur l’avenir institutionnel du pays , nous le dira peut être ….
Nous avons choisi deux citations pour terminer cette brise de Novembre : Une première de Socrate un philosophe grec « L’obscurité ne doit jamais être une raison de ne pas croire à la lumière »
Et la deuxième d’un homme politique de la Guinée Bissau – Amilcar CABRAL : « « La libération nationale , la lutte contre le colonialisme, la construction de la paix , le progrès et l’indépendance sont des mots vides dévoués de signification s’ils ne peuvent pas être traduits par une véritable amélioration des conditions de vie » …
Naku press : Edition du