mardi 24 août 2010

Historique de la création de la TAS... selon LKU

La bataille fait rage actuellement, entre les ex-camarades de l'USTKE, entre les pro-LKU et les pro-Jodar, notamment sur la paternité de certains acquis du syndicat indépendantiste. La TAS, à Tontouta, en est un parfait exemple. Qui a d'abord démarché pour que des négociations aient lieu pour aboutir à la situation actuellement ? Dans ce cadre que LKU contre-attaque pour que vérité en sort vainqueur de ce contentieux. Lisons le tract de LKU....

Suite à des affirmations récentes où comme d’habitude Gérard JODAR se fait passer pour la seule personne grâce à qui la TAS existe en se gardant bien de parler du rôle des uns et des autres dans la mise en place de cette structure, je veux à mon tour, sur demande de salariés de la TAS, livrer ma version des choses qui pourront être vérifiés auprès de Pierre CHAUVAT, Jean-Louis ISAIA ou encore ALI BEN ALI ASSEN qui étaient présents à ce moment-là et qui ont aussi été à Paris.

En juillet ou août 1994, la direction générale d’Air-France qui assurait alors outre sa responsabilité d’escale aux passagers, son propre handling et son cathering à l’aéroport de la Tontouta, a fait savoir aux représentants du personnel l’alternative de la compagnie à savoir le licenciement économique de plus de 70 salariés et le maintien de son activité de handling ou alors la cessation de cette activité.

Dès cette information connue, j’ai en tant que Président de l’USTKE immédiatement proposé aux camarades d’Air France une AG d’urgence qui s’est tenue au siège de l’USTKE dans la salle de formation Henri KRAZUCKI.

Je leur ai proposé immédiatement et sans ambigüité le modèle de l’aéroport de Nandi à Fiji où la compagnie QANTAS s’est désengagée de cette activité de handling-cathering qu’elle assurait et avait passé le relais à une société locale ATS (Airport Transport Services) dont les salariés étaient actionnaires et assumaient des postes à responsabilité importantes à différents niveaux et leur syndicat membre du FTUC-Fiji Trade Union Council (Conseil des Syndicats Fijiens) avait reçu les représentants du SPOCTU (South Pacific Oceanic Council of Trade Unions – Conseil des syndicats de l’Océanie et du Pacific Sud) pour une soirée. Je m’étais entretenu longuement avec les représentants de cette société ATS dont le camarade MOHAMED YUNUS également membre du FTUC qui m’avait ensuite invité chez lui pour bien m’informer de leur organisation.

Compte tenu de la situation de Tontouta où Greppo intervenait aussi avec des salariés qui étaient sous convention collective de l’agriculture et que les compagnies QANTAS et AIR-NEW ZEALAND chargeaient leur propre nourriture depuis Sydney et Auckland, nous avons fait le choix de la mise en place d’une seule société dans laquelle les salariés seront actionnaires qui ferait l’ensemble des activités de la plate-forme aéroportuaire pour l’ensemble des compagnies aériennes. Malheureusement par la suite, le conservatisme des dirigeants d’Air-Calin en empêchera la réalisation complète.

Je me souviens de l’enthousiasme des camarades de Tontouta lorsqu’ils ont pris connaissance de l’exemple de Nandi et ils ont d’emblée accepté de s’engager dans cette prospective même si elle comportait une grande part d’incertitude et de risque par voie de conséquence. C’est d’ailleurs JL ISAIA dans cette réunion qui s’est écrié : « On va l’appeler TAS : Tontouta Air Services ! » (Nandi : ATS) ce qui sera chose faite puisque ce nom sera proposé par nous.

J’ai proposé cette solution aux camarades parce-que j’avais une carte en main sur laquelle je comptais pour faire aboutir ce projet innovant voire quelque part révolutionnaire puisque cela se situait au seul aéroport international du pays : Ma relation personnelle avec le PDG d’Air France du moment Christian BLANC que j’avais connu la première fois qu’il était venu en tant que directeur de cabinet d’Edgar PISANI en décembre 1984 et ensuite lorsqu’il a conduit « la Mission du Dialogue » initiée par le Premier Ministre Michel ROCARD suite aux évènements de GOSSANAH à IAAII en 1988, ces différentes rencontres pendant des situations particulières nous ayant rapprochés au point de nous tutoyer depuis.

Christian BLANC a reçu au siège d’Air-France à Paris notre délégation composée des camarades cités plus haut Gérard JODAR et moi-même et a accepté notre proposition même si elle était assortie en dernier ressort de l’accord de la CCI gestionnaire de l’aéroport.

Le repreneur éventuel des opérations aéroportuaires qui avait la faveur des pronostics puisqu’il avait le soutien de l’Etat, du RPCR, de la CCI et d’Air-France était la Compagnie Générale des Eaux dont le PDG à Nouméa était Yann Le DORE que nous avions connu en 1987 au moment des négociations de la privatisation des services de voiries de la ville de Nouméa qui allaient devenir la CSP (YLD est revenu récemment et revient régulièrement puisqu’il est consultant pour STAR qui vient de reprendre les activités de la CSP).

Gérard JODAR mènera ici et à Paris les négociations concernant les transferts des personnels d’Air France ainsi que les conditions de reprise dont notamment l’intégration des personnels des diverses sociétés dont Greppo. La question la plus difficile à laquelle se heurteront ces discussions restera la question de la hauteur de la participation des salariés dont la CGE n’acceptait pas qu’elle soit supérieure à 10%.

Au moment de son dernier départ pour la signature de l’accord avec CGE, j’ai indiqué à Gérard JODAR que j’allais tenter une dernière carte auprès du concurrent de la CGE à savoir La LYONNAISE DES EAUX qui était aussi intéressée par la reprise des activités aéroportuaires, et dont je connaissais bien le PDG local qui venait de Tahiti, Joël ALAIN et le grand patron à Paris Jérôme MONOD qui viendra ensuite me rendre visite à l’USTKE.

J’ai rencontré Joël ALAIN à qui, après information de tout ce qui avait été mené jusque-là, j’ai proposé que si La Lyonnaise acceptait que la participation des salariés montait dans un premier temps à 20 ou 25% et ensuite de manière évolutive, l’USTKE signerait un accord avec elle avant de répondre à l’appel d’offres initié par la CCI, accord déterminant puisque l’USTKE était alors ultra majoritaire sur la plate-forme de Tontouta. Il m’a demandé un délai de 24 heures pour consulter son siège à Paris.

Le lendemain il me signifiait l’accord de la Lyonnaise. Je rappelais aussitôt Gérard JODAR à Paris pour l’informer de cet accord qui de facto mettait fin aux négociations avec la CGE. Rentré à Nouméa il signera l’accord avec la Lyonnaise et la remise de l’offre par cette dernière comprenant l’accord avec l’USTKE sera faite la veille du délai imparti.

La CGE intentera un procès contre les protagonistes pour tenter de faire revenir les choses en arrière mais sera déboutée.

Et c’est comme cela que la TAS a vu le jour et que bien des emplois furent sauvés et bien d’autres furent créés ! Cette information pour rétablir la vérité et surtout pour que certains qui ont bénéficié de notre travail ne l’oublient pas.


Louis Kotra UREGEI
Membre du Collège Honoraire de l’USTKEPrésident du Parti Travaillist