L
|
es divergences tactiques, stratégiques voire même
idéologique ont depuis d’antan marqué les frontières entre les deux plus grands
partis de la mouvance indépendantiste : l’UC et le Palika. Mais dès lors
qu’il s’agit de revenir sur la cause fondamentale de la lutte du peuple kanak,
ces deux partis ont toujours su faire taire les spécificités pour ne voir que l’essentiel.
A deux ans de 2018, ce premier rendez vous initié par l’Accord de Nouméa,
accord qualifié politiquement comme un processus d’émancipation, ces divergences commencent
de nouveau à s’aiguiser. Mais à la différence du passé, le contexte politique
dicté par l’accord de Nouméa, oblige l’opinion à sonder les différentes options
proposées par la classe politique locale. De ce fait les divergences peuvent
être considérées comme étant des positions tranchées, du fait que
l’opinion est en attente de confirmation par rapport à l’interrogation qui sera
au rendez vous électoral de 2018.
Quand les subtilités intellectuelles ; (si l’on peut considérer
ainsi les écarts ponctuels entre
les deux grands partis indépendantistes) reprennent le dessus dans les
discours, le risque encouru par ce
type d’exercice, certes c’est le
brouillage du message indépendantiste avec un discrédit qui va s’installer
progressivement au sein de l’opinion.
Dans un ITV accordé aux Nouvelles
Calédoniennes de ce lundi 26 Décembre, le porte parole du Palika , défend
l’engagement du parti aux côtés du parti progressiste ( crée récemment) pour
organiser les primaires du PS , et donc une participation du Palika aux
prochaines présidentielles françaises. Que faut-il penser d’une telle position
aux côtés d’un parti progressiste qui a annoncé publiquement son opposition au projet
d’indépendance. De la haute
tactique de politique politicienne (peut être) mais la grille de lecture du
citoyen lambda risque d’être plutôt l’incompréhension. Jauger l’électorat indépendantiste à
deux ans de 2018 oui mais pas forcément en s’alliant avec un parti qui s’est
prononcé contre l’indépendance. Pour de la finesse dans les propos : le
porte parole du Palika dira ceci : « Nous n’avons pas de politique yo-yo
sur la question du vote ». Le seul souci dans la jonglerie des propos,
c’est surtout pour ceux qui écoutent ou qui lisent.
Dans ce même ITV, le Palika
continue à confirmer le dialogue pour l'organisation de la sortie de l’accord de Nouméa ;
donc logiquement il ne peut pas être d’accord sur l’inscription automatique des
kanaks, sur la liste référendaire.
De ce pas, le Palika condamne le RIN (Rassemblement des Indépendantistes
et des Nationalistes), qu’il considère d’ailleurs comme une initiative voulant
supplanter le FLNKS ; et bien évidemment la position de l’UC sur sa non
participation aux prochaines élections nationales françaises. Etant pour le dialogue , le Palika affirme son soutien à une candidature de gauche connaissant le dossier calédonien pour les prochaines présidentielles.
Entre la position de principe pour ne pas participer aux
élections françaises, et la position tactique d’utiliser cette consultation
pour jauger l’électorat indépendantiste, il y a peut être comme une
complémentarité, s’il faut placer
le curseur au niveau de la mouvance indépendantiste. Naku press dans une de ses
publications au lendemain des congrès des formations indépendantistes avaient
simplement relevé le fait que l’ensemble des partis avait reconfirmé la nécessaire accession du
pays à sa pleine souveraineté.
Mais le jeu de mots, et justement la politique yo –yo n’aura
plus la même consonance dans un contexte qui appelle à la fois de la finesse
dans l’expression des positions, et surtout la nécessité d’amener à l’opinion
des éléments qui posent le pays. Sur la question des listes électorales, on
voudrait comprendre que c’est de la pure tactique politicienne que certains
partis comme le Palika s’accroche mot à mot à l’Accord de Nouméa et encore,
pour occulter de fait les réalités coloniales qui continuent à sévir dans le
pays. Parler d’inégalités sociales ( les valeurs de gauche) en occultant la
spécificité ethnique ( pourtant criante dans le pays ) c’est faire abstraction
des réalités modernes du colonialisme qui continuent à sévir dans le pays , ou c'est faire le choix de donner la primeur à une réalité globale, celle du "fameux nouveau contrat social". Comme dirait l'autre : "faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais"- politique yo-yo , ni loyalistes , ni indépendantiste, et on conserve bien sa place au sein de la mouvance indépendantiste, - Cela ressemble malgré tout à un chemin bien sinueux pour l'heure !!! Ou alors c'est de la haute voltige !!!!
Quand les questions de formulation deviennent trop
tranchées, elles peuvent réellement marquer des divergences profondes, ou
alors, on ose encore croire, que dans un contexte aussi compliqué, la finesse
dans les propos, et les manœuvres politiciennes constituent aussi une arme, sauf que l’opinion d’une manière générale va
comprendre ce qu’elle lit et entend. Comme on peut aussi comprendre qu’au
nom d’une stratégie de communication, de tels propos s’adressent à un électorat
qui reste à conquérir pour la cause indépendantiste, ceux qui ont peur de la
pleine souveraineté.
Quelques propos recueillis sur les réseaux sociaux …..
Dans les nouvelles calédoniennes de
ce matin, le porte-parole du PALIKA, interviewé, se demande si "le RIN
veut-supplanter le FLNKS" a propos de la question de l'automaticité
de l'inscription des kanak sur la liste référendaire ?
Vous avez dit
"parano" ? Quand on s'autoproclame "démocrate", on doit
accepter que d'autres groupes ou personnes puissent avoir des positions divergentes...
« Participer aux primaires socialistes en Kanaky en 2017
c'est soutenir les progressistes qui appellent à voter contre l'émancipation et
la décolonisation de Kanaky, contre l'accord de Nouméa, contre les vrais
valeurs de gauche universelle .Je ne sais pas comment le Palika va manœuvré
avec les clowns progressistes des franc maçons, qui font du5/5 sur le dos du
peuple colonisé. »
« Au
delà du discours de façade, est-ce que ce positionnement ambigüe ne traduit-il
pas un virage idéologique entamée depuis un certain temps renforcé par un
soutien plus que nécessaire de l'État français à l'usine du Nord ? »
La diversité des opinions et des réactions sur de tels
propos, au sein même de la mouvance, ou du réseau militant témoigne d’une
certaine incompréhension. Certains même parlent de virage idéologique…. Et le
débat continue ….
Naku
press : mise en ligne le 27 décembre 2016