Naku press publie ci-après le discours d'ouverture du congrés extraordinaire de l' UC , discours prononcé par le président : Daniel GOA
Minute de
silence pour le grand chef de Guahma : Mr Nidoish Hnaïsseline
Militantes et
militants de l'Union Calédonienne Bonjour !
Permettez-moi
d'adresser nos chaleureuses salutations aux autorités coutumières de la région
Païcî- Cèmuhi, de la commune de Ponérihouen et de la vallée de Nimbayes.
Nos
salutations vont également au comité local et à la section de base de Néavin
accompagnées de nos plus vifs remerciements au regard de l'urgence à laquelle
ils ont su faire face en accueillant ce congrès ici à Nimbayes.
Ce congrès
extraordinaire qui nous réunit aujourd'hui s'inscrit dans la motion de Tiaoué
en novembre dernier et fait suite à celle du congrès de Lifou en novembre 2013.
Il doit nous
permettre de partir d'ici à la fin de la journée avec une vision partagée et à
partager avec l'ensemble des Calédoniens, du pays que nous envisageons de
mettre en place.
Un projet de
société n'est jamais figé. Il se reformule continuellement sous l'effet
d'enjeux qui déterminent et conditionnent l'existence de l'état concerné dans
son environnement.
Le projet de
société que nous propose de valider notre équipe de référents doit être la
grille de lecture qui permet à chaque calédonien, quelque soit sa race, son
ethnie, ses origines ou sa communauté, d'appréhender « le jour d'après » avec
confiance et sérénité.
Parce que
l'issue du référendum de 2018 ne doit pas être « une victoire finale » d'une
partie de la population contre une autre.
A partir de
demain, vous devrez aller à la rencontre des autres membres du FLNKS et de tous
les indépendantistes et autres nationalistes pour mettre en débat le travail
que vous aurez validé aujourd'hui.
Le calendrier
prévu est que dès le début de l'année 2016, au congrès du FLNKS, ce projet
modifié, amendé reçoive adhésion pour passer à l'étape suivante durant toute
cette année.
Il s'agira
d'aller le proposer aux non indépendantistes et à la société civile.
Comme vous
voyez, la tâche est de taille et elle est à la hauteur de l'enjeu
d'indépendance que nous revendiquons.
Elle mérite un
peu de hauteur de vue et les postures auxquelles nous avons assisté ces
derniers temps n'en sont pas dignes.
Et je rappelle
que les résultats des élections provinciales nous donnent trois ministres à
l'UC. Deux de ces trois ministres continuent de faire de la résistance en ne
participant pas aux réunions de travail du gouvernement.
C'est
inacceptable et au congrès de fin d'année il faudra bien tirer le bilan de ces
pratiques qui n'ont pas
lieu d'être!
Et à propos,
je voudrais que l’on revienne sur les péripéties qui ont abreuvé les médias ces
dernières semaines concernant l’élection du président du gouvernement, parce
que c'est bien de ça qu'il s'agit.
La décision
que j'ai prise de signer le communiqué pour faire élire monsieur Philippe
GERMAIN à la tête du gouvernement calédonien, résulte du constat que plus on
glisse vers la sortie de l'accord sans un minimum de cohésion, moins on donne
les meilleures chances aux indépendantistes d'être crédibles dans leurs projet
de pays indépendant. En conséquence, nous rentrons de plein fouet en
contradiction avec notre démarche de rassurer les gens sur notre projet de
société par le travail que mène notre équipe de référents sur le projet
d'assemblée référendaire.
Elle résulte
aussi du fait que lorsqu'on fait le tour des dossiers dits fondamentaux pour
nous et qui sont en attente de recueillir le nombre de suffrage nécessaire
depuis des années parce que nos voix ne sont pas assez nombreuses, seule «
Calédonie Ensemble » nous rejoint sur certains d'entre eux. Il s'agit donc de convergence
d'intérêts du moment à exploiter pour faire le pas en avant, dans un premier temps
et de le consolider par la suite.
LE
KANAK AU CENTRE DU DISPOSITIF, il ne s'agit pas seulement du dispositif
institutionnel, c'est
aussi celui
plus politique, qui est de rassembler les calédoniens sur notre vision du pays
indépendant.
Le centre du
dispositif, pour moi c'est le FLNKS.
Unir le FLNKS
pour créer une dynamique d'attraction.
Calédonie
ensemble a répondu présent, maintenant il faut continuer vers les autres
partenaires.
Le kanak au
centre du dispositif, ce n'est pas une posture, ce n'est pas un droit acquis.
Il se mérite parce qu'il se construit tous les jours.
Et il ne faut
pas se tromper de débat, aujourd'hui il ne s'agit plus d'être indépendantiste
ou non.
Consciemment
ou pas, tout le monde l'est devenu par nécessité. Parce qu'il s'agit de la Calédonie devant l'état
français, il s'agit de la
Calédonie devant la région, il s'agit de la Calédonie devant l'ONU,
il s'agit de la Calédonie
devant TOUS les pays du monde.
Il s'agit de la Calédonie devant le
F.M.I, devant les multinationales avec nos ressources...
IL
S'AGIT DONC POUR NOUS, D'UNIR LA CALEDONIE PARCE QUE LE MOMENT EST VENUE
POUR
ELLE, D’ÊTRE INTRONISEE AFIN QU'ELLE PRENNE SA PLACE DANS LE CONCERT DES
NATIONS.
Unir la Calédonie...nous
n'étions pas dans cette voie.
Et je pense
qu'à l'union calédonienne, nous devons au moins ça à tous nos aînés tombés à
VERDUN
comme dans le
pacifique, comme à BONDE, TIENDANITE,CANALA, THIO, OUVEA, MARE etc...
Cette décision
résulte aussi de mon analyse globale sur le processus de lutte que mène le
peuple
kanak pour sa
décolonisation.
L'accord de
Nouméa qui en est l'ultime étape arrive à son terme.
Et quand je me
retourne pour tenter d'en tirer un semblant de leçon, je me dis que faire le
bilan d'un
accord de
décolonisation n'est jamais chose aisée.
Tout d'abord,
parce que les concepts de colonisation, de décolonisation comme celui de
néocolonisation
et enfin de
mondialisation procèdent tous du même processus historique de transformation
d'une forme
coloniale de l'état français à une époque, vers une nouvelle forme du même état
français.
Aujourd'hui
l'enjeu pour les états coloniaux ne réside plus dans le pillage et
l'exploitation des matières
premières. Il
est dans la communication et la guerre d'influence. Il s'agit de rayonnement en
étant présent aux points stratégiques du globe. Tout état indépendant
aujourd'hui est par nature mondialiste et ses actions sont mondialisantes.
De ce fait il
devient plus hégémonique. Il est moins visible, plus insidieux, il s'insinue
dans tous les
rouages de la
société à tel point que son omniprésence se manifeste aux moindres décisions
qui mettent en difficulté ses actions à n'importe quel point du globe.
On parle de
dispositif hégémonique commun à tous les états mondialistes.
Cette mutation
obéit à des logiques dictées par des enjeux stratégiques de rayonnement dans le
monde très fermé des dominants (G8, G20 etc...). Et ça ce n'est pas de la
fiction. Nous sommes en plein de dans.
Partant de ce
constat, on est obligé de s'interroger sur les discours ou slogans à tonalité
révolutionnaire que beaucoup parmi nous portent parce qu'ils viennent masquer
la réalité du processus de mutation dans lequel se logent toutes les décisions
de l'état français et nous enferment sur des combats d'une époque révolue et
surtout, ils masquent les véritables enjeux d'aujourd'hui et les outils
adéquats à appréhender pour préparer et organiser notre émancipation.
Parce que le
problème de notre décolonisation, c'est qu'elle est pacifique. Une première
donc dans toute l'histoire de la décolonisation. Nous n'avons donc pas de
références historiques qui nous permettent d'ajuster à chaque étape de mutation
de notre vis à vis ETAT, les outils adéquats pour un progrès en parallèle.
Puisque toute
action sur le terrain est une réaction/réponse à une action passée de l'Etat.
Il en résulte
que durant une période plus ou moins longue, un véritable cafouillage peut
s'installer, s'aggraver pour finalement diviser les gens. C'est le risque
majeur que court notre jeune état devenu indépendant.
Nombreux sont
les artifices divers et variés qu’on utilisera à cette fin.
Là aussi, je
me dois d'alerter le congrès sur la grosse magouille qui se passe à Vavouto
concernant la substitution silencieuse de la sas vook à la sas vavouto sous le
regard bienveillant de KNS.
Je me dois
d'alerter aussi le congrès sur la reprise en main des coutumiers du secteur
mine qui est en train de s'opérer. La question est: Qui tire les ficelles?
«
PLUS NOUS NOUS RAPPROCHERONS DE L'IKS ! PLUS NOUS SERONS CONFRONTES A
NOUS
MÊMES ! »
...Ce faisant,
en voulant rendre le plus grand service à notre lutte, beaucoup s'enfermeront
sans même
s'en rendre
compte, dans leur confort discursif pour continuer d'exister et deviendrons des
obstacles à
l'évolution de
notre jeunesse, de leur pays et du progrès social. Enfin, à tout ce pourquoi
nous nous
battons...
Parce qu'ils
jetteront le discrédit sur toute tentative d'adaptation de nos concepts
d'analyse à la réalité
de la lutte.
Mais nous ne
sommes pas les seuls à être en déphasage au regard des nouveaux rapports que
nous nous devons d'entretenir avec l'état français.
Chez nos
frères Calédoniens, les discours sont symptomatiques, mais plus encore sont les
slogans qui traduisent exactement le même déphasage que chez les
indépendantistes.
Eux comme
nous, n'ont pas compris qu'un état devenu mondialiste n'a plus besoin d'eux
pour défendre sa présence ici.
Nous comme
eux, n'avons pas compris qu'il n'y a plus d'état colonial à combattre parce que
nous sommes devenus, avec EUX, les nouveaux interlocuteurs privilégiés dans un
champ géo stratégique plus élargi à la zone Asie/pacifique.
Qu'on le
veuille ou non, nous sommes devenus les JUSTIFIANTS de la présence
Française dans cette zone.
Eux comme
nous, devons comprendre que la devise de l'UC DEUX COULEURS UN
SEUL PEUPLE est aujourd'hui une réalité et qu'il est grand temps de se lever
ensemble pour affirmer notre destin commun.
IL
EST TEMPS POUR LES CITOYENS CALEDONIENS DE REDEFINIR AVEC LA FRANCE LES FRONTIERES
DE LEURS RELATIONS NOUVELLES.
Militantes et
militants, notre combat aujourd'hui n'est plus un combat CONTRE mais POUR
l'émancipation du peuple kanak, du peuple calédonien dans un monde plus élargi
et mondialisé.
SURVIVRE
ET PARTICIPER ! Ce sera notre devise car c'est notre devoir de donner à la
jeunesse
calédonienne
les moyens de témoigner à son tour haut et fort, de notre existence et notre
place dans le
concert des
nations. Notre jeunesse en est capable et elle mérite toute notre confiance.
L'assemblée
référendaire est par excellence notre nouvel outil d'émancipation parce qu'il
est le seul
capable de
nous dire comment NAÎTRE, GRANDIR ET EXISTER dans ce fameux
concert des nations.
Votre
responsabilité, ici, aujourd'hui, est de faire en sorte qu'en partant ce soir,
chacun de nous soit en capacité de porter et défendre, par delà les montagnes
et les mers, notre vision sur le foncier, sur le nickel, sur la citoyenneté,
sur notre administration, etc... au lendemain du référendum, dix ans après,
vingt ans après, cinquante ans après.
Parce qu'un
état devenu indépendant tombe irrémédiablement sous le coup de la dialectique,
c'est-àdire d'une perpétuelle transformation.
Nous devrons
aussi être capables d'écouter les suggestions et propositions des autres pour
que chacun puisse marquer de son empreinte son propre lien à SA terre! C'est
notre devoir d'oeuvrer pour transformer le rapport conflictuel de nos
légitimités en un rapport fusionnel.
C'est notre
devoir de transformer la dualité calédonienne en une UNITE
NATIONALE.
Je nous
souhaite donc que cette journée soit studieuse, riche et productive.
La Calédonie nous attend.
Je déclare donc ce samedi 13 juin 2015 ouvert le congrès extraordinaire de
Nimbayes
TOUS
EGAUX EN DROITS ET EN DEVOIRS!!!
Daniel GOA
Sources :Militant UC
Naku press : mise en ligne le 14 juin 2015