On le savait plus ou moins qu’au retour au pays , chacun des camps politiques va régler son « clairon » à la note qui doit sonner juste pour ses militants. Alors évidemment que certaines notes vont déplaire , et les réactions ne se feront pas attendre. L’Union calédonienne a tenu son comité directeur au nord de la Calédonie, et comme à l’accoutumé , le président du mouvement donne le ton avec un discours d’ouverture . A rappeler que ce discours est une sollicitation interne au mouvement .
Mais par les temps qui courent ,
certains des orateurs de la place publique vont considérer les
propos de ce discours comme étant des résolutions validées par le mouvement , et vont donc monter toute
une cabale contre l’auteur du discours. Une tactique connue en politique :
la décontextualisation d’un discours pour argumenter son opposition . En
l’occurrence là , on va jusqu’à déposer plainte contre le président de l’Union
Calédonienne. Heureusement que
l’inflation verbale ne tue pas !!! L'opinion calédonienne vaut plus que cela !!!
Vous avez dit agilité communicationnelle pour ceux qui se sont appauvris depuis en argumentaire plus décent , pour continuer à exister dans les sillages du dossier « Avenir institutionnel » du pays !!! Oui une agilité communicationnelle reconnue à certains partis politiques , qui ont pris l’habitude d’amadouer l’opinion par des propos très alléchants , quand les extrêmes sont en pleine confrontation . Cette communication très subtile , va rappeler l’importance du facteur temps dans le monde océanien , le consensus , tout ceci pour donner du sens à ce « Grand Accord » pour l’avenir du pays. Le tout couronné par l’idée d’un référendum d’autodétermination de projet , et non d’un oui ou non à l’indépendance. Et dans la foulée des « innovations » certains courants d’idées qui ont émergé lors des derniers rendez vous électoraux dans le pays , en quête d’une solution médiane , eux parleront de convention citoyenne , pour renforcer ce vœux de faire participer les citoyens aux prises de décisions , via des espaces de discussions en amont des discussions entre les décideurs. Mais que cela soit une initiative des institutions . Une idée qui trouve sa genèse dans le seul constat du taux d’abstention enregistré lors des dernières consultations.
Le consensus , la consultation des citoyens en amont des réformes , ce sont des procédés et des méthodes que les indépendantistes , au pouvoir depuis 2021 , mettent en pratique pour construire un minimum d’adhésion des acteurs concernés.
Le problème ici c’est la non prise en compte des positions des indépendantistes sur la tenue du dernier référendum. La raison pour laquelle les indépendantistes vont continuer à défendre une position qui restera accrochée au fait que ce rendez vous dont tout le monde y compris l’Etat , a validé comme étant la fin de l’ADN , n’ont pas participé . Or le processus d’émancipation de ce pays , ce sont les indépendantistes qui l’ont mis sur la table de négociation des différents accords. Ainsi il y a comme une légitimité qui a été bafouée dans le cheminement des évènements marquant l’évolution de l’histoire politique de ce pays.
Mais en politique , chacun essaiera de défendre son point de vue, sauf que dans le cas présent , certains font comme si on est là à bouger un pion dans un jeu d’échec, alors que pour d’autres, il s’agit là d’une occasion pour changer complètement de carte.
On assiste là à deux discours dont les objectifs sont diamétralement opposés. Il est vrai qu’avec les accords, certaines notions ont commencé à prendre pieds dans la gestion du quotidien des calédoniens , mais il est encore trop tôt pour adopter des termes comme citoyen , alors que plus on avance , plus les inégalités sont criantes. Un système colonial , saura toujours s’adapter aux réalités du moment pour continuer à exister , parce que malheureusement c’est inné chez certains peuples. Un des leaders indépendantistes kanak disait ceci lors d’une des rencontres avec l’Etat , et il l’a même dit lors d’un ITV au JT de Nc 1ère : « ce ne sont pas des citoyens qui sont devant vous , mais des colonisés ». Tant que cette réalité ne sera pas reconnue , on va de nouveau rappeler les propos de Jean Marie Tjibaou : « Tant qu’il y aura un kanak debout , ils vous emmerdera jusqu’au bout ». C’est cette réalité , que le référendum aurait pu régler si tout le monde avait participé. Les indépendantistes n’auront pas fait de vagues , pour discuter de la sortie de l’accord de Nouméa. Quand lors des deux premiers référendum , le drapeau kanak a animé les rues et les routes du pays , même les arbres, mais comment peut on ignorer volontairement , ce que cela signifie. Le FLNKS l’a rappelé dans ses propos liminaires aux rencontres parisiennes , en redonnant les grands moments de l’histoire politique du pays. Et faut il le rappeler , quand les indépendantistes ont fait Nainville Les Roches pour accepter les victimes de l’histoire; le rétroviseur , va nous dire que cette démarche n’a pas été bien reçu en face …. A méditer
Tout ceci pour dire , que les marges de manœuvre risquent d’être étroites, pour les discussions , car tous ces problèmes de fond sont bien présents , en tous les cas dans le camp indépendantiste. Alors faut il considérer que toutes ces terminologies qui s’affichent à la périphérie , dans les médias , pourraient faire avancer les choses ? On a opté pour le dialogue certes, mais il y a des moments , où des efforts doivent être faits de deux côtés. Ce qui n’est pas toujours évident , le temps pourra peut être faire l’affaire , la précision des contours de certains slogans avancés par les uns et les autres , aussi …..Les prochains jours nous le diront .
Naku press partage ici un point de vue , pour juste donner une grille de lecture , comme chacun a certainement aussi sa propre gille de lecture. Mais la complémentarité des points de vue peut contribuer à faire un pas ensemble pour avancer.
Naku press : Publication du 01er mai 2023