( Usine de Valé à Goro) CP ( net)
Les indépendantistes kanaks lors de leur dernière conférence de presse n’ont fait que confirmer leur position : l’usine du sud =usine pays. Derrière ce slogan ils reprécisent leur refus catégorique du groupe Trafigura dans le capital de Valé (renouveau ) , et proposent finalement un délai de deux ans pour trouver une solution .
Est-ce que cette position serait entendue par la droite qui elle, était déjà en train de confirmer par voie de presse, la signature de l’accord avec le consortium : Prony ressources , et Trafigura avec l’Etat français , dont la participation est intimement liée à l’évolution du statut politique du pays .
Quand les indépendantistes parlent du « temps » dans leur stratégie, on croit comprendre qu’ils ont pris la décision de déplacer le curseur hors des contraintes calendaires liées au marché international. N’oublions pas qu’un accord a été signé le 04/12/2020, dont la validation est différée au 12 février 2021. Ce délai pour essayer de trouver des solutions consensuelles.
A l’heure qu’il est, la discordance des discours continuent à animer les éditions des médias de la place , comme aussi les articles provenant de différentes presses internationales . Les avancées à retenir au stade où la discussion est rendue : le délais de deux demandé par le FLNKS, la validation de l’accord signé le 04/12/2021 souhaité par la présidente de la province Sud, la participation de l’Etat dans ce dossier conditionné par l’évolution statutaire du pays (une clause prévoit le retrait de l’Etat en cas d’indépendance) .
On connait la place de ce secteur dans le débat sur l’avenir institutionnel de ce pays. Outre les aspects juridiques, le nickel reste la clé de voûte pour ce qui relève des potentielles économiques à optimiser en cas d’indépendance. Mais il faut acter le constat suivant : le débat sur la stratégie minière du pays, ainsi que la question de la maitrise de la ressource minière, est toujours en cours car impossible de trouver un consensus.
( Photo : NP : sur le site du bois tabou GOO Vare Kan en 2002)
Le dossier Valé, fut l’occasion de souffler sur une braise qui n’a jamais été éteinte depuis. A quelques mois du 3ème référendum, les indépendantistes ne lâcheront pas, ils avaient annoncé le profil de leur discours : la maitrise de la ressource. C’est tout simplement l’écho d’un débat jamais conclu depuis.
Le cours des choses fait que quelque part ce débat doit être engagé, et il est arrivé par le biais d’un dossier concret, celui de la reprise des 95% de Valé dans l’usine du Sud. Une belle opportunité, qui entraine aussi des conséquences sociales, mais quand les conditions du débat ne sont pas réunies, les dégâts collatéraux font parler d’eux. La presse se donne à fond pour faire remonter l’écho de ces conséquences, soit pour appeler à la vigilance car la situation laisse augurer une grande crise sociale dans les prochains mois ou ; l’autre grille de lecture de ce relais médiatique, c’est d’affirmer les limites de la position radicale des indépendantistes, et donc de dénigrer leur projet de société.
La presse internationale s’y est mise aussi, en émettant des échos à la fois pour remuer le petit drapeau de la peur, avec des titres mettant le doute sur la capacité du pays à maintenir les 30 ans de paix , ou encore d’insister sur l’urgence des mesures à prendre au risque de plonger le pays dans un chaos sans suite , …. Tout un plateau bien servi pour organiser la pression, une manip classique en la matière. Mais la temporalité de l’opinion publique est loin d’être celle empruntée par les moyens modernes de communication, ce qui fait qu’il y a comme un sentiment d’attentisme.
Le dossier SLN brandi par tout le monde comme vivant ses dernières heures, alors que l’on lit toujours dans la presse, des décisions de gestion très récentes émanant de la direction d’Eramet qui nous laissent comprendre qu’il y a des marges de manœuvre , comme l’on apprend aussi que Bercy serait prêt à lâcher un nouvel emprunt pour sauvegarder les 10 000 emplois et de ramener la paix sur les sites miniers .
La technique et les moyens sont des solutions que l’on peut toujours trouver, mais tant que le récepteur n’aura toujours pas eu de réponses à ses revendications, il continuera à s’y opposer.
Les indépendantistes ont boudé depuis longtemps, la politique des rustines, parce qu’ils ont appris aussi les tenants et les aboutissants de ce genre d’agissements, et désormais ils continueront à revendiquer une solution pérenne et durable.
Publication : NAKU PRESS ( 21 janvier 2021)