Des listes séparées dans les deux
provinces , une seule liste dans le sud, deux groupes au congrès , deux
ministres UNI et 3 UC FLNKS :
le panorama qui fait jaser beaucoup de monde. Des logiques qui s’entremêlent,
encore faut-il en détecter … mais ainsi va le train indépendantiste à la
veille des heures décisives comme prévu par l’Accord de Nouméa. Ce nouveau panorama serait-il la
traduction de la présence de deux visions : celle qui dit que le pays est
déjà indépendant et l’autre qui elle continue à se battre pour la
décolonisation considérant que tout n’est pas encore réglé. ? Peut être,
mais les discours ne disent pas tout à fait cela : tout le monde parle
encore d’indépendance, d’accès du pays à la pleine souveraineté, avec comme
préoccupation première la citoyenneté, le statut international du pays, les
régaliennes ... Ou tout simplement qu’entre les partis indépendantistes l’on
est en train de bien discerner ceux qui sont là pour débrousser le chemin et
ceux qui viennent surfer sur les résultats intermédiaires, pourquoi pas , on
pourrait parler de complémentarité …Mais cela devient grave quand on assiste à
des positionnements qui frôlent même la mise en danger de la cohésion du
mouvement indépendantiste. Trop simpliste comme analyse mais si ça n’est pas
cela, eh bien on va dire que l’on n’est pas épargné de la vision : « la
politique est un fond de commerce où chacun vient y faire ses courses »,
en ne mettant plus de limites à ses égos !!! Grave pour des colonisés…
Mais il est aussi des analyses qui disent que le colonisé omnibulé par la lutte pour sa survie, finit par ne
plus se rendre compte qu’il reproduit les mêmes réflexes que le
colonisateur. Oui le revers de
l’autre slogan qui dit ceci : « pour combattre un système, il faut
maîtriser ses mécanismes » oui maîtriser pour le transformer et non pas le
reproduire. Cela est dit très facilement mais dans la pratique c’est chose
difficile, car une fois que l’on a goûté en passant aux bienfaits du système,
il faut savoir de nouveau se sacrifier pour construire l’alternative celle qui
justifie la raison de tous les mouvements de libération nationale. Le mouvement
nationaliste kanak est peut être en train de franchir cette étape et qu’il est
normal qu’il y ait un peu de confusion dans la lecture des derniers
positionnements politiques. C’est peut être aussi un moment propice pour
continuer à affirmer les contradictions du système colonial, un peu pour dire
que malgré les grandes réformes institutionnelles ou autre, tant que le droit d’auto détermination du peuple
colonisé n’est pas reconnu, la contradiction principale n’est pas réglée, et
que la lutte doit continuer. Justement parlant de réformes, les programmes de
formation des cadres du pays font revenir des gens diplômés pour servir le
système en place, et d’ailleurs on parle maintenant de l’existence d’une élite
kanake. Mais la question que l’on peut se poser est la suivante : est ce
que cette élite kanak aura t-elle ou a t-elle les conditions pour construire
l’alternative ?
Comme toute chose qui évolue par contradiction, la lutte
nationaliste kanak arrive à un stade, où elle doit certainement se réinterroger
sur la manière dont elle
positionne le débat sur son objectif : à savoir le droit à l’auto
détermination. Le dispositif politique qu’est l’accord de Nouméa qui aide à poser les bases de l’accès à
la pleine souveraineté du pays a t-il tout prévu pour le règlement du fameux
contentieux colonial ?
Des constats, des
questionnements, des essais de lecture, Naku press vous laisse méditer et
compléter son approche pour toujours aller de l’avant et franchir toutes les
obstacles.
En guise de conclusion une
citation de Paulo FREIRE : « ce
qui distingue les leaders révolutionnaires de l’élite dominatrice ce ne sont
pas les objectifs, mais leur façon d’agir : s’ils agissent de la même
manière, leurs objectifs se confondent ».
Naku press : mise en ligne le 8 juin
2014