samedi 30 août 2014

30 ANS C’EST L AGE OÙ ON COMMENCE A APPREHENDER LES VRAIES DIFFICULTÉS DE LA VIE…… Le FLNKS : bientôt 30 ans de lutte pour l’émancipation du peuple kanak.


Dans quelques semaines maintenant, le FLNKS célébrera ses 30 ans d’existence dans le paysage politique calédonien. C’était un 24 Septembre 1984 que les partis indépendantistes ont scellé cette unité qui a fait la naissance du FRONT DE LIBERATION KANAK ET SOCIALISTE, le FLNKS. A un moment donné dans la lutte, la division pour inscrire son identité était nécessaire , mais quand le danger s'accentue en face de nous , il a fallu faire taire ses égos pour retrouver l'essentiel. Parce que notre objectif est au fond le même : retrouver sa dignité dans son pays pour construire sa pleine souveraineté. Le défilé des statuts ou encore des réformettes pour pallier aux revendications nationalistes, finissait par lasser le mouvement nationaliste qui lui aspirait à plus d’émancipation dans la gestion des affaires du pays. Et il fallait dire non , est venu le temps de passer à un autre rythme de marche, et comme partout ailleurs dans le monde il fallait une rupture , et le coup de hache de Machoro sur l’urne à la mairie de Canala, cela voulait dire que le bulletin de vote symbole de la démocratie, ne suffisait plus pour faire avancer les choses dans le pays. 
KOOHNE 12/2008 CONGRES  FLNKS  (CP Naku press)



KOOHNE 2008 Congrès FLNKS  ( CP Naku press)
Oui il fallait passer par cette étape, où le FLNKS s’est vu qualifié de tous les noms dont parfois : un mouvement terroriste.  Un qualificatif dans lequel certains ont trouvé le justificatif de ce qui s’est passé un certain 12 Janvier 1985  sur le plateau de Dogny ,  non loin de la commune de La Foa. De 1985 à 1988 , le FLNKS était à l’apogée de son existence en tant qu’organisation de lutte. Le terrain était monté jusqu’à faire plier les grandes réflexions théoriques de nos leaders, c’était en quelque sorte la traduction de cette rupture qui devait ponctuer la marche pour ouvrir une nouvelle page. Une nouvelle ère marquée par l’obligation du pouvoir central, d’engager avec le FLNKS les premières discussions sur un véritable processus de décolonisation. C’était quelque part la contrepartie que les leaders indépendantistes ont réussi à obtenir du gouvernement central, car il fallait un discours ambitieux pour renvoyer aux militants du terrain, qui eux étaient  réellement engagés dans l’organisation d’une déstabilisation du pays. 

Dialoguer parce qu’il faut avancer avec nos propres forces et surtout nos réalités à tous les niveaux. Les accords de Matignon-Oudinot la première étape de ce processus d’apprentissage d’une forme de collégialité dans la gestion des affaires du pays avec le découpage du pays en région, avec une réelle   possibilité aux nationalistes kanak d’accéder à des postes de commande. Mais cette option du dialogue a marqué l’histoire du mouvement , car finalement cette nouvelle posture politique n’était pas comprise par tous, et certains voient en cela une forme de capitulation. Et les évènements d’Ouvéa nous rappelleront à chaque fois ce passage difficile. 10 ans plus tard, de fait avec les avancées proposées par les Accords de Matignon Oudinot, le FLNKS anticipe déjà les choses et installe dans l’opinion publique l’idée d’un nouvel accord , parce que l’insuffisance des Accords de Matignon ont largement prouvé qu’il faut encore franchir une autre étape pour aller plus loin dans la maîtrise des mécanismes de la gestion d’un pays. L’accord de Nouméa est négocié , avec cette fois-ci l’affichage d’une manière confirmée , d’un réel processus de décolonisation ponctué par des référendums d’autodétermination, après avoir organisé le transfert de nombreuses compétences jusque là gérées par Paris. Nous sommes maintenant en 2014 , dans  la dernière mandature de l’Accord de Nouméa, qui prévoit donc le premier référendum d’autodétermination d’ici 4 ans , en 2018.

CONGRES FLNKS DUMBEA
De tout ce parcours, le FLNKS a vécu au rythme des réflexions, des perturbations au sein de chacune de ses composantes. A rappeler qu’à ses débuts, le FLNKS regroupait non seulement les partis politiques, mais aussi des associations,  des églises, des syndicats. Il avait même ses propres structures : les comités de lutte , les comités de coordination , le bureau politique, - il avait ses propres rendez vous : les conventions, les congrès . Mais très vite les partis le composant ont  repris le dessus priorisant leur propre organisation, une réalité qui est l’écho même des préoccupations du moment. Malgré tout, le FLNKS s’est adapté et il est resté ce mouvement qui a mis son dynamisme de l’époque en sourdine pour se définir une mission étroitement lié aux besoins de gestion des dispositifs qu’il a instauré sur son chemin : le suivi de l’Accord de Nouméa (l’accord politique) et les relations extérieures (parce qu’il est , de part son histoire, le seul représentant officiel du peuple kanak).

Ce petit rétrospectif, (très sommaire), c’est pour dire que le FLNKS a pu faire tout ce chemin pour être maintenant dans les préparatifs  du référendum d’auto détermination , mais en même temps , des limites semblent s’exprimer dans ses capacités de contenir la complexité du nouveau contexte politique, pour peut être dire  qu’il faut passer à autre chose. La cacophonie de ses  composantes de ces derniers temps jettent comme un doute sur sa capacité de tenir un seul discours .  L’élan du nationalisme kanak qui a animé ces 30 années, instaure de nouvelles contradictions demandant un autre niveau de débat.  La dialectique n’est pas qu’un concept théorique, elle est parfois l’outil pertinent  pour mieux gérer les nécessaires mutations.

A tous les militants qui ont aussi contribué à écrire ces 30 années de lutte, Naku pres leur dédie ce petit rétrospectif, certes succinct, peut être des oublis, mais une grille de lecture pour mesurer l’ampleur du travail . A tous merci et bon courage pour la suite, Naku press réitère ici son admiration pour la finesse et la pertinence des analyses qui ont animé nos grands rendez vous, pour ne jamais enterrer cette volonté d’aller jusqu’au bout du chemin.

Naku press : Mise en ligne le  30 Août 2014