Tous les ans , nous déplorons nos morts sur les routes , sans compter les victimes de la violence intra conjugale , et les bagarres à la suite d'une cérémonie . D'ailleurs , depuis l'alcool est même autorisé dans les cérémonies de deuil , alors que quelques dizaines d'années en arrière , ce produit était interdit. La personne qui se hasardait sur les lieux , imbibée d'alcool , il se faisait juste "virée" du site , parce que l'alcool avait le statut d'une boisson à servir dans des moments d'allégresse .
Actuellement dans toutes les fêtes et cérémonies célébrés dans le milieu kanak , l'alcool coule à "gogo" , sans compter la consommation abusive du cannabis , du fait qu'elle pousse bien dans nos "champs d'ignames". Dans certains villages de l'intérieur , comme aux abords de certains magasins de quartier de Nouméa , on voit des gens ivres , parfois le matin très tôt , au moment juste de donner au corps de bonnes vitamines pour la journée , non on voit des jeunes et des moins jeunes avec des boites de bières .
Le grand public est servi en information sur les chiffres concernant le nombre de tonnes de litres consommées, le nombre de victimes de la route pour cause de conduite avec alcool , ou encore le nombre de femmes violentées par des maris alcoolisés, ou cannabisés - juste savoir que ces chiffres sont le résultat des faits connus soit par la gendarmerie ou encore par les dispensaires , mais beaucoup d'autres ne sont pas connus . Il y a ici un phénomène de suicide dont on ne parle pas beaucoup , mais il sévit dans certaines régions , et les avis de décès ne disent pas mot , sur la cause , on va l'habiller par le générique "mort accidentellement."
C'est jusqu'à nos jeunes , qui s'envolent en métropole pour des études . Quelques faits commencent à témoigner d'une présence abusive de l'alcool dans ce milieu aussi , d'ailleurs on se souvient que même les autorités aéroportuaires de Tontouta ont du limiter l'accès à certains endroits de l'aéroport aux familles proches de l'étudiant qui s'envole pour Paris .
Un enfant né de parents cannabisés et alcoolisés, de quoi est il capable dans la vie . Il y a quelques années de cela , des révélations faites par le corps para scolaires , en charge du suivi des enfants en difficulté , témoignent , étude et observations à l'appui , que l'enfant physiquement normal , a les neurones de la tête complétement détruits. Combien y en a t il ? Combien y a en a t il de poches d'analphabétisme dans le pays ?
On parle d'une mort lente , du fait que ces phénomènes traversent notre société , et particulièrement la société kanak. Certains diront que c'est du classique il n'y a qu'à juste pousser le curseur de l'ordinateur sur un site causant des conditions du peuple aborigène vivant aux abords des grandes villes d'Australie , pour tirer le même constat. L'autre phénomène qui tue : c'est l'argent , certes que de nos temps il nous le faut pour vivre , car nous sommes rendus dans des conditions ou pour te loger , te nourrir, te soigner il te faut de l'argent. Mais entre celui qui avec le peu d'argent qu'il a , il va le dépenser entièrement à acheter de l'alcool , ou du cannabis au dealer pointé devant la sortie des magasins ou dans les stations d'essence ; et celui qui finit par s'enfermer dans sa belle voiture, et sa belle "piaule", et qui oublie qu'à côté il y a une veille tante qui n'a pas suffisamment de retraite pour avoir le strict minimum sur sa table , - là aussi on ne le dit pas mais l'individualisme fait aussi un ravage mais qui est silencieux , pour s'installer dans la normalité .
Que l'on soit victime de cette agressivité permanente du système dans lequel nous vivons , essayons de nous arrêter un moment et de faire ce constat dont nous venons d'en tirer les grandes lignes . N'est ce pas une réalité qui va favoriser demain et après demain des castes , avec ceux qui auront la chance d'être dans les hautes sphères de la société , et ceux qui seront condamnés à errer dans les rues. Indépendante , ou tout simplement de nos jours, faisons l'effort , d'adopter des comportements pour endiguer cet élan qui nous mène vers la disparition progressive de notre peuple. Les mots sont peut être exagérés , mais parfois , l'exagération aide à tirer la sonnette d'alarme. Cette habitude que l'on prend maintenant de tuer un proche , et de se rendre tranquillement à la gendarmerie pour aller en prison, mais où va t -on ? La vie aurait elle encore tout son sens , dans notre grille de lecture de nos jours ?
Les cures , l'accompagnement psychologique , ce sont des remèdes proposées pour enrayer les conséquences , d'un état de fait . On parle de prévention , parce que le danger est toujours imminent, mais à quand les mesures , pour éteindre ce danger . A cette question , plusieurs réponses , car cela concerne plusieurs leviers de la société calédonienne .
Dans nos prochaines éditions , la suite de cette grille d'analyse que nous voulons partager , pour redire (des choses connues certes) , afin d'éviter que ces choses ne s'inscrivent définitivement dans la normalité .
Naku press : Publication du 23 avril 2023