samedi 22 mai 2010

Rapport sur le Royaume de Tonga par Jean Pipitte

Dans le cadre du programme "Jeunes Leaders du Pacifique" février 2010, Jean Pipitte, un des 6 "calédoniens" a fait partie du groupe, chargé de mener une étude sur le Royaume de Tonga. Le mardi 18 mai, au Congrès, devant des élus et un public, largement dominé par des jeunes, Harold Martin, président de l'institution, a convié les 6 jeunes du programme 2010 a présenté chacun son étude. Ayant pu récupéré celui de Jean Pipitte, Madoy n'a pas hésité à vous le faire partager...




RAPPORT DU TONGA STUDY TOUR GROUP
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du Congrès,
Le Public,

Le groupe auquel j’appartiens a pour thème la Bonne Gouvernance et le Leadership. Durant notre séjour nous avons rencontré les différents ministères du gouvernement, les bailleurs de fonds ainsi que diverses personnalités civiles comme les Représentants des Eglises, l’association des femmes et les groupements de jeunes.
Et nous avons également assisté à la conférence de l’armée tongienne sur l’impact du Tsunami.

GOUVERNANCE ET LEARDSHIPLe Royaume de Tonga est né sur les cendres du grand empire Tui’i Tonga du Xème siècle et s’étale sur une superficie de 748 km2. Il est doté d’une population de 119 009 habitants. En 1845, l’archipel s’est constitué en Royaume et devint une monarchie constitutionnelle en 1875. Il est placé sous protectorat britannique en 1900 et en est ressorti en 1970. (C’était l’onde de choc des indépendances qui secouait l’océanie). Il est administré par le Roi TUPU V sous le régime la monarchie constitutionnelle.
La constitution comprend 3 titres principaux : « la déclaration des Droits, la forme de gouvernement et la Terre. Le roi exerce son pouvoir absolu sur le royaume en s’appuyant sur l’assemblée législative. Cette assemblée qui siège au Faléo le alea (Parlement) est composée de 18 membres dont 9 Matai (lords : chefs) désignés par le roi et 9 autres élus par le peuple. Les Matai détiennent le pouvoir héréditaire sur les terres.
Le système de gouvernance de la monarchie est vivement contesté ces 5 dernières années et a causé les troubles en 2006 dans la ville de Nuku’Alofa, siège des institutions.
Cette date marque la rétrocession volontaire progressive des pouvoirs de la monarchie à la classe dirigeante. Une commission est instituée pour préparer la réforme constitutionnelle qui doit aboutir aux élections du 11 novembre 2010. Cette commission, présidée par le Lord VAVAE, a porté le nombre de 9 membres élus à 17 d’où l’apparition de nombreuses questions sur la conduite politique à tenir. En un mot, le pays va basculer d’un système de gouvernance plutôt stable vers un système encore inconnu. Qu’adviendra-t-il du pouvoir seigneurial des lords sur les terres ? Quelle sera la situation du monarque ? Tant de questions nous interpellent quant à faire un parallèle entre la situation calédonienne et la future constitution de Tonga. Discussion privée avec le Lord VAVAE

LE RÔLE DES FEMMES
Paradoxalement, c’est dans ce royaume où les femmes n’ont aucun droit à la terre que la gente féminine s’est développée plus amplement que dans les autres pays océaniens. Elles s’impliquent dans tous les secteurs d’activité sauf dans la politique ou on ne trouve qu’une seule femme membre du Parlement.
Nombreuses d’entre elles dirigent des entreprises, des agences de voyages, des écoles et collèges, des organisations non gouvernementales… A travers les ONG, elles se consacrent à l’aide apportée aux femmes monoparentales, aux femmes battues et à l’enfance fragilisée en leur donnant une chance de se réinsérer dans la vie. Par ailleurs, les femmes tongiennes monopolisent les activités traditionnelles de vannerie et de confection d’autres habits traditionnels. Histoire d’un homme qui fait de la vannerie.
FA’AHU : On relève l’existence du FA’AHU qui consiste à un respect maternel des frères à l’égard de leurs soeurs. Les enfants des soeurs sont plus importants sur un plan coutumier que les enfants des frères. Ceux-ci doivent veiller sur leurs soeurs et leurs enfants au delà des liens du mariage qui séparent les familles. A la mort d’une soeur, tous les frères doivent être présents aux funérailles pour un dernier geste. Cette coutume existe aussi en Nouvelle-Calédonie.
(Arme de conquête : les mariages)

LE RÔLE DES EGLISES
Le peuple tongien est un peuple croyant qui a choisi comme devise « God and Tonga are my inheritance » (Dieu et Tonga sont mon héritage). L’Eglise tongienne est composée majoritairement de méthodistes (41,3 %) et de catholiques (16%). Elle dépasse le cadre de l’autorité morale et constitue une force de proposition sur les différentes questions de la société. Elle prend comme modèle de leadership celui du Christ en indiquant que « Le leader est celui qui sert ». Aussi vrai que sommeille un génie au fond de chaque individu, sommeille également dans chacun d’entre nous un leader. Il ne s’invente pas ; il naît et se construit.
L’Eglise définit le leadership selon 2 termes grecs, le tunamis qui veut dire Pouvoir et negocia qui signifie Autorité. Elle ne constitue pas une alternative aux autorités monarchiques mais un partenaire privilégié pour la gouvernance de la société.
Elle s’engage à inculquer et à développer auprès de la jeunesse et de la société en général les principes d’humilité, de respect et d’honnêteté. Humilité c’est servir : Aussi élevés soyez-vous, n’oubliez-pas, Dieu est au-dessus de vous. Entre Dieu et vous, il y a la loi.
(Note : Les promeneurs de Dimanche)
Tous les magasins sont fermés le Dimanche.

DE LA TERRE ET DES HOMMES
Les femmes peuvent travailler la terre mais n’en sont pas moins propriétaires. Les agriculteurs n’utilisent pas de produits chimiques. Les produits de la terre se vendent bien mais dépendent des marchés néo-zélandais et australiens. Ces derniers ont une politique de protection du marché local très strict. En revanche, le marché tongien ne profite que des fenêtres « Win the Window », c’est-à-dire des pénuries saisonnières. C’est durant les périodes de « mai à septembre » que les marchés néo-zélandais et australiens ouvrent leur marché pour faire appel aux produits tongiens. Il convient également de tenir compte de la grande diaspora tongienne qui vit en Nouvelle-Zélande et en Australie et qui reste toujours attachée à la culture d’origine. C’est d’autant de revenus pour les familles vivant à Tonga.

LE TOURISME
Le tourisme fait partie du charme exotique vendu par les agences de voyage selon le slogan « Smiling Tonga ». Tonga a su faire valoir ses danses traditionnelles et sa culture ancestrale en les enregistrant auprès de l’UNESCO (travaux de vannerie, confection de tapas…). La danse traditionnelle du « Laka laka » est protégée par la législation relative aux savoirs traditionnels. Les bons chiffres du tourisme doivent leur succès non seulement aux efforts touristiques mais aussi à la l’existence du royaume (qui apparaît comme une comte de fée aux temps modernes). On enregistre une très forte augmentation du tourisme en septembre 2005 lors du couronnement du Roi Taufa’ahu TUPOU V. L’accueil chez l’habitant est un concept nouveau qui commence à se développer. Le tourisme tongien est sujet aux aléas du climat (et aux aléas de l’histoire). Il occupe le premier rang des priorités du gouvernement (6% du PNB en 2007).

Le royaume de Tonga projette de renforcer sa présence dans la région par l’ouverture de plusieurs agences touristiques et aussi pour explorer plus loin les négociations bilatérales. Il est conscient de l’étroitesse de son marché et de son incapacité à faire face aux nouveaux défis climatiques. Le drame du Tsunami de 2009 a créé chez le peuple tongien un sentiment de vulnérabilité.

Jean PIPITE