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samedi 8 mai 2010
TINDU Assainissement et droit d’accès à la mer
"Reveil quotidien" est une association des résidents de la cité de Tindu; elle se bat également pour que le droit à l'accès à la mer soit reconnu aux "gens" de la presqu'île de Ducos; un droit qui n'existe pas depuis que la mairie de Nouméa a interdit depuis 1992 la pêche et la baignade accause de la pollution de la mer. Aidée par une association environnementaliste, "Corail Vivant", elle écrit au
Comité pour l’Elimination de la discrimination raciale...
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Objet : TINDU Assainissement et droit d’accès à la mer
Nouméa, le 26 avril 2010
Au
Comite pour l’Elimination de la discrimination raciale (C.E.R.D)
Depuis la période du « boom » du nickel dans les années 1970, la Nouvelle-Calédonie continue son développement économique avec aujourd’hui la construction de deux nouvelles usines métallurgiques dont une située en Province Nord et l’autre en Province Sud de l’île.
Le recensement 2004 de la Ville de Nouméa (la Capitale) et Grand Nouméa comptait 150 000 habitants et les estimations évaluent à 25% l’augmentation de sa population en 2010.
Située au cœur de la Capitale et plus particulièrement dans sa zone industrielle, la cite Tindu construite dans les années 1970 sous l’égide de la Société Immobilier Calédonienne (la SIC), accueille des habitants aux revenus modestes logés dans des immeubles et maisons individuelles.
80% des habitants la cite Tindu représentent une population Kanak venus de la Province Nord et des Iles Loyautés pousses par le développement économique et l’éducation de leurs enfants. Le reste des résidents étant une population plutôt océanienne.
Une station d’épuration (STEP) d’une capacité de 300 equiv/habitants liée à cette cité est alors construite. Elle n’est pas conforme à la norme « rejets dans les eaux de baignade »
Logée à proximité de la zone industrielle, la cite Tindu jouissait dans ces années-là, d’espaces vierges et d’une baie saine de toute pollution pour la pêche et la baignade.
Le développement économique de la Province Sud en perpétuelle augmentation s’est accentué ces dernières années par les travaux de réalisation du projet minier de VALE-INCO, faisant exploser la démographie de cette région et élargissant la zone industrielle.
En dépit de la réglementation environnementale en vigueur en matière d’assainissement et des obligations imposées par les differents contrats d’affermage d’adduction en eau potable et d’assainissement mis en place, la cité Tindu comme l’ensemble de la Ville de Nouméa continue de crouler sous le poids d’une urbanisation à outrance sans contrôle technique rigoureux à effectuer sur les 7 STEP de la ville ou sur le réseau.
Le 21 septembre 1992
Constatant qu’une pollution bactérienne s’est développée dans la Baie de Tindu qui borde la cite, la Commune décide par un arrête municipal numéro 92/1835, et selon ses articles, que:
- Art. 1 : « Les baignades et toutes activités de pêche sont temporairement interdites dans la portion de lagon située dans la baie de Tindu en regard du lotissement Ducos-Tindu »
- Art. 2 : « le présent arrête sera abrogé dès que les résultats des analyses seront redevenus satisfaisants »
Empêchés par cette interdiction municipale de pêche et baignade et au vue d’installations effrénées de nouvelles constructions et de nouveaux quartiers autour de la cité, les résidents de Tindu s’unissent en association afin d’attirer l’attention de la Commune sur leurs préoccupations environnementales et de réclamer d’engager les travaux de dépollution de la baie pour permettre, entre autres, à leurs enfants d’en profiter pour la baignade.
Ainsi créée en 1998,
L’association « Super Femmes Tindu » interpelle une première fois la Ville de Nouméa quant aux problèmes d’assainissement qu’ils subissent ainsi que divers soucis rencontrés au quotidien par les habitants.
Durant cette période un vaste projet de lotissement entre dans sa phase de construction et une deuxième station d’épuration est installée. Malgré la connaissance de la pollution la Mairie opte, encore une fois pour un système qui n’intègre pas la norme « rejet dans des eaux de baignade »
En 2000 et 2003,
Rejointe par « Réveil Quotidien » une association regroupant les locataires de la SIC, « Super Femmes Tindu » demande expressément à la Mairie de cesser les constructions qui ne font qu’aggraver la pollution de la baie, évoquant également les problèmes sociaux rencontrés chez les jeunes de la cité.
Pour répondre à l’appel de ces associations, la Ville de Nouméa met en place des projets à caractère éducatif et de sensibilisation à l’environnement en promouvant les échanges inter-quartiers à l’attention des jeunes de la zone.
Fin 2009,
Considérant que les projets réalisés par la Ville de Nouméa dans le cadre des vacances scolaires sont coûteux en déplaçant, par exemple, leurs enfants vers d’autres sites de baignade alors que ceux-ci disposent d’une mer à proximité, mais également inquiète de l’apparition croissante de furonculose chez les résidents et riverains de Tindu, en désespoir de cause, l’association « Reveil Quotidien » engage des échanges sur le sujet avec l’association « Corail Vivant ».
L’association « Corail Vivant » ayant pour objectif de :
« veiller au maintien de l’inscription des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie au Patrimoine Mondial de l’Humanité et (d’)encourager sa protection et à travers cette action d’améliorer la qualité de vie des populations »
n’hésite pas à apporter son soutien à cette association qui réclame « Le DROIT d’accéder à la mer ».
Dans un premier temps, l’association « Corail Vivant » saisit séparément la Direction de l’Environnement de la Province Sud et la Commune de Nouméa afin de leur soumettre les préoccupations environnementales de ces résidents et d’obtenir de ces deux collectivités une réelle prise de conscience et d’engagement en vue de satisfaire ce droit d’accès à la mer. Elle évoque par ailleurs, l’état d’insalubrité dans lequel cette cité est laissée.
Mars 2010
Non sans difficultés, une « table ronde » est organisée avec la participation de la Direction de l’Environnement de la Province Sud, de la Ville de Nouméa, des associations « Corail Vivant » et « Reveil Quotidien », d’associations de protection de l’environnement et des représentants des locataires de la SIC. Un élu et quelques collaborateurs du FLNKS y étaient également présents. Aucun représentant de la SIC, ni de la Calédonienne des Eaux n’a fait le déplacement.
Déclarant le fait qu’il est inconcevable d’interdire un accès a la mer aux océaniens sans autre forme d’intervention dès lors que la réglementation environnementale ainsi que les obligations du « fermier » imposent un pouvoir de police et de contrôle dans ce sens, les associations mettent également l’accent sur les questions que pose cette interdiction notamment en matière de santé publique.
La Ville de Nouméa estime pour sa part ne pas négliger les problèmes d’assainissement de ce quartier puisque ceux-ci avait déjà fait l’objet d’une inscription au contrat d’agglomération de la Ville de Nouméa en 1987. Elle souligne que le projet n’a pas pu aboutir en raison d’un manque de cohérence entre les services de la Province Sud dans la réciprocité des compétences de chacun, mais également faute de moyens pour atteindre l’objectif.
23 ans après, elle décide à nouveau d’inscrire la problématique de Tindu « comme une priorité » dans le contrat d’agglomération de la Ville pour la période 2010. L’adjointe au Maire de la Commune, précisant cependant qu’une période d’au minimum de 5 ans sera nécessaire pour la concrétisation des travaux de dépollution de cette baie (dont 2 ans d’études sur le réseau d’assainissement + 3 ans pour la réalisation des travaux). Un calendrier de réalisation de ces travaux d’assainissement est actuellement à l’étude.
De son côté, la Direction de l’Environnement de la Province Sud, rappelons que cette collectivité a compétence en matière de logement social, par la voix de son directeur, indique préférer adopter une démarche partenariale avec la Ville de Nouméa sur le sujet plutôt qu’avoir recours au pouvoir de police et de contrôle qu’exige la réglementation provinciale en matière d’assainissement au titre des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE).
Prochaine table ronde prévue fin juin-debut juillet 2010 afin d’entendre la Mairie sur la planification des études et travaux qui seront engagés pour ce projet.
6 Avril 2010
« Reveil Quotidien » et « Corail Vivant » accompagnées de représentants d’associations de protection de l’environnement ainsi que d’un collaborateur du FLNKS rencontrent le Service d’Inspection de Prévention des Risques Environnementaux et Sanitaires (SIPRES) de la Ville de Nouméa.
Étonné par les exigences de la Mairie en matière de diffusion d’informations de documents publics, ce groupe remet tout de même au SIPRES une copie du courrier adressé au Maire de Nouméa réclamant un historique des analyses effectuées dans la baie de Tindu depuis de 1990.
Aucun résultat d’analyse n’a ce jour été transmis alors que le règlement « qualité » des services municipaux exige une réponse « sous quinzaine ».
20 Avril 2010
Les deux associations informent Le Sénat Coutumier qui les reçoivent en audience.
Le Sénat Coutumier indique que la Ville de Nouméa n’ignore pas les problèmes sanitaires liés à l’assainissement car, déjà dans les années 1980, celle-ci a dû faire face à une épidémie d’irruptions cutanées apparues sur plusieurs baigneurs des plages du Sud. Le Sénat Coutumier souligne en même temps, qu’outre les problèmes d’assainissements dont souffre le Territoire, il est important de ne pas perdre de vue les risques de pollution emanant de l’usine minière de VALE-INCO qui pèsent directement sur la province Sud.
L’institution coutumière propose d’interpeller les responsables sur la question.
Les divers échanges de courriels adressés aux services municipaux n’ont donné que partiellement satisfaction aux questions posées. Les actions de terrains menées par les résidents de Tindu afin de sensibiliser les enfants de la cité de même que les pêcheurs sur la dangerosité que représente l’usage de cette baie se sont également avérées sans grand succès.
Depuis le premier schéma directeur d’assainissement de la Ville de Nouméa, en 1986, et au fils des différents contrats d’affermage qui se sont succédés, les redevances communales pour l’adduction en eau potable des abonnées de la Commune ont subi de constantes augmentations aux contreparties quasi inexistantes.
Depuis 1986, vu le manque d’équipements collectifs d’assainissement, vu le développement économique et la multiplication de sa population, la question que nous nous posons aujourd’hui est la suivante :
Où LA VILLE DE NOUMEA REJETE-T-ELLE SES DECHETS ?
DANS LE LAGON ?